@ENCHÈRES 2015 #6 : Les 10 montres les plus marquantes et les plus intéressantes de cette session de mai 2015 à Genève...
10 montres sur les 1 370 qui étaient proposées ce week-end par quatre maisons d'enchères : c'est injuste pour des dizaines d'autres, qui n'ont pas démérité et qui ont même souvent superbement tiré leur enchère vers le haut. Seulement quatre marques dans ce tableau d'honneur, c'est tout aussi injuste... ▶▶▶ SOUS LE MARTEAULe bilan de mai 2015 à Genève en …
10 montres sur les 1 370 qui étaient proposées ce week-end par quatre maisons d'enchères : c'est injuste pour des dizaines d'autres, qui n'ont pas démérité et qui ont même souvent superbement tiré leur enchère vers le haut. Seulement quatre marques dans ce tableau d'honneur, c'est tout aussi injuste...
▶▶▶ SOUS LE MARTEAULe bilan de mai 2015 à Genève en 10 montres remarquables... (par ordre alphabétique de marque et de prix, sans idée de classement entre les lots) 
◉◉◉◉ BREGUET N° 2539 MONTRE PLATE À RÉPÉTITION DES DEMI-QUARTS : cette montre en or avait été vendue en 1813 à Pauline Borghese (née Bonaparte), pour la somme de 2 400 francs. devenu le lot n° 243 de la vente Christie's, il a été adjugé à 221 000 CHF (frais compris) pour une estimation initiale à 190 000 CHF. Une remarquable pièce de culture horlogère, bien tracée chez Breguet, d'une taille étonnante (58 mm) pour une montre de femme – mais la princesse Borghese était une maîtresse femme ! Il ne semble pas que la montre ait été acquise par le musée Breguet, en dépit de son intérêt historique et de son excellent état de conservation, après 202 ans de loyaux services [elle n'a jamais été retournée chez Breguet pour une réparation ou un entretien]. Transmise de génération en génération dans la famille noble qui en avait hérité, cette montre apparaissait pour la première fois sur le marché : elle est bien porteuse des deux signatures secrètes de Breguet autour du XII...
◉◉◉◉ BREGUET N° 1569 DIVER EN ACIER : datée de 1966, cette montre de plongée est d'une grande rareté dans les productions de Breguet après la Seconde Guerre mondiale. Elle n'a été produite qu'à quelques dizaines d'exemplaires, dont très peu ont survécu et encore moins sont revenues sur le marché. Ce lot n° 248 de la vente Christie's a été adjugé à 93 700 CHF pour une estimation haute à 60 000 CHF – un bon indice de la valorisation des montres rares et inhabituelles. On appréciera l'élégance de son cadran de style militaire et la finesse de son boîtier de 37 mm, ses performances subaquatiques étant limitées à 100 m et sa précision pratique incertaine du fait d'une lunette tournante non graduée. Cette plongeuse faisait sa première apparition aux enchères pour cette session genevoise... 
◉◉◉◉ LEROY N° 58515 MULTI-COMPLICATIONS en or jaune : datée des années 1920, mais sans doute d'une réalisation antérieure, cette montre de poche de 55 mm de diamètre ne compte pas moins de 11 complications (chronographe à rattrapante, répétition minutes, calendrier perpétuel, date, jour et mois du calendrier, phases et âge de la Lune, thermomètre Réaumur, aiguille diablotine du 1/5e de seconde, etc. : ). Ce lot n° 384 du catalogue Antiquorum a été adjugé 351 000 CHF pour une estimation haute à 250 000 CHF : un régal pour le collectionneur très connaisseur qui a pu l'acquérir parce qu'il en connaissait l'intérêt mécanique exceptionnel [le mouvement de base est de l'atelier Louis Audemars] et l'importance dans l'histoire des complications réalisées à l'époque dans le vallée de Joux. Un signal historique intéressant pour la marque Leroy, qui s'est récemment relancée à Baselworld sur le créneau des montres-bracelets néo-classiques... 
◉◉◉◉ PATEK PHILIPPE CHRONOGRAPHE RÉF. 130 EN ACIER : toutes les bonnes fées des enchères s'étaient penchées sur ce chronographe en 1927. Il était signé Patek Philippe, il était en acier, il était monopoussoir, il avait une échelle pulsométrique (d'où son surnom « Le docteur ») et il était rare [on n'en connaît qu'un seul autre, dans les vitrines du musée Patek Philippe] . On l'a ensuite publié dans le livre de John Goldberger, Patek Philippe Stainless Steel Watches, et on l'avait un peu perdu de vue sur le marché, quoiqu'il soit passé deux ou trois en salle – disons, du moins, que l'amateur asiatique qui s'est retrouvé enchérisseur final l'avait oublié. Résultat pour ce mémorable lot n° 123 de la vente Phillips-Bacs & Russo : quatre millions de CHF sous le marteau (4,6 millions avec les frais), après 22 minutes d'enchères entre rois amateurs de trois continents – record pour n'importe quelle montre en acier vendue aux enchères et record de durée pour l'enchère d'un seul lot horloger... 
◉◉◉◉ PATEK PHILIPPE NAUTILUS RÉF. 3700/031 EN PLATINE : pour une pièce unique, elle est unique et elle était même totalement inconnue depuis sa sortie des ateliers Patek Philippe, en 1982. Il s'agissait sans doute d'une commande spéciale, parfaitement entretenue par son propriétaire depuis une trentaine d'années. C'est le seul exemple connu de Nautilus de haute joaillerie et elle a conservé tous ses papiers d'origine, ainsi que son écrin. Au poignet, on oublie le poids de son boîtier pour ne savourer que l'élégance et la minceur de ses lignes, soulignées par l'éclat d'un double sertissage de diamants. L'excellent état de ce lot n° 314 de la vente Christie's – un des coups de coeur de Business Montres pour cette session du printemps 2015 – lui a permis d'atteindre les 845 000 CF (frais compris), un record du monde pour une Nautilus, qui n'était estimée qu'au plus à 400 000 CHF. 
◉◉◉◉ PATEK PHILIPPE AUTOMATIQUE RÉF.2585 EN ACIER : on dit qu'il existerait trois de ces références quelque part dans la nature, mais celle-ci est la seule qui soit jamais apparue sur le marché depuis la naissance de la montre, en 1958 et elle est considérée comme un des trois plus ares Patek Philippe connues. Même le musée Patek Philippe n'en pas une en acier : il aurait bien voulu se la voir adjugée, mais Philippe Stern a craqué à 500 000 CHF, l'enchère de ce lot n° 121 de la vente Phillips-Bacs & Russo s'envolant ensuite jusqu'à 650 000 CHF prix marteau (soit 785 000 CHF frais compris, pour une estimation initiale à 120 000 CHF). L'heureux collectionneur privé – un Suisse ? – qui l'a emporté sur le musée Patek Philippe a sans doute fait une des meilleures affaires de sa vie... 
◉◉◉◉ PATEK PHILIPPE RÉF. 2499/100 EN OR JAUNE : toujours plébiscité par les collectionneurs, le chronographe quantième perpétuel réf. 2499/100 est un pur objet de désir et un rêve d'amateur quand il se présente dans une condition « neuf de stock » (New old stock), avec toute sa documentation initiale et même le sticker Patek Philippe toujours collé sur le fond du boîtier – exactement comme il était quand il a quitté la manufacture, en 1980. C'est la seule montre de cette référence à être ainsi parvenue sur le marché – où elle apparaissait pour la première fois – avec tout son environnement d'origine. Cet état exceptionnel de présentation a valu à ce lot n° 308 de la vente Christie's d'être poussé jusqu'à 650 000 CHF, ce qui est une « bonne affaire » pour l'acheteur d'une montre aussi ultime... 
◉◉◉◉ PATEK PHILIPPE RÉF. 926/1 TOURBILLON DE POCHE EN OR JAUNE : depuis sa naissance, en 1922, ce mouvement tourbillon (ci-contre) a passé onze fois les tests chronométriques de l'Observatoire de Genève, obtenant même en 1953 le total exceptionnel de 817,3 points après 40 jours de « tortures » dans toutes les positions. Estimé 250 000 CHF, ce lot n° 135 du catalogue Sotheby's a été adjugé à 274 000 CHF, ce qui est un prix extraordinaire pour une montre de poche, même de qualité observatoire, en 62 mm de diamètre. On ne se lasse pas d'admirer la belle architecture mécanique de ce tourbillon, de même qu'on ne se lassera pas de louer sa précision chronométrique – dont les nombreux documents et bulletins d'observatoire joints à la montre peuvent témoigner. Une vraie montre de connaisseur, soigneusement anglée, dont le mouvement n'avait été emboîté qu'en 1989... 
◉◉◉◉ ROLEX DAY-DATE RÉF. 6612 « BIG KAHUNA » EN PLATINE : cette Rolex sertie en platine de 1958 est une singulière rareté, puisqu'on n'en connaît que deux dans ce métal et leurs numéros se suivent (documentation : 100 Superlative Rolex Watches, de John Goldberger). Il étit donc naturel qu'elle excite les convoitises des amateursCe lot n° 43 de la vente Glamorous Day-Date (Phillips-Bacs & Russo) a été adjugé 473 000 CHF pour une estimation haute à 200 000 CHF. Alors que la Day-Date a été une des montres « compliquées » (jour-date) les plus produites par Rolex, cette enchère prouve que ce n'est pas le volume total d'une production qu'il faut considérer, mais les multiples séries et références qui démultiplient le nombre des variantes sur le marché : sur ce terrain, Rolex reste imbattable... 
◉◉◉◉ ROLEX CHRONOGRAPHE RÉF. 2508 EN ACIER : une montre de 1938, mais d'une fraîcheur remarquable pour son âge, dotée d'une taille (36 mm) qui devait être énorme à l'époque. Estimé 30 000-60 000 CHF, ce lot n° 153 du catalogue Christie's a finalement été adjugé à 341 000 CHF, record du monde pour cette référence très rare sous le marteau (on ne connaît que quatre de ces montres en acier avec un cadran noir, celle-ci étant la plus belle par la netteté de son cadran laqué à échelle tachy-télémétrique et son exceptionnel état général). On verra dans cette enchère justifiée le signe que Rolex a toutes les qualités requises pour devenir, en dépit de sa production abondante, une vraie « marque de collectionneur », très recherchée aux enchères. Ce chronographe est une des meilleures bonnes surprises de l'édition 2015 des enchères du printemps à Genève... 
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