DROIT DE RÉ-PONS (accès libre)
« Business Montres » reprend sous confinement ses chroniques d’actualité horlogère
Bonjour et bienvenue pour cette nouvelle séquence de Droit de Ré-Pons (vidéo ci-dessous). Séquence qui n’aurait jamais dû exister, puisque nous avions décidé d’arrêter ces chroniques pour les reprendre, ce printemps, sous une forme un peu plus professionnelle, mais l’actualité de la chronapocalypse en a décidé autrement.
De nombreux lecteurs nous demandaient de reprendre ces vidéos courtes, et ils se faisaient plus insistants depuis que nous sommes tous bloqués chez nous. Il ne sera pas dit que Business Montres a laissé tomber ses lecteurs : comme vous avez pu le constater, nous avons multiplié le nombre des articles en accès libre dans notre Quotidien des montres. C’est donc un peu du bricolage, en confinement et sans moyens techniques, mais c’est une manière de répondre à l’injonction des autorités : « Restez chez vous » !
Précisément, que se passe-t-il chez nous ? Rien, et c’est bien tragique. L’horlogerie est à présent totalement à l’arrêt.
• En Suisse, toutes les manufactures ou presque sont fermées [seul le Swatch Group résiste : cette mise en danger de son personnel – qui n’est pas vraiment libre de venir travailler ou de rester à la maison – est assez étonnante]…
• Depuis six ou huit semaines, il n’y a plus beaucoup de montres qui quittent la Suisse et plus beaucoup de composants horlogers qui arrivent dans les manufactures.
• Les boutiques sont fermées, en Suisse comme en Europe et bientôt aux Etats-Unis. On nous dit qu’elles ont réouvert leurs portes en Chine, mais j’aurais tendance à ne pas trop y croire tellement ça pue la propagande officielle du régime – et personne n’a été vérifier quoi que ce soit sur place.
• Il ne se passe donc plus rien, rien du tout, sauf sur le marché de l’occasion, du vintage et de la collection, voire sur le marché parallèle, marchés secondaires qui restent paradoxalement très actifs, comme vient de le prouver la vente sous confinement organisée ce dimanche par Antiquorum.
• Rien de rien, c’est un premier trimestre « blanc » pour l’horlogerie dans le monde entier (en dépit d’un début janvier qui semblait prometteur pour cause de Nouvel An chinois) et c’est un deuxième trimestre planté d’avance si la confinement persiste à paralyser toute l’économie des montres d’ici à la mi-mai ou à la fin mai. Ce sera donc un premier semestre « sabbatique » pour 2020…
• En dépit des aides de la Confédération et des États occidentaux aux entreprises et aux commerces en difficulté, ceux qui n’allaient pas bien avant iront encore moins bien et disparaîtront après. Ceux qui allaient bien s’en tireront, mais au prix de destructions considérables dans leur appareil de production et de commercialisation.
• À ce jour (fin mars), le manque à gagner pour la branche horlogère dépasse déjà les 5 milliards de francs ou d’euros et, malgré les subsides des pouvoirs publics, cinq ou six milliers d’emplois horlogers seront sacrifiés à court ou moyen terme. En 2020, nous estimons que l’horlogerie suisse aura vendu aussi peu de montres qu’elle en avait vendu en 1940, première année de la Seconde Guerre mondiale ou peut-être même qu’en 1920, il y a pile un siècle, alors que le monde sortait de la Première Guerre mondiale.
On l’aura compris, la situation est dramatique, catastrophique et même pire. Nous avons été les premiers à tirer la sonnette d’alarme dès la mi-janvier, sous les lazzis des ravis de la crèche et des bisounours qui nous parlaient d’une « grippette pour vieux Chinois asthmatiques ». Nous avons été les premiers à tirer la sonnette d’alarme à propos de l’annulation des salons horlogers de ce printemps. Nous avons été les premiers à parler de coronapocalypse et maintenant de chronoapocalypse. Nous avons les premiers à déplorer le décalage qui va achever de pourrir la situation, celui d’un Occident qui s’enfonce dans la crise sanitaire alors que l’Asie tendrait à en sortir (si elle n’est pas frappée par une fatale seconde vague de contaminés)… On l’aura compris, l’horlogerie est à genoux, KO technique, sidérée par ce qui lui arrive (avertissement : l’appel du pofit et du pognon plus fort que les appels à la prudence), frappée au cœur en Suisse et frappée dans son ventre commercial en Chine, frappée à la tête dans la révolution mentale que cette chronapocalypse va l’obliger à vivre. La situation est tragique, mais pas désespérée. On vous reparlera de tout ça et de la sortie. À bientôt pour une prochaine chronique sur l’actualité des montres en confinement.
Un dernier mot pour vous dire à quel point que je pense à vous tous, les amis de la communauté horlogère, et pour vous dire je suis impatient de vous retrouver tous, dans quelques semaines, en pleine santé. D’ici là, protégez-vous et protégez vos proches.