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CHAISES MUSICALES : La maison Péquignet solde ses comptes avec son naufrageur

Non officiel et non autorisé : Didier Leibundgut n'est plus vraiment chez Péquignet, il ne répond plus au téléphone et personne ne sait quand on pourra lui parler. Chacun aura compris que la fin de partie a sonné pour celui qui avait racheté la marque à Emile Péquignet avec la louable intention de lui donner un nouvel essor international...  ▶▶▶ Après tout, la France méritait largement une maison de haute horlogerie …


Non officiel et non autorisé : Didier Leibundgut n'est plus vraiment chez Péquignet, il ne répond plus au téléphone et personne ne sait quand on pourra lui parler. Chacun aura compris que la fin de partie a sonné pour celui qui avait racheté la marque à Emile Péquignet avec la louable intention de lui donner un nouvel essor international... 

▶▶▶ Après tout, la France méritait largement une maison de haute horlogerie de référence – mais ce ne sera pas pour cette fois-ci... Pour consolider cet essor international et donner à Péquignet un nouveau statut, il restait à définir la bonne stratégie et à s'en donner les moyens, en composant avec les rythmes naturels de l'horlogerie, la mutation de ses marchés et les contraintes industrielles de son écosystème helvéto-centré. Encore fallait-il tout simplement comprendre quelque chose à l'horlogerie contemporaine... ▶▶▶ Didier Leibundgut n'avait ni l'envergure intellectuelle, ni la vision cohérente pour mener sa stratégie de requalification à son terme. Trop pressé de démontrer la supériorité de son approche et de faire la preuve de son aptitude à jouer dans la cour des grands, il s'est fermé à toute critique et il s'est muré – en famille, avec des salaires mirobolants – dans un stupéfiant déni de réalité qui le menait droit dans le mur, en klaxonnant et en insultant ceux qui osaient poser des questions ou tirer la sonnette d'alarme. ▶▶▶ Plus grave : le racheteur initial de Péquignet a commencé à tricher, à mentir, à se construire une vision fantasmatique de la réalité, en prenant des raccourcis industriels qui l'ont obligé à contrefaire la provenance réelle de son mouvement, à raconter des craques sur sa chimérique conception « 100 % française », à délirer sur sa mise au point intégrale dans les ateliers de la marque à Morteau ou à galéjer sur des objectifs industriels et commerciaux insensés. Au coude à coude avec Patek Philippe, vraiment ? Alors que tout le monde savait qu'il y avait, dans ce Calibre royal, une mini-alouette française pour un maxi-cheval suisse... ▶▶▶ Il ne lui restait plus qu'à acheter la presse à grand renfort de publicités, en se servant de la servilité (vénalité ?) de quelques journaliste-brosses à reluire pour tromper les détaillants [jusqu'à quel point ces derniers n'ont-ils pas été complices, parce qu'ils ne pouvaient pas ne pas savoir ?] et, surtout, pour abuser les clients, alors que l'entreprise Péquignet ne cessait de creuser son endettement auprès des fournisseurs impayés et qu'elle brûlait ses vaisseaux en dispersant ses stocks dans les braderies à prix coûtant sur Internet... ▶▶▶ Il faudrait quand même pouvoir poser des questions déontologiques précises à Paris-Match pour la scandaleuse flagornerie d'un récent « article » (sic) sur Péquignet, impudent renvoi d'ascenseur pour des publicités dont on aimerait être sûr qu'elles ont seulement été payées (image en haut de la page). La façon dont Didier Leibundgut y pérorait – devant un chroniqueur spécialisé dans la gastronomie ! – en enfilant les contrevérités flagrantes devrait figurer dans toutes les anthologies de la langue de plomb corporate. ▶▶▶ On se souviendra aussi de l'extravagant « Péquignet est sauvé » lancé par L'Est républicain, quotidien local qui n'a jamais été oublié dans la distribution des sucettes publicitaires de la marque (image en cartouche, à côté du titre). Evidemment, à côté, les avis discordants de Business Montres faisaient un peu désordre et avaient de quoi choquer les chaisières... ▶▶▶ Le parallèle avec les mensonges et les compromissions de l'affaire Cahuzac est trop facile pour qu'on y insiste, mais quelle ressemblance, tout de même, jusque dans les coups bas judiciaires, dans les insinuations infâmantes [pour ceux qui les profèrent ou qui les colportent] et dans la pratique du chantage à l'auto-agression... ▶▶▶ Business Montres a suffisamment évoqué les problèmes posés par la transformation magique de Péquignet en manufacture de haute horlogerie pour qu'on n'y revienne pas une fois de plus : tout a été dit, concernant les aberrations du marketing aussi bien que les secrets inavouables d'un mouvement « 100 % français » qui devait tout à une base Tissot (voir quelques liens vers ces articles en fin de page). Le départ programmé de Didier Leibundgut jette à bas les derniers espoirs d'arracher la marque à son ornière : l'image a été corrodée par les déstockages massifs, le marketing s'est fracassé sur les mensonges accumulés et le réseau commercial est à la dérive... ▶▶▶ Tant pis pour les bureaucraties régionales qui ont subventionné à fonds perdus une partie de cette mascarade, qui jette le discrédit sur toute la filière horlogère française ! Jusqu'à quel point n'ont-ils pas été fraternellement complices, parce que, enfin, ils ne pouvaient pas ne pas savoir ? Leur connivence risque de coûter très cher aux services sociaux : on retombe dans l'absurdité d'un complexe d'économie administrée, qui sait parfaitement privatiser les profits, mais qui étatise les pertes... ▶▶▶ Tant pis pour les derniers repreneurs qui ont déjà laissé quelques millions d'euros dans une opération sans issue et qui vont devoir en laisser beaucoup d'autres pour sortir de ce guêpier. Eux aussi ne pouvaient pas ne pas savoir ! Tout était public et publié : il suffisait à MM. Spruch & Katz de savoir lire, mais ils ont préféré les propos d'un bonimenteur aux analyses des journalistes libres et aux avis des fournisseurs indignés. Comment ont-ils pu se laisser avoir aussi facilement ? Le manque de lucidité et l'arrogance ne sont jamais des qualités stratégiques, quelles que soient les réussites passées de ces investisseurs plus piteux que malheureux : on retiendra surtout d'eux les scandaleuses propositions de quasi-annulation de la dette aux fournisseurs déjà échaudés, en échange d'une mirifique remboursement sur la base d'un modèle économique qu'on n'oserait même pas produire dans une copie de classe terminale... ▶▶▶ Dommage pour le personnel, qui paiera de toute façon les pots cassés, au prix fort, dans un bassin industriel déjà déprimé, alors qu'il serait toujours possible de sauver les meubles en faisant la preuve d'un minimum de réalisme économique, dans le marketing comme dans le commercial [Emile, reviens, ils sont devenus fous !] ! Dommage pour un projet horloger enthousiasmant – produire, en France, un vrai calibre compliqué français – qu'on a vainement torpillé en voulant aller trop vite, sans les études nécessaires, sans les financements de long terme indispensables, en brûlant les étapes pour cicatriser des blessures d'égos et en mettant sur le marché des montres, certes superbes (ci-contre), mais qui n'étaient pas assez fiabilisés pour bénéficier d'un bouche-à-oreilles favorable. L'insoutenable légèreté française, une fois de plus [étonnante, pour un patron de marque aussi lourd !]... ▶▶▶ Dommage pour les fournisseurs salement essorés, ateliers suisses et PME françaises mêlés, qui n'ont plus que leurs yeux pour pleurer ! Dommage pour les amateurs qui ont cassé leur tirelire pour s'offrir un ersatz de haute horlogerie fallacieuse et qui auront du mal à faire entretenir ou réparer leur Calibre Royal ! Dommage pour les détaillants, qui se sont fait avoir à la confiance et qui vont devoir maintenant s'expliquer avec leurs clients (pour les montres) et avec leur banquier (pour les stocks invendables)... ▶▶▶ Le constat final – même si le rideau n'est pas encore tombé – est tout simplement consternant : on a sali le nom d'Emile Péquignet, qui avait pourtant illustré l'horlogerie française et sauvé son honneur dans les tempêtes de la révolution du quartz. On a gaspillé une carte majeure et ruiné – au moins provisoirement – tout espoir de mettre en place une filière réaliste de haute horlogerie française. On a planté tout le monde, y compris les journalistes complaisants qui oscillent aujourd'hui entre la honte et le remords [surtout quand les publicités passées ou promises n'ont pas été payées]. On a sacrifié un personnel qualifié sur l'autel d'un égo surdimensionné doublé d'une effarante médiocrité managériale. L'aigle tant vanté par les médias complaisants n'était qu'un coucou paranoïaque. Lamentable fin de partie...

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