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LIBRE-ÉCHANGE AVEC LA CHINE
COUP DE BLUFF : Que la première marque qui baissera ses prix de 18 % en Chine nous jette la première pierre !

Ils sont décidément très malins, ces Chinois. Entrés à l'OMC, ils doivent normaliser leurs relations économiques avec la Suisse. Un non-événement commercial, mais une bonne occasion pour eux de déployer un rideau de fumée : qui peut croire que les prix vont baisser de 60 %...  ▶▶▶ LIBRE-ÉCHANGE CHINE-SUISSEUn non-événement pour l'horlogerie... ◉◉◉◉ Ainsi, les prix des montres suisses vont baisser de 60 % en Chine ? Attendez un instant : …


Ils sont décidément très malins, ces Chinois. Entrés à l'OMC, ils doivent normaliser leurs relations économiques avec la Suisse. Un non-événement commercial, mais une bonne occasion pour eux de déployer un rideau de fumée : qui peut croire que les prix vont baisser de 60 %...

 
LIBRE-ÉCHANGE CHINE-SUISSE
Un non-événement pour l'horlogerie...
 
◉◉ Ainsi, les prix des montres suisses vont baisser de 60 % en Chine ? Attendez un instant : pas les prix [comme tout le monde semble le croire], mais les seuls droits de douane, et ils vont baisser de 60 % sur dix ans. Pour l'année prochaine, ce ne sera que de 18 % et pour les seuls droits de douane, pas pour le prix public de la montre. Les années suivantes, la baisse ne sera que de 5 % par an. Autant dire rien. Le taux de TVA appliquée aux montres de luxe va rester identique. On peut donc considérer que cette réduction annoncée de 60 % des droits de douane sur les montres suisses importées en Chine est un non-événement : le prix des montres ne va pas baisser, sinon marginalement de quelques points (les 18 % annoncés pour 2014 ne pèsent guère que pour 3 % du prix public). Ce n'est donc pas ça qui enrayera la tragique décroissance des ventes de montres suisses en Chine (35 % à 40 % de moins en moyenne depuis l'année dernière). Il n'y a donc pas de quoi rigoler (image ci-dessus)...
 
◉◉◉ Les marques en profiteront seulement pour ne plus augmenter leurs prix, mais elles se serviront de cet abaissement des taxes douanières pour reconstituer leurs marges, mises à mal par l'explosion des frais d'accès au marché (exploitation commerciale à travers la location des boutiques, salaires des équipes, communication, etc.). Sans parler des pots-de-vin déversés sur les potentats locaux. De toute façon, historiquement, les horlogers suisses détestent baisser leurs prix : cela ne se fait pas, ne serait-ce que parce que ça érode l'image de marque sans créer de vrai effet d'aubaine. Que la première marque de montres suisses prête à annoncer une baisse de 18 % de ses prix en Chine nous le signale : nous nous ferons un plaisir de le publier à la Une...
 
◉◉ Au-delà de ce non-événement, qui ne va probablement rien changer sur le terrain, ni pour les étiquettes, ni pour la décroissance spectaculaire des ventes en Chine, il faut recadrer cet accord de libre-échange dans une vision macro-économique plus globale. On doit se féliciter que la Chine normalise ses relations commerciales avec la Suisse, mais attention aux clauses de sauvegarde dès que la Chine estimerait ses propres industries locales menacées : aujourd'hui, cela ne concerne pas les montres, mais la montée en puissance de l'horlogerie chinoise peut à tout instant changer la donne. D'autre part, du fait des taxes, les ventes aux Chinois ne se font plus en Chine, mais hors de Chine, en duty free, et dans des pays de plus en plus variés [cette année : beaucoup moins en France, beaucoup plus en Italie et en Allemagne] : à tel point qu'on se demande si les Chinois aiment les montres ou les bons plans de ristournes ! Différents signaux – faibles et forts – indiquent à quel point le Politburo est soucieux de capter cette manne des achats chinois à l'étranger (150 milliards de dollars) : de nouvelles zones franches sont expérimentées, en Chine même, comme à Sanya (ci-dessous), pour détourner les Chinois d'acheter à l'étranger.
 
◉◉◉ Du coup, on peut s'interroger à propos de cet accord de libre-échange, qui ressemble décidément à un simple effet d'annonce : n'aurait-il pas pour fonction première et pour finalité prioritaire de rendre les achats en détaxe encore plus intéressants en Chine, et donc plus profitables pour les acteurs locaux qui assurent cette commercialisation : une fois de plus, on nous enfume pour détourner notre attention ! On sait que ces grands réseaux locaux sont étroitement liés au complexe militaro-industriel qui a récemment repris le pouvoir en Chine. Enfin, sachant que le prix des montres de grandes marques déjà en place ne va pas baisser [c'est-à-dire le prix des marques qui ont prioritairement développé leurs propres réseaux de boutiques], on peut aussi se demander si les « petites marques » et les « nouvelles marques » – dont la distribution est purement locale, entre les mains de « copains » du Politburo – ne seront pas les premiers bénéficiaires de cette baisse des taxes douanières : sans changer leurs prix actuels, ces marques vont devenir encore plus profitables pour leurs distributeurs, qui feront encore plus de marges. On ne peut pas douter que ce seront ces marques qui seront favorisées par l'actuel pouvoir politique... 
 
 
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