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ENCHÈRES @2013 : La petite Rolex qui va devenir un grande star de la collection

« Super Bacs » (Aurel pour les collectionneurs) a encore frappé fort : le 179e lot de son prochain catalogue est une « petite » Rolex dont on ne savait rien, mais qui devrait allègrement atteindre le demi-million de dollars dès qu'on aura tout compris de son intérêt historique et patrimonial...   ◀▶ CHRISTIE'SLa Rolex Zérographe qui va multiplier les zéros... ◉◉◉ Ce type de chronographe monopoussoir Rolex Zérographe [à l'époque, on écrivait encore Zérographe, avec un accent et un e à la …


« Super Bacs » (Aurel pour les collectionneurs) a encore frappé fort : le 179e lot de son prochain catalogue est une « petite » Rolex dont on ne savait rien, mais qui devrait allègrement atteindre le demi-million de dollars dès qu'on aura tout compris de son intérêt historique et patrimonial...

 
◀▶ CHRISTIE'S
La Rolex Zérographe qui va multiplier les zéros... 
◉◉◉ Ce type de chronographe monopoussoir Rolex Zérographe [à l'époque, on écrivait encore Zérographe, avec un accent et un e à la fin] n'est pas exactement un inconnu pour les collectionneurs : cette référence 3346 illustre, par exemple, les pages 92-93 des 100 Superlative Rolex Watches de John Goldberger. Ni son acier, ni sa petite taille ne semblent le destiner à la gloire. Et pourtant... Il faut y regarder de plus près – et enquêter longuement, dans le plus pur style Sherlock Holmes, comme l'a fait Aurel Bacs pour Christie's – avant de comprendre qu'on tient là une pièce de musée capable d'affoler les défenses naturelles des collectionneurs, qui vont forcément s'emballer jusqu'au coup de marteau final. 250 000-350 000 francs suisses, nous annonce l'estimation pour cette montre en excellent état, mais qui ne paye pas de mine : on devrait plutôt se retrouver au-delà du demi-million de dollars. Et plus si affinités ! Ceci pour quatre raisons principales...
 
 
◉◉◉ Premier atout de ce Zérographe : la rareté absolue. La littérature Rolex est très chiche au sujet de ce modèle. Peu d'informations [c'est la règle avec les non-archives de la maison Rolex]et pas le moindre catalogue illustré avec cette série. Pas de précisions fiables sur sa généalogie et son existence, sinon l'année de sa production (1937) et quelques passages sous le marteau au cours de ces dernières années, dont celui d'Osvaldo Patrizzi en 1991. C'est à peu près tout ce qu'on sait de cette série des Zérographe, dont Osvaldo Patrizzi nous affirme qu'une cinquantaine de pièces aurait été fabriquées : on n'en connaît guère que 4 dont les numéros se suivent à peu près : ces numéros sont 146 270, 146 271, 146 275 and 146 276 (ce lot n° 179). En comptant les pièces intermédiaires sur la base de ces numéros, on est donc à 7, alors que les séries Rolex oscillaient entre 6 et 12. Il est statistiquement très peu probable qu'il y en ait beaucoup d'autres de ces Zérographe en circulation : il semblerait plutôt qu'on ait affaire, avec ces montres apparemment jamais cataloguées par Rolex, à une sorte de pré-série industrielle, sinon à des prototypes comme ce lot n° 179. Le parfait état de la pièce Christie's et sa virginité sur le marché vont attiser un peu plus les convoitises...
 
◉◉◉ Deuxième atout de ce Zérographe : son intérêt horloger. Caractéristiques de la montre : il s'agit d'une Oyster « chronographe » [pas évident que ce soit le bon terme] monopoussoir, trois aiguilles, avec une lunette tournante er un cadran "California" noir d'époque, dans son écrin d'origine et en parfaite condition – quasiment du New Old Stock comme disent les amateurs. La fonction chronographique est déroutante : une seule aiguille centrale pour les secondes, sans compteurs annexes, avec un « retour en vol » (fly-back) instantané qui permet cependant un arrêt provisoire de l'aiguille sur un temps intermédiaire. Le mouvement n'est pas arrêté par le déclenchement des fonctions chronographiques. La description rapide ci-dessus met déjà l'eau à la bouche. Pour une Oyster de 1937 taillée comme une Bubbleback, c'est plutôt inattendu...
 
◉◉◉ Troisième atout de ce Zérographe : son caractère pionnier. Chronographe, vraiment ? Avec une ébauche Rolex, ce serait le premier chronographe Oyster dans l'histoire de la maison : un vrai chrono « manufacture », là où Rolex se contentait habituellement de mouvements issus de motoristes de la place suisse. Avec son poussoir rond, ce serait aussi le premier poussoir « champignon » dans les collections Rolex (ceux de l'époque étaient rectangulaires ou ovales). De même, Rolex ne pratiquait pas la lunette tournante – pas plus d'ailleurs que les autres marques suisses en 1937 : et si c'était la première lunette tournante de l'histoire de la montre-bracelet ?
 
◉◉◉ Quatrième atout de ce Zérographe : sa fonction historique. Cette montre est un tournant dans l'histoire de Rolex, sinon un pivot qui assure la jonction entre ce que seront les deux grandes familles d'Oyster au XXe siècle : la Submariner (lunette tournante) et la Daytona (chronographe). Ceci avec quinze à vingt-ans d'avance sur les catalogues ultérieurs. On notera, au passage, que Rolex n'avait pas encore clairement fixé sa doctrine pour ces monopoussoirs à « retour en vol », baptisés tantôt Zérographe, tantôt Centregraph, le nom de Turn-O-Graph revenant aux premières pièces à lunette tournante. On tient ici la matrice génétique de toute l'offre Rolex ultérieure : on ne le savait pas à l'époque, mais les Zérographe annonçaient la naissance du sport chic. Voir ressurgir une telle référence 3346, dans un état proche du neuf à la patine irréprochable (lunette sans usure aux angles vifs, index nets, cadran California, etc.), provoquera des émotions fortes chez les grands collectionneurs : le marché des Rolex de collection commence à peine son irrésistible ascension. Ce chronographe Zérographe est peut-être l'équivalent pour la marque à la couronne de ce qu'ont été, pour Patek Philippe, la redécouverte des premières Heures universelles, voici une trentaine d'années...
 
◉◉◉ Les amateurs – les vrais – de Rolex qui n'ont pas les moyens de suivre aux niveaux stratopshériques atteints par les montres originales de cette série des Zérographe ne s'y trompent pas : ils ont déjà créé leurs propres « montres hommage », comme la Zeromaster (en bas de la page) ou la Zero Grapher ci-dessous (réalisation RXW au Japon : 780 dollars, mille fois moins cher que la montre originale !). Ce qui prouve au moins qu'il y a une vraie demande et une forte désirabilité pour les codes du patrimoine Rolex : à la marque de ne pas négliger, à plus forte raison de ne pas mépriser, cette attente de son public d'aficionados, pour ne pas renouveler l'erreur d'avoir laissé filer le marché toujours très actif des Rolex « préparées » (personnalisées).
 
 
◉◉◉ Un clin d'oeil pour terminer : quelle est la marque qui a repris le nom de Zerograph pour une de ses collections ? Panerai pour sa Radiomir PAM 67 à mouvement chronographe monopoussoir Lemania des années 1940...
 
 
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