WONDER WEEK 2019 #08
Huit premières choses que personne n’osera vous dire sur la périphérie de cette Wonder Week
Le week-end d’ouverture de la Wonder Week voit les « petites marques » remplir leur escarcelle de visiteurs et de bons de commande dont les journées d’ouverture du SIHH seront plus chiches. Tant mieux pour les disrupteurs de la création qui se rendent ainsi plus visibles et tant mieux pour les conversations informelles qui en disent long sur la vraie vie des montres…
❐❐❐❐ UNE INCROYABLE RACLÉE MÉCANIQUE : y aurait-il des « gilets jaunes » dans la communauté horlogère ? De quoi parlait-on avant l’ouverture du SIHH ? De l’impressionnant Bennahmias bashing sur les réseaux sociaux, où le CEO d’Audemars Piguet a été violemment – façon « gilets jaunes » – pris à partie par les amateurs, qui ont commenté de façon très désobligeante et parfois même très insultante la nouvelle montre ronde Code 11.59 de la marque. On se demande d’ailleurs si les sites de référence qui ont fait découvrir cette montre aux amateurs (ci-dessous, remerciements à Hodinkee) n’ont pas perfidement « oublié » de modérer ces commentaires sur une pièce qui ne mérite sans doute ni cet excès d’honneur, ni cette indignité – sachant qu’on ne saurait en vouloir à ce CEO d’avoir au moins essayé de mettre sur le marché une alternative à la Royal Oak…
❐❐❐❐ UNE TRÈS AGRÉABLE SURPRISE : la nouvelle New Retro de la manufacture De Grisogono est partie pour s’imposer comme une des montres masculines les plus appétissante de la Wonder Week (ci-dessous, à découvrir au Four Seasons-Hôtel des Bergues). Cette montre, qui est au moins une des plus originales de l’offre masculine contemporaine (en même temps qu’une des plus élégamment dessinées), débarque cette année dans une armure d’acier (bracelet à maillons compris) et avec un superbe cadran bleu, à un prix contenu sous les 10 000 francs suisses – ce qui relève de l’exploit chez De Grisogono, dont la farandole des pièces de joaillerie est un enchantement pour les yeux.
❐❐❐❐ UN « COLLECTIF » TRÈS EN FORME ET UN SUPER-CALENDRIER 2019 : non seulement l’offre Franck Muller de ce début d’année est particulièrement consistante (les nouvelles Vanguard en version Crazy Hours Crazy Colors : ci-dessous, à découvrir au WPHH de Watchland, à Genthod, ou la nouvelle Remember dont les aiguilles fonctionnent « à l’envers »), mais le programme de Franck Muller pour 2019 témoigne d’une spectaculaire remontée en première ligne : deux nouveaux bâtiments viendront compléter le « village » de Watchland, en plus un réalignement pour améliorer la perspective du cinquième bâtiments, et on lancera au cours de ces prochaines semaines l’aménagement d’un Franck Muller Tourbillon Building dans la Tour de l’Île, au cœur de Genève (boutique et musée)…
❐❐❐❐ UNE CONFIRMATION (LA PLUS BELLE MONTRE SPORT CHIC) : pas de déception avec la De Bethune DB 28 Grand bleu, qui reste, à ce jour et sous réserve d’inventaire ultérieure, la « montre de sport » la plus intéressante de cette Wonder Week (ci-dessous et alerte Business Montres du 11 janvier). Question d’esthétique – très maîtrisée – et de qualité technique (lunette tournante intérieure, étanchéité à 100 m), mais aussi d’innovation avec un système très original de génération de lumière (à l’intérieur de la montre, histoire de lire l’heure ou de profiter de l’architecture mécanique) à partir de l’énergie du barillet (ci-dessous : à découvrir au Beau-Rivage, où De Bethune a remplacé Bovet 1822, qui expose au SIHH)…
❐❐❐❐ UNE NOUVELLE CONFIRMATION (LA PLUS SIMPLE DES COMPLICATIONS) : la montre n’a que trois aiguilles, mais c’est un chronographe heures-minutes-secondes – il fallait le génie de l’équipe d’Agenhor (Jean-Marc Wiederrecht et sa famille) pour résoudre cette équation mécanique, avec une solution technique très « élégante », simple et subtile. C’est une refondation de principe du « retour en vol » cher aux montres d’aviateur d’avant l’électronique et, esthétiquement, c’est un bijou très tentateur (ci-dessous : à découvrir au salon Barton 7, pile en face du Kempinski)…
❐❐❐❐ UNE AUTRE CONFIRMATION (LA PLUS BELLE MONTRE FÉMININE) : La Fiji de Schwarz-Etienne (Business Montres du 12 janvier) tient ses promesses de réussite visuelle et de raffinement mécanique (micro-rotor « manufacture », échappement compris), avec un appréciable choix de cadrans et de bracelets. Le tout à un prix relativement contenu pour une montre féminine de cette trempe. Plus étonnant encore : le très chic écrin-sac à main en cuir de cette Fiji. Pas à pas, étape par étape, la maison Schwarz-Etienne trace son chemin dans la haute horlogerie, en tout originalité, mais avec la ferme intention de jouer dans la cour des grands (ci-dessous : à découvrir dans les salons du Kempinski)…
❐❐❐❐ UNE FRONDE CHEZ LES ANCIENS DU GROUPE RICHEMONT : si vous ne connaissez pas la nouvelle marque Riskers, vous allez en entendre parler ! Une dizaine d’anciens cadres du groupe Richemont (Cartier, Piaget, Vacheron Constantin, Baume & Mercier), emmenés par Pierre Guerrier (ex-Richemont, ex-Piaget), ont décidé de mettre en commun leurs expériences pour créer une nouvelle marque indépendante, baptisée Riskers. La direction artistique a été confiée à Malo Le Bot (ex-Vacheron Constantin, ex-Baume & Mercier), la propriété intellectuelle étant gérée par Emmanuel de la Brosse (ex-Richemont IP Advisor). L’accompagnement en communication sera effectué par le studio genevois Kretz+Partners (dont le fondateur est un ancien cadre de Piaget) et le design piloté par Alexandre Peraldi (ex-Cartier, ex-Baume & Mercier). Objectif de cette dream team ex-richemontesque : « Donner naissance à une marque en toute liberté qui parte du bon point de départ : l'Homme ». En commençant par l'essentiel : « L'histoire. Pas une construction marketing, mais une histoire réelle, authentique. La révéler, l'incarner en la transposant dans le présent ». Avec cette pétition de principe : « Mettre l'Homme et l'histoire au centre nous conduit aussi à faire du business autrement en n'esquivant pas la responsabilité sociale de la marque ni en l'instrumentalisant de façon opportuniste ». À la place de certains, on se sentirait visé…
❐❐❐❐ UN NOUVEAU BAROQUISME HORLOGER : si vous aimez la profusion dans l’esthétique horlogère, les super-complications enrobées de baroquisme décoratif, l’émaillage sans complexes, les gravures comme on n’ose plus en proposer et les pièces uniques pour clients capricieux, il faut faire le détour par l’exposition Kerbedanz, dans les salons du Four Seasons-Hôtel des Bergues (premier étage). Rien de ce qui est spectaculaire n’est étranger à Kerbedanz, qui ne s’interdit rien, pas même le tonneau de cognac Ararat ! À côté de certaines pièces uniques, la montre Florence (ci-dessous) est d’une sobriété minimaliste aux limites de l’épure…
WONDER WEEK 2019
Les précédents épisodes de notre classique feuilleton genevois du mois de janvier, jusque dans les coulisses du grand rassemblement de la « capitale » éphémère de l’horlogerie de luxe :
❐❐❐❐ #07 : Quels seront les meilleurs « coups fumants » de cette semaine de folies horlogères ? – troisième partie (Business Montres du 13 janvier)
❐❐❐❐ #06 : Quels seront les meilleurs « coups fumants » de cette semaine de folies horlogères ? – deuxième partie (Business Montres du 12 janvier)
❐❐❐❐ #05 : Quels seront les meilleurs « coups fumants » de cette semaine de folies horlogères ? première partie (Business Montres du 11 janvier)
❐❐❐❐ #04 : Après le carton rouge de l’année dernière, Édouard passe au vert (Business Montres du 10 janvier)
❐❐❐❐ #03 : Au fait, ça se passe où, cette Wonder Week 2019 ? (Business Montres du 9 janvier)
❐❐❐❐ #02 : Certains n’y verront que du bleu, d’autres feront la part des anges (Business Montres du 8 janvier)
❐❐❐❐ #01 : Huit au sept – un nouveau nano-concurrent pour le SIHH, en janvier, à Genève (Business Montres du 29 novembre 2018)