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À BOUT PORTANT (accès libre)
Quelques jours avec l’Atlantique de Grandval au poignet

Non, toutes les montres de plongée et toutes les montres « GMT » ne se ressemblent pas : Grandval réussit à imposer un style original à sa première collection. Un style qui sait imposer sa présence au poignet…


La très jeune marque indépendante  française Grandval n’est pas tout-à-fait une inconnue pour les lecteurs de Business Montres, qui ont  déjà eu l’occasion de la découvrir dans une chronique Atlantic-tac (Business Montres du 5 mars), dans une page sur les campagnes de sociofinancement en cours (Business Montres du 9 mars) et sur notre chaîne images Business Montres Vision (vidéo ci-dessous). Il aurait été dommage de ne pas terminer par un essai au porter de cette montre au design très original – d’autant que la campagne Kickstarter se termine dans deux jours et qu’il serait tout aussi dommage de ne pas profiter du prix de souscription [certaines options sont déjà épuisées, la campagne atteignant maintenant les 32 000 euros apportés par un peu moins de 70 contributeurs, soit 160 % de l’objectif visé].

La montre Atlantique s’affirme d’emblée par un design plutôt original, qu’on ait choisi la « GMT » ou la « plongeuse » – le boîtier est identique, mais le cadran et la lunette diffèrent. Grandval propose lunette tournante sur soixante minutes, avec un décompte des quinze premières minutes pour la « plongeuse », soit en version bleue, soit en version noire, avec un cadran assorti, bleu ou noir, soit sectorisé, soit ponctué de grands chiffres 3, 9, 12 plus une date. La « GMT » est disponible lunette tournante graduée sur 12 heures et un intéressant cadran sectorisé, en bleu ou en noir, qui apporte une forte identité graphique à la montre [|’essai portant sur une « GMT » à cadran bleu sectorisé et lunette bleue]. D’autres options de cadrans sont disponibles, en différentes couleurs soigneusement choisies.

On aura compris, en découvrant ces variantes, que le créateur de Grandval, Thomas Fontaine, qui a une dizaine d’années d’expériences dans l’horlogerie, a focalisé sa créativité sur le design de la montre [bravo pour le logo, visuellement très réussi], peut-être au détriment de l’accompagnement marketing et de l’environnement sociocommunautaire de sa campagne, qui aurait mérité d’être plus habilement soutenue compte tenu de la qualité de la montre…

Souci de qualité qu’on retrouve dans le soin apporté à la conception et à la fabrication du boîtier en acier (44 mm), avec des cornes intégrées qui permettent à la montre d’habiller tous les poignets, même les plus menus et un verre saphir en dôme très élégant qui permet à la lunette de s’intégrer parfaitement aux galbes du boîtier, qui ne dépasse pas 12 mm d’épaisseur verre saphir compris [pour une montre étanche à 200 m, c’est méritoire !]. Merci au passage de nous avoir épargné le fond saphir, totalement inutile sur des montres sportives. Même attention avec le choix d’une couronne déportée à quatre heures comme avec le crantage très doux de la lunette tournante (120 clics). On appréciera aussi le bracelet (20 mm), proposé dans différents matériaux (nylon à doublure caoutchoutée, un peu rigide au départ, mais très souple par la suite, ou caoutchouc). La sélection du mouvement automatique – un STP1-11 suisse livré directement du Jura suisse – confirme par sa fiabilité et sa précision les ambitions horlogères de Grandval. Pour parfaire le tout, l'assemblage des montres a été confié à l'Atelier parisien d'horlogerie (APH) et l'Atlantique  est livré dans un  très joli étui en cuir (Grandval donne également dans la petite maroquinerie)...

Au porter, la montre se pose sans difficulté sur le poignet, où elle impose son style sans que les 44 mm en imposent trop [les attaches du bracelet intégrées dans le boîtier y sont pour beaucoup]. L’harmonie de son cadran et la classe de la lunette se font remarquer, de même que l’élégance de l’ensemble : l’Atlantique n’est clairement pas une « plongeuse » comme les autres, ni une « GMT » banale – ne serait-ce que par le choix de la simple lunette sur 12 heures pour le second fuseau horaire (donc, sans quatrième aiguille) : c’est ce qu’on appelait précédemment la « GMT du pauvre », solution qui a cependant été récemment ré-anoblie par la superbe Black Bay P 01 de Tudor. On peut donc résumer ainsi cette expérience au porter :

• Très bel effet au poignet : la montre impose d’emblée une distinction du meilleur effet [on aimerait que beaucoup montres signées par des grandes marques aient cette politesse élémentaire]

• Fiabilité, ergonomie et précision au quotidien et dans un contexte sportif, mais aussi dans un cadre plus urbain : « plongeuse » ou « GMT », l’Atlantique se glisse facilement sous n’importe quelle chemise et peut se porter en jeans comme en costume sans risquer le ridicule…

• Prix intelligemment positionné pour la campagne Kickstarter, avec une offre moyenne de souscription autour des 500 euros, ce qui constitue une très bonne affaire compte tenu du niveau global de qualité et d’élégance de la montre [là encore, les grandes marques devraient en prendre de la graine]

• Les critiques sont minces : en 20 mm, le bracelet reste un peu étroit par rapport à la largeur d’une carrure de 44 mm : c’est la taille gringalet. Le guichet de la date est trop étroit, avec un disque de date placé trop bas et des chiffres presque illisibles [merci cependant d’avoir assorti ce disque à la couleur du cadran]. On peut ne pas apprécier les limitations de cette « GMT du pauvre », qui reste cependant d’un maniement très aisé. Le SuperLumiNova des aiguilles est trop léger pour une lecture aisée de l’heure dans la pénombre : pour une montre à vocation sportive, c’est gênant [de même que doit être gênée la lecture des aiguilles faiblement luminescentes et de l’aiguille des secondes non lumineuse de la « plongeuse » – non essayée]

En conclusion, on peut estimer que cette Grandval Atlantique mérite largement les félicitations du jury, avec une note globale qui se situerait dans les 8,5/10 à 9/10, tant pour ses originalités esthétiques que pour l’optimisation de la qualité proposée à un prix où il est très facile de faire des impasses. Le Made in France peut relever la tête – avec tous les bémols qu’on peut formuler sur les passoires réglementaires de ce Made in France. Grandval s’installe ainsi parmi les meilleurs espoirs de la jeune horlogerie française, qui semble avoir bien mieux pris le virage du « monde d’après » [des montres ludiques, accessibles et créatives] que la plupart des marques suisses concurrentes.


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