ANTIQUORUM : Les millions de dollars valsent, sans qu'on sache ni où, ni avec qui...
L'affaire Antiquorum est toujours pendante à Genève, faute de temps libre pour la justice suisse. Son volet américain nous révèle (documents à l'appui) les coulisses d'une maison où les millions vont et viennent entre les comptes sans qu'on puisse y comprendre quoi que ce soit... ••• Le journalisme, c'est beaucoup de travail et un peu de chance, avec un bon écran radar en prime. Parfois, une lumière inattendue se met à scintiller dans le radar. Ainsi pour le dossier Antiquorum, suivi de près par Business Montres depuis que …
L'affaire Antiquorum est toujours pendante à Genève, faute de temps libre pour la justice suisse. Son volet américain nous révèle (documents à l'appui) les coulisses d'une maison où les millions vont et viennent entre les comptes sans qu'on puisse y comprendre quoi que ce soit...
••• Le journalisme, c'est beaucoup de travail et un peu de chance, avec un bon écran radar en prime. Parfois, une lumière inattendue se met à scintiller dans le radar. Ainsi pour le dossier Antiquorum, suivi de près par Business Montres depuis que nous avions révélé à une Suisse incrédule non seulement la vente de la maison aux Japonais (29 janvier 2006), mais aussi le putsch nippo-américain qui avait déposé et dépossédé Osvaldo Patrizzi de la maison d'enchères qu'il avait fondée (10 août 2007). Ensuite, les épisodes n'avaient plus cessé de s'enchaîner, pour nous offrir un vrai feuilleton médiatico-juridique, sinon un western financier particulièrement complexe à suivre... ••• Cinq ans plus tard, la justice genevoise a pratiquement blanchi Osvaldo Patrizzi des accusations infâmantes portées contre lui par les comploteurs qui l'avaient limogé : il aura fallu une perquisition chez Antiquorum pour qu'on retrouve tous les documents dont la "disparition" permettait de clouer au pilori le fondateur d'Antiquorum. On écrit "pratiquement", parce que les juges genevois – qui ont abandonné toute idée de poursuite, faute de grain à moudre – ont visiblement égaré le dossier en oubliant de rédiger leurs conclusions. L'affaire est toujours officiellement pendante, mais il existe un second volet, encore plus embrouillé du fait du droit américain, devant la Cour suprême de l'Etat de New York... ••• Là, à New York, c'est plus croquignolet, les uns et les autres s'accusant d'avoir escamoté sur des comptes de consignation (escrow) deux gros paquets de dollars : une fois 3,4 millions et une fois 2 millions. On s'y perd totalement, un des avocats d'Antiquorum (Michael Levine) se trouvant même à la fois accusé par Antiquorum et accusateur d'Osvaldo Patrizzi (défendu par Kerry Gotlib) qui est lui-même accusé par Antiquorum. Evan Zimmermann (l'actuel CEO d'Antiquorum, défendu par Steven Popoksky et Jason Canales) est lui aussi accusé par Osvaldo Patrizzi. Un vrai dog fight ! Heureusement, la justice new-yorkaise est procédurière, toutes les audiences sont publiques et les verbatim intégralement rédigés et enregistrés par un greffier. Il y en a des centaines de pages pour la seul audience du mois d'août dernier ! ••• Pas facile de s'y retrouver, surtout si on n'est pas avocat, mais on peut cependant découvrir dans ces pages avec quelle facilité déconcertante 5,4 millions de dollars peuvent se promener sur plusieurs comptes : ceux de la société Antiquorum, ceux de l'avocat Michael Levine [son pedigree judiciaire est assez déconcertant pour un avocat et son nom est cité dans de bien curieuses affaires] ou les comptes d'Evan Zimmermann. Même la juge n'en revient pas ! Levine et Zimmermann affirment évidemment que cet argent – qui appartenaient aux co-actionnaires Patrizzi et Habsburg Holdings – n'est pas resté sur leurs comptes, ou si peu, ou qu'il n'y était plus, ou qu'il a servi à autre chose, comme acheter un stock de montres, le tout sans traces probantes. La juge n'en revient toujours pas ! D'ailleurs, à qui appartenait Antiquorum (page 64 du document en liens) ? Tout ça est d'ue opacité rare, la juge en arrivant à se poser des questions sur Evan Zimmermann et son rôle aussi trouble que modérément éthique dans ce dossier... ••• À chacun de se faire son idée sur les coulisses d'une maison qui a fait la pluie et le beau temps sur le marché des montres de collection [qu'elle a fait naître et grandir] avant de retomber dans l'ornière d'une médiocrité marchande dont elle a visiblement du mal à s'extirper. On aurait pu citer bien d'autres pages, mais les extraits ci-dessous donnent une bonne idée de l'ambiance, avec deux "pigeons" (Patrizzi et Habsburg Holdings) dans la fosse aux lions new-yorkaise [les trois avocats sont des stars du barreau, grandis à Brooklyn, et pas forcément blanc-bleu sous toutes les coutures]. Conclusions dans quelques mois, mais l'orientation du débat – l'ordre chronologique des différentes séquences est respectée – ne laisse guère planer de doutes... ••• Et merci au radar qui a signalé l'arrivée de ce signal faible dans une affaire qui paraissait assoupie...D'AUTRES ACTUALITÉS RÉCENTES...