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ARCHIVES # 38 (accès libre) : Reportage dans le spot horloger le plus chaud du monde (2006)

Reprise d'un reportage personnel à Tokyo : le quartier d'Akihabara est célèbre pour ses immeubles spécialisés dans l'électronique pour les geeks, ainsi que pour ses salles de jeux vidéo-numériques. Les rayons consacrés aux montres méritent la visite : inutile de parler le japonais, les calculettes sont là pour traduire les prix en euros ! « Sorry, Sir, no pictures ! »  ▶▶▶ 6 OCTOBRE 2006 Choses vues sur le marché gris japonais 


Reprise d'un reportage personnel à Tokyo : le quartier d'Akihabara est célèbre pour ses immeubles spécialisés dans l'électronique pour les geeks, ainsi que pour ses salles de jeux vidéo-numériques. Les rayons consacrés aux montres méritent la visite : inutile de parler le japonais, les calculettes sont là pour traduire les prix en euros ! « Sorry, Sir, no pictures ! »

 
 6 OCTOBRE 2006
 
Choses vues sur le marché gris japonais
 
Au cœur de Tokyo, le quartier d’Akihabara est le spot le plus chaud du monde pour les drogués du shopping. On y fait de belles découvertes horlogères…
 
◉◉ D’abord, on se dit que ce sont des contrefaçons. Puis on regarde de plus près les prix, les montres, les écrins, la PLV : ce sont des vraies Rolex, des vraies Cartier, des vraies Bulgari, TAG Heuer, Hublot, Omega, Girard-Perregaux, tout ce qui se fait de mieux en Suisse, en collections de l’année, avec boîtes, papiers et garanties internationales open.
 
◉◉ Pour les modèles de l’année dernière, on peut négocier promos et remises. Le tout en vrac façon hard selling, avec des pièces alignées dans des tables-vitrines comme on n’en fait plus en Europe depuis les années soixante-dix, sans effort notable de mise en valeur. La PLV soignée, telle qu’on la trouve sur le Vieux Continent, relève ici du gaspillage : on est loin de l’« usine à rêves ». Les prix sont griffonnés à la main par des vendeurs manifestement étrangers à l’univers horloger. Les montres sont alignées comme des petits soldats : aucune différence entre les linéaires de téléphones mobiles et ceux des appareils photo numériques des étages voisins. On est loin du cocktail de luxe, d’émotion et de passion, de ce bon chic bon chic qu’on nous affirme irréductiblement lié à l’image de toutes ces belles marques…
 
◉◉ Des Rolex Daytona acier comme s’il en pleuvait, à 7 000 euros : à peine 15 % plus cher que le prix catalogue que personne ne pratique de toute façon à Paris ou à Genève. Aucune logique apparente dans la présentation des vitrines : des griffes de mode et des stars de la place Vendôme au coude à coude. Des marques de niche et des classiques du mass market international dans la même grisaille merchandisée, avec des montres laissées sous plastique pour éviter les rayures. Toutes ces montres, qu’on nous affirme « très demandées » ou « sur liste d’attente » en Europe, sont disponibles ici à des prix discount pour le marché japonais, c’est-à-dire voisins des prix en euros. Avec la détaxe, un touriste européen peut même réaliser de bonnes affaires…
 
◉◉Nous sommes à Akihabara, un quartier de Tokyo considéré comme la Mecque du shopping pour les produits high-tech : tous les produits de toutes les marques, dans des dizaines de tours hyper-marchés ouvertes très avant dans la nuit. Apparemment, Akihabara est aussi devenu un excellent spot horloger, une sorte de rue du Rhône à la japonaise, dans une ambiance survoltée de criardes enseignes lumineuses, de bruyants « bandits manchots » (en étage, les salles de jeu foisonnent : ci-dessous) et de gadgets hallucinés. Chaque semaine, il semble s’y déstocker plus de montres de luxe que dans tout le quartier des Champs-Elysées !
 
 
▶ BUSINESS MONTRES : Il s’agit là d’un témoignage personnel de visu. Renseignements pris, il s’agit évidemment de vraies montres, tout ce qu’il y a de plus authentiques. Nous sommes simplement au cœur du « marché gris » japonais. J’ai vu d’autres vitrines « grises » – avec autant de vraies montres et de grandes marques – dans un « Tout-pour-Rien » à la périphérie de Ginza, entre des monceaux de soquettes à un dollar les cinq paires et un déballage promotionnel de crayons de couleur, sous des néons blafards qui donnaient mauvaise mine à tous ces cadrans suisses. A cette échelle, on se pose tout de même des questions sur l’honnêteté des marques, ou du moins sur l’intégrité de leur politique commerciale. De qui se moque-t-on ? Les manufactures savent parfaitement d’où vient chacune de ces montres, par qui elle a été revendue, et quand. Quand on sait les persécutions et les mesquineries que les grandes marques réservent à leurs détaillants européens (surface en vitrine, volume des commandes, environnement PLV, livraisons, etc.), on croit rêver en découvrant ces étals japonais qui ridiculisent les souks de Marrakech. Sauf que, sur Akihabara, ce sont des vraies montres (image ci-dessous : ne sont PAS des montres – c'est juste pour situer l'ambiance commerciale) !
 
(Business Montres du 6 octobre 2006
 
 
 
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