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BAROMONTRES AVRIL 2013 : Les tendances météo de l'horlogerie

Les hommes, les marques et les faits d'avril 2013, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres. Un classement en dix coups de projecteur sur les évolutions capricieuses de la météo horlogère pour ce mois d'avril 2013, où l'actualité retient son souffle avant Baselworld... ◀▶ BAROMONTRES AVRIL 2013Un printemps en pleine incertitude ▶▶▶ Avec un Baselworld exceptionnellement décalé vers le début mai (pour cause de travaux dans les halles), ce mois d'avril 2013 ne pouvait être qu'atypique. L'industrie retenait son souffle jusqu'au salon, alors que les marchés retenaient leur croissance un …


Les hommes, les marques et les faits d'avril 2013, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres.

Un classement en dix coups de projecteur sur les évolutions capricieuses de la météo horlogère pour ce mois d'avril 2013, où l'actualité retient son souffle avant Baselworld...

◀▶ BAROMONTRES AVRIL 2013
Un printemps en pleine incertitude
 
 Avec un Baselworld exceptionnellement décalé vers le début mai (pour cause de travaux dans les halles), ce mois d'avril 2013 ne pouvait être qu'atypique. L'industrie retenait son souffle jusqu'au salon, alors que les marchés retenaient leur croissance un peu partout à travers le monde, après une pause légèrement inquiétante au premier trimestre. Il a suffi de la traditionnelle dynamique bâloise pour redonner le moral à tout le monde, avec des commandes plus consistantes que prévues et des directions de marque soulagées de cet instant de répit avant une décroissance annoncée...
 
 
 
GRAND BEAU 
(par ordre alphabétique et sans idée de classement)
 
1) JACOB ARABOV (Jacob & Co)
 Toujours aussi fantastique et imprévisible, « Jacob the Jeweler » a réussi à s'offrir à Baselworld un des plus beaux stands du Hall 1, qui n'en manquait pourtant pas cette année, mais aussi les plus belles pièces de joaillerie du salon (dont un collier à 200 millions de dollars et des parures qui devaient chiffrer autour du demi-milliard de dollars ses vitrines intérieures) et quelques-unes des montres les plus intéressantes de l'année, soit par leur complication, soit par leur concept ou même par leur sertissage. Les commandes suivent et l'argent recommence à circuler, comme à la grande époque : si le marché mondial de la joaillerie est devenu le nouveau champ-clos des marques de luxe (Bvlgari, Cartier, Harry Winston, Boucheron, Tiffany & Co dès que les Qataris auront consolidé leur pôle luxe), il faudra compter avec des indépendants comme Jacob & Co, qui n'est déjà plus un outsider...
 
2) XAVIER DIETLIN (Dietlin)
 Toujours aussi créatif, Xavier Dietlin est le petit prince des vitrines horlogères contemporaines : à Baselworld, il présentait son extraordinaire Watch Capsule chez Hublot [une demi-heure de file d'attente aux heures de pointe], mais aussi un concept très original de vitrines animées chez TAG Heuer, une vitrine record du monde chez Maurice Lacroix et quelques autres innovations. Ce succès n'étonnera pas les lecteurs, qui savent depuis longtemps que Xavier Dietlin est « le vitriniste le plus doué de sa génération ». Dans sa boîte à malices, il a enfermé de quoi enchanter la présentation des montres pendant une ou deux décennies : tout ce qui lui manque, c'est un peu de temps pour aller jusqu'au bout de ses rêves...
 
3) NICK HAYEK (Swatch Group)
 Le patron du Swatch Group vient d'opérer une manoeuvre stratégique déterminante : le Sistem51 est une avancée considérable sur le terrain industriel, puisque ce mouvement mécanique de 51 composants est assemblée sur une chaîne entièrement automatisée et annoncée comme 100 % Swiss Made. La réserve de marche très élevée permet de penser que ce mouvement automatique possède un échappement de nouvelle génération très particulier, peut-être même en silicium. Une initiative qui permettra au groupe de proposer des montres mécaniques pratiquement au prix des montres à quartz, ce qui pourrait annoncer (à terme) l'abandon par le Swatch Group de son offre en mouvements électroniques de base. Sur le plan industriel, ce coup est magistralement joué. Reste à savoir si l'offre d'un mouvement automatique accessible (vendu autour de 120 CHF, mais non réparable) est un atout pour des consommateurs généralement assez sensible au style du mouvement de leur Swatch. Reste à savoir aussi si cette initiative industrielle peut doper les ventes d'une marque qui n'a pas su enrayer son érosion commerciale et qui vend désormais, de l'aveu même de son président, tout juste 3,5 millions de montres par an...
 
4) LOUIS DE MECKENHEIM (Baselworld)
 Il n'aura fallu que quelques mètres pour qu'il passe, sur le même trottoir de la place Vendôme, du marketing Van Cleef & Arpels au marketing Boucheron, mais on mesurera la distance entre les deux marques à la rapidité avec laquelle il a conçu et développé la montre Epure, qui était sans doute une des trois montres masculines les plus élégantes de Baselworld 2013. Manifestement, ce bon vivant a une vision de l'horlogerie – et de la joaillerie – qui ne se limite pas à la simple vista d'un surdoué, mais qui s'enracine dans une forte culture horlogère, une vraie curiosité pour les montres et une belle envie d'exprimer de nouvelles idées sur ce que seront les classiques du XXIe siècle. Si son actionnaire (Kering, ex-PPR) lui en donne les moyens, la maison Boucheron est bien partie pour recoller au peloton de tête de la place Vendôme, où la compétition est désormais sévère...
 
5) SYLVIE RITTER (Baselworld)
 Pari gagné pour la directrice de Baselworld, qui a livré les nouvelles halles dans les délais [les travaux étaient devenus une affaire de famille !] et qui a réussi à convaincre les marques de faire du salon leur principale vitrine internationale. Pari tenu, également, pour un salon en passe de devenir une référence pour l'architecture d'intérieur [après l'être devenu pour le bâtiment, signé Herzog et de Meuron] et pour la mode, ce qui a drainé vers Bâle des dizaines de nouveaux journalistes. La marque Baselworld est désormais solide : il reste même de la place pour accueillir de nouvelles grandes marques qui auraient boudé cette édition. Reste à savoir si les dépenses somptuaires consenties cette année par les marques n'auront pas d'impact négatif sur leur activité si la décroissance en cours se confirmait...
 
6) GUY SÉMON (TAG Heuer)
 Le vice-président de TAG Heuer est une des têtes les mieux faites d'une industrie horlogère, dont il est devenu la référence en matière d'ingéniérie avancée. La marque doit à ce Franc-comtois – qui compte quelques horlogers parmi ses ancêtres – la plupart de ses avancées récentes dans le domaine des hautes fréquences et des échappements magnétiques, mais aussi du côté des transmissions d'énergie non traditionnelles [on lui doit notamment la mise au point du concept V4]. Il présentait à Baselworld de nouveaux développements du côté des échappements magnétiques, avec un double tourbillon Mikropendulum totalement innovant et riche de nouvelles perspectives pour l'horlogerie mécanique. Son équipe de R&D est probablement une des plus pointues de toute la Suisse horlogère...
 
 
VARIABLE
(par ordre alphabétique et sans idée de classement) 
 
7) ANTONIO CALCE (Corum)
❍❍❍ Le jeune président de Corum préparait le rachat de sa manufacture (dont il était co-actionnaire) depuis plusieurs mois, sinon depuis plusieurs années. Il a finalement choisi d'adosser la marque au groupe chinois China Haidian, déjà propriétaire en Suisse de la manufacture Eterna. Un pari risqué : à ce jour, on ne connaît aucune joint-venture avec des investisseurs chinois qui se soit bien terminée. Son nouveau président et actionnaire, Hon Kwok Lung, en est conscient, mais il est décidé à relever le défi en calant sa stratégie suisse sur les qualités d'une équipe – Antonio Calce et sa garde rapprochée, qui seront très vite amenés à superviser l'ensemble des opérations du groupe Haidian en Suisse – plus que sur le prestige d'une marque ou sur son seul potentiel commercial. Dans ce genre de situation, ça passe ou ça casse : on verra à l'usage. En attendant, d'autres marques suisses devraient tomber dans l'escarcelle d'Haidian, qui n'a de toute façon pas vraiment cassé sa tirelire pour acquérir Corum, puisque la moitié du prix d'achat (officiellement, 86 millions de CHF) a été acquittée par une émission d'actions Haidian...
 
8] JAN EDÖCS (Hanhart)
❍❍❍ Consultant mobilisé pour redresser Hanhart, Jan Edöcs (ex-Milus), qui gérait le fonds Consalve (dont il reste le CEO et le senior partner), était le mieux placé pour reprendre la marque après l'éviction de son CEO, Thomas Morf (révélation Business Montres du 28 janvier). Fort de la conscience de son actionnaire suisse, il s'est donc attelé à la relance d'une manufacture allemande de référence, un peu chahutée ces dernières années par trop de changements et trop d'ambitions impatientes. Son savoir-faire personnel (et celui de ses équipiers, dont Roderich Hess, ex-Montblanc Suisse) suffira-t-il à sauver Hanhart et à développer le mouvement manufacture qui peut lui donner un avantage décisif sur le marché ? C'est possible, mais pas garanti tellement la situation est tendue pour les marques indépendantes...
 
9) LAURENT KATZ (Péquignet)
❍❍❍ Débarrassé du naufrageur qui avait poussé Péquignet dans des récifs pourtant bien balisés [du moins pour ceux qui savent lire les cartes], le repreneur de la marque est désormais au pied du mur, avec beaucoup d'argent personnel à investir s'il veut relancer une marque qui n'a plus de stratégie claire, de réseaux commerciaux, de produits industrialisables ni de stocks vendables, mais dont l'endettement reste lourd, tant auprès des fournisseurs qu'auprès des organismes sociaux. Le retour à meilleure fortune n'est pas pour demain, mais tout espoir n'est pas perdu si on accepte de reprendre avec patience, humilité et ténacité les chemins qui avaient conduit la marque à un rôle prééminent sur le marché français (Business Montres du 10 avril).
 
 
AVIS DE TEMPÊTE
 
10) SMARTWATCH (défi high-tech)
••• Sur plus de 1 400 marques présentes à Baselworld, seules 6 proposaient un concept de smartwatch (montre connectée). On en déduira deux choses : d'abord, que l'horlogerie traditionnelle ne se sent pas concernée par la nouvelle bataille du poignet qui s'annonce entre les géants de l'électronique grand public qui devraient tous lancer leur offensive avant la fin de l'année (ils ont compris que le poignet était un espace stratégique pour élargir ses parts de marché) ; ensuite, que ce n'est plus vraiment l'horlogerie suisse qui est capable d'influer sur les comportements quotidiens et le life style de ses consommateurs, comme la Swatch avait pu le faire en inventant la « montre comme accessoire de mode » dans les années 1980 – il y a tout juste trente ans. Les mutations sociétales ne passent plus par l'industrie horlogère, alors qu'elle était la seule légitime, depuis un siècle, pour occuper les poignets. Comment ne pas imaginer que l'irruption sur le marché de la montre d'opérateurs comme Apple, Samsung ou Google, tous capables de vendre des millions de montres en quelques mois, ne va pas ébranler l'actuelle pyramide des marques suisses ?
 
 
 
••• RAPPEL (année 2013) •••
 
••• Le précédent Baromontres mars 2013 de Business Montres (6 avril 2013) :
GRAND BEAU • Baselworld • Business Montres Vision • Mathias Buttet (Hublot) • Vincent Perriard (HYT) • Pierre Salanitro (Salanitro) • Jean-Marie Schaller (Louis Moinet) • Michele Sofisti (Gucci-Sowind) • 
VARIABLE • Montblanc • Sotheby's •  
AVIS DE TEMPÊTE • Swiss Timing (Swatch Group) •
 
••• Le précédent Baromontres février 2013 de Business Montres (5 mars 2013) :
GRAND BEAU • Jean-Christophe Babin (TAG Heuer) • Manuel Emch (RJ-Romain Jerome) • Alain Mouawad (groupe Mouawad) • Philippe Mougenot (Chanel) • Gérald Roden (groupe Festina) •
VARIABLE • Les montres suisses interdites à la télé chinoise • Genève, capitale de l'horlogerie mondiale • Karl Lagerfeld (styliste) • 
AVIS DE TEMPÊTE • iWatch (Apple) • Lausannetec •
 
••• Le précédent Baromontres janvier 2013 de Business Montres (1er février 2013) :
DANS LES LÉGENDES DU TEMPS • Frank Low (Bédat & Co) •
GRAND BEAU • Carole Forestier Kasapi (Cartier) • Romain Gauthier (Romain Gauthier) • Ricardo Guadalupe (Hublot) • Fabien Hauret (GTE) • Nick Hayek (Swatch Group) • Observatoire de Besançon •
VARIABLE • Naturalisme horloger •
AVIS DE TEMPÊTE • Himalaya de la pensée horlogère • Thierry Nataf (ex-Slyde) •
 
••• Le précédent Baromontres décembre 2012 de Business Montres (5 janvier 2013) :
GRAND BEAU • Guillaume Brochard et Dennis Chan (Qeelin) • Maximilian Büsser (MB&F) • Démographie horlogère (nouvelles marques 2012) • « Gen'vois Staïle » (Laurent Nicolet) • Gian Riccardo Marini (Rolex)...
VARIABLE • Dominique Fléchon (historien) • Sotheby's (département Montres) • tourbillon mécanique (complication)...
AVIS DE TEMPÊTE • De Grisogono (manufacture) • Mayageddon (fin du monde)... 

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