BASELWORLD 2014 #5 + DROIT DE RÉ>PONS #4 (accès libre) : Et la sécurité dans tout ça ? Pas sûr qu’on soit tous bien protégés contre les détrousseurs de poignets…
Le 08 / 03 / 2014 à 08:13 Par Le sniper de Business Montres - 1816 mots
Les voleurs sont-ils plus bêtes que les volés ? Ce serait une tragique méprise de le croire : ils sont capables de raisonner en termes d’optimisation de l’offre et de maximisation des profits. Surtout quand la demande est forte et que le safari s'annonce giboyeux…
▶▶▶ CARPO-EXPROPRIATIONDes moissonneurs carpathiques pour dépouiller les poignets bâlois ? ◉◉◉◉ Alors qu’ils s'en prennent …
Les voleurs sont-ils plus bêtes que les volés ? Ce serait une tragique méprise de le croire : ils sont capables de raisonner en termes d’optimisation de l’offre et de maximisation des profits. Surtout quand la demande est forte et que le safari s'annonce giboyeux…
▶▶▶ CARPO-EXPROPRIATIONDes moissonneurs carpathiques pour dépouiller les poignets bâlois ? ◉◉◉◉ Alors qu’ils s'en prennent avec une désarmante impunité aux poignets cossus dans toute l’Europe, comment imaginer que les gangs spécialisés dans cette chasse à l’homme-qui-porte-une-belle-montre n’aient pas encore pensé que la pêche serait encore plus miraculeuse à Baselworld, avec la multiplication des porteurs de riche horlogerie et avec le suréquipement des poignets que chacun peut découvrir sur les rives du Rhin. Avant-hier, le champion de Formule 1 Jules Bianchi s’est fait terrasser, sur un trottoir parisien, par deux malfrats qui lui ont arraché sa Richard Mille. Il fallait tout de même le pister avec constance pour tomber sur lui. Ce sera plus facile pendant Baselworld et chacun peut aisément le comprendre : même un grand débutant a plus de chances de ferrer un poisson lourdement outillé du poignet dans les wegs de Bâle que sur la Croisette ou avenue Montaigne. ◉◉◉◉ Pendant Baselworld, la ville de Bâle est une sorte de réserve naturelle dont les richesses inouïes font saliver les braconniers de la montre. Lesquels ne sont guère intéressés par la biodiversité, mais – comme les chasseurs en Afrique – uniquement par les « Big Five », ces grands fauves horlogers qui ont ici pour nom Rolex, Patek Philippe, Hublot, Breguet ou Breitling. Ceux dont les dépouilles créent vraiment de la valeur : est-ce vraiment un hasard si ces trophées de chasse – montres et grands mammifères africains – portent des… cornes ? ◉◉◉◉ On sait que ces braconniers viennent de l’Est européen, mais il ne faut pas le dire : c’est politiquement incorrect vis-à-vis de ces turbulentes minorités ethno-culturelles en cours d’apprentissage accélérée des codes du luxe européen. Ces moissonneurs carpathiques de poignets friqués ont aussi les mieux placés pour écouler leur récolte sur les marchés les plus demandeurs – précisément dans ce Far East eurasiatique dont les convulsions géopolitiques alimentent actuellement les journaux télévisés. ◉◉◉◉ Donc, d’un côté, de remuants jeunes gens certes un peu rugueux et décidés à tout pour quelques poignées de dollars, mais qui possèdent un débouché naturel pour exporter leur « production ». De l’autre, un gisement à ciel ouvert de proies faciles, naïves et démotivéesface à la poignante brutalité du monde : Baselworld est, sans le moindre doute, la plus forte concentration annuelle de ces grandes marques horlogères qui font la légitime fierté de ceux qui en portent au quotidien les plus coûteuses productions. ◉◉◉◉ Traduction opérationnelle : d’une part, une demande solvable ; de l’autre, une offre consistante. Dans toute économie libre [et la criminalité organisée fonctionne selon un paradigme capitaliste d’une pureté absolue, non polluée par les entraves bureaucratiques], offre + demande = business s’il y a des entrepreneurs pour prendre le risque. Lequel risque est minime à l’ombre de la Messe Platz : les policiers bâlois et les fédéraux suisses redoutent plus les attaques massives in situ que les braquages individuels sous les réverbères. Parfait petits entrepreneurs, les malfaiteurs savent comprimer les frais généraux et coucher sur la dure avant toute intervention sur le marché (récit Business Montres du 7 mars). La proximité des trois frontières (Dreiländereck Basel : France, Suisse, Allemagne) offre à ces experts de la supply chain des solutions logistiques appropriées pour raccourcir leur time to market : ce sont des champions du just in time, non ? ◉◉◉◉ Le risque d’autant mieux maîtrisé par ces braconniers ravageurs que leur safari au cœur même de la réserve naturelle de Baselworld se trouve facilité par des rassemblements rituels qui font penser à la migration des gnous dans le Serengeti : là-bas, il suffit aux lions et à tous les prédateurs de se poster aux points d’eau pour s’assurer un casse-croûte quotidien. Pendant Baselworld, ces points de passage obligés sont les grands dîners. Cette année, Rolex innove avec son premier « dîner officiel », quelque part dans Bâle [adresse confidentielle, cependant pas trop difficile à trouver]. Chaque invité(e) aura à cœur de ne pas choquer la puissance invitante en portant une montre de la concurrence : imagine-t-on la phénoménale densité de Rolex au mètre carré à l’entrée ou à la sortie d’une telle soirée de gala ? Et ce ne seront pas des petites Airking de rien du tout ! C’est très exactement le jack-pot qui fait saliver tous les gamblers. C’est le fameux « coup du roi » dont rêvent tous les chasseurs. C’est le couronnement d’une carrière de détrousseurs, voire, pour les premiers de la classe, l’entrée par la grande porte dans l’aristocratie des dépouilleurs. ◉◉◉◉ Ce n’est certainement pas aux alentours de la party Ice-Watch ou de la nuit CK Watches que les malfaisants tenteront des raids, mais plutôt du côté des dîners Breitling, Breguet, Hublot ou Patek Philippe. Mettez-vous à la place de ces honorables gentlemen braqueurs ! Pour mouiller ses filets, un chalutier attend d’avoir repéré un banc de poissons ; il ne chalute la ressource que là où elle est abondante, sans danger de crocher sur le fond ou trop près des côtes ! ◉◉◉◉ La sécurité a toujours été un souci des exposants et des organisateurs du salon de Bâle. Y rejouer le « casse de Nice » ou l’attaque du train postal Glasgow-Londres serait stupide. Pour le comprendre, il suffit d’avoir assisté, en fin de salon, à l’évacuation des richesses contenues dans les coffres-forts du stand Rolex : c’est mieux que dans un thriller, avec un maillage très professionnel de la zone par des tireurs d’élite embusqués et des bodyguards pas forcément civils équipés d’armes automatiques, pour créer une « bulle » sécurisée entre le stand Rolex et les fourgons blindés garés à l’extérieur. Il faut donc admettre que la macro-sécurité des biens est optimale à Baselworld. La micro-sécurité des personnes dans les rues de la ville, en soirée et avec des taux variables d’alcoolémie, c’est une autre paire de manches – qui risque de laisser quelques poignets à nu (ci-contre : un des membres du gang des Pink Panthers, dessin de Titwane, Enquêtes générales, éditions de la Martinière). ◉◉◉◉ Mais, après tout, du strict point de vue des gestionnaires cost killers qui ont pris le pouvoir dans les directions horlogères, ces opérations de carpo-expropriation ne sont jamais que de la rotation de stocks avec démarque d’origine inconnue… D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...