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BUSINESS MONTRES ARCHIVES (accès libre)
Ce Jura suisse où il fait bon se réfugier pour s'offrir une Richard Mille, comme tout bon socialiste français...

Dans le contexte de l'affaire Cahuzac (cette page d’archives date de 2013) et de la persécution des évadés fiscaux, cette publicité officielle du canton du Jura prouve à quel point la Suisse reste, à 2 h 40 de Paris, une destination idéale pour... placer son argent en montres ! « J’étais dans le Jura suisse » : la morale n'est pas celle que vous pensez et la montre est encore plus inattendue...


 Ce film de promotion publicitaire est plutôt très bien conçu et bien réalisé (excellent casting, dialogues remarquables, scénario bien enlevé, contenu intelligent) : regardez-le jusqu'à la fin avant d'en tirer les premières conclusions faciles. La campagne – destinée à promouvoir l'image du Jura, tant sur le plan touristique que sur le plan économique – remonte à 2010. Depuis, l'affaire Cahuzac et la traque des réfugiés fiscaux a passablement changé la donne : une telle publicité serait impossible aujourd'hui [elle a d’ailleurs été supprimée sur le site officiel du canton du Jura] !

 Plus question d'associer la Suisse voisine de la France à un quelconque message de nature économique ou d'horlogerie de prestige : 2 h 40 de Paris en TGV, martelait la communication de la SNCF, aujourd'hui oubliée ! Chacun traduirait aujourd'hui que le luxe illicite – nouvelle image de la Suisse – est à moins de trois heures de Paris : ni le monsieur, ni la dame n'ayant l'accent suisse, et leur château fleurant bon la vieille fortune française, on espère, pour la nouvelle morale républicaine, que le monsieur a bien déclaré la montre en repassant la frontière, après l'avoir achetée avec des fonds légalement déclarés en France...

 On peut quand même aller plus loin dans la réflexion : même sans être un initié, on remarque que l'argument central du film est un retour de Suisse avec un cadeau qui fait rosir de plaisir les joues de l'héroïne. Une Richard Mille ! On la comprend. Le reste des images, à l'exception du paysage final, tourne autour des ateliers d'horlogerie. Ce qui suscite une interrogation : pas une seule montre suisse, d'une marque de luxe ou de prestige déclarée dans le patrimoine des ministres socialistes, même les plus riches. Pas même une Rolex, ni la moindre Patek Philippe, ni la plus petite Cartier, ni aucune Chanel pour des gens qui se disaient volontiers collectionneurs avant d'être aux « affaires »[désolé pour ce mot qui fâche]. On pense ici, notamment, à Pierre Moscovici, le ministre de l'Économie, dont on sait qu'il a fini par réaliser son rêve de posséder une Patek Philippe (voir nos précédents articles). Pour ceux qui l'auraient oublié, Richard Mille était aussi la marque préférée du socialiste Julien Dray, rendu célèbre pour ses achats de Patek Philippe en liquide...

 Hypothèse pour cette désertification radicale des poignets ministériels : les montres de luxe ne sont pas considérées par l'administration socialiste comme des biens mobiliers [comme le pensaient naïvement les assureurs qui ont dû indemniser Jérôme Cahuzac des 100 000 euros de montres cambriolées à son domicile], mais des œuvres d'art, exonérées comme telle de l'impôt sur la fortune et, par extension, de toute déclaration patrimoniale. Ce qui constitue un louable et méritoire hommage de la nomenklatura socialiste au génie artistique des horlogers suisses. D'ailleurs, lors de ce cambriolage, le ministre Cahuzac avait lui-même parlé de simple « valeur sentimentale » pour ces 100 000 euros de montres...

 Conclusion logique : si cette andouille de Jérôme Cahuzac avait déclaré qu'il avait bien un coffre-fort dans une banque de Genève, mais que c'était pour y entreposer 600 000 euros en montres suisses [le prix d'une seule Richard Mille !], personne n'aurait plus rien trouvé à y redire. Ce n'était, au pire, qu'une nouvelle affaire Julien Dray, dont on rappellera que le point final était un non-lieu. Jérôme Cahuzac serait toujours au gouvernement et il aurait monté un mini-forum horloger sur le site de l'Assemblée nationale, avec la création d'un groupe d'amitiés parlementaires horlogères et des dîners trimestriels avec Jean- Claude Biver...

 C'est d'ailleurs un conseil qu'on peut donner aux évadés fiscaux français : au lieu d'empiler les liasses de francs suisses en grosses coupures, venez donc investir dans l'horlogerie ! Achetez des montres – comme le monsieur de la publicité du Jura – ou subventionnez les entreprises qui fabriquent ces montres : c'est tout de même plus chic d'avouer, en toute impunité, qu'on a monté une entreprise horlogère en Suisse plutôt que de passer pour un mauvais citoyen à redresser d'urgence...

 ••• TEXTE PUBLIÉ PAR BUSINESS MONTRES LE 20 AVRIL 2013 (c’était la 116e de nos chroniques « Rock'N'Horl »)…


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