CHAISES MUSICALES : Didier Decker dans « Le retour du Jedi »
Démissionné de la manufacture Harry Winston qu'il dirigeait à Plan-les-Ouates, Didier Decker (ex-Franck Muller) est de retour sur le devant de la scène... Il sera le nouveau CEO de Heritage Watch Manufactory, nouvelle marque indépendante dont tout le modèle économique est à recaler. Mission difficile dans un environnement difficile... ••• Pour les uns, Heritage Watch Manufactory est un concept de nouvelle horlogerie rétro-classique : Karsten Frassdorf (ex-Fabrication de montres normandes : ci-dessous) s'est …
Démissionné de la manufacture Harry Winston qu'il dirigeait à Plan-les-Ouates, Didier Decker (ex-Franck Muller) est de retour sur le devant de la scène...
Il sera le nouveau CEO de Heritage Watch Manufactory, nouvelle marque indépendante dont tout le modèle économique est à recaler. Mission difficile dans un environnement difficile...

••• Pour les autres, Heritage Watch Manufactory est seulement une sorte de "laboratoire" dont l'actionnaire principal, une riche famille allemande représentée par Christian Gütermann (ci-dessus, avec Karsten Frassdorf), ne tient pas spécialement à lancer une marque dans une conjoncture incertaine et sans l'appui d'autres actionnaires. Karsten Frassdorf n'étant pas un manager, mais un créateur horloger dans tout ce que ça peut avoir de splendide et de... poétique, il fallait à HWM un vrai manager. Il semblerait que l'actionnaire l'ait trouvé dans la personne de Didier Decker (en haut de page), qui s'était récemment fait licencier en une matinée par Frédéric de Narp, lequel voulait reprendre en main la manufacture Harry Winston de Plan-les-Ouates (révélation Business Montres du 18 novembre 2011)... ••• Ex-banquier genevois, ancien directeur du groupe Franck Muller, démissionnaire après la guerre des actionnaires (Vartan Sirmakes et Franck Muller) pendant laquelle il avait épaulé Vartan Sirmakes, Didier Decker avait réorganisé la manufacture Harry Winston après le départ subit d'Hamdi Chatti chez Montblanc. Ayant pris goût à l'horlogerie, il ne souhaitait pas retourner dans la banque après ces expériences dans la montre. Il trouvera de quoi s'occuper chez HWM, où tout est à faire, de la production à la commercialisation, sans oublier la structuration du projet en vraie marque. Tout faire ou refaire, c'est vraiment tout ! L'entreprise n'est riche aujourd'hui que de Karsten Frassdorf et des dossiers techniques de ses calibres qui semblent tout de même finalisés, mais sans doute pas encore prêts à une production "industrielle" : spécialiste de ces questions depuis son passage chez Harry Winston, Didier Decker a le profil capable de rassurer les nouveaux actionnaires de HWM... ••• Au moment où le marché horloger se prépare à un atterrissage pas forcément en douceur, cette nouvelle mission de Didier Decker s'annonce difficile, non seulement pour le contexte humain de cette regénération interne d'HWM, mais aussi pour son cadre économique général : il faudra convaincre les marchés – émergents, émergés et submergés – de l'intérêt d'une nouvelle marque sur le segment néo-classique, qui n'est plus tiré que par Laurent Ferrier, alors même que H. Moser & Cie bat de l'aile, alors que les Allemands qui dupliquent à l'infini le modèle A. Lange & Söhne sans vraiment à faire leurs preuves et alors que la manufacture FP Journe paraît en panne d'imagination [on y attend cependant beaucoup de l'échappement innovant de la nouvelle Optimum, lancée dans les jours qui viennent]... ••• "Du passé, faisons table rase" : il serait étonnant que Didier Decker entonne L'Internationale en débarquant à Neuchâtel, mais ce serait de circonstance ! Le Jedi est de retour, mais les forces de la Rebellion contre l'Empire sont assez minces... Avantage par rapport à l'aventure Harry Winston : il faut tout inventer, sans devoir endosser la responsabilité des erreurs passées et des dossiers mal ficelés qui piègent l'avenir [on ne l'y reprendra plus avec le cauchemar des Opus]. Inconvénient : le point critique, aujourd'hui, ce n'est plus la création, ni même la fabrication, mais la distribution : où trouver les détaillants capables de "se mouiller" pour des pièces aussi géniales que compliquées à vendre ? Là encore, il va falloir innover... Bon courage, M. Decker !
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