CHAISES MUSICALES (exclusif) : Pour piloter Boucheron, le groupe Kering se choisit une présidente de choc, Hélène Poulit-Duquesne, choisie chez Cartier...
Le 09 / 07 / 2015 à 14:04 Par Le sniper de Business Montres - 1288 mots
Relance du mercato ! Non officiel et non autorisé, mais confirmé au plus haut niveau par l'état-major de Cartier, qui voit filer Hélène Poulit-Duquesne, une de ses executives à haut potentiel. Boucheron a de l'ambition. En face, il y a comme un malaise...
▶▶▶ BOUCHERON (Kering)Hélène Poulit-Duquesne abandonne Cartier pour présider Boucheron...
Relance du mercato ! Non officiel et non autorisé, mais confirmé au plus haut niveau par l'état-major de Cartier, qui voit filer Hélène Poulit-Duquesne, une de ses executives à haut potentiel. Boucheron a de l'ambition. En face, il y a comme un malaise...
▶▶▶ BOUCHERON (Kering)Hélène Poulit-Duquesne abandonne Cartier pour présider Boucheron... ◉◉◉◉ C'EST UNE DES CHAISES MUSICALES LES PLUS ÉTONNANTES de ce premier semestre : alors que tout lui souriait à la direction internationale du développement de Cartier, Hélène Poulit-Duquesne – un des meilleurs « hauts potentiels » du groupe Richemont – passe directement à la concurrence. Elle est la nouvelle présidente de Boucheron (groupe Kering). Information non officielle et non autorisée côté Kering, mais le départ d'Hélène Poulit-Duquesne (ci-contre) est officieusement confirmé au plus niveau de l'état-major Richemont, à Genève-Bellevue, et par la présidence de Cartier. Un recrutement qui situe bien les nouvelles ambitions de Boucheron, joaillier historique de la place Vendôme, toujours pas remis de son aberrante descente aux enfers pendant le calamiteux épisode Tom Ford, mais bien décidé à se refaire une place au soleil, aussi près que possible de l'astre Cartier – et pourquoi pas plus haut. On sait que ce podium des grands joailliers internationaux sera très disputé dans les années à venir, entre géants d'une part (Cartier, Tiffany & Co, Bvlgari, voire Chow Tai Fook) et entre brillants outsiders d'autre part (Boucheron, Chanel, Graff, Van Cleef & Arpels, Harry Winston, Pomellato et les autres).
◉◉◉◉ PASSÉE PAR LE GROUPE LVMH, notamment la parfumerie Dior, avant de tomber en 1998 dans le chaudron de potion magique Cartier, Hélène Poulit-Duquesne y a exercé d'importantes responsabilités dans l'horlogerie, puis à la direction internationale du marketing de la marque. Cartier lui doit notamment le reformatage de son offre horlogère et joaillière, avec l'accent mis sur les collections de haute horlogerie mécanique et, récemment, l'explosion spectaculaire des métiers d'art, combinés et recombinés jusqu'à plus soif, surabondance décorative et maniériste dont elle était devenue la « papesse » (ci-contre et en haut de la page). Jusqu'à ces dernières semaines, elle était un des bras droits de Stanislas de Quercize, le CEO, comme directrice internationale du développement et de la clientèle. Un poste stratégique, qu'elle n'a sans doute pas abandonné sans de bonnes raisons, mais elle retrouvera chez Boucheron et chez Kering de nombreux hauts responsables grandis comme elle sous l'ombrelle Richemont et tous munis du meilleur des logiciels qui soient dans le luxe, celui de l'école Richemont/Cartier... ◉◉◉◉ DEPUIS LE DÉPART DE PIERRE BOUISSOU DE LA PRÉSIDENCE DE BOUCHERON (révélation et analyse Business Montres du 29 avril), Boucheron retenait son souffle. Les « problèmes de personne » que nous évoquions semblant réglés et puisque la situation économique de la maison paraît relativement saine, il va maintenant falloir s'attaquer aux choses sérieuses – c'est-à-dire à la définition d'une vraie stratégie produits (pour l'horlogerie comme pour la joaillerie : ci-contre) et au déploiement d'une vraie stratégie commerciale, corollaires d'une grande ambition internationale de reconquête. Tout reste à faire : en dépit de récents progrès sensibles, l'outil horloger Boucheron reste à construire et l'outil joaillier a besoin d'un ravalement qui ne sera pas que de façade. Quadra de choc sans états d'âme, Hélène Poulit-Duquesne a le bon profil au bon moment : après l'arrivée de Sabina Belli (ex-Bvlgari, ex-LVMH) à la tête du mini-groupe Pomellato (joaillerie Pomellato et Dodo), c'est la seconde femme à intégrer le groupe de direction des marques horlo-joaillières de Kering, aux côtés de Antonio Calce (Girard-Perregaux), Patrick Hoffmann (Ulysse Nardin) et Christophe Artaux (Qeelin). Cinq doigts pour une main, celle d'Albert Bensoussan (ex-Richemont lui aussi et actuel responsable du pôle horloger-joaillier de François-Henri Pinault) : l'horlogerie-joaillerie de luxe est décidément très endogamique... ◉◉◉◉ HÉLÈNE POULIT-DUQUESNE SAURA-T-ELLE REDONNER DES COULEURS à Boucheron, maison qui s'affadissait en se pastellisant (image en haut de la page) ? Au cours de ces dernières années, les bonnes idées n'ont pas manqué, comme la tentative de partenariat avec MB&F (l'extraordinaire JwlryMachine ci-dessous, discontinuée par Boucheron alors que les ventes étaient plus que satisfaisantes dans le réseau MB&F) ou le lancement de la collection Epure (une réussite côté design, mais sans impact commercial faute de cohérence stratégique), mais elles n'étaient ni coordonnées, ni appliquées avec assiduité dans la durée. Belle maison, patrimoine fantastique, grammaire créative inépuisable, marchés du luxe, en mutation accélérée, soif de marques non surexposées, amateurs internationaux mentalement parés pour de nouvelles expériences, expérience personnelle consistante : la nouvelle reine de la place Vendôme a tous les atouts en main, notamment la confiance de son patient actionnaire. C'est le rapt de la belle Hélène qui avait déclenché la guerre de Troie : en « passant à l'ennemi », Hélène Poulit-Duquesne vient de faire bouger les lignes. La suite dans nos prochains épisodes... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...