CHAISES MUSICALES : Mais qu'arrive-t-il à Thierry Nataf ?
Le 07 / 01 / 2013 à 14:16 Par Le sniper de Business Montres - 1256 mots
Infatigable Thierry Nataf... Inénarrable Thierry Nataf... Incasable Thierry Nataf... Insupportable Thierry Nataf ?
Quelques jours avant Noël, Business Montres lui rendait visite pour prendre la mesure de son installation chez Slyde et pour tester ses ambitions pour la marque. Depuis, le père Noël est passé, mais il ne repassera pas les plats...
◀▶ MÊME PUNITION, MÊME MOTIF...
Ingérable Thierry Nataf !
◆◆◆ Certains de le voir réapparaître tôt ou tard sur le …
Infatigable Thierry Nataf... Inénarrable Thierry Nataf... Incasable Thierry Nataf... Insupportable Thierry Nataf ?
Quelques jours avant Noël, Business Montres lui rendait visite pour prendre la mesure de son installation chez Slyde et pour tester ses ambitions pour la marque. Depuis, le père Noël est passé, mais il ne repassera pas les plats...
◀▶ MÊME PUNITION, MÊME MOTIF...
Ingérable Thierry Nataf !
◆◆◆ Certains de le voir réapparaître tôt ou tard sur le devant de la scène horlogère, Business Montres n'avait guère été surpris de son intronisation comme CEO chez Slyde, où il était déjà en place comme consultant (révélation Business Montres du 20 septembre). Une belle histoire d'amour s'était nouée entre le principal investisseur de la marque lancée par Jorg Hysek et l'ex-CEO de Zenith, toujours aussi flamboyant en dépit d'un parcours modeste depuis son départ du Locle. Le 21 décembre, on pouvait même rigoler de la fin du monde (ci-dessus). Sauf que la bombe était allumée sous son fauteuil présidentiel...
◆◆◆ Connaissant bien le nouveau CEO de Slyde pour avoir décodé le grand "Nataf Circus" du temps de la flamboyance Zenith, il n'était pas étonnant de le retrouver, plus mirobolant que jamais, en train de vanter la révolution numérique et la nouvelle horlogerie mécanico-digitale du concept imaginé par Jorg Hysek et Fabrice Gonet. C'était déjà amusant de le retrouver pour en parler sur BFM (voir les podcasts de l'émission réalisée lors du salon Belles Montres : Business Montres du 24 novembre), mais c'était encore plus intéressant de le retrouver dans ses nouveaux bureaux avec vue sur le lac quelques jours avant Noël. Égal à lui-même, séducteur et manipulateur, il rêvait déjà grand, pour les budgets de communication dont il pensait déjà disposer comme pour son exposition médiatique à venir, soigneusement préparée par les multiples photos de lui-même [et accessoirement de ses montres] pré-commandées en urgence (ci-dessous). C'était à se demander si Slyde – promue Swiss Digital Manufacture, huit personnes et 2 millions CHF de chiffre d'affaires – serait une marque assez grande pour servir de tremplin à une telle renaissance du phénix parisien, qui avait déjà pris ses quartiers d'hiver à La Réserve, le très chic palace des abords genevois.
◆◆◆ Son intime conviction : "Il y a quelque chose à faire avec cette marque... Il faut simplement imaginer le récit et l'environnement de luxe qui va avec son concept de Mecanica Conceptua..." En natafien dans le texte, cela se traduit par l'ouverture de plusieurs boutiques à travers le monde (notamment en Suisse et en Chine), une pression publicitaire tapageuse, une exposition à La Réserve pendant le SIHH et un stand à Baselworld et quelques coquetteries comme le recrutement de grands designers pour épaissir la proposition esthétique de Slyde. Ceci sans compter une reformatage de l'équipe initiale – le propre fils de Jorg Hysek (Jorg Junior) ayant commencé par claquer la porte à l'arrivée du nouveau "sauveur", ce qui avait provoqué quelques remous dans le réseau. Selon sa bonne habitude, Thierry Nataf avait recommencé à restructurer le storytelling de la marque autour de sa propre personne : qu'il était amusant d'assister, en spectateur, à la réinvention intégrale de Slyde et de son concept par un tel "homme de demain", aussi soucieux d'évangéliser la planète avec le "temps de demain" écrit par une "montre de demain"...
◆◆◆ Thierry le visionnaire, Thierry l'enchanteur, Thierry le magnifique ! On vient de le voir : c'était surtout un Thierry Nataf un peu répétitif, parfois lassant et agaçant, toujours aussi ivre de mots et capable de rejouer, chez Slyde, ses recettes favorites de chez Zenith – sans avoir vraiment compris que l'horlogerie avait vécu, depuis l'aube des années 2000, une profonde mutation, rendue irréversible par la crise qui l'avait éjecté de son fauteuil présidentiel. Pour l'investisseur soudain inquiété par les dérives potentielles d'un management aussi chimérique, ce fut plutôt Thierry l'incontrôlable et donc Thierry l'éjectable avec effet immédiat pour tenter de limiter la casse au sein de l'équipe et parmi les distributeurs. Apparemment, et contrairement à ce qu'il laissait penser, son exil loin du royaume des montres n'aura pas permis à Thierry Nataf de comprendre ses erreurs [même s'il n'a pas perdu la main sur le plan managérial, puisque son budget 2013 semble avoir été validé par le conseil d'administration]...
◆◆◆ Le 20 septembre dernier, en révélant son arrivée chez Slyde, Business Montres s'inquiétait déjà : "Version pessimiste : cela ne peut pas marcher et cela ne marchera pas. Trop d'égos à gérer, trop de flou sur l'avenir d'un tel projet, trop de difficultés sur les marchés compte tenu des modèles économiques actuels". Le pronostic était cruel : Thierry Nataf a une fois de plus été victime de son égo [qui n'est pas mince] et son habileté séductrice [qui n'est pas mince non plus]. À défaut d'aligner les "nouveaux investisseurs" promis aux actionnaires, il a surtout aligné des perspectives de déficits qui ont conduit le conseil d'administration à se défaire de lui dans l'urgence, entre Noël et Nouvel An, en lui concédant – pour ne pas perdre la face – la reconduction virtuelle de son précédent mandat de consultant. Les termes du communiqué ont été âprement négociés, mais ils ne tromperont personne. Fin de l'aventure Slyde pour son CEO tout neuf [dont les fonctions sont à présent reprises par Jorg Hysek lui-même] redevenu simple conseiller, fin du Thierry Nataf saison 2 "Le retour", fin probable des ambitions horlogères d'un manager atypique qui n'aura sans doute pas su saisir la deuxième chance qu'on lui proposait...
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