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CHAISES MUSICALES : Un été meurtrier chez Laurent Ferrier

L'investisseur François Servanin, principal actionnaire de la manufacture Laurent Ferrier (par amitié personnelle avec l'horloger éponyme), reprend les rênes après une augmentation de capital destiné à consolider les comptes – un peu chahutés par le développement rapide de la marque et de sa déjà riche collection de produits. Le temps est à l'orage... ▶▶▶ LAURENT FERRIER, SAISON 2Oliver Müller ne passera pas l'été...◉◉◉◉ François Servanin, l'industriel et financier qui avait décidé …


L'investisseur François Servanin, principal actionnaire de la manufacture Laurent Ferrier (par amitié personnelle avec l'horloger éponyme), reprend les rênes après une augmentation de capital destiné à consolider les comptes – un peu chahutés par le développement rapide de la marque et de sa déjà riche collection de produits. Le temps est à l'orage...

 LAURENT FERRIER, SAISON 2
Oliver Müller ne passera pas l'été...
◉◉ François Servanin, l'industriel et financier qui avait décidé d'offrir une « montre-souvenir » à son copain Laurent Ferrier (ci-dessus, à gauche), qui prenait sa retraite d'horloger après avoir passé un peu moins de quatre décennies chez Patek Philippe (ci-dessus, au centre : Thierry Stern, le président de Patek Philippe), vient de procéder à une augmentation de capital. À la fois, semble-t-il, pour recaler une trésorerie tendue à l'extrême par le développement rapide de la maison Laurent Ferrier et aussi pour préparer la marque à une possible cession à un nouvel investisseur. Cette augmentation de capital a permis de révéler d'importantes divergences stratégiques entre François Servanin et Olivier Müller (ci-dessus, à droite), le CEO qu'il avait lui-même mis en place, en 2010, pour transformer cette « montre-souvenir » en vraie manufacture à part entière.
 
◉◉ Divergences qui ont conduit à une décision de séparation, pas forcément à l'amiable ! Olivier Müller (formé à l'école Omega, puis passé par Chopard et par le lancement malheureux de Villemont) était ces jours-ci en vacances : il trouvera donc son remplaçant dans son fauteuil. Il s'agit de Sylvère Demonsais (ex-Richemont, ex-Baume & Mercier, ex-Greubel Forsey : ci-contre), qui avait récemment quitté De Grisogono après avoir accompagné la transition avec les nouveaux actionnaires (révélation Business Montres du 11 décembre 2012)...
 
◉◉ La success story Laurent Ferrier [une des plus spectaculaires de l'horlogerie des années 2000 et la plus intéressante depuis 2010] connaît ainsi son premier hoquet, trois ans après le lancement de la marque et l'obtention, dès sa première année d'existence, d'un Grand Prix d'Horlogerie de Genève. Au cours de ces trois ans, le développement aura été rapide : quatre calibres mécaniques (tourbillon, micro-rotor, GMT, mouvement à secret) ont été mis au pont et fiabilisés, avec le lancement de quatre collections diversifiées par de nombreuses éditions privées (pièces uniques) et autres séries limitées. Bon nombre de ces montres ont passé avec succès les tests chronométriques de l'Observatoire de Besançon et décroché un « bulletin officiel » d'une valeur inestimable aux yeux des consommateurs (révélation Business Montres du 20 septembre 2010). Le réseau commercial a été internationalisé. La manufacture de Vernier s'annonçant rapidement trop petite pour la douzaine d'horlogers qui ont été installés devant leur établi, un déménagement était planifié à Plan-les-Ouates [« Plus près de toi, mon Dieu » ?] après l'ouverture d'un bureau show-room au coeur de la Genève des cabinotiers, rue de Coutance (révélation Business Montres du 12 avril 2013)...
 
◉◉ Depuis notre premier article sur le projet Laurent Ferrier (c'était une révélation mondiale de Business Montres, le 11 décembre 2009), cette marque – emblématique de la nouvelle « révolution conservatrice » dans l'horlogerie – a passionné les collectionneurs, notamment la clientèle habituelle de Patek Philippe [qui reconnaissait là l'esprit des calibres de la manufacture à son âge d'or], mais aussi celle de Philippe Dufour [qui appréciait la facture traditionnelle des finitions]. On n'est pas loin de la centaine de tourbillons déjà vendus, avec des investissements minimalistes qui n'ont pas empêché l'élite des détaillants internationaux (Europe, mais surtout Asie et à peine Amériques) de faire confiance à la marque, dont les carnets de commande sont remplis pour les années à venir – mais encore faut-il pouvoir fabriquer ce qui a été réservé par les clients... Il fallait donc suivre de près une marque qui s'annonçait comme la plus belle saga horlogère du XXIe siècle depuis le succès de Richard Mille : c'est pour cette raison que nous avions choisi Laurent Ferrier pour les « Dix ans d'horlogerie » à l'occasion du dixième anniversaire de Goûts de Luxe (BFMTV) : image en bas de la page). Et c'est pourquoi le « papy de la nouvelle génération » – surnom affectueux que nous avions donné à Laurent Ferrier (Business Montres du 13 mars 2010) a toujours bénéficié de toute notre attention...
 
 
◉◉ Avec un profil plus gestionnaire qu'entrepreneur [à l'inverse d'Olivier Müller, qui rêvait grand pour sa marque], Sylvere Demonsais s'annonce comme un « pacificateur » et comme un « consolideur », sans doute plus souple et plus rassurant pour son investisseur qu'un Olivier Müller, qui avait la confiance des collectionneurs et des détaillants, notamment en Asie – où le facteur personnel est déterminant pour la pérennité des affaires. Les récentes tension dans la trésorerie n'étaient que transitoires, mais elles auront ébranlé la confiance de l'actionnaire, qui n'avait sans doute pas pris en compte la dimension marathonienne de la haute horlogerie – sport d'endurance dans la longue durée, qui réclame de longues années d'investissements pour ne produire ses fruits qu'après de nombreuses années. On espère pour la marque que ce premier cahot majeur dans l'histoire de Laurent Ferrier n'entamera pas la confiance des détaillants, ni celle des fournisseurs, ni même celle des autres actionnaires initiaux, qui ont joué un rôle déterminant pour la mise au point initiale des mouvements mécaniques « manufacture ». La priorité reste, hier comme demain, à la stabilisation du modèle économique et à l'investissement sur un appareil productif qui doit être optimisé pour accélérer la mise sur le marché des commandes enregistrées : quand on a choisi de se développer en « manufacture » radicale dans ses propositions néo-classiques, il faut également être radical et intransigeant dans la bienfacture et dans la sélection des points de vente, sans trop se focaliser sur le compte d'exploitation à court terme. L'avenir de Laurent Ferrier reste à écrire...
 
 
 
 
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