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« Comment la CIA américaine a pourri la vie d’une marque horlogère japonaise »
Grâce aux révélations de Wikileaks, on en sait aujourd'hui un peu plus sur la « preuve » irréfutable qui accablait les présumés terroristes (islamistes) emprisonnés en toute illégalité à Guantanamo : ils avaient au poignet une Casio digitale à 20 dollars. « Business Montres » en avait rigolé dès 2011, lors des premières fuites de l'affaire Wikileaks...
« La possession d'une Casio F91W est un indicateur »
Dès les premières fuites de l'affaire Wikileaks, dans son « 360° du début de semaine », Business Montres (26 avril 2011) avait repéré les révélations concernant une montre Casio comme suspicious item...
••• LA MONTRE DIGITALE QUI SIGNALE
LES DANGEREUX TERRORISTES (CASIO)
Référence Casio : F-91W (il s’agit d’une montre digitale tout ce qu’il y a de plus modeste, vendue pour moins de dix francs suisses, dollars ou euros selon les marchés). Selon les analystes de la CIA, c’est la montre qui est offerte aux candidats terroristes dans les écoles de l’organisation Al-Qaida : son mouvement permettrait d’actionner des engins explosifs improvisés. Variante : la Casio A-159 W. Plusieurs dizaines de ces montres auraient été retrouvées au poignet de combattants afghans ou de détenus dans des prisons américaines comme celle de Guantanamo. Tout possesseur de cette montre devient donc « suspect », comme le prouvent un certain nombre de documents officiels américains (les « Gitmo Files ») disponibes sur WikiLeaks : dans la Matrix of Threat Indicators for Enemy Combattants, la Casio F-91W est bien considérée comme un « suspicious item » (source : Spiegel Online et document officiel concernant un détenu, document déclassifié de force par Wikileaks)... Quelques clés d'explication étaient données le lendemain par Business Montres (27 avril 2011) : la Casio f-91 w était peut-être en possession des présumés terroristes parce que c'est tout simplement... une des montres les plus vendues dans le monde et une de celles qui a le meilleur rapport qualité-prix sur les marchés les plus pauvres de la planète...
••• LA CASIO DES « TERRORISTES »
EST UN BEST-SELLER CHEZ AMAZON
La révélation par Wikileaks de certains documents concernant la lutte anti-terroriste a démontré que les enquêteurs américains liaient sans discernement la Casio F-91W aux sectateurs d’Al-Qaida (Business Montres du 26 avril). Là, deux explications : ou bien cette Casio fait partie de la dotation réglementaire de tout terroriste [et les préventions de l’administration américaine seraient justifiées] ; ou bien cette F-91W est une montre à la fois pratique, résistante et pas chère [on comprend alors qu’elle se soit vendue à des millions d’exemplaires]. Dix-sept des détenus de Guantanamo en portaient une : ils n’ont tout de même pas été détenus parce qu’ils en portaient une. Ceci dit, quand on découvre que cette référence multifonctions Casio est, depuis deux ans, en tête des ventes horlogères sur Amazon.fr , on se dit que la France est quadrillée par les émules d’Oussama Ben Laden. La paranoïa américaine finira par se révéler dangereuse : en tout cas, c’est la première fois qu’une marque de montres est aussi clairement impliquée dans la géopolitique mondiale (surtout pour 9,45 euros pièce)... Depuis, on a retrouvé, grâce à Wikileaks, un document plus détaillé (toujours de source américaine) concernant les suspicions qui pèsent sur la possession d'une telle Casio f-91 w – surtout pour les détenus de Guantanamo. La notice Wikipedia à ce sujet est une première dans l'histoire de la montre, avec tous les dispositifs qui permettent d'utiliser cette Casio pour créer un engin explosif improvisé (IED pour les initiés : en bas de la page)...
Récemment relancée dans des couleurs pastel qui la rendaient moins suspecte [on n'imagine pas les rugueux guerriers d'Al Qaida avec une montre rose layette], la Casio f-g1 w est toujours un des best-sellers chez Amazon, ce qui pourrait sous-entendre que le nombre de terroristes potentiels en possession de ce suspicious item a explosé ! Cette banalisation infantile de la « montres des terroristes » (ci-contre) avait été signalée dans notre chronique Atlantic-tac sur Atlantico (29 juin 2012). La stigmatisation absurde d'une marque de montres japonaise par l'agence de renseignements du « gendarme du monde » était, elle aussi, une grande première dans l'histoire de l'horlogerie : on en trouvera un lointain écho dans la stigmatisation par le Parti communiste chinois des montres suisses, avec des marques nommément citées comme Rolex, Omega ou Vacheron Constantin (Business Montres du 26 septembre 2012). Campagne qualifiée d'« anti-corruption » lancée il y a un an et qui se poursuit aujourd'hui avec une vigueur accrue, qui explique l'effondrement de 30 % de ventes de montres suisses en Chine depuis douze mois : encore fallait-il savoir décoder ce « signal faible »...
