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ENCHÈRES AUTOMNE 2012 #13 : Antiquorum ouvre aujourd'hui la Watch Madness genevoise

Le catalogue Antiquorum de cette session d'automne est un des meilleurs de ces dernières années, avec moins de lots contestables et davantage de lots appréciables. Avec le profil bas adopté par Soheby's, on pourrait ainsi voir Antiquorum consolider sa deuxième place sur le podium des auctioneers européens... En attendant la vente, revue de détail des lots les plus intéressants...     ◀▶ 390 PAGES POUR LES 613 LOTS DE CETTE 267e VENTE ANTIQUORUMUne montée en puissance de …


Le catalogue Antiquorum de cette session d'automne est un des meilleurs de ces dernières années, avec moins de lots contestables et davantage de lots appréciables. Avec le profil bas adopté par Soheby's, on pourrait ainsi voir Antiquorum consolider sa deuxième place sur le podium des auctioneers européens...

En attendant la vente, revue de détail des lots les plus intéressants... 

 
 
◀▶ 390 PAGES POUR LES 613 LOTS DE CETTE 267e VENTE ANTIQUORUM
Une montée en puissance de Rolex, mais Patek Philippe fait de la résistance
□□□ L'enjeu stratégique de cette vente est double : Antiquorum, qui n'a toujours pas effacé le traumatisme de l'éviction cahotique d'Osvaldo Patrizzi, toujours prouver sa nouvelle respectabilité et retrouver sa crédibilité, alors que différents changements de personnes ont affecté son équipe internationale. Mais Antiquorum a également, cet automne, une chance historique de revenir au meilleur niveau – tout de même pas celui de Christie's, qui va une fois de plus écraser tout le monde – en passant devant Sotheby's, retombé à un étiage historiquement bas sur le marché des montres de collection. On surveillera donc de près, pour cette 267e vente de la maison, non le taux d'invendus des 613 lots [il est fatal qu'il y ait des déchets dans un tel fourre-tout], toujours peu significatif chez Antiquorum, mais leur prix moyen [en baisse au cours de ces dernières années] et le produit final de la dispersion, qui n'a aucune pièce potentiellement millionnaire en dollars [tout au plus une demi-millionaire, mais c'est très loin d'être gagné pour l'éventail musical : voir ci-dessous] et même pas une quinzaine de lots à six chiffres...
 
□□□ L'impression marquante de ce catalogue reste la volonté de miser sur Rolex [c'est un point commun avec Sotheby's], sans doute parce que les plus belles Patek Philippe filent se vendre chez Christie's, maison réputée pour le niveau élevé de ses enchères. Les Rolex représentent ainsi 15 % des lots (94 lots), quand Patek Philippe n'en occupe plus que 13,5 % (83 lots). De plus, bon nombre de ces Rolex sont particulièrement attrayantes par leur rareté, même s'il s'agit de "petites" références, appréciées des collectionneurs maniaques plus que des spéculateurs avides de profits spectaculaires. Business Montres a déjà signalé ce rolexotropisme le 21 octobre, en commençant à dépouiller ce copieux catalogue de 390 pages : nous y reviendrons ci-dessous. Deux autres maisons se distinguent par leurs gros bataillons d'automne chez Antiquorum : Audemars Piguet (6 % des lots), dont il faut bien éponger les reliquats de la dispersion ratée du 40e anniversaire de la Royal Oak [encore une opération à mettre au passif de l'ancienne direction de la manufacture] et Vacheron Constantin (6 %), avec notamment cette répétition minutes "unique" dont Business Montres a déjà tenté de percer les mystères (6 novembre)...
 
□□□ Alors que les marchands et les amateurs retiennent leur souffle pour la dispersion Christie's de demain, Antiquorum a donc quelques cartes à jouer dès aujourd'hui. Sans revenir sur la fausse montre Alain Silberstein, retirée des lots après avoir été repérée par Business Montres (29 octobre) et sans reprendre les références Rolex introuvables listées le 31 octobre, quelles montres se distinguent dans ce catalogue, pour le meilleur et pour le... pire ?
 
Lots n° 32, 33 et 34 : trois Jaeger-LeCoultre sauvées par leur "extrait des archives", mais au bénéfice du doute, parce qu'on commence à trouver un peu trop de Reverso réhaussées par les couleurs de leur cadran laqué...
 
 Lot n° 149 : une Rolex en or rose d'un charme indéniable (ci-dessus) avec son bracelet bicolore et d'une grande fraîcheur (estimation : 8 000-13 000 dollars, ce qui est peut-être un peu beaucoup)...
 
 Lots n° 156 à 160 : les DayDate sont de plus en plus appréciées des collectionneurs, au fur et à mesure qu'elles sont mieux connues, notamment avec leurs cadrans en couleur (les fameuses Stella, comme celle du lot n° 158, estimée 16 000-21 000 dollars) et leurs différentes variantes de boîtiers, de cadrans (ne pas manquer les versions en bois naturel) et de finitions.
 
 Lot n° 189 : le lot-phare de ce catalogue [et dernier lot de la matinée] est un éventail musical émaillé, qui cache une montre dans son bâti. Estimé 320 000-535 000 dollars et correctement attribué à Piguet & Capt, il se flatte d'une provenance princière (Ferdinand de Saxe-Cobourg) que rien ne vient attester, sinon une "tradition" orale familiale. C'est bon pour le storytelling, mais pas pour les collectionneurs, qui ont également remarqué un petit manque sur l'émail. le problème est que le musée Patek Philippe a déjà deux ou trois de ces éventails, dont les amateurs ne courent pas les rues : on en déduira que le demi-million sera difficile à décrocher (ci-dessous et en bas de page)...
 
 
 Beaucoup d'horloges et de pendules de table intéressantes (lots n° 190 à 216), avant de repasser aux choses sérieuses avec une IWC Ingénieur en or, bracelet compris, de la première heure (lot n° 217), une Jules Audemars d'Audemars Piguet [celle qui avait gagné le Grand Prix de Genève], avec son cadran émaillé, son architecture tridimensionnelle à cadran émaillé et son échappement très spécial, qui passe pour la première fois aux enchères (lot n° 273 : ci-dessous, estimé 65 000-85 000 dollars), une montre émaillée Courvoisier (mouvement Piguet et Meylan), totalement ratée tellement les faussaires sont nuls (lot n° 280, estimée 65 000-85 000 dollars, mais il y aura toujours un malheureux Chinois pour les payer)...
 
 
 Impressante série d'oiseaux chanteurs, de boites émaillées, de pendules et de pendulettes de voyage (lots n° 289 à 330), pour arriver à d'intéressants échappements de démonstration d'écoles d'horlogerie (lots n° 334 à 337). On trouvera ensuite quelques Omega qui méritent un coup d'oeil (lots n° 343 à 346), dont un chronographe monopoussoir deux compteurs de l'armée de l'air canadienne (lot n° 346, intelligemment raconté : estimé5 300-7 500 dollars), mais il ne faut pas négliger le lot n° 344, une Omega de 1939 décoré d'un Saint-Christophe porte-bonheur qui témoigne du déclin de cette horlogerie religieuse qui valait pourtant très cher dans les années 1930...
 
 N'insistons pas sur les incohérences du lot n° 405 (une pendule murale de Pierre Jaquet Droz datée de 1780), mais à laquelle personne ne semble croire, ni sur l'authenticité des montres en ivoire (lots n° 406 à 408), et encore moins que le faux grotesque du lot n° 410, totalement indigne d'un catalogue qui semblait plutôt mieux se tenir que d'habitude. On se calmera les nerfs avec un nouveau "tunnel" de pendulettes, qui nous introduisent à un lot plus intéressant, le n° 430, un rare régulateur de table à sonnerie de 1850, relativement accessible à 16 000-21 000 dollars pour une pièce difficile à trouver qui affiche une belle créativité mécanique...
 
 Lot n° 546 et 547 : deux Longines "polonaises" en acier livrées en 1938, remarquables par leur taille (37 mm) et la pureté de leur design "militaire" adouci par les chiffres Breguet (estimation : 7 500-9 500 dollars).
 
 
 Lot n° 565 : un protoype Swatch de Zaugg, mais commercialisé (déjà repéré par Business Montres le 5 novembre), avec son cadran doré qui prouve que le marketing de la future marque n'avait pas encore renoncé à doter sa montre en plastique des attributs du "luxe horloger" – ce qui explique largement l'échec commercial américain de 1982 et ce qui justifie le recadrage marketing vers la mode et le life style opéré l'année suivante par Nicolas Hayek...
 
 Lot n° 581 : dommage pour ce chronographe réf. 1463 de Patek Philippe que son "extrait des archives" ne précise pas le type du cadran. Du moins, dommage pour son enchérisseur (estimation : 160 000-210 000 dollars), parce qu'on connaissait déjà cette montre avec un autre cadran, sans le chiffres Breguet qui créent sa nouvelle séduction. Le changement de cadran, c'est le coup de Botox pour les références fatiguées ! On le vérifiera avec le lot n° 582 qui suit, dont Antiquorum fait grand cas : c'est une autre réf. 1463, qu'on a connue avec un autre cadran – le certificat manuscrit qui établit la légende de la montre ne convaincra ici que ceux qui y croient...
 
 
 Avec le lot n° 586, on aborde un des plus impudents bidouillages de ces dernières années. Cette grande complication (six !) Louis Audemars de 1883 est d'excellente facture, mais vouloir à tout prix lui coller une ascendance aristocratique pour justifier les 53 000-75 000 dollars de l'estimation est un peu fort de café. La notice du catalogue est ici rédigée avec une diabolique habileté et une immense prudence, qualités au moins égales à l'habileté cependant un peu moins prudente des faussaires émailleurs, probablement russes [ah, cette école de Saint-Pétersbourg, quels talents elle gâche !], qui ont reproduit sur cette montre des armoiries célèbres, faciles à identifier [elles sont dans les livres sur Patek Philippe] et directement copiées sur une célèbre montre du musée Patek Philippe. La montre est bonne, le boîtier aussi, mais pas la décoration !
 
Inhabituelle séquence finale Cartier, avec des montres de poignet, des montres de poche et des pendulettes, dont le lot n° 600, une pendule à prisme qui reste une excellente idée horlogère (estimation : 20 000-30 000 dollars), dans son boîtier d'origine (ci-dessous). Enfin, pas de belle vente dans une Patek Philippe pour conclure : le lot n° 613 est une pendulette solaire émaillée, pièce unique de 1956 qu'on ne connaissait jusqu'ici qu'en photographie et qui témoigne d'un "style 1950" qu'on recommence à apprécier.
 
 
 
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