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ENCHÈRES AUTOMNE 2012 #14 : Plein de Rolex inconnues dans la malle au trésor d'Antiquorum

Le marché se cherche des marques pour remplacer Patek Philippe, dont les bonnes références sont devenues hors de prix... Antiquorum prend une option intéressante avec des Rolex pas ordinaires : plusieurs références étaient inconnues sous le marteau, mais elles restent accessibles...   ••• Le week-end de la mi-novembre – la traditionnelle Watch Madness genevoise – s'annonce d'autant plus passionnant que les maisons d'enchères spécialisées dans la collection des objets du temps y jouent gros. D'une part, leurs performances …


Le marché se cherche des marques pour remplacer Patek Philippe, dont les bonnes références sont devenues hors de prix... Antiquorum prend une option intéressante avec des Rolex pas ordinaires : plusieurs références étaient inconnues sous le marteau, mais elles restent accessibles...

 
 
••• Le week-end de la mi-novembre – la traditionnelle Watch Madness genevoise – s'annonce d'autant plus passionnant que les maisons d'enchères spécialisées dans la collection des objets du temps y jouent gros. D'une part, leurs performances de l'automne conditionne leur crédibilité et le facteur confiance de la communauté horlogère (vendeurs et acheteurs) au cours de l'année suivante : tout échec ou tout médiocre résultat réoriente le flux des collectionneurs vers les maisons concurrentes. D'autre part, pour cet automne 2012, alors que chacun pressent l'imminence d'une crise majeure, chaque maison – Christie's, Sotheby's, Antiquorum – s'avance à la bataille avec une stratégie bien arrêtée. Sélection très pointue et méga-records pour Christie's, qui a limité son offre à 300 pièces. Réassurance et retour aux basiques chez Sotheby's, qui a misé sur 300 lots "classiques" pour requalifier une image un peu écornée par deux précédentes ventes ratées. Enfin, Antiquorum pratique le carpet bombing avec plus de 600 lots, dont le prix moyen peu élevé (à peine 9 lots à six chiffres pour l'estimation basse, soit 1,5 % du total !) ne doit pas cacher qu'ils recèlent quelques pépites...
 
••• Placée sous le signe d'un éventail musical attribué à Piguet & Cap et daté de 1820 (ci-contre, en couverture), lot qui sera d'ailleurs le lot-phare, avec la plus forte estimation (320 000-530 000 dollars), la vente Antiquorum du 11 novembre prochain à Genève comptera 617 lots, dont 92 Rolex – soit 15 % des lots. Ce qui est très significatif face aux 83 Patek Philippe (13,5 % des lots), à plus forte raison face aux 6 % de montres Audemars Piguet, aux 7 % de montres Vacheron Constantin (38 pièces) ou aux 8 % de Cartier (41 montres). Certes, Patek Philippe se taille la part du lion, avec sept montres dans les quinze premiers lots à la plus forte valeur d'estimation, mais Rolex parvient à placer une montre à six chiffres (lot n° 126 : 85 000-130 000 dollars), ce qui n'aurait pas été le cas voici quelques années. On en déduira que la marque Rolex est devenue stratégique pour les maisons d'enchères spécialisées dans les montres de collection : le marché ne peut plus suivre les prix vertigineux atteints par les Patek Philippe exceptionnelles, ni raisonnablement cautionner les prix exagérés pour des Patek Philippe plus ordinaires. Il faut donc animer les ventes en faisant "monter" des marques non pas oubliées, mais injustement délaissées : Rolex a ici le triple avantage d'être une marque très connue de référence internationale, d'avoir mis sur le marché un production abondante [elle s'étale sur un siècle] et de n'être pas chiche en variantes de toutes sortes qui, à référence égale, excitent au plus haut point les connaisseurs. Dernier atout, et non des moindres, encore qu'il soit confidentiel – même s'il n'y a que Rolex pour le croire : la marque a décidé de mieux travailler son patrimoine et a donc repris les achats pour son "musée" privé. On pourrait donc voir, dans les années qui viennent, des batailles épiques entre collectionneurs, qui n'ont déjà que trop tendance à s'enflammer pour un index en forme de point d'interrogation ou sur un typographie plus maigre que grasse...
 
••• En axant sa stratégie de reconquête sur une marque "mineure" sous le marteau [pour l'instant], quoique promise à un bel avenir, Antiquorum s'oblige à réveiller la gourmandise des collectionneurs, un peu émoussée par des années de Daytona par brouettes et de Submariner par containers. La sélection Rolex de cet automne 2012 est originale, non conformiste et parfaitement alternative aux propositions des maisons concurrentes : c'est exactement la "contre-programmation" qu'on attend d'une maison alternative comme Antiquorum, qui ne nous avait pas habitué à une offre d'une telle originalité et d'un telle acuité stratégique. Peut-être faut-il voir dans cette série de Rolex hors du commun l'influence du nouveau responsable d'Antiquorum pour le marché italien, Giovanni Varesi, qui est respecté par la communauté des marchands et des collectionneurs et qui peut donc dénicher de belles pièces (sa nomination était une révélation Business Montres du 13 septembre)...
 
••• Parmi les lots Rolex les plus intéressants de ce catalogue, on peut retenir  quelques pièces qui cumule certaines des "qualités" les plus prisées par les collectionneurs : fraîcheur sous le marteau (pièces fresh to the market : peu ou pas encore passées aux enchères), rareté historique (peu ou pas de pièces connues), estimation réaliste qui peut à la fois intéresser les amateurs et les spéculateurs. Il ne leur manque qu'un certificat d'authenticité [que Rolex ne délivre pas : c'est un des handicaps à la "collectionnabilité" de la marque] et une traçabilité exemplaire [à part quelques initiés, on ne connaît pas l'origine de ces pièces], sans parler d'un état parfait [on peut accepter qu'une montre ne soit pas "fleur de coin" si elle est vraiment rare]. Dans les Rolex de la malle au trésor que constitue cette dispersion en deux sessions, on remarque [les indications historiques sont sous réserve de plus amples investigations]...
 
On ne connaît que 6 exemplaires de la Sea-Dweller "simple rouge" [une seule ligne pour "SEA-DWELLER" en rouge] et c'est la première fois qu'il en passe une en salle des ventes. Il pourrait même n'y avoir que deux exemplaires de ce lot n° 126 avec valve à hélium, seule montre connue de ce type à afficher une profondeur de 500 m au lieu des 600 m des séries suivantes, ce qui tendrait à prouver qu'il s'agit là d'un "prototype" de 1967 [foi d'Eric Ku, un des meilleurs connaisseurs mondiaux des Rolex pas ordinaires]. En plus, la montre est dans un état quasi-neuf : son propriétaire japonais ne l'a pas portée depuis son achat, dans les années 1980. On peut la considérer comme la plus "importante" et la plus "belle" des Sea-Dweller jamais passées aux enchères. Estimation plutôt défensive d'Antiquorum à 85 000-130 000 dollars : il serait logique qu'on aille très au-delà et qu'on y vienne à doubler, sinon tripler cette estimation...
 
 
 
 La "Stella" du lot n° 158 ne battra sans doute pas un record (estimation : 16 000-21 000 dollars), mais son impressionnant cadran "sang de boeuf" et son état impeccable [la montre n'a pas dû être très portée : le fond porte encore l'autocollant d'origine] justifierait une enchère plus élevée. D'autant que les "Stella" (Day-Date à cadran laqué des années 1970) bénéficient d'une cote d'amour grandissante chez les amateurs : c'est, en soi, un thème de collection, qui ont une douzaine de couleurs à leur disposition. La patine ivoirisée des marqueurs luminescents d'origine ajoute à la séduction de la pièce...
 
 
 
 On connaît des Rolex Everest dans les collections des années 1930, mais jamais une montre de cette réf. 5505  (lot n° 252) n'était encore passée aux enchères, ce qui va motiver les aficionados, d'autant que l'estimation est raisonnable (13 000-17 000 dollars) pour une montre qui cumule le "cadran Explorer" de la réf. 5504 – plus connue – et un magnifique cadran laqué noir, avec des index et une couronne en or. Belle taille (36 mm) pour une montre de 1958 pour une montre rare et un peu négligée par les collectionneurs...
 
 
 
 Si vous voulez poser une colle à un collectionneur de Rolex, parlez-lui de la réf. 4242 : ce n'est pas compliqué, personne ne la connaissant avant que n'apparaisse ce  lot n° 251, daté de 1943. C'est également la première fois qu'on en trouve une dans un catalogue d'enchères. Le mouvement automatique de cette montre étanche plutôt large pour l'époque (35 mm) est chronomètre : on peut en faire une des ancêtres possibles des Submariner ultérieures. Notez également ses "cornes" inhabituelles. Estimation réaliste à 11 000-16 000  dollars, le marché se méfiant toujours des références inconnues, mais la taille et la rareté peuvent déclencher une belle bagarre entre amateurs qui n'ont pas froid aux yeux...
 
 
 
 Une autre colle pour gagner un pari avec un amateur de Rolex : il connaîtra (si c'est un grand "malade") le chronographe réf. 2916 ou le chronographe réf. 2919, mais certainement pas la réf. 2921 de ce lot n° 143, qu'on va découvrir pour la première fois sous le marteau d'Antiquorum. Daté de 1937, c'est probablement un des premiers chronographes entrés dans les collections de la maison Rolex : avec ses 33 mm, il était plutôt imposant pour une montre des années 1930, et très "contemporain" avec ses poussoirs olivés et son double compteur. Excellent état d'origine, y compris la patine du cadran : estimée 5 300-7 500 dollars, il s'agit là d'une pièce pour les collectionneurs de raretés "dans leur jus", la production de l'époque se réduisant à quelques montres...
 
 
 
 Encore moins cher (estimation : 2 700-4 800 dollars), mais pas moins rare, la montre de poche réf. 3071 (lot n° 144) n'était jamais passée sous le marteau. C'est la version "gousset" de la montre-bracelet réf. 3080 qui a été adjugée pour 22 000 dollars en novembre 2011 par Antiquorum (lot n° 350). Excellent état pour une montre datée de 1940, mais dont le numéro de série correspond à l'année 1964. Excellent état pour une rare pièce en or jaune, excellemment conservée...
 
 
 
▷ Il serait vain de nier que toutes ces nouvelles venues sont loin d'être à l'état de neuf qu'on exige des montres records du monde. Elles ont néanmoins l'avantage de combiner accessibillité et rareté. D'autres lots de cette série de Rolex sortent de l'ordinaire, comme la Metropolitan (lot n° 47 : ci-dessous), la Rolex Panerai de 1943 (lot n° 256 : authentifiée par Panerai en dépit d'un cadran moderne et d'un verre contemporain, mais certainement réalisée à 720 exemplaires comme l'affirme le catalogue !), deux Comex et demie (deux vraies et une Sea-Dweller janus IV), une Explorer réf. 6610 (lot n° 454, avec profondeur à 50 m en rouge : plus bas) et quelques affiches spectaculaire (ci-dessus et ci-dessous), dont le lot n° 450 (idéal si vous voulez que votre bureau ressemble à celui d'Aurels Bacs, le marteau magique de Christie's, qui a la même sous les yeux quand il travaille)...

 
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