ENCHÈRES AUTOMNE 2012 #17 : Déjà 14 millions pour Christie's, sur un marché devenu expert
Le 12 / 11 / 2012 à 13:02 Par Le sniper de Business Montres - 1237 mots
La Patek Philippe Champion ne sera pas une championne et la Patek Philippe Clapton n'avait pas la rock'n'roll attitude...Les amateurs ne se sont pas laissés engluer dans le miel du marketing et du buzz médiatique...
▶◀ PLUS DE 14 MILLIONS À LA MI-JOURNÉE
Christie's résiste bien sur un marché devenu aussi exigeant qu'expert...
□□□ Quand les Chinois n'ont plus faim et que les Italiens n'ont plus les moyens, le marché de la montre de collection a du …
La Patek Philippe Champion ne sera pas une championne et la Patek Philippe Clapton n'avait pas la rock'n'roll attitude...Les amateurs ne se sont pas laissés engluer dans le miel du marketing et du buzz médiatique...
▶◀ PLUS DE 14 MILLIONS À LA MI-JOURNÉE
Christie's résiste bien sur un marché devenu aussi exigeant qu'expert...
□□□ Quand les Chinois n'ont plus faim et que les Italiens n'ont plus les moyens, le marché de la montre de collection a du souci à se faire. Il fallait toute la science d'Aurel Bacs pour résister à cette pression à la baisse : certes, le demi-catalogue dispersé ce matin regorgeait de lots exceptionnels, mais il fallait en faire beaucoup pour convaincre un marché devenu très exigeant, très expert et très sélectif dans ses coups de coeur. On ne dépense plus les mêmes sommes sans regarder de plus près, ce qui sanctionne les propositions moins consistantes. Quand on réussit la performance de vendre 99,7 % des lots proposés dans un environnement économique aussi incertain, ceci presque sans Asiatiques au téléphone, c'est qu'on garde toujours une belle cote d'amour auprès des amateurs.
□□□ Comme Business Montres l'avait pressenti et anticipé, les deux lots records de la matinée ont bien été les deux Patek Philippe, mais sans battre de record absolu [celui d'Osvaldo Patrizzi tient toujours : le "renard argenté" avait la politesse de le regretter en s'en amusant], et à des niveaux légèrement inférieurs à ce qu'ils auraient été voici un an. 3,3 millions de francs suisses sans les frais pour la "Champion" (pièce unique d'observatoire), c'est à peu près dans la moyenne de l'estimation, sans hystérie superlative : tout s'est joué en quelques enchères, à peine au téléphone, pour une adjudication finale qui a sauvé l'honneur de l'Italie horlogère. Le musée Patek Philippe, qui dispose d'une montre en or jaune avec un mouvement identique, n'a même pas voulu suivvre. Les marchands américains se souvenaient que cette montre leur était passé entre les mains, dans les années 1980, pour quelques milliers de dollars, tandis qu'Osvaldo Patrizzi évoquait les 100 000 dollars payés en transaction privée par la famille du vendeur de cette montre – c'était dans les années 1980...
□□□ Le moindre résultat de la "Miss Clapton" (Patek Philippe réf. 2499/100 en platine, lot n° 151) n'étonnera pas les lecteurs de Business Montres, qui considérait que la culture horlogère allait primer et que "Miss Clapton" laisserait la première place à la "Champion". La partie s'est jouée à plusieurs centaines de milliers de francs près, la "Clapton" calant à trois millions de CHF – ce qui fait tout de même beaucoup d'argent. Là encore, le musée Patek Philippe regardait ailleurs et les enchères ont été rapidement clarifiées. Ce qui confirme le diagnostic général d'un marché sérieusement calmé : voici un an, il se serait trouvé un million de plus à mettre sur la table pour une telle montre.
□□□ La même sélectivité a permis à quelques montres chinoises de tirer leur épingle du jeu, mais à des niveaux relativement sages et en tout cas inférieurs à ceux des pièces équivalentes dispersées à la vente Sandberg. Les 350 000 CHF sous le marteau du lot n° 41 (une montre émaillée Piguet & Meylan) restent un excellent résultat, mais qui sait combien cette montre aurait pu réaliser voici un an ? Pour qu'une montre émaillée crève le plafond, il faut qu'elle soit tirée par une institution : la Patek Philippe de poche du lot n° 87 (décor signé par Suzanne Rohr : image en haut de page) a été poussée à 290 000 CHF, ce qui est cependant nettement inférieur à la précédente apparition d'une telle référence émaillée (il est vrai que l'émaillage artistique était beaucoup plus convaincant pour la pièce vendue à New York à un amateur européen)...
□□□ Pas de vraies surprises ce matin, sinon l'absurde comportement de la marque Montblanc, qui a laissé filé le premier chronographe connu de Rieussec [acquis par la musée Patek Philippe, qui renforce ainsi sa collection de chronographes pionniers], qui était sans doute un prototype, alors que la marque a refondé toute la légitimité de son offre chronographique sur l'hommage à Rieussec : les efforts désespérés de l'acheteur délégué par la marque pour expliquer la situation à la direction de Montblanc ont passablement diverti la salle, mais sans pouvoir convaincre Montblanc de dépasser les 180 000 CHF pour ce lot n° 67, passé dans les collections de Philippe pour 10 000 CHF de plus. Autre absurdité, les 80 000 CHF laissés à Aurel Bacs pour la montre équation du temps "Breguet" (so-called, comme disent les Anglo-Saxons) : c'est trop peu pour une vraie Breguet, et trop cher pour une équation du temps quelconque (même de Courvoisier), dotée d'une mécanique relativement simpliste, qu'on pourrait trouver pour le quart de ce prix sur le marché...
□□□ En attendant les résultats de cet après-midi, qui risquent d'être tout aussi contrastés (excellentes enchères pour les pièces exceptionnelles, résultats refroidis pour les autres), quelques nouvelles de dernière heure. Il se confirme que la montre de poche chinoise d'Ilbery émaillée par Dupont risque d'être une des vedettes de la dispersion, surtout qu'on a appris – ce n'est pas indiqué par le catalogue – qu'on ne connaît qu'une seule autre montre signée par Dupont, mais elle se trouve – sans doute pour longtemps – au musée de la Cité interdite de Beijing. Par les temps politiquement incertains que vit la Chine, pas sûr qu'un collectionneur chinois veuille se mettre en avant pour offrir un musée la soeur de cette montre. En revanche, puisqu'on parle d'émaillage, les experts sont à peu près unanimes pour considérer comme "fausse" et "mal venue" la Patek Philippe "tahitienne" (du moins son cadran émaillé) du lot n° 185 (ci-dessous). Pas d'origine, tout simplement, avec un cadran et un boîtier désaccordés...
D'AUTRES SÉQUENCES ENCHÈRES AUTOMNE 2012 (sans oublier les actualités quotidiennes dans nos autres pages)...