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ENCHÈRES AUTOMNE 2012 #3 : Vers un passage de témoin entre hauts dignitaires impériaux ?

Suite de notre revue de l'exceptionnelle collection de montres de poche qui seront dispersées par Christie's en novembre. Signée Piguet & Meylan (mouvement) et attribuée à Lissignol (décor émaillé), cette montre à répétition des quarts est une des plus belles "chinoises" proposées aux collectionneurs depuis de nombreuses années... ••• Pour le cadre général de cette vente, l'origine de la collection et son importance sur le marché, on se reportera aux articles précédents (


Suite de notre revue de l'exceptionnelle collection de montres de poche qui seront dispersées par Christie's en novembre.

Signée Piguet & Meylan (mouvement) et attribuée à Lissignol (décor émaillé), cette montre à répétition des quarts est une des plus belles "chinoises" proposées aux collectionneurs depuis de nombreuses années...

••• Pour le cadre général de cette vente, l'origine de la collection et son importance sur le marché, on se reportera aux articles précédents (présentation du 6 septembre et bouquets de pivoine du 16 septembre). Christie's tient manifestement avec cette collection un atout stratégique de première importance pour consolider ses positions sur tous les segments du marché : Aurel Bacs, qu'on a parfois supposé moins dominateur sur le segment des "montres chinoises", ne manquera cette occasion pour réaffirmer sa domination – et s'octroyer au passage quelques nouveaux et appréciables records sous le marteau... ••• Il aurait tort de se priver, ce diable d'Aurel Bacs, dont l'équipe sait encore dénicher de telles collections ! Plusieurs des pièces de ce catalogue de novembre relèvent d'une authentique "qualité musée". La preuve avec cette Piguet & Meylan (lot n° 41) : une paire de répétition à quarts au décor identique (en miroir sur la paire), signée des mêmes Piguet & Meylan, est exposée en permanence au musée Patek Philippe de Genève et elle était une des pièces maîtresses de la récente exposition Le miroir de la séduction ("Montres chinoises", 2010). Cette paire de montres avait été adjugée par Osvaldo Patrizzi 773 000 francs suisses en 2001 (vente Antiquorum du 31 mars). Le fait que le musée Patek Philippe soit déjà en possession de cette paire au décor identique devrait "libérer" les enchérisseurs – Asiatiques, Américains ou Européens – qui savent qu'ils ne reverront pas de sitôt passer une telle pièce sous le marteau : ils ne s'en disputeront ce lot [qui n'est pas une paire] qu'avec plus d'âpreté ! La montre est estimée plutôt défensivement par Aurel Bacs à 80 000-120 000 francs suisses, alors qu'on triplera ou même quadruplera peut-être ce plancher... ••• C'est que la montre a tout pour plaire, notamment la qualité exceptionnelle de son décor émaillé, emblématique des belles montres que Genève expédiait dans les années 1820 vers le marché chinois. Il est attribué à Jean Abraham Lissignol (1749-1819), qui n'avait pas pour habitude de signer son travail. C'était un "fournisseur" régulier de Piguet & Meylan. La scène est inspirée par un tableau de Pierre-Paul Prud'hon daté de 1809, L'amour séduit l'innocence, vertueusement ou cyniquement sous-titré Le plaisir les entraîne, le repentir les suit (original sous la montre ci-dessous) ! On remarque que Piguet & Meylan ont choisi de ne pas faire figurer le repentir sur leur montre... Le boîtier lui-même est signé de l'atelier des frères Oltramare ("monteurs de boîtes en or"), autres célébrités du prestige horloger genevois dans les années 1820 (signature FO) : on peut noter le somptueux décor de la montre [la clé n'est pas garantie originale]...

••• Le mouvement lui-même n'est pas moins somptueux. Piguet & Meylan,qui travaillaient dans la vallée de Joux, ont signé, à l'époque, "les plus belles montres suisses exportées sur le marché chinois" (Alfred Chapuis, La Montre chinoise). Leur mouvement en acier est parfaitement bien conservé, avec son poli miroir d'origine et son bleuissage initial, ses deux timbres et ses deux marteaux [on actionnait la répétition par le pendant, lui aussi particulièrement soigné]. L'état du cadran émaillé est lui aussi impeccable, avec une seconde centrale très élégante. En prime : une facture d'entretien de la montre datée de janvier 1962 et signée par le fameux Louis Cottier, grand horloger genevois inventeur des montres "Heures universelles". Il avait travaillé 40 heures sur cette montre et sa facture est de 400 CHF de l'époque...

••• C'est la combinaison exceptionnelle d'un mouvement à répétition en parfait état, d'une décoration sans le moindre défaut, d'un état général de conservation dans l'état d'origine et de signatures prestigieuses qui fait de ce lot n° 41 une des pièces vedettes de la vente Christie's. Quand on additionne ainsi les superlatifs, pour peu que les amateurs comprennent qu'ils ont une chance de se voir adjuger une pièce aussi séduisante et spectaculaire, on ne peut que voler d'enchères records en enchères records – sinon frôler les six chiffres. Autrefois, ces montres étaient destinées aux plus hauts dignitaires de la cour impériale chinoise. Dans quelques semaines, elles reviendront peut-être à leurs premières amours, mais cette fois entre les mains des plus hauts dignitaires du nouvel empire capitalo-communiste chinois...

   

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