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FRANCK MULLER : On refait tout à l’envers et ça tourne encore plus vite !

Non, non, non, le tourbillon n’est pas mort, car il tourne encore ! On peut même dire qu’il accélère, avec une auto-rotation toutes les cinq secondes : c’est seulement douze fois plus rapide que le tourbillon de Monsieur Tout-le-Monde (une minute). Quelques explications techniques...   ••• Ce tourbillon Thunderbolt est une des meilleures nouvelles de ces dernières années dans le domaine micro-mécanique : on a enfin réussi à aller beaucoup plus loin que les tourbillons d’Abraham Louis Breguet, et …


Non, non, non, le tourbillon n’est pas mort, car il tourne encore ! On peut même dire qu’il accélère, avec une auto-rotation toutes les cinq secondes : c’est seulement douze fois plus rapide que le tourbillon de Monsieur Tout-le-Monde (une minute). Quelques explications techniques...

 

••• Ce tourbillon Thunderbolt est une des meilleures nouvelles de ces dernières années dans le domaine micro-mécanique : on a enfin réussi à aller beaucoup plus loin que les tourbillons d’Abraham Louis Breguet, et surtout beaucoup plus vite, jusqu’à tenter le « tourbillon-le-plus-rapide-du-monde ». Ces guillemets sont là parce qu’il faut s’entendre sur les mots et rendre au césar des « Master of Complications » ce qui revient à César, et au Dieu des hyper-fréquences ce qui est à ce dieu... ••• Pour être exact, précisons que ce tourbillon Thunderbolt de Franck Muller est le plus rapide du monde dans la catégorie des « mécaniques classiques mono-fréquence », avec cage, ancre et roue d’échappement. Dans le MikrotourbillonS de TAG Heuer (double chronographe), un des deux tourbillons contrôle le chronographe au centième de seconde : « Grâce à un système de compensation dynamique, explique Guy Sémon (TAG Heuer), ce tourbillon sans cage affiche une fréquence de 50 hertz, soit 360 000 alternances par heure et une vitesse de rotation vertigineuse de cinq secondes pour une révolution (soit 12 révolutions par minute). Une architecture à double chaîne (intégrée) permet de l’arrêter et de le démarrer à volonté ».

••• Pour être rigoureux, notons aussi que la manufacture Franck Muller est, depuis des années, un des pionniers de la renaissance micro-mécanique : on se souviendra ici de leur tourbillon « érectile » (qu’on faisait « monter » à volonté sous le verre saphir), de leur tourbillon multi-axes (le premier en Suisse pour une montre-bracelet), ou de la cage « géante » (20 mm) de leur Giga Tourbillon. On peut classer Franck Muller dans les deux ou trois premiers producteurs mondiaux de tourbillons « classiques », avec près d’un millier de cages réalisées chaque année.

••• Un des secrets de la séduction immédiate des tourbillons Franck Muller de nouvelle génération, c’est la mise en évidence du tourbillon, qui n’est plus logé au fond d’un « puits », mais immédiatement visible sous le verre saphir. C’est que la platine a été inversée, le tourbillon se trouvant désormais devant, et non plus derrière : pour le comprendre, il suffit de constater que l’aiguille des heures se trouve au-dessus de l’aiguille des minutes (placée dessous), alors que c’est l’inverse sur les mouvements mécaniques traditionnels... ••• Une fois ces prolégomènes mis en place, comment ça marche, un tourbillon mécanique « classique » ( ?) aussi rapide ? Au premier étage du « château » de Watchland, à Genthod, on trouve un petit atelier qui regroupe les « méchaniciens » les plus talentueux de la manufacture, sous la direction de Pierre-Michel et Jean-Pierre Golay, les fameux « Dupont-Dupond » de la haute horlogerie créative. C’est Jean-Pierre, le cousin du premier, qui a mis au point ce tourbillon ultra-rapide, après trois ans de vaines tentatives et d’idées tourbillonnantes [il n’en manque pas, le matin en se rasant comme devant son établi]. L’idée mécanique était simple, l’exécution plus compliquée...

••• Essayons de simplifier le tout. Première idée : au lieu de faire tourner la roue d’échappement comme une mécanique traditionnelle, cette roue est fixe ! Ceux qui ont de la mémoire se souviendront que cette roue fixe était déjà inscrite dans l’histoire de l’horlogerie grâce au tourbillon expérimental douze secondes imaginé par Albert H. Potter vers 1870 : cette montre (prototype) a été vendue par Antiquorum (lot n° 461 de la session du 31 octobre 1998 : ci-dessous). Elle est très bien décrite dans le livre sur le tourbillon de Reinhard Meis (Le Tourbillon). Pour l’anecdote, Potter a également étudié un tourbillon à échappement sans roue d’échappement, dont le montage simplifié donnera naissance aux montres Charmilles : le fond servait de platine, ce qui inspirera les concepteurs de la Swatch [dans l’horlogerie, rien ne se perd, tout se transforme !]...

••• Dans le tourbillon Thunderbolt, c’est donc l’ancre et le balancier – et forcément la cage du tourbillon, puisqu’il ne s’agit pas d’un carrousel – qui vont tourner autour de la roue fixe d’échappement, à une vitesse accélérée. Les « dents » de cette roue d’échappement sont donc disposées à l’intérieur, l’ancre satellisée pivotant et cliquetant tout autour (dessin ci-dessous). Cette ancre est pivotée sur la cage du tourbillon, entre la roue d’échappement fixe (dessous) et le balancier (dessus). ••• Ce montage très astucieux de l’ancre permet d’atteindre des vitesses de rotation très élevées en limitant les frottements. La roue d’échappement fixe et l’ancre sont réalisés en Liga (nickel) chez Mimotec : on réalise la performance technique que peut représenter une roue de cette dimension (16 mm pour la cage du tourbillon). Pour optimiser les frottements entre les palettes en rubis et les dents de la roue en Liga, ces dernières sont terminées en dorage industriel.

••• La cage du tourbillon lui-même a été affinée pour que ce calibre FM 2025TS puisse tout de même proposer, grâce à ces quatre barillets, 60 heures de réserve de marche : le Giga Tourbillon, dont on a repris l’architecture et les pointages, mais sans rotation accélérée, ni échappement inversé, est doté, lui, de neuf jours de réserve de marche – soit plus de 200 heures. Ce qui en dit long sur la voracité énergétique de ce Thunderbolt, même si 60 heures d’énergie disponible pour un tourbillon qui tourne douze plus vite que ses concurrents, c’est tout de même mieux que bien des mouvements mécaniques classiques à trois aiguilles...

••• Une critique esthétique : si le style mécanique de ce tourbillon est bien affirmé par son architecture harmonieuse, épurée juste comme il faut pour souligner l’essentiel, la faiblesse reste le « FM » stylisé de la cage : son graphisme à la fois mièvre et pompeux détonne au-dessus de cet ensemble parfaitement équilibré. Et d’autant plus qu’il est mis en avant, et au-dessus, par l’inversion de la platine. Il serait temps que Franck Muller se dote d’un signe identitaire plus fort et plus original pour « griffer » plus efficacement ses cages de tourbillon !

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