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JCBIVER
Jean-Claude Biver a peut-être fait une « monstre connerie », mais il compte bien disrupter le marché

Ce matin, à huit heures trente, Jean-Claude Biver ne savait pas vraiment qu’il allait lâcher une bombe, mais, dans le feu de l’action, à très exactement huit heures trente-deux, face au micro de la Radio suisse, il a craqué : à 73 ans, il avoue avoir envie de se reconnecter à sa passion et il compte bien « refaire une petite marque de famille » : vaste programme pour ce punk entrepreneurial !


La bombe était si peu préméditée que la marque « JC Biver » n’a été déposée que dans la matinée, quelques heures après son annonce surprise dans Médialogues, une des séquences du journal du matin de la radio suisse (ci-dessous, en bas de la page). À l’origine, le prétexte de l’émission était de parler des relations avec les médias, des coulisses de l’info et des tactiques médiatiques ! Jean-Claude Biver, 73 ans, le moins retiré des affaires des retraités de l’horlogerie, n’en pouvait plus d’attendre pour annoncer sa décision de relancer une marque à son nom. Ce sera donc « JC Biver », sur deux lignes superposées. Le logo, lui aussi déposé dans l’après-midi, n’est pas forcément définitif – il a été créé au cas où voici deux ou trois ans. Il fera l’affaire jusqu’à ce que la marque soit un peu mieux structurée : pour l’instant, la maison « JCBiver » n’a ni employé, ni siège social, ni bureau, ni horloger, ni dossier technique, ni constructeur-développeur, ni compte bancaire, ni budget, ni business plan, ni stratégie médias ! Elle n’a qu’un nom, même pas déposé lors de l’annonce, mais quel nom…

Depuis des mois, en dépit de ses problèmes de santé [il évoquait ce matin à la radio son récent accident de vélo], Jean-Claude Biver ruminait quelques projets, qui tournaient bien entendu autour de l’horlogerie, mais sans trop bien savoir par quels bouts les prendre. La rééducation exigée par son accident lui a permis de cristalliser ses pensées autour d’un principe de marque « familiale », développée en famille, notamment avec son plus jeune fils Pierre, qui n’était pas non plus au courant de ce que son père allait « lâcher » sur les ondes – il devra se faire à la spontanéité disruptive du plus célèbre horloger suisse du monde. Lequel s’est dit en quittant le studio de la radio qu’il avait peut-être fait une « monstre connerie » ! Comme toujours avec Jean-Claude Biver, quand le moral revient, les forces physiques reviennent et les ennuis de santé s’éloignent : le voici donc gonflé à bloc, avec l’envie d’en découdre, reconnecté à sa passion horlogère, avec une âme retrempée par une motivation qui l’étonne lui-même et qui lui rappelle l’époque pionnière de Blancpain…

Qu’est-ce que ce Biver qui semble avoir avalé la lumière peut bien apporter à l’horlogerie ? Très clairement, un nom qui est un sésame sur les marchés du monde entier. Quels que soient les volumes produits par la marque « JCBiver », et alors même que personne n’a la moindre idée des prix pratiqués, ni du style des montres qui seront mises sur le marché fin 2022-début 2023 [même Jean-Claude Biver ne le sait pas, même s’il a bien l’intention de se battre sur le terrain de la plus belle horlogerie de luxe], on peut déjà parier que les marchés, les détaillants, les collectionneurs et les spéculateurs précommanderont les montres de ces deux prochaines années : selon sa bonne habitude des années Blancpain, le Biver de JCBiver nous annoncera un retentissant sold out le jour même du lancement officiel de ces montres – et ce ne sera pas du bullshit ! « Bibi » est de retour : lequel des noms de son épais carnet d’adresses, lequel de ses vieux compagnons de route, lequel des groupies de son fan club, refuserait de l’accompagner dans ce dernier tour de piste ?

Très bien, mais à quelles montres pense-t-il pour les signer de son nom ? Une certitude : on sera dans la disruption, avec des ambitions aussi fondamentalement révolutionnaires que conservatrices. Révolution dans l’expression d’un nouveau rapport au temps : un temps plus personnel, dans l’esprit d’une montre comme cette « Clé du temps » qu’avait pu imaginer un Mathias Buttet du temps de BNB avant d’en exfiltrer le concept chez Hublot ; un temps qui ne soit pas celui de tout le monde, mais un temps plus réfléchi, plus intime et plus émotionnel que le temps universel des montres. Conservatisme dans le respect de ces traditions de l’horlogerie mécanique que Jean-Claude Biver n’a jamais cessé de vouloir honorer tout au long de son parcours horloger : comprenez par là des complications épatantes et des finitions stupéfiantes. Difficile d’en dire plus, mais ce sera quelque part entre Swatch [pour la disruption absolue d’un révolution historique] et Philippe Dufour [pour l’exclusivité d’une bienfacture sans autre égale que le meilleur du meilleur]. Vaste programme… qui nous annonce une production très limitée de quelques dizaines de pièces par an, réalisées par une équipe très concentrée de multiples talents soudés par la passion !

Finalement, Jean-Claude Biver est, à sa manière, non seulement un romantique de l’horlogerie, mais aussi une sorte de punk [osons le mot], un punk entrepreneurial, un activiste spontanéiste, quelqu’un qui ose, un septuagénaire qui prend le risque d’une marque parce qu’il a toujours vingt ans dans le secret de ses neurones, un aventurier familial qui a compris qu’on ne saurait laisser aux siens rien de plus fort qu’une marque édifiée sur la passion et révélée par l'audace. On imagine qu’il n’y aura pas le moindre problème de financement, ni le moindre besoin d’investisseurs ou d’apports extérieurs. JCBiver : on va forcément vous en reparler…



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