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SOTIE HORLOGÈRE (accès libre)
Les dix enquêtes impossibles de « Business Montres »

On ne peut pas tout dire, surtout avec n’importe qui. Quelle que soit notre indépendance éditoriale et notre liberté de parole, il y a malheureusement des enquêtes que nous ne pouvons pas faire ou – pire ! – que nous ne pourrons jamais publier (liste par ordre supposé d’importance des regrets)…


••• COMMENT LES TRICHEURS 

DU SWISS MADE NOUS ENFUMENT-ILS ?

Des montres « suisses » qui n’ont jamais vu la Suisse avant de se retrouver dans les boutiques asiatiques, des mouvements suisses qui comprennent 90 % de composants usinés hors de Suisse mais qui acquièrent la nationalité suisse à leur sortie de l’avion-cargo, des factures « suisses » d’ateliers dont la porte de derrière s’ouvre sur des usines chinoises, entre trois et quatre boîtiers Swiss Made sur cinq officiellement exportés qui n’ont pas été réalisés en Suisse et tout le reste : l’enquête n’est pas impossible, elle est simplement longue à mener, très difficile à cadrer et surtout très coûteuse [un jour, nous lancerons une opération Kickstarter pour la financer]


••• QUEL EST LE VRAI PRIX 

DE LA CONSCIENCE D’UN BLOGUEUR ?

De la poignée de cacahuètes au fond d’une soucoupe au voyage en avion privé avec maquilleuse et photographe, chambres dans un palace à l’arrivée et hashtags mal orthographiés dans la foulée, le prix pour s’offrir la complaisance d’un blogueur ou d’une blogueuse est variable, mais il faudrait quand même que soient publié le montant des invraisemblables additions acquittées par les bisounours de l’horlogerie suisse, véritables vaches à traire des faquins et des coquins qui les ont parasitées pendant des années. Le vrai prix de ces prédateurs saprophytes est un secret d’État sur lequel nous redoutons d’enquêter, tellement nous craignons de voir mis en évidence la fantastique naïveté d’excellents amis et la crédulité [parfois intéressée, voir plus bas] de non moins excellents camarades [heureusement, les plus mirobolants de ces margoulins ont regagné leur niche]. On aimerait quand même savoir…


••• QUI BIDONNE SES AUDIENCES 

SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ?

Réponse : tout le monde ! La bonne question reste : « Dans quelle proportion a-t-on gonflé ces mirifiques audiences ? » On ne saura la vérité que le jour où les sites accepteront de brûler leurs prétentions sur un quelconque bûcher des vanités, vers lequel elles formeront un cortège, en chemise et la corde au cou, avec à la main leur bulletin statistique délivré par Google Analytics et destiné à une lecture publique d’adjuration. Autant ne pas rêver, ce n’est pas demain la veille, mais Business Montres vous jure de rendre compte de la cérémonie le jour où il faudra bien qu’elle soit publique. En attendant, nous publions ce que nous pouvons, en rêvant d’un chimérique élan de transparence [vu le bruit et la fureur que déclenche la publication des rares chiffres dont nous disposons, il faut être maso pour persévérer]

••• QUELS SONT LES MANAGERS 

HORLOGERS LES PLUS MÉDIOCRES ?

Il y a longtemps qu’on aurait dû retirer leur permis à certains chauffards horlogers, véritables et redoutables serial killers de marques, qui courent d’échec en échec sans jamais renoncer à leurs ronds-de-jambe avantageux et à leurs salaires pharamineux. Ils font rigoler tous les initiés et seuls les chasseurs de tête les prennent au sérieux : du coup, on les voit toujours remonter à la surface, alors qu’ils auraient depuis longtemps dû être aspirés vers le fond par le poids de leur nullité. On ne va pas dresser des listes de proscription et on ne va pas les vilipender publiquement : d’abord, il y en a trop et nous préférons la chasse aux bonnes informations plutôt que la chasse aux sorcières. Pourtant, que de coups de pied au cul se perdent [de temps en temps, ça fait quand même du bien d’en lancer un, mais c’est un plaisir de gourmet qui ne doit pas se muer en péché de gourmandise]


••• EST-IL VRAI QUE LES AMATEURS 

DE MONTRES SONT DES CONS ?

Depuis un bon siècle, qu’ils soient milliardaires de haute ligne ou d’extraction ex-prolétarienne, qu’ils se comportent en spéculateurs lucides ou en gogos candides, les collectionneurs et les amateurs se font joyeusement arnaquer par les marques, qui leur font croire monts et merveilles à propos de ces petits objets du temps qu’on accroche au poignet. À part ces naïfs qu’on embobine de beaux discours, qui peut vraiment croire à la pérennité patrimoniale de montres « industrielles », dont la gloire future est parfaitement irrationnelle et imprévisible ? À qui faire confiance sur ce marché de la collection qui a vu passer 3 000 Panerai qui n’avaient été fabriquées qu’en 300 exemplaires [des pièces parfaitement « authentifiées » par les experts] ? Combien de montres rigolardement bidouillées se nichent jusque dans les musées des marques ? La bêtise de certains amateurs est parfois confondante [elle n’a d’égale que celle de certains actionnaires de l’horlogerie, qu’ils soient suisses ou chinois]. Il n’est pas forcément indispensable d’expliquer aux ravis de la crèche qu’on les prend pour des jambons et que les riches sont faits pour casquer, [comme on l’a toujours pensé dans ces vallées façonnées par d’obstinés indigènes horlogers-paysans , qui ont toujours pratiqué l’art de détrousser les exogènes]


••• QUI SNIFFE QUOI DANS L’HORLOGERIE ?

Combien de CEO marchent-ils à la coke et combien de cadres supérieurs trouvent-ils dans leurs narines de quoi résister à la pression de leurs directions ? La toxicomanie managériale – pas le petit joint, la poudre et tout le reste ! – est un des secrets les mieux gardés du village des montres : beaucoup savent et se taisent, tout le monde s’en doute, mais personne n’ose en parler. Un rêve d’enquêteur, malheureusement irréalisable sans gros moyens : faire analyser les eaux usées pendant des salons comme le SIHH ou Baselworld, en décomptant les molécules interdites dans le pipi de ces messieurs et de ces dames [avec les résultats qu’on suppose, on fait l’ouverture des journaux télévisés du monde entier pendant deux jours]

••• QUELS « PORCS » 

FAUDRAIT-IL BALANCER ?

Il y en a tant, à tous les niveaux hiérarchiques, de ces harceleurs, de ces frôleurs, de ces maîtres-chanteurs à la promotion canapé, de ces féodaux persuadés que le droit de cuissage n’a pas été aboli ! Il y en a tant de ces « DSK de l’horlogerie » jamais vraiment sanctionnés, mais, au contraire, sauvés par leur hiérarchie de peur du scandale. Et il y a tant de victimes qu’il ne vaut mieux pas soulever le couvercle d’une cocotte-minute qui pourrait exploser. Ce n’est pas très moral de baisser ainsi les bras, mais quelle nausée [bon, d’accord, quand on peut s’en payer un, on ne va pas s’en priver si c’est exemplaire et si ça doit l’empêcher de nuire]


••• QUI TOUCHE QUOI 

DANS LES MARQUES ?

La corruption est une maladie endémique de l’industrie horlogère, du chef d’atelier qui palpe sur les achats de papier hygiénique au grand patron de marque qui exerce depuis toujours un fructueux racket sur ses fournisseurs, en passant par les journalistes perroquets qui se font offrir des week-ends de rêve pour « faire des prises de vue » sous les Tropiques. On apprend parfois qu’un cadre de tel groupe ou qu’un directeur de telle marque s’est fait virer sans ménagements, mais le motif n’est pas précisé. On ne peut expliquer autrement certaines décisions irrationnelles. Tout le monde sait qu’une telle touche sur les contrats qu’elle fait signer aux marques et que tel adore le cri des billets neufs le soir au fond des enveloppes qui changent de main dans les stations d’autoroute [chacun peut repartir dans l’autre sens], mais personne ne parle. C’est l’omerta classique de l’horlogerie : généralement, l’actionnaire le sait et ne dit rien. Pourquoi en faire tout un plat médiatique [mais on adorerait le déguster bien froid, un jour ou l’autre]

••• QUI BAISE QUI 

DANS LA MONTRE ?

La question est triviale et elle passionnerait certainement les foules, surtout dans le Landerneau horloger suisse, avec des dizaines de milliers de lecteurs à chatouiller dans le sens du poil, mais l’enquête sur les frasques sexuelles des horlogers-horlogères est décidément trop sensible : en bons Gaulois, ça ferait rigoler tout le monde, mais ce n’est pas notre métier d’aller fouiner sous les couettes, même si ça nous aiderait souvent à mieux décoder l’actualité des montres. Complément nécessaire : « Qui en est » et qui n’en est pas ? On aurait des surprises… Dommage que ce ne puisse être qu’un vœu pieux [dans une autre vie, peut-être : disons que c’est une enquête « définitive », celle qu’on publie le jour de son départ à la retraite, grâce aux notes accumulées pendant tout une carrière]


••• QU'EST-CE QUI MOTIVE 

BUSINESS MONTRES ?

Bonne question qu'il faut remercier de voir posée, mais la réponse n'a rien d'évident. C'est une question de motivation journalistique, d'amour de l'actualité, de passion pour l'horlogerie (ceux qui la font, les hommes, les marques et les montres) et de curiosité quotidienne pour la marche du monde tel qu'il va, tel qu'il ne va pas ou qu'il devrait aller. C'est moins un gagne-pain qu'une motivation, parfois une raison de vivre et d'espérer, même quand c'est désespérant. C'est surtout un immense privilège de côtoyer des personnalités rares, de créateurs épatants et des visionnaires au grand coeur. Pourquoi bouder son plaisir et se poser des questions inutiles ?


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