LUNDI : À quelle sauce horlogère le nouveau Politburo chinois préfère-t-il les montres suisses ?
Réussite quasi-parfaite du salon Belles Montres : décidément, Paris est bien la capitale européenne de la belle horlogerie et le Carrousel du Louvre reste la référence – loin devant les autres salons qui s'en inspirent... L'année 2012 se termine avec ce salon, mais l'actualité des montres ne relâche pas sa pression... Roger Dubuis chronographe Excalibur en 42 mm (une nouveauté du prochain SIHH)... ◀▶ AU SOMMAIRE DE CE 360° DU LUNDI...Des informations …
Réussite quasi-parfaite du salon Belles Montres : décidément, Paris est bien la capitale européenne de la belle horlogerie et le Carrousel du Louvre reste la référence – loin devant les autres salons qui s'en inspirent...
L'année 2012 se termine avec ce salon, mais l'actualité des montres ne relâche pas sa pression...
Roger Dubuis chronographe Excalibur en 42 mm (une nouveauté du prochain SIHH)...
◀▶ LA BOUTIQUE DU JOURVacheron Constantin en première face à la place Vendôme...◇◇◇ Alors que l'ancienne boutique Old England (futur mégastore Bucherer) annonce sa ré-ouverture pour le printemps 2012 [il semblerait que Bucherer ait obtenu l'autorisation de changer l'ancien nom pour remplacer les majuscules "Old England" par les majuscules Bucherer], l'événement parisien sera l'ouverture, début 2013, de la nouvelle boutique Vacheron Constantin de la rue de la Paix, au n° 2, en face de Charvet et de Bvlgari (c'était une révélation Business Montres du 25 janvier 2011, avec l'annonce de la nomination de la "toujours souriante" Christelle Konan à la direction de la boutique dès la mi-septembre 2012). Au-delà de ce nouveau verrou posé par le groupe Richemont à l'entrée de la rue de la Paix (devenue une vraie avenue Richemont), Vacheron Constantin a mis en place une intéressante campagne de communication pour faire buzzer autour de la prochaine inauguration – devenue stratégique pour la reconquête d'un public français un peu délaissé depuis quelques années au profit des amateurs chinois. Cette campagne sera appuyée par un site dédié, 2 rue de la Paix (pas encore opérationnel), qui fera vivre la manufacture et ses montres à travers cinq portraits (images et verbatim) de cinq "héros" de la marque photographiés par Thierry des Ouches. Chacun évoque "son" Paris, "ses" adresses préféres et "sa" montre Vacheron Constantin, pour donner une illustration impressionniste des valeurs et des codes attachés à la marque. Deux femmes et trois hommes, dont l'expert horloger Romain Réa, qu'on pourra retrouver sur les vidéos disponibles sur le site. Objectif : redonner de la "chair" et de la passion à une maison à l'image un peu désincarnée, sinon desséchée par un marketing qui manquait de proximité humaine et d'implication émotionnelle...◀▶
◀▶ LA (PREMIÈRE) QUESTION DU JOURCe que le nouveau Politburo peut changer (ou ne pas changer)....◇◇◇ Quand les Chinois représentent (chez eux, dans la Grande Chine, ou ailleurs) 65 % des acheteurs de montres suisses, la conduite des affaires politiques de la Chine intéresse directement l'industrie horlogère. Le moins qu'on puisse dire est que les résultats du récent XVIIIe congrès du Parti communiste chinois, s'ils ont acté le prochain changement d'équipe au pouvoir, sont assez opaques sur les intentions des nouveaux dirigeants. Sont-ils économiquement libéraux ou partisans d'un nouvel autoritarisme pour l'économie administrée que la Chine est restée ? Sont-ils partisans d'une ouverture des frontières ou d'un repli nationaliste ? Tous les scénarios existent, y compris ceux qui combinent libéralisme économique interne et rigidité néo-communiste dans la morale publique ! On doit donc se contenter d'imaginer des scénarios d'évolution, en guettant les signaux faibles capables de constituer quelques clés... ◇◇◇ Sur la situation économique globale : l'hygiène mentale oblige à ne pas croire les statistiques de la bureaucratie officielle, qui les manipule à loisir selon la bonne tradition des économies totalitaires. Ceux qui ont fait leurs études secondaires dans les années 1960 et 1970 se souviennent d'avoir appris par coeur les mirifiques statistiques d'une économie soviétique qui égalait quasiment celle des Etats-Unis. En 1991, la vérité était catastrophique. Donc, rien ne permet de penser que les choses vont mieux que le gouvernement ne l'avoue, ou que la situation est pire. Tout ce qui transpire, c'est que le pouvoir central a beaucoup moins de capacité de manoeuvre qu'on l'imagine sur les économies locales...◇◇◇ La stratégie macro-économique du nouveau pouvoir : soit la Chine continue à s'imposer comme l'"usine du monde", soit elle se recentre sur son marché intérieur. Elle est déjà concurrencée par des zones de basses pressions salariales (Vietnam, Indonésie), au moment où les donneurs d'ordres américains découvrent le reshoring ("relocalisation"), qui permet de rapatrier aux Etats-Unis des productions beaucoup moins intéressantes du fait de l'augmentation des salaires en Chine et des risques géopolitiques. Le développement d'un grand marché intérieur semble prioritaire, ce qui pourrait favoriser les achats de montres sur place : il suffit pour cela de baisser les taxes sur le luxe, de multiplier les "zones franches" touristiques intérieures [plusieurs expérimentations à taxe zéro sont en cours] et de durcir les contrôles aux frontières, aujourd'hui poreuses pour les touristes de retour de l'étranger. En quelques mois, les flux commerciaux horlogers seraient repolarisés sur la Chine (Mainland), au détriment du shopping touristique. Pas sûr que les Suisses y gagnent au change et il y aurait du souci à se faire pour les boutiques parisiennes...◀▶
◀▶ LA (SECONDE) QUESTION DU JOURCe que le nouveau Politburo peut changer (2)....◇◇◇ On pourrait en déduire que la reconcentration sur le marché intérieur favorisera les réseaux mis en place localement par les marques européennes. Justement, ce n'est pas sûr du tout. D'une part, il y a un risque d'hystérie nationaliste, comparable à celui qu'on vient de vivre à propos des îles disputées entre le Japon et la Chine : l'effervescence a tari les flux touristiques chinois vers le Japon, tout en donnant un coup de frein à la consommation de produits japonais en Chine. Nul ne peut exclure une campagne anti-montres occidentales, déjà amorcée par le pouvoir communiste, qui a virtuellement interdit à ses fonctionnaires de porter une Rolex, une Omega ou une Vacheron Constantin (Business Montres du 26 septembre dernier). Si le nouveau "chic prolétarien" (corollaire d'un sursaut éthique anti-corruption) décide de "démoder" les montres suisses, il y a de la révision stratégique dans l'air...◇◇◇ Heureusement, les consommateurs chinois adorent les montres suisses ! Toute l'astuce consistera donc à déconsidérer officiellement quelques marques dont on fera des boucs émissaires [généralement celles qui ont ouvert des boutiques un peu partout] pour valoriser, en revanche, des nouvelles marques beaucoup moins connues – celles dont on verrouille le réseau de distribution et auxquelles on déconseillera de ne pas ouvrir la moindre filière de retail. On peut même parier que les réseaux officiels des marques européennes risquent des tracasseries administratives sans subtilités, ce qui pourrait les pousser – comme en Argentine – à plier bagage pour faire allégeance aux réseaux locaux. C'est dans cette optique qu'il faut réexaminer les grandes manoeuvres autour du réseau Hengdeli (toujours présidé par un ex-colonel de l'Armée rouge, toujours fier de parader en costume Mao) et du réseau Sincere (toujours présidé par une représentante démocratiquement désignée du peuple chinois à l'Assemblée de Beijing). Deux réseaux bien en cour auprès du nouveau pouvoir...◇◇◇ Les clés de l'avenir sont donc entre les mains du nouveau Politburo, qui aura évidemment d'autres soucis en tête que le sort des importations de montres suisses. L'aggravation des tensions sociales et de l'irrédentisme local peuvent se trouver aggravées par l'installation de l'Europe (grand débouché commercial) dans une récession durable et un crash des Américains (autre débouché commercial majeur) sur le fameux Fiscal Cliff. Et on ne parlera pas ici de la manipulation du yuan dans les désordres monétaires internationaux. Pas sûr que la Chine soit un si bon plan d'avenir que ça...◀▶
◀▶ LA RUMEUR DU JOURLe Swatch Group préparerait-il une iSwatch avec Apple ?◇◇◇ La rumeur est née dans les ateliers de microélectronique du groupe, mais ce n'est encore qu'une rumeur, même si elle ne manque pas de logique et de pertinence. Diverses informations recoupées pourraient laisser penser que le Swatch Group prépare une montre Swatch connectée, probablement tactile [technique maîtrisée en interne], qui serait parfaitement compatible avec le système d'exploitation Apple et qui serait donc la base d'une
◀▶ LA DISPARITION DU JOURMais où est passé la montre Patek Philippe la plus compliquée du monde ?◇◇◇ Pendant que les marteaux des auctioneers horlogers s'activaient à Genève, l'autre semaine, on apprenait qu'une des montres les plus célèbres du monde avait changé de mains. Récemment, une montre exceptionnelle avait mystérieusement disparu des vitrines du musée Patek Philippe de Genève. Pas n'importe laquelle : il s'agissait tout simplement d'une des plus belles pièces exposées dans les vitrines, une super-montre de poche à super-complications commandée en 1933 par le banquier américain Henri Graves, qui était longtemps restée "la-montre-la-plus-compliquée-du-monde" – jsuqu'à ce qu'elle soit détrônée par le Calibre 89. Demeurée entre les mains de la famille Graves, cette montre avait été vendue en 1999 pour 11 millions de dollars (record du monde pour une montre). L'acheteur était resté anonyme, mais il avait prêté cette pièce – en échange de son entretien régulier – au musée de Genève. Hélas, il a fallu que le musée Patek Philippe, qui n'en était que le dépositaire, rende cette montre, saisie en gage par Sotheby's pour régler les factures impayées d'un cousin de l'émir du Qatar, dont on a donc découvert (officiellement, du moins) qu'il était l'heureux enchérisseur de 1999. À l'époque et au cours de la décennie ultérieure, le Qatar avait fait procédé à de nombreux achats – sans les payer – sur les places européennes pour se constituer un musée, notamment d'oeuvres d'art. Si les dettes de ce cousin de sang royal ne sont pas réglées et pour rentrer dans ses frais, Sotheby's devra remettre en vente cette montre de poche – pas sûr qu'elle atteigne à nouveau ce niveau d'enchères...◀▶
◀▶ LES ACTUALITÉS DU JOURNotées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité éditoriale... ◇◇◇ LES CHAISES MUSICALES (1) : Giancarlo Mantuano (ex-RJ-Romain Jerome, ex-Jaquet Droz), est le nouveau directeur des ventes internationales pour la manufacture Jeanrichard, en cours de relance par le groupe PPR (Business Montres du 20 novembre)... ◇◇◇ LES CHAISES MUSICALES (2) : un grand manager, qui était aussi un grand monsieur, quitte l'univers du luxe. Après avoir passé près de vingt-deux ans à la tête du malletier Louis Vuitton, dont il a bâti le succès international [et la fortune du groupe LVMH], Yves Carcelle cède la présidence de la marque à Jordi Constans (48 ans, ex-Danone), qui a été choisi personnellement par Bernard Arnault. Les prochains chapitres de la vie d'Yves Carcelle s'écriront entre les rangs de ses vignes, son autre passion [les anciens de l'horlogerie ont un faible pour la viticulture]... ◇◇◇ LES CHAISES MUSICALES (3) : une nouvelle directrice marketing et communication pour Vacheron Constantin France. Ex-Mauboussin, Mélina Mantion a aussi une expérience publicitaire au Nouvel Observateur. Elle vient muscler le dispositif de la marque, qui prépare l'ouverture de sa première boutique parisienne (voir ci-dessus). ◇◇◇ NOUVELLES MARQUES 2012 (1) : la référence # 84/ Génération 2012 des nouvelles marques de l'année sera Refined Harware, une maison californienne (Los Angeles) positionnée sur le créneau d'une offre très exclusive en série limitée, avec des modèles marqués par l'esthétique industrielle (vu sur A Blog to Watch, le nouveau site d'Ariel Adams). Pour avoir une idée de la marque : découvrez la vidéo ci-dessous... ◇◇◇ NOUVELLES MARQUES 2012 (2) : pas vraiment une nouvelle marque, mais elle retrouve un peu de dynamique, notamment sur le marché russe. Philip Laurence s'affirme marque suisse depuis 1899, ce qui n'engage que ceux qui y croient, tout comme le "Swiss" sur le cadran n'engage que ceux qui croient au storytelling helvétique de la marque. ◇◇◇ CASIO : la marque victorieuse du championnat du monde de F1 est... Casio – dont le désormais triple champion du monde Sebastian Vettel est l'ambassadeur ! Les marques suisses qui engloutissent des millions de dollars dans le sponsoring automobile s'en trouvent clairement déconfites. D'où les questions qu'on doit se poser : la F1 (son prestige mondial réel, son audience réelle) vaut-elle encore la mobilisation d'autant de millions ? Quelle est la lisibilité et l'intelligibilité d'une stratégie de sponsoring sur un terrain sportif aussi surencombré ? Quelle était la logique du recrutement par Audemars Piguet d'un Michael Schumacher, ex-septuple champion du monde de F1 qui prend définitivement sa retraite (à l'issue de cette saison) sans avoir rien (re)gagné depuis son retour sur les circuits, en 2010, sinon une certaine déconsidération ? À l'époque, Business Montres avait plus que des doutes à ce sujet : trois saisons plus tard, on peut considérer que beaucoup d'argent a été gaspillé en vain, mais le CEO responsable a déjà payé l'addition... ◇◇◇ STEAMPUNK : Geoffrey McGann, l'homme que sa montre de style steampunk a failli envoyer en prison pour terrorisme (Business Montres du 20 novembre), s'explique sur ses goûts horlogers très particuliers (Palos Verdes Patch)... ◇◇◇ VAN CLEEF & ARPELS : intéressante trouvaille dans le prochain catalogue Artcurial (expert : Romain Réa), qui dispersera quelques jolies montres le 28 novembre, à Paris. Il s'agit d'un étui à cigarettes en or, guilloché et daté du début des années 1950. Il est orné d'un mécanisme de roulette animé par un poussoir, avec une aiguille en or émaillé noir (estimation : 20 000-25 000 euros – image ci-dessous). Dernière heure : un lot qui vient malheureusement d'être retiré par le vendeur...
◇◇◇ ARTCURIAL : autres pièces intéressantes (entre autres) de ce catalogue, deux cadrans émaillés qui, s'ils étaient remontés dans une montre recherchée par les collectionneurs (Patek Philippe ou Omega), en feraient exploser la cote. Il s'agit des lots n° 585 et n° 586 (ci-dessous), estimés 8 000-10 000 euros. Dans combien de temps retrouvera-t-on ce Neptune dans un boîtier prestigieux, sous le marteau d'une maison d'enchères genevoise un peu moins attentive ou scrupuleuse que les autres ?
◇◇◇ FABERGÉ : rachetée en totalité par le groupe Pallinghurst (fonds d'investissement spécialisé, qui possède également Gemfiels, spécialiste "minier" des pierres précieuses et des émeraudes, le marque de joaillerie Fabergé a été valorisée à environ 142 millions de dollars. Créée en 1842 par le joaillier russe Pierre-Karl Fabergé, cette maison de joaillerie, célèbre pour ses "oeufs", se cherche depuis plusieurs années de nouvelles raisons d'exister dans le respect de son passé, sans vraiment convaincre pour le présent. Fabergé intègre ainsi le cercle très exclusif des marques de joaillerie entre les mains d'investissements miniers (De Beers, Harry Winston, partiellement Tiffany & Co)... ◇◇◇ DIOR : pour le plaisir des yeux, une parodie de la publicité "J'adore" par l'humoriste Florence Floresti. Très drôle et très révélateur du nouveau rôle que joue les marques dans notre "comédie humaine" contemporaine. Ce sont les actes et les discours des grandes maisons qui font aujourd'hui l'objet de critiques et de satires sociales, plus les agissements du pouvoir politique. À déguster dans la vidéo ci-dessous... ◇◇◇ ROGER DUBUIS : beau chronographe Excalibur en version 42 mm, avec un mouvement automatique (RD681) manufacture certifié chronomètre – et "Poinçon de Genève" comme 100 % de la production de la maison (image en haut de page). Une réussite de plus pour cette collection, sur laquelle repose tous les espoirs de renaissance de la manufacture de Meyrin : tout est juste dans cette nouveauté SIHH 2013, la taille, le style, la qualité horlogère et la communication excaliburienne qui va avec... ◇◇◇ SEIKO : lors de son déménagement du salon QP (Londres), Seiko s'est fait voler pour 250 000 euros de montres – presque toutes des Grand Seiko et de nouvelles Seiko Astron (calage de l'heure par satellite). Bon nombre de ces montres sont des "postiches" de travail, souvent dépourvues de mouvements et donc sans vrai valeur commerciale... ◇◇◇ RALPH LAUREN : la marque n'a prévu aucun rendez-vous de "groupe" (généralement par marché) pour les journalistes invités au prochain SIHH. Les rencontres seront exclusivement "one to one" – ce qui est encore le meilleur de contrôler sa communication. Ralph Lauren sera la seule marque du salon à ne pas organiser ces rendez-vous : timidité ou manque de nouveautés ? ◇◇◇ GOYARD : un nouveau site Internet (très réussi) et une nouvelle vidéo pour découvrir l'univers Goyard (ci-dessous). Le malletier français de luxe (alternatif à qui vous savez, mais tout aussi légitime) n'a pas encore la maîtrise de tous les codes d'une communication digitale réussie, mais ça vient. Au fait, à quand la première collection horlogère de Goyard ?◀▶ D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTES DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES...
