LUNDI (accès libre) : Le Sniper voit les magnats du luxe horloger douter de leur avenir, alors que les jeunes loups des médias horlogers ont de l'ambition à revendre...
Le 15 / 06 / 2015 à 06:31 Par Le sniper de Business Montres - 3589 mots
La torpeur effarante de l'actualité horlogère sera-t-elle secouée par la publication des dernières statistiques d'exportation, jeudi prochain ? On a des doutes : c'est le déclin en pente douce, avec une nouvelle vague de licenciements annoncés...
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LE SNIPER DU LUNDI A... ◉◉◉◉ (édito)
La torpeur effarante de l'actualité horlogère sera-t-elle secouée par la publication des dernières statistiques d'exportation, jeudi prochain ? On a des doutes : c'est le déclin en pente douce, avec une nouvelle vague de licenciements annoncés...
▶▶▶Cette semaine,LE SNIPER DU LUNDI A...◉◉◉◉ (édito)COMPRIS qu'il y avait urgence à repenser plus intelligemment qu'en termes purement techniques et bureaucratiques la question fondamentale du Swiss Made. Quarante-cinq années d'une très habile propagande sur ce concept ont imposé, dans le monde entier, l'idée d'un lien très étroit entre la qualité d'une montre et son origine suisse. C'est la force de ce lien qui permet aux marques suisses d'imposer pour leurs montres des prix plus élevés qu'ils ne devraient. Le problème est que l'intériorisation de ce lien entre la mention Swiss Made et une origine territorialement suisse de la montre relève d'une perception faussée et d'une présentation biaisée de ce Swiss Made : toute la planète pense terroir géographique quand la Suisse parle de valeur économique ! Ce qui n'était pas très grave quand les marchés internationaux restaient compartimentés, mais ce qui le devient quand le luxe devient questionnable par tous ses consommateurs internationaux sur tous les réseaux sociaux. Dans une de ses récentes études pour Exane BNP Paribas, Luca Solca démontrait à quel point les amateurs de luxe sont désormais soucieux de bien catégoriser leurs achats, surtout sur les marchés émergents : ils ne comprendraient pas qu'un sac Hermès ne soit pas Made in France, qu'une Mercedes ne soit pas Made in Germany, qu'un costume Armani ne soit pas Made in Italy et qu'une montre ne soit pas Swiss Made. Le label Made in China (avec la précision de plus en plus fréquente Proudly Made in China), lui, ne ment pas : c'est vraiment fait en Chine ! Pour la Suisse, c'est plus problématique... En prétendant durcir les critères de son Swiss Made[ce n'est pas encore fait, et ce sera encore moins compréhensible par le commun des mortels, surtout avec l'intégration de la R&D dans les 60 % de valeur déclarée], la Suisse horlogère va entrer dans l'ère du soupçon : « Vous avez vraiment dit Made in Switzerland ? ». Les réponses risquent d'être emberlificotées, entre les marques d'entrée de gamme qui ne font en Suisse, au mieux, que le contrôle final de leurs montres [sans doute même pas pour certaines : en l'absence de gendarme, pourquoi se gêner ?] et les marques de moyenne gamme qui vont tout fabriquer hors de Suisse [y compris les composants élémentaires de leurs mouvements Swiss Made] pour un assemblage final dans les vallées. Que se passera-t-il quand des consommateurs chinois réaliseront que les montres Swiss Made, pour lesquels ils sont rançonnés au prix fort sur la foi d'une croyance naïvement géographique, sont beaucoup plus chinoises que suisses, hormis dans l'épisode final de leur gestation ? Que se racontera-t-il sur les réseaux sociaux le jour où on découvrira que certaines montres Swiss Made – y compris celles qui se flattent de porter les couleurs suisses – n'ont jamais respiré l'air des vallées et qu'elles ont été presque totalement fabriquées à l'est du 30e méridien pour alimenter les marchés situés à l'autre bout du monde ? ◉◉◉◉SALUÉ la consolidation en cours des médias horlogers, avec l'excellent exemple que constitue la fusion entre le site Hodinkee (mix de galerie marchande et de portail d'informations sur les montres mécaniques, animé par Benjamin Clymer) et le site Watchville (agrégateur de contenus horlogers, animé par Kevin Rose). L'addition des deux audiences – si elle a du sens – donnerait 2,3 millions de visiteurs mensuels et 2,5 millions de pages vues. Le CEO du nouvel ensemble sera Kevin Rose, mais Ben Clymer reste très impliqué dans cette nouvelle version d'Hodinkee. À l'occasion de cette fusion, 3,6 millions de dollars ont été levés auprès d'investisseurs américains. Au-delà de la bonne nouvelle que constitue l'irruption sur le marché d'un interlocuteur de poids [mais non, Ben, on parle d'Hodinkee !], il faut considérer cette consolidation comme une évolution logique, naturelle et inévitable du marché des médias horlogers : la course à l'armement (puissance, audience et influence) permet à ces médias de peser plus lourd face aux géants industriels de l'horlogerie et de renverser l'actuel bras de fer entre les marques et les sites horlogers sous perfusion publicitaire. Dommage qu'une telle initiative n'ait pas été possible en Europe, notamment en Suisse, où les opérateurs persistent à bricoler leur petit cuisine sur leur petit réchaud – avec de petits résultats et de petites performances...◉◉◉◉APPRÉCIÉ la nouvelle montre d'un nouvel horloger finlandais, Antti Rönkkö, fou de labyrinthes, qui nous avait déjà donné une étonnante montre Steel Labyrinth. Cette fois, il s'intéresse au mythe crétois du Minotaure (un monstre humain à tête de taureau), avec une complication Dual Moon (une lune noire et une pleine lune). Boîtier acier en 42 mm, mouvement suisse (Soprod) et vision finlandaise de la complication – la face sombre de la Lune est une métaphore (tout comme le Minotaure l'était pour les Crétois) de la domination de l'homme par ses instincts, le côté obscur de la Force, comme dirait l'empereur Palpatine. Ce lune doublement compliquée est une première dans l'horlogerie mécanique. Pour Antti Rönkkö, les montres contemporaines sont un vase vide, une technologie sans âme, froide et déshumanisée : c'est pourquoi il entreprend de leur redonner un contenu plus affectif, centré sur les archétypiques de notre culture gréco-latine...◉◉◉◉DÉCOUVERT le livre préféré de Johann Rupert (Richemont), du moins le livre qui l'empêche de dormir parce qu'il lui paraît décoder un avenir qui ne lui plaît pas : il s'agit de Robots Will Steal Your Job, But That’s OK, de Federico Pistono – c'est du moins ce qu'il vient d'avouer au récent sommet FT Business of Luxury. Un livre qui n'est pas encore publié en français. Son inquiétude : dans ce monde ultra-robotisé, plus de marché du luxe ! Tout peut disparaître avec la planification du chômage technologique, qui rabotera l'ordre social tel que nous le connaissons. On l'aura compris : pour l'actionnaire du groupe Richemont, le danger ne vient pas de l'Apple Watch, mais de cette mutation dans une automatisation de nos vies quotidiennes – avec les risques de guerre civile, sinon de guerre des classes, induits par cette destruction des emplois.◉◉◉◉TENTÉ en vain de savoir si l'enchérisseur final du canari chanteur qui a dépassé les 2,5 millions de dollars chez Sotheby's New York (révélation Business Montres du 12 juin : pas mal pour 12 mm d'ivoire et quelques trilles) était ou non le musée Patek Philippe de Genève, comme nous l'avons annoncé. Pas la moindre confirmation officielle, ni du côté Patek Philippe, ni du côté Sotheby's. Notre pronostic sur cet achat par Philippe Stern s'appuie sur ce qui s'est passé dans la salle et sur une analyse des enchères passées par téléphone [nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à considérer que ce flacon à oiseau chanteur fera bientôt son apparition dans les vitrines du musée Patek Philippe]. ◉◉◉◉REPÉRÉ au Mexique le nouveau tournage de la prochaine campagne publicitaire d'Omega, avec George Clooney, à moto, en jeans et T-shirt noir, sans casque, Speedmaster '57 au poignet. Derrière l'objectif, dans la région de Los Cabos, sur une des plus belles routes du Mexique : le photographe Sam Jones. Belle lumière de fin de journée (source : presse locale), belle moto et belle montre : une prise de vues impossible en France pour cause de... défaut de casque !◉◉◉◉CONSEILLÉ à ses copains fous de mécanique qui rêvent de nouveaux objets du temps de visionner la vidéo ci-dessous (source : Metropolitan Museum of Art de New York). On y découvre un cabinet d'écriture princier de l'atelier familial des Roentgen : daté de la fin du XVIIIe siècle et destiné au roi Frédéric-Guillaume II, ce chef-d'oeuvre de l'ébénisterie mécanique et de la marqueterie européenne est conservé au Kunstgewerbemuseum, Staatliche Museen de Berlin. L'ingéniosité de ces différents mécanismes est stupéfiante. Et c'est un objet du temps, qui sonne les heures...▶▶▶Cette semaine, le Sniper du lundi a...COMPILÉ LE MEILLEUR des articles publiésparBusiness Montres la semaine dernière...◉◉◉◉UN RÉSUMÉ DE QUELQUES-UNES DES INFORMATIONS publiées ici, la semaine dernière, en exclusivité, en priorité et/ou en toute indépendance. Celles qu'il ne fallait absolument pas manquer la semaine dernière ! Une actualité horlogère commentée en mode 100 % liberté grâce à 0 % publicité et 0 % de propositions commerciales obliques. ◉La nouvelle politique des cinq ans de garantieappliquée par Rolex dès le début juillet (Business Montres du 10 juin). Une révélation Business Montres qui n'a pas encore suscité le moindre commentaire dans les médias perroquets...◉ Le danger d'ubérisation qui plane sur l'horlogerie suisse : comment une industrie qui ne comprend pas les mutations du monde dans lequel elle a bâti son succès peut se trouver marginalisée face à de nouveaux acteurs qui ne jouent pas avec les mêmes règles (analyse Business Montres du 12 juin)...◉La nouvelle tendance au backdating des icônes horlogères : comment reconstruire des montres d'hier (celles qui atteignent des sommes folles aux enchères) à partir de montres d'aujourd'hui revues et corrigées (Business Montres du 11 juin et suite de notre analyse : Business Montres du 11 juin)...◉Les montres chinoises offerts aux policiers responsables des massacres de la place Tian'Anmen (1989) : une commande qui n'est pas à l'honneur de l'horlogerie chinoise (Business Montres du 10 juin)...◉Le succès aux enchères (Hong Kong) des Opus Harry Winston, avec un score plus spectaculaire pour les Opus de première génération (Business Montres du 8 juin et Business Montres du 10 juin pour l'excellente performance sous le marteau de la Machine n° 4 de MB&F)...◉Nos chroniques habituelles et exclusives : l'actualité des montres comme vous avez toujours rêvé qu'on vous la raconte avec Atlantic-tac (12 juin), l'actualité des vitrines et des marques, en version originale, avec À découvrir (13 juin), notre chronique radio L'heure du temps (12 juin)sur France Bleu Besançon, notre page Rock'N'Horl pour explorer la périphérie des objets du temps (« la montre connectée de Louis XIV », image en bas de la page : 9 juin) et, toujours, nos Délices d'initié pour découvrir tout ce que Business Montres a publié d'exclusif le mois dernier (8 juin)...◉Et toutes les informations qui font le sel des conversations entre initiés – mais que les autres médias horlogers ne vous décodent pas et ne vous racontent pas, sinon avec beaucoup de retard : le triomphe du canari chanteur suisse (signé Jaquet-Droz) repéré par Business Montres chez Sotheby's New York (12 juin), les Breguet des signataires du Congrès de Vienne, il y a deux siècles (Montres & Histoire : 9 juin), la Speedmaster Flower Power de Bob Maron (8 juin), le nouveau mini-salon Top Marques Montres pendant le Monaco Yacht Show (12 juin), la mode du remontage périphérique (9 juin), ce qu'on commence à deviner de la prochaine montre hyper-compliquée de Vacheron Constantin (11 juin), la nouvelle Triton Subphotique comme tentative de faire renaître une grande marque de l'univers de la plongée (8 juin), les maillots de bain horlogers de Speedometer Official (9 juin), la montre Lip dédiée au Parti socialiste français (8 juin), le chronographe à ratrrapante low cost de Locman (11 juin), la main tendue de Johan Rupert (Richemont) à LVMH et Kering pour créer une masse critique sur le marché du e-commerce (9 juin), la nouvelle version du Jour des morts chez RJ-Romain Jerome (10 juin), la nouvelle marque Ophion, si difficilement nommable en terre gauloise (9 juin), les problèmes posés par la seconde supplémentaire du début juillet (12 juin), etc.D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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