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LUNDI : Le roi Midas, les Rolling Stones, le schmilblick et la méchante fée à la pomme

Non, non, non, le tourbillon mécanique n'est pas mort, car il tourne encore (bis)... Sur plusieurs axes à la Girard-Perregaux ou à très grande vitesse dans le cas Franck Muller : c'est toujours en révisant ses classiques qu'on met en scène des concepts vraiment modernes...    〓 AU SOMMAIRE DE CE 360° DU LUNDI :Les informations qui seront développées après S.M. la reine Elizabeth II...••• L'édito du jour : les réflexions d'un lundi matin pour éclairer l'air du temps. Une même lettre : A. Deux …


Non, non, non, le tourbillon mécanique n'est pas mort, car il tourne encore (bis)... Sur plusieurs axes à la Girard-Perregaux ou à très grande vitesse dans le cas Franck Muller : c'est toujours en révisant ses classiques qu'on met en scène des concepts vraiment modernes...

 
 
 
〓 AU SOMMAIRE DE CE 360° DU LUNDI :
Les informations qui seront développées après S.M. la reine Elizabeth II...
••• L'édito du jour : les réflexions d'un lundi matin pour éclairer l'air du temps. Une même lettre : A. Deux acteurs : Apple et Arnault. Trois leçons au programme de la journée : géométrie, chimie, économie...
••• Les chaises musicales du jour : un (jeune) vétéran du luxe horloger qui retourne à Paris, un apparatchik qui saute, un saut de puce entre deux musées, une nouvelle boutiquière dans la rue de la Paix, un baron privé de son fief, etc...
••• L'étude marketing du jour : où en est la communication en ligne des maisons horlogères suisses ? Un peu trop scolaire, naïve et tournée vers le passé immédiat, une compilation qui a cependant le mérite d'exister et de fixer un cadre de réflexion...
••• Les actualités du jour : notées à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté (un polar platinoïde, le corps des Marines, des salons qui déménagent, des vélos de luxe, un appel qui contrarie, un braquage légal à la limite de la voie de fait, 2 500 tonnes d'or sous l'escalier, etc.), l'âme brûlante de Seiko...
••• La montre du jour : il serait imprudent d'enterrer trop vite le tourbillon, qui s'offre une nouvelle jeunesse, à très grande vitesse de rotation (Franck Muller) ou sur plusieurs axes de révolution (Girard-Perregaux)...
••• La légende du jour : enfin une montre qui célèbre les cinquante ans de règne musical des Rolling Stones ! Encore un ratage de l'industrie horlogère suisse, décidément imperméable – à quelques marques près – aux nouvelles cultures contemporaines...
••• La mauvaise nouvelle du jour : dur, dur pour tous ceux qui avaient investi des millions de dollars sur la transformation en montre d'un iPod Nano "carré". Apple va en cesser la production au profit d'un Nano rectangulaire : Cupertino, ton univers impitoyable !
•• L'alligat'or du jour : imaginons que le roi Midas touche une peau de croco, elle se transformerait aussitôt en or. Il a dû faire un tour en Suisse et le miracle s'est produit à Genève : l'alligator s'y décline à présent en solid gold, boîtier et cadran...
••• La séance de rattrapage du jour : une sélection rapide de ce qu'il n'aurait pas fallu manquer la semaine dernière dans Business Montres, parce que c'était publié en exclusivité, en priorité ou en toute liberté, ici et nulle part ailleurs...
••• La photo du jour : parce que Business Montres est aussi un média de l'actualité heureuse et pour un soutien moral à la famille royale britannique, en état de choc pour une histoire de soutien-gorge princier, un hommage à Sa Majesté Elizabeth II, que personne n'a jamais paparazziée topless au bord d'une piscine, mais dont on remarquera la Patek Philippe sertie (Golden Ellipse)...
 
 
 
 
〓 L'ÉDITO DU JOUR  :
Réflexions d'un lundi matin pour éclairer l'air du temps
••• Une même lettre : A. Deux acteurs : Apple et Arnault. Trois leçons au programme : géométrie, chimie, économie. Pour la géométrie, on va parler de géométrie dans l'espace : félicitons-nous ["nous" = industrie horlogère] que la direction d'Apple ait renoncé – sans doute provisoirement – à ses projets de lancer une montre. Ce n'est sans doute que partie remise et il se prépare de grandes manoeuvres sur ce terrain [voir ci-dessous notre "mauvaise nouvelle du jour"], mais l'espoir fait vivre...
••• Pour la chimie, l'expérience Bernard Arnault a servi de démonstration in vivo pour illustrer la sur-réactivité de l'opinion publique dès qu'on lui chatouille les moustaches. La manoeuvre était habile, mais les énergies accumulées dans le corps social sont incommensurables et surtout irrépressibles dès que s'enclenche une réaction en chaîne. Avec sa Une provocatrice, Libération savait surfer sur une vague très forte d'indignation anti-riches. On ne joue pas avec les affects du bon peuple (Business Montres du 10 septembre), sinon ça explose et les dégâts sont incalculables avec l'hyperréactivité dont fait preuve notre société en ambiance 2.0...
••• Enfin, la leçon d'économie nous est donné par Apple : zéro dépense de communication pour son annonce du nouvel iPhone 5 à Cupertino, mais un seul journal télévisé qui n'ait traité le sujet, où que ce soit dans le monde. Il suffit ainsi d'un téléphone pour polariser les téléphones à une échelle planétaire, en s'évitant de dépenser des centaine de millions de dollars de publicité. Au-delà de cette économie de moyens, on peut s'intéresser à l'impact : on aimerait qu'il en soit ainsi pour l'horlogerie – mais on ne parle jamais de nos nouveautés [nos = les lancements de toute l'industrie] que dans le premier cercle des convertis ou dans le second cercle des aficionados. Au-delà, les montres n'occupent l'actualité que pour de mauvaises raisons : la collection d'un narcotrafiquant enchristé, la parure ostentatoire d'un président, un déluge de dollars sous le marteau d'un auctioneer. Depuis dix ans, de quelle montre a-t-on parlé, hors de nos "frontières" spécialisées, sans polémique émotionnelle ou calcul politicien ? Tout au plus peut-on mentionner la Big Bang, et encore plus à propos de son gourou charismatique que de la montre elle-même. Il y a longtemps que la Swatch ne fait plus la Une comme dans les années 1980. À l'époque, Ebel (par son faste), Cartier (par ses fêtes), Omega (par son cinéma), Breitling (par ses avions) ou TAG Heuer (par sa pub) pouvaient encore déborder hors du pré-carré horloger. Aujourd'hui, la voix des marques est noyée dans le bruit de fond du haut-parleur planétaire : Neil Armstrong peut mourir sans qu'Omega bouge le petit doigt. Du coup, c'est Seiko qui préempte les Rolling Stones [voir ci-dessous notre "légende du jour"] et la légende Star Wars. Hors jeu dans les médias mainstream, qui lui reprochent d'être trop cousue d'or pour intéresser l'opinion, l'horlogerie suisse serait-elle en train de sortir du radar "culturel" de nos contemporains ? Ce n'est pas sur le banc de touche qu'on profite le mieux du match...
 
〓 L'ALLIGAT'OR DU JOUR  :
Il devait y avoir un roi Midas chez les crocodiliens...
••• Comme son nom l'indique formellement, mais ce n'est pas encore académiquement reconnu, l'alligator (alligator mississippiensis, de la famille des Alligatoridae chez les crocodiliens) se compose de deux parties. L'une est bien connue : l'alligat se compose de la peau [très prisée chez les horlogers], de la chair des os. La seconde partie est beaucoup plus contestée : l'or n'avait jamais été exploité par personne, jusqu'à ce que Franck Muller comprenne qu'il y avait de l'or dans l'alligator, tout comme Fawaz Gruosi avait compris que le diamant noir était en diamant avant d'être noir et tout comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. De cet or de l'alligator, la marque a fait le coeur d'un concept horloger assez rigolo, qui reprend partiellement l'idée du Black Croco (Business Montres du 10 novembre 2010), mais en le hissant vers des sommets d'ostentation rarement égalés. À présent, l'or du boîtier répond à l'or du cadran : encore un petit effort pour crocodiliser l'or du bracelet, histoire de parvenir à un Gold Croco en version full shining – sûr que ça fera de l'effet quelque part entre Hong Kong et Singapour ! Esthétiquement, l'effet est bizarre, mais on finit par s'habituer : ça pourrait ressembler à une peau de reptile qui aurait été touchée par le roi Midas. La réussite vient probablement des chiffres arabes "explosés" qui sont creusés et colorisés dans le cadran. Ce Gold Croco furieusement franckmullerien est la première réponse convaincante à la lancinante question du Swiss Made pour ce qui concerne l'alligator, la Confédération ne pratiquant pas l'élevage : en version gold, c'est incontestablement beaucoup plus Swiss Made que les peaux de reptiles utilisées par toutes les marques. Avantage très positif de ce Gold Croco : en comblant la crocomanie de quelques fraîches fortunes, il épargnera – peut-être – la vie de quelques Mississippiensis dans ces fermes américaines où on les rend obèses pour qu'ils "produisent" quelques centimètres carrés de peau supplémentaires...
 
 
 
 
〓 LES CHAISES MUSICALES DU JOUR  :
Les mouvements tectoniques de la plaque continentale horlogère...
 
••• AUDEMARS PIGUET : Sébastien Vivas, qui avait jusqu'ici la responsabilité du patrimoine et musée Jaeger-LeCoultre du Sentier, change de musée ! Toujours dans la vallée, cet historien de l'horlogerie rejoint le musée Audemars Piguet, au Brassus, où il remplacera l'irremplaçable Martin Wehrli (ex-responsable du patrimoine de la manufacture, qui avait passé vingt ans dans la maison)...
 
••• CARL F. BUCHERER : un nouveau directeur commercial-marketing pour Carl F. Bucherer. Roland Ackermann (ex-Oris Allemagne et Asie) sera vice-président de la marque dirigée par Sascha Moeri et il entrera également au conseil d'administration...
 
••• LALIQUE : vétéran du luxe et passionné d'horloger, Christian Louis Col (ex-Richemont, ex-Golay Buchel, ex-Marvin, ex-Nixon, etc.) prend la direction commerciale internationale de la maison Lalique, qui s'était déjà relancée cette année avec une ligne de joaillerie [le premier métier du créateur René Lalique] présentée à Baselworld. Avec un tel pedigree, il suffit d'attendre pour voir arriver une collection d'horlogerie, d'autant que Silvio Denz, le repreneur-sauveteur de Lalique en 2009, est d'origine suisse...
 
••• TECHNOMARINE : sortie récente et discrète de Pierre Burban, qui était directeur des ventes internationales en même temps que fidèle relais de Christian Viros – lui-même écarté du conseil d'administration voici quelques semaines. Business as usual ?
 
••• VACHERON CONSTANTIN (1) : la nouvelle boutique de la marque, rue de la Paix, sera managée par la toujours souriante Christelle Konan, qui gérait jusqu'ici les relations publiques de Patek Philippe France après être passée par O.J. Perrin...
 
•• VACHERON CONSTANTIN (2) : pour ceux qui auraient manqué un épisode, la principale chaise musicale de la semaine dernière, c'était quand même l'éjection-surprise de Marc Guten (désormais ex-directeur marketing de Vacheron Constantin : révélation Business Montres du 14 septembre), qui était un pilier des "barons quinquagénaires" du groupe Richemont...
 
 
 
〓 L'ÉTUDE MARKETING DU JOUR :
Les coqs de village ne font pas avancer le schmilblick...
••• Le titre est alléchant, parce que le sujet peu abordé : "Étude de la communication en ligne des marques horlogères suisses". Le patronage est sécurisant : Institut du marketing horloger (Haute école de gestion). Le résultat est, en revanche, un peu décevant, alors qu'ils portaient sur 203 marques internationales. D'abord par la sélection conventionnelle des marques étudiées, dont l'étude (disponible en ligne) ne publie que le "Top 10" (Audemars Piguet, Breguet, Breitling, Hublot, IWC, Longines, Omega, Rolex, TAG Heuer, Swatch) : près de la moitié des marques de cette liste ne sont pas vraiment représentatives des initiatives les plus intéressantes de communication en ligne dans l'horlogerie. Le critère de taille (puissance) n'est en rien pertinent pour évaluer la qualité (influence) d'une communication en ligne : on pourra ici reprocher aux auteurs une approche un peu scolaire de leur sujet. Une "solide présence sur Internet" [on peur d'ailleurs contester cette "solidité"] ne dit rien de la compréhension par la direction des enjeux stratégiques du web 2.0. D'autre part, l'étude se focalise sur des vecteurs visibles et un peu datés du e-marketing : les sites Internet ne sont en rien signifiants d'une stratégie online cohérente – c'est seulement le service minimum qu'on peut attendre d'une marque [au même titre qu'une PLV pour les vitrines ou qu'un catalogue commercial]. Il y a trois ou quatre ans, on pouvait partiellement mesurer le QI digital d'une marque à son site Internet [un groupe comme Franck Muller n'en avait même pas !], mais plus maintenant...
••• D'autre part, cette étude – qui a au moins le mérite d'exister – fait preuve d'une certaine naïveté dans son approche là encore purement quantitative et descriptive des médias sociaux [d'ailleurs mis sur le même plan que les sites Internet, alors que la visée est substantiellement différente] : les chiffres ne veulent rien dire puisqu'on peut acheter les "amis", les Like et les followers par paquet de 1 000 ou de 10 000. On confond une fois de plus le Niagara et le goutte à goutte, dans un domaine où l'arithmétique n'a aucun sens : si on la compare aux actions des marques du "Top 10", l'acupuncture pratiquée par un Maximilian Busser (MB&F) à chacun de ses lancements est inversement proportionnelle, en termes d'efficacité, aux dépenses engagées, mais l'étude semble passer à côté. De même, l'approche helvéto-helvétique n'a guère de sens pour évaluer une communication par nature planétaire : les marques suisses sont en compétition avec les marques du monde entier. Les comparer entre elles revient à ressusciter les anciennes courses de clochers : parfait pour sacrer les coqs de village, mais pas pour faire émerger de vrais champions ou tracer les best practices ! Un seul exemple : Swatch n'a pas de concurrent en Suisse, mais souffre beaucoup de la dynamique Ice-Watch sur les médias sociaux...
••• Dommage qu'on soit passé à côté des vrais sujets. Quand on glisse comme conclusion, à propos de la communication en ligne, "c’est devenu une nouvelle plate-forme virtuelle créative et incontournable qui est le lieu de rencontre entre la marque et son client. Il ne faut donc ni éviter, ni sous-estimer l’importance de cet univers virtuel, mais l’utiliser de manière adéquate, en ligne avec la stratégie générale de la communication de la marque", a-t-on vraiment fait avancer le schmilblick ?
 
 
 
 
〓 LA MAUVAISE NOUVELLE DU JOUR  :
Des millions de dollars investis pour rien dans le iPod Nano carré...
••• Les projets de montres (boîtiers ou bracelets) développés autour du iPod Nano ne se comptent plus sur des sites de financement participatif comme Kickstarter, où des millions de dollars ont pu être levés par des geeks enthousiastes (voir notamment le cas LunaTik). Dans les heures qui avaient suivi le lancement de cet iPod Nano "carré", présenté comme une possible montre par Steve Jobs en personne, tous les opportunistes de cette planète avaient imaginé des dispositifs capables d'accrocher ce iPod Nano au poignet, ouvrant indirectement la voie à un retour en force des montres connectées, dont on continue à penser qu'elles représentent un danger potentiel pour l'horlogerie suisse (analyse Business Montres du 8 septembre). Manque de chance, tous ces projets tombent à l'eau : la firme de Cupertino vient de lancer un nouvel iPod Nano, qui remplacera le précédent [sorti des collections], mais qui sera importable au poignet puisqu'il est d'une forme rectangulaire à peu près impossible à caser sur un poignet [imaginez la Machine n° 2 de MB&F, mais en beaucoup plus grand]. Adieu, veaux, vaches, cochons : la méchante fée à la pomme a cassé le pot au lait de Perrette...
Pur sadisme ou inconséquence fâcheuse de la part des seigneurs de Cupertino ? Pas sûr ! Ce lancement de cet iPod rectangulaire semble au contraire très significatif. D'abord de la façon dont Apple "tient" son marché : les parasites du bracelet iPod viennent de l'apprendre à leurs dépens et ça leur coûtera quelques dizaines de millions de dollars. Samsung l'avait oublié et cette leçon de marketing territorial coûtera aux Coréens un milliard de dollars ! Aucune marque ne peut tolérer longtemps la prolifération de saprophytes dans son espace vital. D'autre part, tout se passe comme si Apple procédait au nettoyage de ce marché encore très périphérique par rapport à son core business pour mieux y revenir par la suite et pour y imposer, sans concurrence, un concept 100 % cupertinien : on défriche, on arrache les mauvaises herbes et on crée un jardin là où il n'y avait qu'une jungle ! De toute évidence, la montre Apple, c'est pour demain : pas pour s'en prendre agressivement à l'horlogerie suisse [vu de la Silicon Valley, La Chaux-de-Fonds, c'est tout petit], mais pour de simples et prosaïques questions physio-ergonomiques. On en revient au marketing territorial : le poignet est l'endroit idéal pour loger un écran déporté relié à un smartphone. La compétition n'est donc pas technologique, mais purement et simplement topologique : "Pousse-toi de là que je m'y mette !" – une banale querelle territoriale...
 
 
 
〓 LA LÉGENDE DU JOUR :
Les Rolling Stones ont choisi Seiko pour nous tirer la langue...
••• On se demandait si une marque suisse aller oser dédier une montre à la légende des Rolling Stones. Manqué ! C'est Seiko qui a décroché le contrat [prix inconnu], avec une montre Galante dédiée au cinquantenaire de la formation du groupe anglais (image ci-dessous : remerciements SJX). Rien d'exceptionnel dans le traitement du cadran, qui reprend le fameux logo à la langue tirée, tout de même impressionnant avec les 45 mm du boîtier. Un clin d'oeil avec l'ouverture dans le fond de la montre : on y découvre le balancier de cette montre mécanique à travers un "hublot" aux couleurs de l'Union Jack. Le choix du boîtier Galante est un mystère pour cet hommage aux Rolling Stones, mais on remarquera qu'il n'est pas très éloigné des boîtiers du seul spécialiste suisse des légendes contemporaines : le Moon Invader de RJ-Romain Jerome. On ressent la même impression de proximité avec RJ-Romain Jerome face au choix des chiffres romains hypertrophiés (eux aussi caractéristiques des récentes DNA Legends).
 
(remerciements : XJS)
••• Une dernière remarque : après la série des montres Star Wars lancée pour le 35e anniversaire de la saga cinématographique, Seiko persiste et signe dans cette veine mémorielle avec les Rolling Stones : ce n'est sans doute pas à cause d'un instinct rétro-nostalgique, mais plutôt le signe d'une contre-offensive marketing qui échappe à la fois à l'obsession des volumes marchands (l'entrée de gamme Seiko) et au culte de l'exclusivité mécanique parasuisse (Grand Seiko). Le groupe japonais tente de se reconquérir une âme et une identité culturelle en retrempant ses racines dans les mythes de notre temps : c'est original et les Suisses devraient y regarder de plus près...
 
 
 
〓 LA MONTRE DU JOUR :
Le grand frisson mécanique en plusieurs dimensions sur plusieurs axes...
••• Un blogueur américain se demandait récemment si les tourbillons avaient encore de l'intérêt (Ariel Adams pour Forbes). Question de sensibilité et de culture, probablement. Le nouveau tourbillon Bi-Axial de Girard-Perregaux, qui vient d'arriver sur le marché après quatre ans de mise au point, sera à lui seul une excellente réponse à cette inquiétude sur l'avenir d'une complication controversée. Pour commencer, un premier point : Girard-Perregaux a osé un esthétique non pas rupturiste [quand même, il ne faut pas pousser !], mais avant-gardiste pour ce tourbillon deux axes : boîtier en titane noir (45 mm) et architecture contemporaine répondent bien à l'esprit high-tech de cette montre à remontage manuel (deux barillets pour 72 heures de réserve de marche). Le mouvement témoigne également du savoir-faire de Girard-Perregaux, dès qu'on cesse d'y rabâcher le trois-points d'or : deux cages concentriques permettent à l’organe réglant d’effectuer des rotations multi-dimensionnelles, dans une infinité de positions – ce qui était bien, à l'origine, le but recherché par Abraham Louis Breguet [même si on peut contester son utilité sur une montre-bracelet par nature en mouvement dans l'espace]. 0,8 gramme pour les deux cages et leurs 110 omposants : on imagine la complexité de la construction ! La cage interne (celle qui porte le balancier, le spiral et l’échappement) fait un tour complet autour de son axe en quarante-cinq secondes. La cage externe effectue sa rotation sur un second axe en une minute et quinze secondes. Révolution complète en trois minutes et quarante-cinq secondes : impressionnant et, on nous le garantit, très efficace pour la précision de la marche...
 
 
••• Comme il n'y en aura que huit sur le marché [ça, c'est de l'exclusivité !] et que cette planète compte plus de huit collectionneurs de ces "machines" infernales, on peut parier que ce Bi-Axial est une future star des enchères. On en retiendra la perspectives qu'il ouvre sur l'avenir du tourbillon : en soi, la complication est banalisée [139 marques en proposent ou en ont proposé, selon nos dernier pointages] et désormais internationalisée [des horlogers de 12 pays proposent leur version "manufacture], sinon même ridiculisée par les marques qui en achetaient sur étagère pour justifier des prix qui relevaient de l'extorsion de fonds. En revanche, on compte sur les doigts des deux mains [et encore, pas tout-à-fait les deux! ] les maisons qui maîtrisent le multi-axes. Il faut donc regarder du côté des tourbillons alternatifs – TGV à la Franck Muller, différents, multi-dimensionnels, innovants – pour espérer créer une différence en logeant un tourbillon dans une montre. Autre élément intéressant pour ce Bi-Axial : il augure bien de la relance de Girard-Perregaux, qui nous prépare pour Bâle de la très haute complication super-alternative [merci, Dominique Loiseau] sans pour autant négliger de se refaire une santé sur la base de sa pyramide de prix : côté sport chic, ça va déchirer ! Le soleil se lève peut-être sur les futures remplaçantes de la Big Bang...
 
 
 
〓 LA SÉANCE DE RATTRAPAGE DU JOUR :
Tout ce qu'il ne fallait pas manquer la semaine dernière dans Business Montres...
 
••• Game over pour Marc Guten, pilier historique du marketing Vacheron Constantin : "Charlie" Torres fait le ménage en misant sur les quadras résilients plutôt que sur les opulents quinquas (Business Montres du 14 septembre)...
 
••• Révolution mécanique dans le tourbillon, avec une cage qui tourne sur elle-même 12 fois plus vite que ses concurrentes : un tour toutes les cinq secondes (Business Montres du 14 septembre)...
 
••• Un "fly-bec", c'est une aiguille rétrograde en bec de faucon : une intéressante innovation horlogère, à découvrir sur la nouvelle Urwerk 210, analysée par Business Montres le 12 septembre...
 
••• Un duel de luxe entre les rouages et les roues : le nouveau chic prolétaire de luxe exige non plus des montres au poignet, mais les pieds sur des pédaliers de haute mécanique (Business Montres du 15 septembre)...
 
••• Deux bouquets pour les mandarins nostalgiques : si vous n'avez jamais vu d'enchères millionnaires pour des montres "chinoises", retenez un fauteuil pour la prochaine vente Christie's (Business Montres du 16 septembre)...
 
••• "On ne joue pas impunément avec les affects du bon peuple" : un décodage non-conformiste de l'affaire Bernard Arnault qui joue avec les allumettes sur une poudrière sociale (Business Montres du 10 septembre)...
 
••• La Légion d'honneur de Carlos Rosillo (Bell & Ross), l'"échappement naturel" de la prochaine Optimum lancée par FP Journe, le beau mec avec une Chanel, le iPhone 5 qui se prend pour une montre suisse ou l'arrivée de Montegrappa sur la scène horlogère : c'était avec le Sniper du Vendredi...
 
••• Brandon Thomas qui ne "conserve" plus le musée Omega, Antiquorum qui recrute en Italie, le marché américain du luxe qui n'est toujours pas au niveau de 2009, les personnages de Star Wars pour rhabiller Seiko ou l'ex-académie militaire Time Crafters : c'était au menu du Pique-nique du Jeudi...
 
••• Le coup de poing de Jean-Claude Biver à Las Vegas, les doutes qu'on peut avoir sur le succès de la collection Onde (dernier espoir pour Ebel), les grosses montres pour les gros bras californiens, la Biennale des Antiquaires comme cour de récréation pour la place Vendôme, la montre qui fait tout pour ne pas se faire remarquer : c'était à lire dans le Zapping du Mercredi...
 
••• Une alerte sur l'indicateur de dépense énergétique de la nouvelle Urwerk 210 (avec un indice sur le Faucon maltais), une correspondance inconnue des frères Bovet sur le marché chinois au XIXe siècle, une montre-menotte, Pac-Man chez Colette ou le retour de Mars orchestré par Louis Moinet : c'était dans Les SMS du Mardi...
 
••• Le retour de Tiffany & Co sur le marché horloger, l'heure sautante planétaire de Fortis, l'annonce d'un indicateur d'efficacité dynamique au poignet, l'atterrissage de Guy Chatillon (ex-Ralph Lauren) chez Van Cleef & Arpels, le prochain quart de siècle de pouvoir assumé au Swatch Group par la famille Hayek : c'était dans Le 360° du Lundi...
 
••• Et toujours, comme tous les jours dans le Quotidien des Montres : les liens et les lectures utiles de la page Périscope Attitude, les vidéos de Business Montres Vision, les rendez-vous de l'Agenda horloger, les nouvelles marques de l'année et toutes les autres rubriques d'un information en toute liberté et en toute curiosité...
 
 
 
〓 LES ACTUALITÉS HORLOGÈRES DU JOUR :
Notes prises à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité...
 
••• TOP MARQUES MONACO : pour le dixième anniversaire de ce salon montres-yachts-voitures [concept unique], beaucoup de bonnes surpriss annoncées. Notamment l'ouverture d'un nouveau département : le Top Marques Bikes devraient consacrer les vélos (très haut de gamme : carbone, titane, etc.) comme nouveaux objets du luxe, à exhiber impérativement pour épater les copains. En Chine, ça tourne à la folie pour la mode de ces vélos de luxe, souvent griffés par des grandes marques (édition chinoise du  Wall Street Journal), à propos desquels on peut se reporter à la chronique Business Montres du 15 septembre ("Un duel de luxe entre les rouages et les roues")...
 
••• TOP MARQUES MACAO : changement de dates pour l'édition 2013, avec un transfert vers les 16-19 mai, toujours au Venitian, en attendant une diversification vers l'organisation d'un Top Marques Singapour, pour lequel les marques montrent localement beaucoup d'intérêt.
 
••• PÉQUIGNET : ça commence à tousser très fort ! La pression des fournisseurs arnaqués par la fabrique de Morteau commence à monter : 4,2 millions d'euros de dettes pour un passif de 14,6 millions d'euros creusés en trois ans ! Apparemment, les repreneurs proposent aux fournisseurs de s'asseoir sur les deux-tiers de ces créances contre la promesse d'être remboursés du reste en 2013 et 2014 – deux ans pour lesquels on a établi des budgets prévisionnels absolument paradisiaques. Evidemment, Business Montres est mobilisé pour vous en dire plus dans les jours qui viennent, mais les "chevaliers blancs" (Spruch & Katz) sont pour l'instant aux abonnés absents...
 
••• SNYPER : évolution esthétique intéressante de la Snyper de base [dont le design très années 2000 commence à dater], avec un modèle IronClad annoncé pour la fin de l'année (ci-dessous). On a aménagé les angles, retravaillé la fluidité et presque humanisé l'architecture, tout en conservant le concept modulaire (accessoires qui s'ajoutent à la montre à partir de l'accrochage prévu à 9 h)...
 
••• VAN CLEEF & ARPELS : coup d'éclat judiciaire dans le procès qui oppose la marque à un de ses anciens designers, Thierry Berthelot (décodage Business Montresdu 12 juin dernier). La cour d'appel, contredisant la décision du tribunal correctionnel sur un dossier connexe (relaxe pour Thierry Berthelot), vient au contraire de donner raison à Van Cleef & Arpels en reconnaissant la notion de procédure abusive et en condamnant Thierry Berthelot à lui verser 10 000 euros "en réparation du préjudice subi du fait de l'absence de restitutions des dessins litigieux". Ce procès était, pour toutes les marques de luxe, un "cas d'école" : le bijou est-il ou non une "oeuvre collective" ? Si oui, "le dessinateur ne peut pas se présenter comme créateur et faire comme si tous les artisans joailliers qui concourent à réaliser le bijou n'étaient que des exécutants", a-t-on entendu à l'audience. Si non, le bijou devient une oeuvre première, ce qui obligerait tout le monde à recalculer les droits de propriété intellectuelle. La suite au prochain épisode judiciaire...
 
••• SEIKO : pour les vrais fans de la marque, le dernier livre (en japonais) qui raconte tout sur les montres "professionnelles" Seiko, les plongeuses, les aviatrices et les montres de chemins de fer, puisque "c'est l'âme japonaise qui anime ce fourneau horloger"...
 
••• MARINES WRIST ARMOR : une nouvelle marque dans l'univers (encombré) des montre dédiées aux Marines américaines (USMC : "The few. The proud"). Marines Wrist Armor nous arrive logiquement des Etats-Unis et sera donc la référence # 68/Génération 2012. Rien de réglementaire donc, mais du régimentaire pur et dur dans ces montres supposées "viriles" (ci-dessous) et en tout cas aspirationnelles, vendues en ligne autour des 200 dollars...
 
••• LA NOSTALGIE N'EST PLUS CE QU'ELLE ÉTAIT : alors que Bob Dylan chante l'agonie du Titanic dans son dernier album, Tempest, la presse mexicaine s'indigne qu'un narcotrafiquant soit en possession de montres réalisées avec des fragments du Titanic (source : El Universal Nación)...
 
••• 2 500 TONNES D'OR : une vidéo exceptionnelle sur la salle souterraine de la Banque de France, où la France entrepose ses réserves monétaires – de quoi faire saliver tous les Arsène Lupin de cette planète (Banque de France)...
 
••• LE DÉCLIN DES MARQUES DE LUXE : les baisses d'activité constatées par Burberry, Tiffany & Co ou Harry Winston annoncent-elles un Watchmaggedon pour l'horlogerie suisse ? Brandchannel n'est pas loin de le penser et s'interroge, sans y croire, sur la fin de la "bulle du luxe". Sur le même sujet, on lira avec profit le blog de Charles Stanley, This is Money : lui aussi est relativement optimiste sur une reprise après une halte...
 
••• APPLE iPHONE 5 : décidément, les comparaisons se multiplient entre Apple et les montres suisses. Après l'hommage officiel du lancement du nouvel iPhone 5 (Business Montres du 14 septembre), on compare maintenant ce smartphone à "une Rolex au milieu d'un océan de Timex" (Apple Insider). Sous-entendu : pourquoi acheter une Timex quand on peut avoir une Rolex pour le même prix ?
 
••• UN ROMAN POLICIER PLATINOÏDE : un véritable film à suspense, cette quête des masses oscillantes en platine réalisées par Abraham Louis Breguet. Il s'agit d'un "post", passionnant de bout en bout, suivi sur Horlogerie suisse par Cepheus1960, qui réussit à tout nous raconter en quelques séquences physico-chimiques entrecoupées de pistes de recherche suggérées par ses lecteurs. Des pages qui ressemblent à un vrai polar historico-horloger et qui valent tous les documentaires façon "Il était une fois dans la vallée de Joux"...
 
 
D'AUTRES ACTUALITÉS HORLOGÈRES EN LIBERTÉ...
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