LUNDI : Les contrats léonins que le Swatch Group veut imposer à ses clients
Le 09 / 07 / 2012 à 03:56 Par Le sniper de Business Montres - 3358 mots
Comment la Comco suisse se laisse dicter sa loi par le Swatch Group : les documents confidentiels ci-dessous le prouvent...
La vigie du lundi attire votre attention sur quelques actualités intéressantes...
❏ LES BONS CONSEILS DU LUNDI...
••• POUR UNE RECHERCHE SUR GOOGLE : REMPLACEZ ! Certaines recherches portant sur d'anciens articles de Business Montres vous renvoient, parfois mais pas toujours, à une ancienne adresse, mais s'ouvrent …
Comment la Comco suisse se laisse dicter sa loi par le Swatch Group : les documents confidentiels ci-dessous le prouvent...
La vigie du lundi attire votre attention sur quelques actualités intéressantes...
❏ LES BONS CONSEILS DU LUNDI...
••• POUR UNE RECHERCHE SUR GOOGLE : REMPLACEZ ! Certaines recherches portant sur d'anciens articles de Business Montres vous renvoient, parfois mais pas toujours, à une ancienne adresse, mais s'ouvrent sur le nouveau site. Il suffit de remplacer le "www." de cette ancienne adresse par "archive." (au singulier) pour accéder à l'ancienne page...
••• POUR DES LECTURES UTILES : CLIQUEZ ! La page Périscope Attitude vous propose, quotidiennement, de huit à dix liens pour des "lectures utiles" qui permettent de mieux comprendre l'horizon sociétal dans lequel l'industrie horlogère est appelée à évoluer. Ces liens sont rafraîchis en permanence, en temps réel, au fur et à mesure que nous en découvrons d'intéressants. Ils ne sont pas systématiquement repris dans les pages d'actualités du Quotidien des Montres...
❏ LA GRANDE FÊTE OFFERTE PAR RICHARD MILLEà plus de 110 000 amoureux des belles mécaniques aux courbes voluptueuses...Même ceux qui n'auraient pas su qui était Richard Mille [un monsieur qui fait des montres] avant de venir au Mans Classic ont fini par le deviner tellement la signalétique Richard Mille était omniprésente sur le circuit de la Sarthe, où se courait, le mois dernier, les Vingt-Quatre Heures du Mans. Pour Le Mans Classic, ce week-end, le rendez-vous concernait les automobiles anciennes [toutes catégories confondues, du "Tube" Citroën à la Jeep du débarquement, en passant par de sublimes cabriolets de l'âge d'or des voitures françaises, avec des marques totalement disparues] et les voitures de course vintage dont certaines avaient couru les Vingt-quatre Heures, voici plusieurs décennies : en tout, 8 000 voitures, une foule de 110 000 visiteurs, une vente aux enchères fastueuse et des "plateaux" automobiles (regroupement de voitures par catégorie d'âge) encore plus relevés que lors des éditions précédentes. Un événement de plus en plus marquant et "incontournable" en Europe occidentale, qui donne à Richard Mille l'occasion de faire communier autour des valeurs de la mécanique le grand public des amoureux de l'automobile. Chic suprême, qui est l'élégance naturelle de ce M. Mille qui fait semblant de ne pas faire de marketing (alors que son approche est diaboliquement efficace) : pas une seule montre Richard Mille en vente sur le circuit, pas même à la boutique Richard Mille qui n'exposait que des maquettes de voitures anciennes. La seule qu'on pouvait admirer était sur le flanc des paddocks, sur 15 m de haut (ci-contre : voyez les stands au-dessous pour avoir une idée de la taille), face au "Village" où se vendaient, en revanche, de nombreuses montres vintage – vraies et fausses, patinées ou bidouillées – qui évoquaient le sport automobile. Pour mieux comprendre quelle place Richard Mille tient au Mans Classic et ce qu'il y fait : une analyse à chaud de Business Montres (8 juillet).
••• Au passage, un ancien Premier ministre français croisé devant la loge Richard Mille : François Fillon en personne, aussi chic en combinaison de pilote [il avait séché une séance de guérilla interne à l'UMP pour s'offrir ce plaisir] qu'en costume de nouveau député de Paris? A son poignet, une "grosse patate" nettement moins chic – sans doute ce chrono IMT dont il doit croire que c'est encore la mode (la marque a disparu corps et biens). Il faudrait peut-être se dévouer pour lui offrir une "vraie belle montre", non ?
❏ L'ADDITION SPÉCULATION-CORRUPTIONqui explique en partie l'envolée du marché des montres en Chine...Attention, un Chinois peut en cacher un autre ! Cette alliance de la spéculation et de la corruption n'a pas été correctement étudiée jusqu'ici, mais elle peut expliquer la fièvre, sinon la "bulle du shopping horloger" en Asie, où tous les "nouveaux faux riches" et tous les "faux nouveaux riches" se sont mis à croire, au même moment et avec la même démarche magique, que les montres étaient plus une source de profits futurs qu'un objet de collection, en même temps qu'une forme de "monnaie parallèle" pour des transactions non avouables. Une monnaie physique, qui valait bien les tulipes hollandaises du XVIIe siècle (celles de la tulipomanie), les banknotes de Law au XVIIIe siècle ou les start-ups Internet du XXIe siècle. Manque de chance, les mutations sociétales, additionnées aux changements politiques et à la récession économique, condamnent cette monnaie – qui perd brutalement sa valeur. Le réveil s'annonce très difficile pour les "amateurs" chinois, qui aimaient plus, semble-t-il, investir dans l'horlogerie plutôt que de vraiment se passionner pour les montres : analyse Business Montres du 7 juillet...
❏ LA TRADITIONNELLE SÉANCE DE RATTRAPAGEpour ne rien manquer d'important des informations de la semaine dernièreRevue de presse rapide de la semaine horlogère dans Business Montres, avec une sélection non exhaustive de quelques-unes des informations les plus significatives, publiées ici en exclusivité, en priorité et, surtout, en toute liberté éditoriale...
••• François Tissot (ex-Chopard), entre au conseil d'administration d'Audemars Piguet : "non officiel et non autorisé", comme il se doit, mais vous lirez le communiqué officiel la semaine prochaine (jeudi)...
••• L'hommage de l'horlogerie suisse 'RJ-Romain Jerome) à la statue de Liberté, dont on pourra porter un fragment de la robe au poignet (mardi)...
••• Les mauvais comptes qui ne font pas les bons amis des montres suisses, avec les courbes du coup de frein sur le marché horloger à Hong Kong (mercredi)...
••• Comment le Swatch Group vient de mettre la main sur 20,4 % du premier groupe de distribution horlogère en Chine, et pourquoi ça ne l'emballe pas (mardi)...
••• L'entraînement-congélation du chrono Zenith El Primero qui fera bientôt le grand saut dans l'espace, à 36 km d'altitude (jeudi)...
••• Le coup d'épée dans l'eau des professionnels réunis au sein de HorloExpo (exposants des salons horlogers), qui repoussent leur décision de soutenir l'un ou l'autre des salons concurrents (mercredi)...
••• Le nouveau Guide de l'horlogerie préparé par Movment : un positionnement marketing très malin pour cibler au plus près la clientèle chinoise (vendredi)...
••• Les nouveaux rapports de force sur la place Vendôme : qui fait la loi à l'ombre de la colonne (lundi) ?
••• Les mammouths qui roulent des mécaniques, avec le premier mouvement en ivoire fossile pour une montre-bracelet (mercredi)...
••• L'Opus 12 (Harry Winston) facturée 250 000 euros qu'on peut avoir pour 2 500 euros en répondant à six questions (vendredi)...
••• Le Baromontres exclusif de l'actualité horlogère : les caprices du temps qui passe pour le mois de juin (mardi)...
••• Et tout le reste : les chaises musicales, les nouvelles marques, les nouvelles montres et les nouveaux objets du temps de la semaine, Yoda qui s'installe dans un fauteuil présidentiel en Vallée de Joux (lundi), la série limitée Hublot pour rendre hommage à une série limitée (mardi), le trésor de guerre de 1,17 milliard d'euros qui va pousser les Galeries Lafayette à des achats horlogers (lundi), le nouveau concessionnaire Harley-Davidson de Genève (jeudi), le GMT mécanique manuel le moins cher du marché (lundi)...
❏ LA DERNIÈRE LIGNE DROITE POUR PÉQUIGNETdont le sort (relance ou liquidation) sera scellé le 23 juillet prochain...La Grande Boucle passait ce week-end par Besançon, mais, pour quelques repreneurs potentiels de Péquignet comme pour l'actuelle direction, ce n'était pas le moment de baguenauder autour de la caravane du Tour. La "grande boucle", ces jours-ci, c'était pour eux la finalisation et le bouclage du dossier de reprise de Péquignet ! Plus que quinze jours pour sauver l’entreprise et sa quarantaine d'emplois ! On saura le 23 juillet si le projet de relance présenté par l’actuelle direction est accepté par les administrateurs judiciaires et si le mystérieux « groupe investisseur » a été jugé crédible. La partie de poker menteur entre les vrais et les faux repreneurs potentiels continue. Le nom de Festina est sur toutes les bouches, mais la rencontre entre Miguel Rodriguez (le patron de Festina) et l’actuelle direction n’a pas débouché sur une grande histoire d’amour – loin de là, ni sur une envie de travailler ensemble ! Miguel Rodriguez, qui sait compter et qui a les connexions nécessaires dans les ateliers suisses qui ont créé et réalisé le mouvement mécanique Calibre Royal, a une idée très précise des trois à quatre millions qui restent à investir pour achever la mise au point et la fiabilisation industrielle de ce mouvement, même s’il devait le rapatrier dans ses propres ateliers de la Vallée de Joux…
••• En revanche, l’enfumage des médias locaux continue, avec l’habituel renfort des idiots utiles bien briefés pour la circonstance par le génie des alpages mortuacien. À Paris, Péquignet n’ayant pas réglé ses factures publicitaires, plus personne ne le prend au téléphone. Sur place, il reste quelques gogo dancers pour relayer avec force contorsions les « éléments de langage » de la marque. Récemment, L’Est républicain continuait à expliquer à ses lecteurs que ce Calibre Royal est le premier mouvement mécanique réalisé en France depuis Lip, il y a quarante ans ! Deux âneries dans une même phrase, c’est énorme !
••• Première contre-vérité : en région parisienne, la maison BRM a lancé deux mouvements automatiques manufacture, dont un tourbillon, bien avant que Péquignet ne présente le sien. La manufacture Fabrication de montres normandes (Karsten Frasdorf) a également créé son calibre mécanique à grand balancier deux ans avant Péquignet. Technotime continue à exploiter en Suisse le mouvement mécanique conçu et réalisé en France avant la liquidation de l’entreprise et sa renaissance de l’autre côté de la frontière, deux ans aussi avant Péquignet…
••• Seconde stupidité : même s’il a été pensé par des Français (dissidents d’une manufacture de complications suisse), ce Calibre Royal a été réalisé en Suisse, par des ateliers suisses suffisamment bien connus dans la Watch Valley pour qu’on ne reprécise pas leur nom. L’ingénierie est donc franco-suisse. Les machines qui ont réalisé les composants sont suisses. Les sous-traitants spécialisés sont suisses. Les copeaux sont suisses, même si le marketing et le coup de peinture final sont tricolores ! "Les cons, ça ose tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît", disait Michel Audiard (Les Tontons flingueurs). Péquignet était la seule marque sur cette planète – où seul le label Swiss Made fait référence – à payer très cher des mouvements à peu près totalement commandés en Suisse, pour les rapatrier en France et les rebaptiser Made in France : c'est ce qu'on appelle de la destruction de valeur...
••• Il faudrait peut-être cesser d’ajouter une imposture médiatique au désastre économique de cette aventure. Plus que quinze jours (dix en enlevant les week-ends) pour y voir clair et, on l’espère, assister à la relance de Péquignet sur des bases saines – détoxiquées de tout parasitage familial comme de tout clientélisme politique…
❏ LE SWATCH GROUP DICTE SES CONDITIONS POUR STOPPER SES LIVRAISONSUne traduction en français pour ceux qui n'auraient pas compris l'allemand de la version originale...••• Le document est évidemment "confidentiel", interdit de communication à la presse et il a fallu se battre pour en obtenir une version française, alors que seule la version allemande fait juridiquement foi [c'est une pratique linguistique bizarre de la Comco, Commission de la concurrence en Suisse]. Il s'agit du projet de convention amiable passée entre le Swatch Group et la Comco, à propos de l'annonce de cessation des livraisons faite par le Swatch Group, qui, "confronté à des problèmes de capacité pour satisfaire les besoins de ses propres entreprises, entend reconsidérer son rôle dans le secteur de la livraison"...
••• On imagine bien que cet projet de convention amiable, pour lequel la Comco sonde les concurrents du Swatch, est très loin de faire l'unanimité. On peut même dire que les marques sont vent debout contre un "accord amiable" qui revient, en fait, à les faire passer sous les fourches Caudines du Swatch Group. Fantasme ou réalité ? A chacun d'en juger grâce aux documents ci-dessous, dont on excusera la qualité et le découpage – mais chacun imagine bien qu'il n'était pas question de le communiquer aux journalistes un peu trop curieux, surtout en français à des journalistes francophones...
••• Viennent ensuite quelques considérations sur les mesures dérogatoires, soumises au bon vouloir de l'administration de la concurrence, notamment les points B, C et D ci-dessous, mais on pourra estimer léonines les dispositions amiables concernant les prix [avec des amis comme ça, on n'a guère besoin d'ennemis]...
••• Le dernier point de cette convention amiable constituerait à lui seul un abus de position dominante, mais on laissera à chacun le soin d'en juger, en dégustant chaque paragraphe des deux documents ci-dessous. Swatch Group et Nivarox s'offrent le droit d'intervenir dans la politique commerciale de leurs propres clients. La lutte anti-contrefaçons a bon dos dans cette convention asymétrique : tous les droits pour les autres, tous les devoirs pour les autres...