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MARVIN : La tête hors de l’eau, les pieds sur terre et les yeux fixés sur de lointains horizons asiatiques...

Poussée à la faillite par la piteuse défection de son actionnaire, puis de son banquier, Cécile Maye a trouvé un nouvel investisseur chinois pour recréer la marque. La petite dame aux grandes ambitions va enfin pouvoir lancer la fabrication de toutes les commandes signées à Baselworld – même si la suite s’annonce problématique... ▶▶▶ UN SAUVETAGE IN EXTREMIS« Bien fol qui s'y fie (à son investisseur ou à son banquier) …


Poussée à la faillite par la piteuse défection de son actionnaire, puis de son banquier, Cécile Maye a trouvé un nouvel investisseur chinois pour recréer la marque. La petite dame aux grandes ambitions va enfin pouvoir lancer la fabrication de toutes les commandes signées à Baselworld – même si la suite s’annonce problématique...

Manjaz-Marvin
 UN SAUVETAGE IN EXTREMIS
« Bien fol qui s'y fie (à son investisseur ou à son banquier) »... 
 
◉◉ SOUVENT FEMME VARIE, DIT LE PROVERBE POPULAIRE – mais, dans le cas de Marvin, c’est la femme qui a montré le plus de constance et c'est l’investisseur qui a varié, faisant fléchir le banquier (bien fol qui s'y fie, ajoute le proverbe). Bien fols les indépendants qui se fient à leur investisseur ou à leur banquier, en effet : le rapport de forces est trop asymétrique ! On ne rappellera jamais assez l’influence tragique des investisseurs un peu myopes, qui ont du mal à accommoder au-delà du terès court et qui croient toujours que l’horlogerie est un long fleuve tranquille – comme un jack-pot dont on sortirait forcément gagnant. Une myopie qui pousse ces investisseurs, sympathiques mais pathologiquement en retard d’une guerre, à acheter au son du violon [quand tout le monde croit que tout est possible] pour vendre au son du canon [quand tout le monde ferme les volets en prévision de l’orage] – soit exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire ! Dans le cas de Marvin, l’actionnaire – une jolie fortune biennoise, qui peut se flatter d’autres investissements intelligents dans l’horlogerie – a tiré la prise précisément au moment où il ne fallait pas, c’est-à-dire quand en rentrant de Baselworld 2014 où la marque avait fait le plein de carnet de commandes (+ 60 %), avec des ouvertures de points de vente (notamment aux Etats-Unis) capables d’assurer une certaine pérennité au projet.
 
Cecile_MAYE◉◉ LA DÉFECTION NON ANTICIPÉE DE L'ACTIONNAIRE provoque généralement l'affolement du banquier. Business Montres (7 mai dernier) avait raconté l'histoire de ce lâchage au retour de Bâle, d'abord sans donner le nom du banquier, puis en le donnant (9 mai) tellement ce banquier (Banque cantonale de Neuchâtel) insistait pour nous dire que nous étions dans l'erreur à son sujet, sans d'ailleurs nous dire en quoi nous nous trompions dans la relation de ce lâchage. Résultat inévitable de cet affolement : la fin des lignes de crédit accordés à Marvin, l'impossibilité pour Marvin de passer des commandes pour les milliers de montres commandées par les détaillants et les agents à Baselworld et la faillite annoncée au bout de quelques semaines. Cécile Maye (ci-contre), qui tient la marque à bout de bras depuis qu'elle l'a relancée, voici près de six ans, n'avait plus qu'à les baisser (les bras) ou à se jeter dans ceux d'un nouvel investissement – ce qu'elle vient de faire...
 
◉◉ VOICI DÉSORMAIS MARVIN, MAISON SUISSE DEPUIS 1850, sous pavillon chinois [une chinoiserie de plus dans le paysage suisse !], puisque la marque a été rachetée, en totalité, par Keiran Renyong Wu, le jeune entrepreneur qui possède déjà la marque Manjaz, maison suisse (Welschenrohr, canton de Soleure) qui produit pas loin de 200 000 montres Swiss Made, inconnue en Europe mais fort bien distribuée sur les réseaux chinois. Keiran Renyong Wu assurait déjà la distribution en Chine des montres Marvin – autant dire qu'il était le mieux placé pour connaître la marque et en apprécier le potentiel. Keiran Renyong Wu (ci-dessous, avec vue sur le lac de Neuchâtel et en compagnie de Jean-Daniel Maye, co-relanceur de Marvin avec sa femme) possède également quelques usines du côté de Shenzhen, ce qui ne pourrait que simplifier les questions logistiques pour Marvin. D'autant que Marvin, qui a donc désormais la tête hors de l'eau et les pieds sur terre [même si cette terre n'est plus suisse] va déménager de son château de Vaumarcus vers la manufacture Manjaz de Welschenrohr. Les commandes passées à Bâle seront donc honorées et la marque va retrouver très rapidement, sur les réseaux chinois, l'oxygène qui se raréfiait pour elle en Europe : les facilités commerciales asiatiques se doubleront d'ailleurs de facilités industrielles pour l'approvisionnement à des prix moins coûteux en (vrais) mouvements suisses. L'équipe initiale de Marvin a été réduite à sa plus simple expression et assurera au moins la transition... 
 
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◉◉ ET MAINTENANT, QUE VA-T-IL SE PASSER ? Il n'est pas du tout que Cécile Maye se maintienne longtemps aux commandes : elle a de toute façon renoncé à toute participation au capital. Sa mission consiste actuellement à remettre en forme le business plan prévu à Baselworld, à tout réorganiser [aussi discrète qu'elle ait été, la faillite a passablement troublé tous les publics de l'entreprise] et à préparer les commandes pour repartir de l'avant, en synergie avec les équipes de Manjaz. Demain verra sans doute une autre configuration, pour Cécile Maye, qui ne manque pas de centres d'intérêt alternatifs, comme pour Marvin, qui ne peut que s'accrocher à son positionnement Swiss Made créatif et accessible – même si les prix mériteraient d'être rendus encore plus attrayants compte tenu de la faible notoriété de la marque et de son indépendance critique sur un marché dominé par des géants comme Tissot (Swatch Group). Alors que les détaillants, lassés par l'impérialisme commercial écrasant des grands groupes, commençent à trouver de l'intérêt aux marques indépendantes alternatives, Marvin constitue une option séduisante...
 
◉◉ ENCORE UNE MARQUE SUISSE SOUS CONTRÔLE CHINOIS ! Oui, et alors ? Il ne faut pas confondre les investisseurs asiatiques un peu brouillons [comme ceux de Corum et d'Eterna, qui paient très cher leur apprentissage difficile du métier d'horloger suisse] et les opérateurs capitalistes chinois implantés depuis longtemps sur ce marché de la montre et capables d'y opérer efficacement en toute discrétion, en jouant le jeu selon les règles et sans prétention à jouer un rôle qui ne serait pas le leur. La famille de Keiran Renyong Wu est de ces investisseurs avisés, qui savent que le Swiss Made est à la fois une épée et un bouclier – épée pour s'imposer sur des marchés où rament les autres marques suisses, mais bouclier pour authentifier leur légitimité sur ces mêmes marchés. Pour Marvin, c'est une nouvelle chance pour un nouvel épisode de la renaissance entreprise par Cécile Maye, mais ce n'est pas un chemin jonché de pétales et bordé de rosiers en fleurs...
 
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