BUSINESS MONTRES x ATLANTICO
Quand le rouge est tiré au sort et quand il faut 17 bouteilles pour avoir l’heure : c’est l’actualité printanière des montres
Mais aussi les codes identitaires d’une quinquagénaire en pleine forme, les files d’attente qui se reforment en boutique, le grand blanc du grand bleu, les cônes minimalistes, les vitrines de Moscou et la Wonder Week… Images ci-dessous : les nouvelles couleurs de la lune (MoonSwatch Omega x Swatch)…
••• Une page Atlantic-Tac à retrouver, comme chaque vendredi, sur Atlantico, le premier portail d’informations générales indépendant parmi les pure players numériques du web francophone (4 millions de visiteurs mensuels), un site classé comme un des plus influents de l'écosystème français...
SWATCH x OMEGA : On a remarché sur la Lune…
Vous allez forcément entendre parler de la MoonSwatch : c’est un des meilleurs « coups fumants » de cette rentrée horlogère. On a marié la Moonwatch d’Omega, ce chronographe Speedmaster réputé avoir marché sur la Lune, et une Swatch en « biocéramique » – une nouvelle matière respectueuse de l’environnement composée de deux tiers de céramique et d’un tiers de dérivés recyclés d’huile de ricin. Cette MoonSwatch reproduit fidèlement, dans des couleurs originales et décalées [notamment rose pâle et bleu layette, mais également vert, gris, bronze ou jaune : chaque couleur a son nom de baptême – ci-dessus : la Sun jaune ; ci-dessous : la Vénus rose], l’esthétique de la Moonwatch d’Omega, avec son boîtier asymétrique (42 mm), l’échelle tachymétrique de sa lunette et ses trois compteurs « 3-6-9 », le tout étanche à trente mètres avec un mouvement à quartz. Toutes les montres ont un petit détail piquant et différent, que les petits malins s’ingénient à détailler. De quoi amuser les collectionneurs de l’iconique Speedmaster autant qu’une génération de nouveaux amateurs de Swatch, qui s’ennuyaient de ne plus retrouver dans la marque l’impertinence de ses premières années. On peut déjà parier que, demain matin (premier jour de vente), on retrouvera devant les boutiques Swatch les mêmes files d’attente qu’autrefois – la dernière fois, c’était en 1991 pour la vente des Swatch « Légumes » retraitées en mode Pop art par Alfred Hofkunst. Les séries colorées de cette MoonSwatch ne sont pas limitées en volume, mais les acheteurs n’auront droit qu’à deux montres par personne (250 euros pièce). Cette MoonSwatch a de quoi réanimer Swatch en arrachant la marque à la spirale de déflation créative qui était la sienne, tout en rameutant vers Omega de nouveaux amateurs soucieux de passer à la « vraie » Speedmaster iconique après avoir joué avec la MoonSwatch…
HERBELIN : Quinquagénialement vôtre…
Vous vous voyez rouler dans une Peugeot 104 ou dans une Renault 5 d’époque [un modèle qui fête cette année ses cinquante ans] ? Sans doute pas ! Les maisons horlogères, elles, se font au contraire une fierté de rééquiper vos poignets avec des montres aux codes quinquagénaires – on va dire néo-vintage, c’est plus chic. La maison familiale française Herbelin se tire parfaitement de cet exercice avec sa nouvelle Cap Camarat Squelette : tous les détails identitaires des icônes de l’horlogerie vintage y sont, du boîtier à tendance hexagonale aux vis qui décorent la lunette, en passant par les pans coupés de ce boîtier en acier (42 mm) et par le bracelet intégré à maillons métalliques. Plus sport chic que moi, tu meurs ! Le mouvement automatique (suisse, faut-il le préciser) est mis en valeur par un « squelettage » géométrique de belle facture, l’anneau circulaire noir qui porte les index effilés apportant la rigueur qui aurait pu manquer à ce striptease mécanique. Proposée à un peu moins de 2 000 euros, cette réussite du sport chic à la française ne sera éditée qu’en 500 exemplaires pour le monde entier. Une montre qui mérite de sérieux cocoricos d’enthousiasme !
BELL & ROSS : Le grand blanc…
Tiens, comme les hirondelles, cette « plongeuse » blanche annoncerait-elle un nouveau printemps pour des montres de plongée libérées des codes « militaires » ? C’est assez probable, Bell & Ross ayant l’excellente habitude d’anticiper les tendances : voici donc la BR 03-92 Diver White lancée sous la surface avec un cadran blanc parfaitement lisible. Si le bracelet reste noir (caoutchouc ou textile technique), on peut imaginer que le blanc sera pour cet été. Un délai qui va nous permettre d’apprécier l’esthétique « ronde carrée » – pas si fréquente dans l’univers de la plongée – d’un boîtier de 42 mm étanche à 300 m, ainsi que la subtilité opaline d’un cadran qui sait rester parfaitement lisible en dépit de sa candeur ponctuée d’inserts et d’appliques superluminescentes. Une vraie montre de plongée, tout de même facturée 3 800 euros par une maison française qui a fait de ces « plongeuses » une spécialité reconnue et appréciée : dans le grand bleu, on peut se risquer sur le grand blanc…
MAURICE LACROIX : Sacrée bouteille…
L’été sera chromatiquement chaud ! Alors qu’une tendance aux « plongeuses » blanches [la couleur, pas la touche ethnique] semble se dessiner, la collection Aikon de la marque indépendante suisse Maurice Lacroix nous rappelle que le blanc n’est qu’une couleur parmi d’autres : la série des #tide ne propose pas moins de dix options pour calmer nos angoisses subaquatiques. Avec une #tide au poignet, il sera difficile de ne pas se faire repérer par nos amis les poissons, qui remercieront Maurice Lacroix d’avoir réalisé ces montres dans un composite de plastiques recyclés après avoir été extraits des océans et associés avec de la fibre de verre. Une seule de ces montres permet de recycler 17 bouteilles en plastique : Maurice Lacroix a pris l’engagement de récupérer ainsi dix millions de ces bouteilles qui polluent les océans. Allure sympathique, démarche responsable, étanchéité à 100 m pour ces boîtiers de 40 mm, mouvement à quartz pour éviter tout souci mécanique et prix câlin (autour des 800 euros) pour faire du bien à la planète : que demandent les poissons ?
KLOKERS : Lumières i-coniques…
La jeune marque indépendante française Klokers nous propose sa nouvelle Klok-08 Minim en trois couleurs (blanc perle, noir graphite et gris minéral) et en 39 mm, toujours avec un mouvement électronique et à un prix qui a su rester raisonnable (moins de 600 euros). Une montre au design parfaitement maîtrisé, dont le cadran s’avère des plus originaux grâce à une structure interne dont les 46 cônes de verre dessinent à la surface du cadran des jeux de lumière perpétuellement renouvelés. Pour ceux qui l’auraient oublié, ce sont les heures et les minutes qui défilent sous une aiguille fixe à douze heures. Le bouton poussoir à huit heures sert à détacher la montre de son bracelet, pour la porter en sautoir ou comme une montre de poche, voire pour en faire une pendulette de bureau. L’originalité foncière de cette montre tient aussi à la confidentialité de sa diffusion et à la distinction que son choix traduit : cette Minim est profondément et maximalement une montre de culture…
BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…
•••• WONDER WEEK 2022 : sauf si vous êtes un redoutable aficionado, vous ne le savez peut-être pas, mais la planète horlogère va entrer en ébullition dans les jours qui viennent, avec l’ouverture à Genève de cette nouvelle Wonder Week qui a remplacé et effacé jusqu’au souvenir de la fameuse et séculaire « Foire de Bâle » (Baselworld pour les initiés). On attend à Genève à peu près 150 marques, réparties dans une douzaine de salons (Watches & Wonders, Time To Watches, WPHH, etc.) et de palaces des bords du lac. Les plus grands y sont (Rolex, Patek Philippe, Cartier), mais pas tous (notamment Omega, Audemars Piguet ou Richard Mille). On s’interroge encore sur l’affluence et les visiteurs, la plupart des invités asiatiques ou américains (médias et détaillants) ayant décliné l’offre, alors que la guerre en Ukraine décourage tout l’Est européen et jusqu’au Proche-Orient de revenir à Genève… •••• MB&F : un des gros coups de ce printemps, c’est le lancement de la MAD 1 Rouge, une sorte de ligne B des montres MB&F – ligne qui permet de vendre aux alentours de 3 000 euros, alors que les montres MB&F se négocient autour des 80 000 euros. Cette série originale (image ci-dessous) de quelques milliers de montres est réservée, d’une part et en priorité, aux amis de la marque [ceux qui en avaient fait la demande depuis longtemps et qui insistaient sans se lasser] et, d’autre part, à tout le monde, mais avec une innovation commerciale qui devient très à la mode dans les milieux horlogers : les montres seront allouées par tirage au sort (comptez 3 000 euros). Ce matin, on comptait déjà plus de 13 000 inscriptions pour ce tirage au sort : bon courage à tous ! Les initiés auront remarqué que la montre n’a pas d’aiguilles : l’heure se lit à six heures sur la tranche latérale (sur cette image, il est 12:53)… •••• TWIST AGAIN À MOSCOU : ça ne se passe pas forcément pour les marques de luxe qui ont choisi de déserter les villes russes et d’y fermer leurs boutiques aux premiers jours de l’agression contre l’Ukraine. On voit sur la vidéo ci-dessous des jeunes gens coller des affiches pas très gentilles pour une marque comme Cartier. Traduction libre de ces auto-collants rouges : « Salut, casse-toi et ne reviens plus ! ». Sûrement des hooligans mercenaires payés par Vladimir Poutine pour salir les belles marques occidentales…