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REPÉRAGES #136-2025 (accès libre)
Sept réflexions en toute liberté sur sept montres de cette fin d’été

En toute transparence, avant d’être commentées et appréciées, ces nouveautés sont expliquées dans la jamais trop fleurie « langue de boîte » – cette langue de bois des « boîtes » d’horlogerie, celle de nos « amies les marques » ! Dans tous les styles et à tous les prix, venues de Suisse ou d’ailleurs, au masculin comme au féminin, que va-t-on découvrir dans les vitrines ? Quand on aime, on ne compte pas ! Voici donc le 136e épisode de notre panorama des nouveautés de l’année 2025, avec nos commentaires critiques sur sept montres de sept marques : A. Lange & Söhne, Arnold & Son, Blanbois, Breitling, M.A.D.Editions, Pierre Lannier et Raketa…


 Cette chronique vise à vous signaler quelques nouveautés parmi toutes celles qui affluent dans les vitrines horlogères : c’est, à ce jour, la plus complète des recensions que proposent les médias spécialisés, avec un peu plus de 2 100 pièces présentées chaque année. Soit, en moyenne, à peu près cinq nouveautés proposées par jour du calendrier : c’est exceptionnel – et même unique dans le paysage horloger ! Ces nouvelles montres sont commentées une par une : nous ajoutons à ces présentations des évaluations personnelles critiques, forcément subjectives et généralement pas complaisantes, mais toujours sincères, en bref, en vrac et toujours en toute liberté. Dans le formidable tsunami des nouveautés horlogères, cette sélection est déjà, en soi, une élimination du pire ou de l’insignifiant : il ne faut donc pas s’étonner que le meilleur y soit commenté plutôt positivement. Tout le monde l’aura compris : les absents ont toujours tort !

ARNOLD & SON DSTB 42 Red Gold Mint Green & Platinum Ascot Blue Editions 

 Deux nouvelles variations viennent enrichir la collection DSTB 42. Sur ce modèle à seconde vraie, Arnold & Son propose un cadran « Mint Green » dans un boîtier en or rouge, et un cadran « Ascot Blue » pour la déclinaison en platine. Chacune, éditée en série limitée à 18 exemplaires, associe l’asymétrie des indications et la profondeur mécanique à sa complication d’exception. Les cadrans grenés, à la texture dense et vibrante de lumière, accueillent trois ponts ajourés en or qui soutiennent la seconde vraie, faisant face au cadran excentré des heures en opale blanche. Ce jeu subtil de textures et de finitions révèle toute la complexité et la singularité qui définissent la collection DSTB.La seconde vraie était intrinsèque aux chronomètres de marine que John Arnold fournissait à la Royal Navy. Leurs échappements battaient avec la régularité d’une oscillation par seconde, affichée naturellement par la trotteuse. De ce rythme net et cadencé, Arnold & Son a fait naître l’une de ses complications les plus emblématiques : la seconde vraie, également connue sous le nom de seconde morte. Toute seconde vraie repose sur un système mécanique dédié. Aucun échappement de montre-bracelet ne bat naturellement à la cadence d’une oscillation par seconde, fréquence réservée à certaines horloges de grand format. Le calibre A&S6203, lui, fonctionne à 4 Hz, soit huit oscillations par seconde. Pour obtenir une aiguille des secondes sautant d’un index à l’autre, un mécanisme spécifique, comparable à un échappement, est nécessaire. Développé en interne par les horlogers d’Arnold & Son et réservé à cette collection, le mécanisme se dévoile entièrement côté cadran, en hommage aux avancées décisives que John Arnold apporta à la chronométrie de marine.

 Cette seconde vraie bénéficie d’une mise en scène à la hauteur de son importance historique pour Arnold & Son. Le choix de l’installer côté cadran implique de le traverser, ajoutant ainsi un niveau supplémentaire au calibre A&S6203 et nécessitant la création de trois ponts spécifiques. Ils sont façonnés selon l’esthétique propre à Arnold & Son. Ajourés, tridimensionnels, ils sont réalisés en or massif, dont la teinte s’accorde à chaque boîtier : or rouge pour la DSTB 42 Red Gold Mint Green, or gris pour la DSTB 42 Platinum Ascot Blue. Sur ces ponts, l’aiguille de la trotteuse parcourt le chemin de fer s’étirant entre 9 et 12 heures, trouvant ainsi un équilibre face à un cadran des heures et minutes en opale blanche, excentré à 5 heures. Cette disposition relève d’un choix esthétique pleinement assumé, et non d’un simple décalage artificiel du mouvement, comme en atteste la couronne, toujours située à 3 heures.Le fonctionnement de ce mécanisme de seconde vraie — régulier, mesuré, esthétique — se donne pleinement à voir. Le contrepoids de ce quasi-échappement prend la forme d’une ancre, symbole fondateur d’Arnold & Son. Elle bouge au rythme du calibre, orchestrant avec précision la marche de la longue et fine aiguille des secondes. La DSTB 42 compte parmi les lignes les plus emblématiques d’Arnold & Son et repose sur le calibre A&S6203, entièrement développé, usiné, assemblé et réglé au sein de la manufacture. Ce mouvement à remontage automatique est animé par une masse oscillante en or 22 carats et offre une réserve de marche de 55 heures. Il bat à la cadence de 28’800 alternances par heure et entraîne, bien sûr, sa seconde vraie dans 60 sauts précis, par minute.

 UN COMMENTAIRE ? Une proposition d’Arnold & Son qui serait parfaite (le style néo-classique, la taille, la mécanique impeccable, le « grain » du cadran, le choix des couleurs, l’exécution, etc.) si le prix n’en était pas aussi terrifiant (43 000 francs suisses pour la version or rouge et 55 000 francs suisses pour le modèle en platine) pour un boîtier de 42 mm x 12,9 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et doté d’un mouvement automatique donné pour 55 heures de réserve de marche…

PIERRE LANNIER Paddock

 Des cockpits aux circuits, Pierre Lannier puise son inspiration dans deux univers où la précision est essentielle. Les collections Aviateur et Paddock reprennent ces codes avec des montres au design marqué, associant élégance et esprit sportif. Des modèles pensés pour ceux qui recherchent un style affirmé et sans compromis.Inspirée de l'univers du sport automobile, la ligne Paddock puise ses lignes dans le design des jantes de voitures de course. Un nouveau modèle vient enrichir cette collection emblématique, en affirmant davantage son identité graphique. Il se distingue par une combinaison de couleurs franches et de matières contrastées, avec un bracelet en acier associé à un cadran aux accents rouges et noirs. Un jeu de contrastes qui confère au modèle un caractère dynamique et résolument affirmé.

 UN COMMENTAIRE ? Il y a des montres dont on se demande à quelle demande elles peuvent bien répondre et quelle est leur place réelle sur le marché. C’est le cas de ces Paddock qui, au-delà de son narratif d’une rare banalité, n’enrichissent pas vraiment l’offre horlogère française et qu’on finit par trouver trop coûteuses (279 euros) pour le peu d’attrait et pour la pauvreté créative dont elles témoignent (boîtier en acier de 43 mm, étanche à 50 m et mouvement automatique prévu pour 42 heures de réserve de marche). On se dit que tous les styles horlogers ont le droit de vivre, mais on n’en voit pas lucidement la nécessité impérative et absolue pour certaines collections….

BREITLING Ironman Endurance Pro (2025)

 Breitling poursuit son partenariat avec Ironman en proposant deux modèles en édition limitée : l’Endurance Pro Ironman World Championship 2025 en titane, et l’Endurance Pro Ironman 70.3 World Championship 2025 en Breitlight. Conçues pour les triathlètes les plus exigeants et les aventuriers du quotidien, ces montres mettent à l’honneur le championnat du monde Ironman, dont l’édition 2025 se déroulera à Nice (France) et à Kailua-Kona (Hawaï), ainsi que le championnat du monde Ironman 70.3 qui aura lieu en 2025 à Marbella (Espagne). Qu’est-ce qui vous motive à repousser vos limites ? Bien que la force et la motivation soient vos principaux atouts, vous avez aussi besoin de temps pour atteindre vos objectifs de remise en forme. Avec l’Endurance Pro Ironman, vous disposez de l’outil idéal pour rester sur la bonne voie et dépasser vos limites. Le championnat du monde Ironman est considéré comme l’une des courses d’endurance les plusdifficiles au monde et est réputé pour mettre à l’épreuve le cœur, le corps et l’esprit. Le véritable défi commence bien avant le départ, avec plusieurs années d’entraînement et des milliers de kilomètres parcourus. Breitling, horloger suisse de luxe depuis 1884, est le partenaire officiel du triathlon Ironman depuis 2021 et soutient une équipe dédiée au triathlon, dont font partie les champions Ironman Lucy Charles-Barclay et Sam Laidlow. « L’esprit Ironman s’allie parfaitement avec celui de Breitling, affirme Georges Kern, PDG de Breitling.Précision, performance et dépassement de soi. Ces montres célèbrent celles et ceux qui ne reculent devant rien. »

 Le modèle Endurance Pro de 44 mm de diamètre commémore à la fois la course masculine à Nice, en France, le 14 septembre 2025, et la course féminine à Kailua-Kona, à Hawaï, le 11 octobre 2025. Il est fabriqué en titane ultraperformant, un matériau 43 % plus léger que l’acier inoxydable et assez résistant pour tous les terrains. Un bracelet en caoutchouc bleu griffé Ironman garantit une robustesse et un confort optimaux, tandis que le cadran gris arbore le logo Ironman propre au championnat à 6 heures. Sur le logo sont représentés un aigle et une tortue, qui illustrent l’environnement naturel de Nice et d’Hawaï, et symbolisent également la force intérieure et la résilience nécessaires aux athlètes Ironman pour atteindre leurs objectifs. Avec sa productionlimitée, ses matériaux uniques et sa conception sur mesure, cette Endurance Pro est le modèle haut de gamme par excellence. L’Édition limitée à 300 exemplaires Endurance Pro Ironman 70.3 World Championship 2025 célèbre à la fois la course féminine du 8 novembre et la course masculine du 9 novembre 2025 dans le cadre du championnat du monde Ironman 70.3 à Marbella, en Espagne. Son cadran turquoise aux accents orange est assorti au logo unique du championnat du monde Ironman 70.3, situé à 6 heures. Il fait explicitement référence à la culture andalouse : une porte voûtée typique de la région et des carreaux décoratifs, entourés par la nature. En complément du cadran, la montre est dotée d’un bracelet en caoutchouc turquoise griffé Ironman, garantissant une robustesse et un confort optimaux. Le boîtier de 44 mm de diamètre est fabriqué en Breitlight, un matériau exclusif de Breitling 3,3 fois plus léger que le titane et 5,8 fois plus léger que l’acier inoxydable. Le Breitlight est un matériau hypoallergénique, stable sur le plan thermique, résistant aux rayures et avec un toucher plus chaud que celui du métal. Conçue pour exceller aussi bien dans l’eau que sur terre, l’Endurance Pro n’en reste pas moins un accessoire élégant du quotidien. Les deux modèles Endurance Pro sont équipés du calibre 82 de Breitling, un mouvement SuperQuartz thermocompensé et certifié COSC. Avec leur étanchéitéjusqu’à 100 mètres, leur boussole solaire, leur affichage de date, leur échelle pulsométrique et leur chronographe, elles sont conçues pour les athlètes engagés dans les courses les plus exigeantes au monde.

 UN COMMENTAIRE ? Le volume n’est pas modeste pour une élégance urbaine (boîtiers de 44 mm x 12,5 mm d’épaisseur, étanche à 100 m), mais l’essentiel est qu’il passe sous le poignet de la chemise. Les prix ont su rester modestes (3 800 euros pour la version « verte » et 4 100 euros pour la version « bleue » de cette Endurance), ce qui tendrait à prouver que la maison Breitling sait rester raisonnable pour ses montres à mouvement électronique (c’étaient à peu près les prix de l’année dernière). Au porter, ces deux montres ont une présence indéniable – même on n’a pas la musculature d’un athlète Ironman…

A. LANGE & SÖHNE Zeitwerk Date (or rose)

 A. Lange & Söhne présente une nouvelle version de la Zeitwerk Date : pour la première fois, ce garde-temps digital et mécanique à l’affichage de date en périphérie d’un cadran gris s’associe à un boitier en or rose. En 2009, A. Lange & Söhne bousculait les codes de la Haute Horlogerie en dévoilant la Zeitwerk. Un garde-temps révolutionnaire, dont l’ingénieux mouvement mécanique anime unaffichage digital de l’heure à chiffres sautants. Par cette conception pionnière, A. Lange & Söhne a immédiatement fasciné les passionnés d’art horloger traditionnel ouverts aux idées et aux solutions disruptives.Avec le lancement dix ans plus tard de la Zeitwerk Date, Lange ajoutait à ce mécanisme une autre innovation : un disque de date disposé sur le pourtour du cadran, réalisé en verre et imprimé des chiffres 1 à 31. Chaque jour, un segment coloré de l’anneau placé juste en dessous du disque avance d’un chiffre à minuit précis ; la date apparaît alors en rouge et, en l’espace d’un mois, effectue une révolution complète autour du cadran. L’avancement du mois en cours se lit en un coup d’œil. Le poussoir à 8 heures permet de corriger la date si nécessaire. Six ans après son lancement en or gris, la Zeitwerk Date se dote aujourd’hui d’un nouveau boitier en or rose au reflet chaud. Les deux modèles arborent un cadran gris mettant en valeur l’élégance de l’affichage digital et mécanique du temps. Pour une lisibilité optimale, les deux guichets des heures et des minutes sont disposés à gauche et à droite, sur l’axe central du cadran. Cet affichage est d’une très haute précision : son mécanisme à chiffres sautants breveté fait basculer les disques en une fraction de seconde, très exactement 1 440 fois par jour.

 Le bouton poussoir à 4 heures permet de faire avancer séparément l’affichage des heures. Pour éviter toute perturbation du fonctionnement lors d’une correction, un embrayage déconnecte l’anneau des heures du mécanisme à chiffres sautants à chaque pression sur le poussoir. Comme pour la fonction de date, la commutation s’active lorsque le poussoir est relâché. Fruit d’un concept technique novateur et unique à ce jour, le pont en maillechort constitue l’un des éléments phares du design de la famille des Zeitwerk. Totalement intégré au mouvement, il encadre les unités d’affichage de l’heure, y compris le cadran de la petite seconde. A travers lui, le lien étroit qui unit la mécanique interne et l’esthétique extérieure se devine instantanément. Faire avancer le mécanisme d’affichage à chiffres sautants requiert une force exceptionnelle. Cette dernière est contrôlée par un échappement à force constante breveté, associé à un double barillet particulièrement puissant. Un régulateur à ailettes absorbe le surplus d’énergie et protège l’ensemble du mécanisme. L’échappement à force constante libère l’impulsion de commutation pour faire avancer les disques des chiffres toutes les 60 secondes précises. Positionné entre le barillet et le balancier, il joue un rôle majeur dans la régularisation de la marche en transmettant au balancier une force stable pendant toute la durée de fonctionnement. « La Zeitwerk Date offre une allure résolument contemporaine et distinctive à l’art horloger traditionnel de A. Lange & Söhne. », affirme Anthony de Haas, directeur du développement produits. « À minuit précis, elle livre un spectacle exceptionnel. Les trois disques des chiffres et l’anneau de date avancent tous en même temps. La force et la précision sont telles que l’on croirait presque les sentir à travers le boîtier. » La Zeitwerk Date est animée par le calibre de manufacture Lange L043.8, qui oscille à une fréquence de 18 000 alternances par heure (2,5 hertz). Grâce au double barillet et ses deux ressorts, ce calibre à remontage manuel dispose d’une réserve de marche de 72 heures. Le fond en verre saphir du boîtier en or rose mesure 44,2 millimètres de diamètre et 12,3 millimètres d’épaisseur ; il met admirablement en valeur les finitions manuelles de ce mouvement à 516 composants. Les éléments techniques et esthétiques les plus impressionnants sont le délicat pont d’échappement à force constante et le rochet, gravé du nom de la marque et orné de lignes radiantes (appelées « soleillages »). L’un et l’autre confèrent des accents saisissants à l’harmonieuse composition des matériaux, des décorations et des finitions.

 UN COMMENTAIRE ? Une des plus belles montres de la collection A. Lange & Söhne, dans une version en or rose qui s’assortit avec élégance au design de cette montre avant-gardiste et de son cadran en argent (boîtier de 44,2 mm x 12,3 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et mû par un mouvement à remontage manuel doté de 72 heures de réserve de marche). Sujet qui fâche : le prix, calé autour des 130 000 euros, donc assez pénalisant sur le plan commercial – à cette altitude monétaire, les amateurs sont rares et exigeants, mais pas forcément sensibles à l’esthétique rupturiste de la Zeitwerk Date…

M.A.D.EDITIONS M.A.D.1S « Grow your dreams » (Yinka Ilori)

 L'artiste et designer multidisciplinaire anglo-nigérian Yinka Ilori, MBE, aborde l'horlogerie avec la M.A.D.1S, en insufflant sa vitalité et sa philosophie de rêveur dans une trilogie audacieuse, née de sa collaboration avec M.A.D.Editions. « Yinka Ilori vit dans un univers éclatant de couleurs ; son travail nous stimule, telle une montée d'adrénaline qui nous pousse à aller plus loin. Cette collaboration a donné naissance à quelque chose qui nous remplit de joie, qui nous incite à réaliser nos rêves. » (Maximilian Büsser, propriétaire et directeur de la création de MB&F). Pour Yinka Ilori, le monde est une toile vouée à l'optimisme. À travers des couleurs vives et des concepts ludiques, l'artiste anglo-nigérian confère de la joie et du sens aux objets du quotidien. Depuis ses débuts, le créateur multidisciplinaire aujourd’hui renommé utilise le storytelling pour représenter un mélange d’héritage culturel, de critique sociale et d’esthétique sur divers supports. Animé par un véritable désir de donner la pêche, Yinka Ilori transforme tout, des coins les plus sombres de Londres aux McLaren customisées, en explosion de joie. Son œuvre couvre plusieurs disciplines et supports dans les domaines de l’art, du design et au-delà – architecture, installations sismiques, édition, mode, textiles et objets pour la maison –, des créations toutes imprégnées de couleurs et de gaieté. Au cœur de la philosophie de Yinka Ilori, il y a la volonté de nourrir ses rêves, un principe hérité de ses parents volontiers symbolisé par des arbres, un motif récurrent qui évoque la patience et l'espérance nécessaires à l’épanouissement des idées. L’univers onirique se manifeste dans toutes les directions, à travers des aires de jeux réinventées, des ponts illuminés, des sacs de supermarché porteurs de slogans accrocheurs, des plateaux kaléidoscopiques pour high tea… Pour Yinka Ilori, le monde n'est pas une simple toile, c'est un terrain riche en possibilités, où le design devient un vecteur de développement, de joie et de transformation.

 Le travail de Yinka Ilori est d’autant plus attrayant qu’il est imprévisible : on ne sait jamais vraiment sous quelle forme il va apparaître. Il est à l’image du parcours de l’artiste. Alors qu’il suivait une formation en conception de mobilier, c'est un cours de base/d’initiation qui l’a incité à créer des univers entiers. Il a été reconnu pour sa capacité à raconter des histoires à travers les objets durant ses études à la London Metropolitan University, où sa vision a été récompensée par une Emerging Design Medal. Après un passage dans un cabinet d'architecture, il a reçu le soutien du Prince's Trust, une étape décisive qui lui a permis de suivre sa propre voie. Depuis lors, son univers s'est diversifié : des ballons de basket aux parapluies, des pop-ups aux installations à grande échelle, son langage évolutif, qui mêle héritage et espérance, s'inspire des paraboles et traditions orales nigérianes. Yinka Ilori ne fait rien d'autre que de suivre sa propre évolution, en rêvant toujours plus grand. Les rêves ne se commandent pas et, pour sa part, Maximilian Büsser ne cherchait pas spécialement à trouver un futur collaborateur pour M.A.D.Editions, la marque de montres plus accessibles de MB&F. L’association qui apparaît aujourd'hui évidente remonte à l’été 2023 : pendant ses vacances, alors qu’il se détendait en feuilletant une pile de magazines, Max est tombé par hasard sur une présentation du travail de Yinka Ilori. Inspiré et plein de rêves, il a décidé de le contacter. Six jours plus tard, l’artiste était à Genève pour s’imprégner de l'univers M.A.D.Editions et explorer une nouvelle toile : la montre. Enfants, on nous encourage à rêver grand, pour ensuite entendre dire qu’il faut revoir nos ambitions à la baisse. Pour leur collaboration, M.A.D.Editions et Yinka Ilori ont complètement rejeté l’idée et donné libre cours à une imagination débridée. Rêver, c'est envisager ce qui est possible ; prendre le risque, c'est avoir le courage de le faire. M.A.D.Editions, une marque basée sur la gratitude, pas sur l’ambition, est apparue comme un partenaire idéal. À l’origine, Max Büsser n’avait pas programmé, ni même envisagé, la création d’une nouvelle marque, il voulait juste remercier la communauté MB&F avec une montre qui rendrait la Haute Horlogerie créative et ludique maison plus accessible. Depuis le lancement en juin 2021, les M.A.D.Editions ont fait l’objet d’une demande exceptionnelle : on est passé d'un modèle expérimental à une collection de montres, dont fait partie la M.A.D.1S présentée à l’occasion des Geneva Watch Days 2024. Le « S » n’est pas un simple signe de différentiation, il évoque le design affiné (slimmer) et l’origine suisse (Swiss made) du mouvement monocylindre.

 Pour respecter l’attachement de Yinka Ilori à la couleur, la solution était évidente : pourquoi se limiter à une montre quand on peut en réaliser trois ? La fructueuse entreprise, première collaboration horlogère de Yinka Ilori, a engendré un voyage poétique à travers trois modèles, tous inspirés par la devise de l’artiste. Baptisée « Grow Your Dreams », la série se décline selon les thèmes Sun, Nature et Water en trois éditions limitées à 400 exemplaires chacune. Si l'architecture du boîtier et du mouvement repose toujours sur le calibre La Joux-Perret Swiss made inauguré dans la M.A.D.1S, la série va plus loin en termes de design et de construction. Il a fallu des mois de développement pour redessiner le rotor, désormais plus fin et plus complexe, sans compromettre sa rotation ultra performante caractéristique. Les lames fraisées à la perfection comportent le profil d’un arbre, un symbole d'espérance et de développement que l’on perçoit à chaque coup d’œil sur le poignet. Ce n'est pas le seul défi technique relevé dans la fabrication du rotor. Composé de titane, il subit une anodisation qui permet l’obtention de trois couleurs vives : jaune, vert et bleu. Le Super-LumiNova souligne les contours et illumine la devise de Yinka Ilori gravée en surface : « Grow Your Dreams ». Les chiffres d'affichage de l'heure ont été dessinés par l’artiste.

 La recherche stylistique va encore plus loin avec une lunette qui réalise une première dans la collection M.A.D.Editions : l'introduction de la couleur en son sein. Au lieu de recourir à des traitements PVD conventionnels, on remplit une rainure usinée avec précision de HyCeram, une céramique high-tech liquide que l’on durcit à la chaleur avant de la polir à la main. Pour compléter l'arc-en-ciel, la plaque de base en aluminium présente des vagues estampées qui ondulent en 3D au-dessous du mouvement. Les modèles sont d’autant plus éclatants de couleurs que les bracelets en caoutchouc sont dépareillés : jaune lumineux et vert pour la version Sun ; bleu intense et bleu ciel pour la Water ; violet vif et rouge pour la Nature. Les bracelets sont en outre frappés d’un motif de feuilles qui fait écho à l’univers onirique et à la philosophie de Yinka Ilori. Pour les occasions où les bracelets colorés s’avéreraient trop voyants, chaque version est livrée avec un bracelet de remplacement blanc. « Grow Your Dreams » n’est pas une simple célébration de la couleur ou de l'identité, c’est plutôt une invitation à traiter ses ambitions comme des graines, à croire en leur potentiel et à se rappeler qu'aucun rêve n'est impossible, qu'il attend seulement le bon moment pour s'épanouir. « J'ai toujours été obsédé par les arbres. Leur culture et leur production parce qu'on y investit du temps. C'est comme mettre de l'amour dans quelque chose qui nous importe, de quoi engager une conversation. Il en va de même chose pour ce processus, et la réflexion que nous avons menée avec Max. Il faut être patient pour produire une montre. Il y a des similitudes entre nos univers. Le mien est normalement très public mais, dans une montre, il y a un mélange de public et de privé. Tout le monde la voit, mais c'est vous qui avez un lien intime avec elle. » (Yinka Ilori).

 UN COMMENTAIRE ? Une des rares montres Swiss Made qui vont marquer cette rentrée de l’automne 2025, tellement elle concentre tout ce qui va faire chavirer le cœur de la communauté des amateurs : une mécanique parfaitement mise en valeur, une palette chromatique qui en fait un manifeste de la « révolution polychromatique » dont Business Montres (24 août) parlait récemment, une lecture originale de l’heure, une taille des plus raisonnables pour ce style de montre (boîtier en acier de 42 mm x 15 mm d’épaisseur, étanche à 30 m et mécanisé par un mouvement La Joux-Perret qui dispose de 68 heures de réserve de marche), les bons bracelets désassortis ou un mode de distribution original [une loterie est organisé pour attribuer chacune des 400 montres de chaque série, facturée dans les 3 200 francs suisses hors taxes : dès le 2 septembre, on pourra « miser » sur une, deux ou trois montres pour tenter d’en « gagner » une !). 

RAKETA Big Zero « Brother 2 »

 Le pouvoir du temps : Raketa lance un modèle dédié au film culte « Brother 2 ». La manufacture horlogère Raketa poursuit sa collaboration avec la société cinématographique « CTB » et présente un nouveau modèle en édition limitée dédié au 25e anniversaire du film « Brother 2 » d'Aleksei Balabanov « Brother 2 ». La précédente édition a eu lieu il y a trois ans et coïncidait également avec l'anniversaire de la première partie de l'histoire de Danila Bagrov, qui est devenu un héros pour plusieurs générations. Aujourd'hui, ces deux films sont considérés comme des classiques cultes et font à juste titre partie du fonds d'or du cinéma post-soviétique. Sorti dans les années 2000, « Brother 2 » est la suite du film à succès des années 1990, plaçant le héros dans une nouvelle réalité. De la même manière, la manufacture horlogère Raketa réinterprète le modèle légendaire, le rendant à nouveau d'actualité. La série limitée se compose de pièces numérotées de 1 à 50. Le design est basé sur la collection permanente Big Zero de Raketa.

 L'esthétique du cadran noir avec ses grands chiffres et index blancs prend une signification particulière grâce à une touche lumineuse : les éléments des index « 2 » et « 5 » sont soulignés en rouge, formant le chiffre symbolique « 25 » en hommage au quart de siècle du film. Pour une meilleure lisibilité, les aiguilles et les index sont recouverts de Super-LumiNova. Le bracelet joue un rôle important dans le design : il est non seulement équipé d'un système pratique de déverrouillage rapide, mais également orné d'une célèbre citation tirée de la saga cinématographique. Si le modèle précédent posait la question « V chem sila, brat ? » (« Où réside la force, mon frère ? »), le nouveau modèle apporte la réponse : « Sila v pravde » (« La force réside dans la vérité »). Ce détail fait de la montre non seulement un accessoire élégant, mais aussi un véritable symbole de la philosophie du film. Comme pour le modèle précédent, le boîtier de la montre est conçu comme une cassette VHS avec l'inscription « Брат 2-25 » (Frère 2-25). Le dos de la montre révèle un rotor magnifiquement décoré des vagues de la Neva, issu du mouvement automatique entièrement fabriqué à l'usine horlogère Raketa de Saint-Pétersbourg.

 UN COMMENTAIRE ? Une référence cinématographique qui ne va guère mobiliser les larges masses occidentales, mais il faut saluer l’obstination de la manufacture Raketa (Saint-Pétersbourg) à nous proposer des belles montres mécaniques à des prix accessibles : il faut compter dans les 2 000 euros (TVA comprise, Raketa livrant gratuitement la montre dans le monde entier avec DHL) pour ce boîtier en acier de 40 mm x 14 mm d’épaisseur, étanche à 100 m et animé par un mouvement automatique « manufacture » prévu pour 40 heures de réserve de marche et précis - -10+20 secondes/jour. 

BLANBOIS Première édition

 Blanbois, blanc pour la clarté, bois pour la permanence, émerge d'une croyance en la présence plutôt qu'en le prestige. Nos montres existent à la croisée des chemins où l'artisanat devient langage.L'héritage n'est pas ce dont nous héritons, mais ce que nous choisissons de perpétuer. Nos montres honorent ce choix par une retenue délibérée et une création réfléchie. Trois cents exemplaires numérotés. Chacun marque le début d'un récit, chacun porte une identité unique. La Première Édition n'est pas une collection, mais un témoignage des débuts. Chaque cadran révèle un motif de chiffres romains développé à la main, dont la géométrie complexe s'inspire des œuvres Art déco et Art nouveau, évoquant la lignée artistique française.Au centre, le Sellita SW210-1 b, un mouvement à remontage manuel choisi non seulement pour sa précision, mais aussi pour le rituel qu'il exige. Chaque matin, un moment de méditation entre le porteur et le temps lui-même. Notre philosophie de conception embrasse la présence par l'absence. Les proportions parlent, elles ne s'affichent pas. Un dialogue entre la forme et la retenue, où ce qui est caché devient ce qui est révélé. La silhouette de 30 mm x 42,5 mm, fabriquée en acier inoxydable 316L. Une étude des proportions qui rend hommage aux années 1940, lorsque les montres étaient conçues comme des compagnons plutôt que comme des déclarations. Paris a sa propre relation avec le temps, mesuré en instants. Notre genèse réside dans ce rythme parisien, où convergent la clarté géométrique de l'Art déco, la poésie organique de l'Art nouveau et la retenue mesurée de l'esthétique médiévale. Nous ne créons pas des objets, mais des artefacts de cette convergence. Trois cents exemplaires numérotés. Chacun marque le début d'un récit, chacun porte une identité unique. La Première Édition n'existe pas en tant que collection, mais en tant que témoignage des débuts.

 UN COMMENTAIRE ? Enfin, une nouvelle marque singularisée par une vraie « élégance à la française », sauf que, sur son site, elle ne parle qu’anglais : bizarre ! La campagne vient d’être lancée sur Kickstarter et elle mérite d’être signalée, mais, en plus d’une identité parisienne clairement et fièrement revendiquée, l’offre Kickstarter s’affirme Swiss Made, ce qui n’est indiqué nulle part sur cette montre : re-bizarre ! Dommage, cette offre était plutôt réussie : il faut compter dans les 600 euros (prix de souscription) pour cette série de quatre modèles dont les boîtiers en acier de 30 mm x 42,5 mm x 8,2 mm d’épaisseur, étanche à 50 m et animés par un mouvement à remontage manuel suisse (Sellita) prévu pour 42 heures de réserve de marche...

 COORDINATION ÉDITORIALE : JACQUES PONS



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