SIMPLE QUESTION : Girard-Perregaux, maison suisse ou marque américaine ?
Le 28 / 11 / 2012 à 13:40 Par Le sniper de Business Montres - 1020 mots
On peut se féliciter du retour de Girard-Perregaux sur le devant de la scène et se poser des questions à propos de son actuelle focalisation sur les Etats-Unis...
Hier, à La Chaux-de-Fonds, le marqueur culturel dominant était plutôt italien. Il est aujourd'hui américain, et même californien : hasard ou nécessité ?
◀▶ À QUAND UN SIÈGE SOCIAL EN CALIFORNIE Une spectaculaire "hollywoodisation" médiatique... ❏❏❏ Depuis quelques mois, la liste des opérations menées par Girard-Perregaux sur le marché …
On peut se féliciter du retour de Girard-Perregaux sur le devant de la scène et se poser des questions à propos de son actuelle focalisation sur les Etats-Unis...
Hier, à La Chaux-de-Fonds, le marqueur culturel dominant était plutôt italien. Il est aujourd'hui américain, et même californien : hasard ou nécessité ?
◀▶ À QUAND UN SIÈGE SOCIAL EN CALIFORNIE Une spectaculaire "hollywoodisation" médiatique... ❏❏❏ Depuis quelques mois, la liste des opérations menées par Girard-Perregaux sur le marché américain est impressionnante. Rappelons que, la semaine prochaine, la nouvelle collection sportive de la manufacture sera lancée en première mondiale à Miami, métropole horlogère bien connue : Art Basel Miami, foire d'art contemporain, a effectivement tout du spot prioritaire pour des montres sport chic ! On sait déjà que Girard-Perregaux sera le partenaire horloger et un des membres fondateurs de l'Académie du film (Academy Museum of Motion Pictures), qui ouvrira ses portes à Los Angeles en 2016 dans l'immeuble historique de la Wilshire May Company, redessiné par Renzo Piano et Zoltan Pali... ❏❏❏ Récemment, les "Jeunes horlogers" de la marque étaient en tournée américaine [quatre mois avant leur passage à Paris, jugé suffisant pour l'Europe continentale]. On a également vu Girard-Perregaux au MoMA de New York pour la Susan Rockefeller's Mission of Mermaids (World Ocean Day : avec une Sea Hawk spéciale en prime, ci-dessus), sans parler de l'intervention de la marque au JCK de Las Vegas, de son hommage à Mgr Desmond Tutu au LACMA's Bing Auditorium de Los Angeles ou du soutien au lancement de la Fondation Andrea Bocelli (Los Angeles). On va ajouter à cette liste la célébration de la médaille d'or américaine en football féminin, à New York, en septembre, avec la belle Alex Morgan (ci-dessous), le partenariat avec Warren Betty pour les 100 ans du Motion Picture & Television Fund (Los Angeles), le soutien à la fondation familiale Kobe (en bas de page) et Vanessa Bryant (Los Angeles), l'animation du Grand Chefs Dinner organisé par les Relais & Châteaux à New York, etc... ❏❏❏ On doit en oublier tellement la liste est longue, mais le lancement à La Chaux-de-Fonds de la trilogie des montres "Le Corbusier" ne fait pas le poids face à cette écrasante domination américaine. Les actions menées à Beijing, à Paris ou même à Londres pèsent également très peu dans le halo impressionniste américain qui entoure la marque. Pour résumer : en 2012, Girard-Perregaux aura réservé au marché américain à peu près 75 % de ses événements publics – alors que ce marché ne doit guère représenter que 15 % du chiffre d'affaires de la manufacture. 75 % de ces events américains ont lieu en Californie, région qui n'a pas cette importance dans le bilan américain de Girard-Perregaux. So, what ? Tout ceci peut traduire soit une option stratégique volontariste, avec une pression massive sur un marché jugé décisif, soit une sorte de dérive activiste – soit encore les deux ! ❏❏❏ Deux hommes derrière cette américanisation de la manufacture suisse : Mike Margolis, débauché chez Hublot pour relancer la marque sur le marché américain, et le bouillonnant Venanzio Ciampa (The Promotion Factory), "pape" américain des relations publiques et vieux copain de Michele Sofisti [depuis les années Swatch Group]. On se souviendra que Michele Sofiste supervise aujourd'hui les activités horlogères du groupe Sowind, depuis le rachat de Girard-Perregaux par le groupe PPR. Leurs carnets d'adresses respectifs des deux premiers sont pleins à craquer des stars et des starlettes qui animent toutes les soirées californiennes organisées avec Girard-Perregaux : ce n'est pas l'actionnaire de PPR, qui a épousé la comédienne Salma Hayek, qui viendra se plaindre de cette hollywoodisation de la marque. De son côté, Michele Sofisti a engagé Gucci dans le soutien aux Grammy Awards (Californie) – mais c'est une autre histoire... ❏❏❏ D'où les questions qu'on peut légitimement se poser à propos de ce tropisme américain, qui conduit la marque à ne plus exister médiatiquement que dans l'américanosphère – avec un réel danger de "décrochage" mental de ses publics européens. Si on peut glaner quelques paillettes à Hollywood et quelques dollars à New York, il est douteux qu'on puisse y gagner cette substance et cette consistance horlogères qui sont le substrat cohérent de tout discours pour une manufacture qui veut à nouveau tenir sa place en tête du peloton. C'est en Suisse, au coeur de la Watch Valley, qu'on peut conquérir cette légitimité mécanique qui vaudra ensuite très cher sous les sunlights californiens – pas l'inverse ! La traversée de l'Atlantique est pleine de dangers, surtout dans le mauvais sens... D'AUTRES SÉQUENCES D'ACTUALITÉ IMMÉDIATE...