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VENDREDI (accès libre) : Le sniper en mode pré-Bâle

Citation du jour pour s'interroger sur le luxe: « Vulgarisé par deux mille bourgeois opulents qui se croient luxueux quand ils étalent des richesses dont sont encombrés les magasins » ou « Luxe des grands seigneurs modernes, étoiles éphémères du firmament parisien » ? (voir ci-dessous pour les références) Ceci dit, passons aux choses sérieuses et aux montres du jour...   EN BREF (développements ci-dessous) ▶▶▶ la conception du luxe selon Balzac...  


Citation du jour pour s'interroger sur le luxe: « Vulgarisé par deux mille bourgeois opulents qui se croient luxueux quand ils étalent des richesses dont sont encombrés les magasins » ou « Luxe des grands seigneurs modernes, étoiles éphémères du firmament parisien » ? (voir ci-dessous pour les références)

Ceci dit, passons aux choses sérieuses et aux montres du jour...

 
 
EN BREF (développements ci-dessous) ▶▶▶ la conception du luxe selon Balzac...  ▶▶▶ les crétins qui persistent à massacrer les raies... ▶▶▶ les marques qui se prennent les pieds dans le tapis... ▶▶▶ le rotor identaire de Boucheron... ▶▶▶ l'horlogerie en mode avance rapide... ▶▶▶ la soirée la plus caliente de tout Baselworld... ▶▶▶ la zoophilie chez Richard Mille... ▶▶▶ les oiseaux mécaniques qui chanteront à Baselworld...  ▶▶▶ le premier qui ne l'est pas chez Haldimann... ▶▶▶ le ministre qui a oublié les montres dans son patrimoine... ▶▶▶ la Coupe de l'America qui a du souci à se faire... ▶▶▶ le poids du facteur charismatique chez Hublot (ci-dessous : la nouvelle Big Bang Caviar Gold Diamonds)... ▶▶▶ les horlogers qui ont oublié l'Hydroptère... ▶▶▶ la GMT d'aéroport chez Jacob & Co... ▶▶▶ la montre de jogging qui incite à chausser ses baskets... ▶▶▶ les soixante ans d'une icône militaire chez Glycine... 
 
 
CETTE SEMAINE,
LE SNIPER A... 
 
 
▶ SALUÉ
la renaissance en Suisse de la tradition des oiseaux-chanteurs...
◉◉ Le nom des Frères Rochat est associé historiquement aux plus belles réalisations de l'horlogerie, de la joaillerie, de l'orfèvrerie et de la décoration genevoise. Ils avaient fondé leur entreprise en 1813, il y a tout juste deux cents ans. Pour ces deux cents bougies, Stéphane Vélan a fait renaître la marque et relancé une série d'oiseaux-chanteurs qui seront présentés à Baselword : c'est la renaissance d'une tradition mécanique qui était quasiment éteinte, mais qui se relance avec de nouvelles ambitions, à la fois dans la miniaturisation mécanique (1 227 composants, dont le ballet a été orchestré par Christophe Claret) et dans l'expression esthétique. Le (re)créateur des Frères Rochat explique : « Nous avons pu reproduire toutes les fonctionnalités des automates de l’époque (l’oiseau bouge tête, bec, queue, ailes tout en tournant sur lui-même, les 8 cames d’air et de chant permettent de jouer 4 mélodies différentes), mais en y ajoutant quelques innovations : le corps de l’oiseau ne contient aucun élément de fixation externe, ce qui permet de le décorer à la guise de chacun, un système d’exposition de l’oiseau à l’arrêt a également été ajouté, et un sifflet à 12 demi-tons (1 octave) permet d’adapter de très nombreuses mélodies, tout en ayant miniaturisé l’ensemble du mouvement ». Ce sera une des pièces dont on parlera le plus à Baselworld : la tradition mécanique suisse – celle des montres, mais aussi celle des automates et de tous les objets du temps liés au savoir-faire horloger – n'a pas dit son dernier mot...
 
 
 
 
▶ REPÉRÉ
chez Boucheron un rotor identitaire original...
◉◉ la prochaine montre masculine de Boucheron continue à nous étonner : joliment anglé à la main et à l'ancienne (ci-dessous), le rotor est découpé à la forme du poinçon de maître de Frédéric Boucheron (« Sté B »), avec un motif ajouré entre les deux lettres. Ce serait un bouchon de champagne selon Boucheron, mais il ressemble ainsi à un trou de serrure, ce qui serait tout aussi émotionnel. On note, gravé sur le mouvement, le poinçon de Girard-Perregaux : normal, puisque ce mouvement automatique est un calibre GP 4000 réalisé à La Chaux-de-Fonds. 
 
 
 
 
▶ DÉDIÉ
une citation de Balzac à tous les participants de Baselworld...
◉◉ Honoré de Balzac, 1847 : « C’est là le dernier mot du luxe aujourd’hui. Posséder des choses qui ne soient pas vulgarisées par deux mille bourgeois opulents qui se croient luxueux quand ils étalent des richesses dont sont encombrés les magasins, c’est le cachet du vrai luxe, le luxe des grands seigneurs modernes, étoiles éphémères du firmament parisien » [trouvé sur le site des Frères Rochat, voir ci-dessus]...
 
 
 
 
▶ ENRAGÉ
contre les imbéciles qui massacrent encore les raies (galuchat)...
◉◉ Le site Skat-Ray-Le Galuchat est entièrement dédié à la commercialisation des objets en galuchat (cuirs d'océan, généralement à base de peaux de raies asiatiques). Évidemment, « Skat Ray », c'est plus chic que galuchat ou que « raie asiatique », mais on se demande combien de fois il faudra répéter que ces raies sont souvent (pas toujours, même si elles devraient) des espèces protégées, qui vivent à l'état sauvage et donc il n'existe aucun élevage. Les peaux sont donc issus de prélèvements sauvages dans le milieu naturel, avec des conditions d'abattage atroces pour les animaux concernés [différents films l'ont démontré] et un parfait gaspillage de cette ressource, puisque les raies ainsi massacrées [et désormais en voie de disparition] ne sont pas utilisées pour l'alimentation. Commercialiser des peaux de galuchat, c'est donc soutenir un braconnage doublé d'une barbarie sans nom. Moyennant quoi, il y a toujours des crétins pour proposer des cartables, des portefeuilles, des sacs à main et des accessoires en galuchat. On ne peut plus dire qu'on ne savait pas ! Par souci éthique, la plupart des groupes et des marques de luxe ont renoncé au galuchat pour leurs bracelets – à l'exception de De Grisogono [dont c'est un marqueur génétique, et qui affirme aujourd'hui vivre sur son stock initial]. Ce n'est pas pour que des profiteurs sans scrupules comme Skat-Ray récupèrent ce marché des « produits de maroquinerie en cuir d’origines océanes, issue d’un savoir-faire ancestral » : voilà bien des mots élégants pour un commerce de la honte...
 
 
 
 
▶ RIGOLÉ
des marques qui se prenaient les pieds dans le tapis...
◉◉ Entre les pré-Bâle murmurés, les embargos millimétrés, les « exclus » négociées, les teasers déchaînés et les révélations orchestrées, les marques ne savent plus trop à quel saint se vouer pour leur communication de printemps. Il y aura eu cette année tant d'annonces avant Baselworld – la date tardive du salon y est pour beaucoup – que beaucoup de marques ont déjà tout dit ! D'autres, qui gardaient soigneusement quelques munitions, les voient gaspillées d'un coup sans rien comprendre. Bref, on n'avait jamais vu autant de marques se prendre les pieds dans le tapis en voulant jongler entre les médias (papier ou en ligne), les continents et les postures de communication.
◉◉◉ Exemple avec Jacob & Co, qui comptait faire un coup fumant avec son nouveau partenaire Cristiano Ronaldo. Double malchance : l'information a fuité dès hier (Business Montres sur Facebook) et la révélation de la campagne de pub a également dévoilé la pièce maîtresse de la communication de Jacob & Co à Baselworld, cette SF 24, montre à double fuseau horaire, dont les heures du monde sont affichées sur des volets tournants un peu rétro. Jacob Arabov en faisait des grands mystères, mais on remerciera Ronaldo de nous avoir tout raconté (Business Montres sur Facebook). Dommage pour les médias qui avaient été appâtés par une exclusivité, mais tant mieux pour ceux qui seront incités à découvrir cette Split Flap automatique (45 mm), qui reprend – pour les grands voyageurs – le principe d'affichage des villes et des heures par volets tournants, dans le style des panneaux d'information des aéroports. La base mécanique est un mouvement automatique Concepto (Valérien Jaquet), squeletté avec élégance (image en haut de la page) et additionné d'un module qui indique les fuseaux horaires sur 24 heures (40 heures de réserve de marche). À découvrir dans le nouveau stand de Jacob & Co à Bâle ((Hall 1.1)...
 
 
 
 
▶ DÉVORÉ
le dossier « Hautes fréquences » de Very Important Watches...
◉◉ Excellent travail éditorial de Constantin Stikas dans VIW (Very Important Watches) : tout sur les enjeux de la haute fréquence, en cinquante-deux pages, avec des points de vue comme ceux de Jean-Frédéric Dufour (Zenith), mais aussi Demetrio Cabiddu (Montblanc), Pierre Gygax (Ulysse Nardin), Jean-Christophe Babin (TAG Heuer), Philippe Dufour, Grégory Bruttin (Roger Dubuis) ou Maximilian Büsser (MB&F), mais aussi Jean-Pierre Golay (Franck Muller), Jean-Marie Schaller (Louis Moinet) ou Willy Schweizer (Girard-Perregaux) et quelques autres. Un dossier « L'horlogerie en mode avance rapide » passionnant à lire, avec quelques découvertes au tournant de certaines pages et un rappel historique bien senti et bien amené de Philip Poniz, expert américain de premier plan (ci-dessous, avec l'unique tourbillon Breguet à force constante), qui nous rappelle que ces hautes fréquences hantent l'imagination des horlogers depuis le XVIIIe siècle (vers 1770)...
 
 
 
 
▶ NOTÉ
10 actualités à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté...
 
◉◉ TOM TOM : la marque spécialiste du GPS se lance dans les montres, en ciblant plus particulièrement les coureurs à pied. La nouvelle Tom Tom Runner GPS est un outil de poignet qui s'annonce à la fois portable, pas trop moche pour un produit technique, performant pour l'entraînement (fonctions diverses multi-sports) et connectable (vidéo de démonstration ci-dessous). Un bon exemple de smartwatch qui ne se prend pas la tête ! Jusqu'ici Tom Tom collaborait avec Nike pour ses montres GPS...
 
◉◉ GLYCINE : la marque fêtera cette année à Baselworld les 60 ans de son icône, la fameuse Airman, première montre à cadran vingt-quatre heures dotée d'un second fuseau horaire, qui a longtemps été la montre préférée des pilotes militaires américaines [on ne trouve encore au Vietnam : elles avaient récupérées sur des aviateurs prisonniers]. Pour cette anniversaire, la marque lance une Airman n° 1, dotée du mouvement originel Felsa 692 et fidèle réédition de la montre lancée en 1953. Les amateurs de vintage vont se faire plaisir...
 
 
◉◉ PATRIMOINE : le ministre Pierre Moscovici aurait-il oublier de déclarer quelques montres de luxe dans son patrimoine personnel avoué publiquement ? L'Argus des Montres pose la question, en rappelant quelques découvertes de Business Montres à ce sujet, en y ajoutant une Patek Philippe [celle dont il rêvait dans notre interview], une IWC, une Ulysse Nardin et quelques autres. Du coup, les 30 000 euros d'objets personnels de valeur consignés dans la déclaration officielle semblent bien illusoires...
 
◉◉ ROLEX : hier, les  « préparateurs » noircissaient les Rolex, quand les marques de mode en détournaient ironiquement les codes. Bamford customisait les Rolex et Bape (A Bathing Ape) repompait les icônes de la marque. Aujourd'hui, Bamford s'inspire des camouflage de Bape pour une série d'Explorer – des vraies Rolex – authentiquement personnalisées (ci-dessous). Pour boucler la boucle, demain, les Japonais de Bape détourneront les détournements des Anglais de Bamford, et ainsi de suite...
 
 
◉◉ COUPE DE L'AMERICA : sévère avertissement de Patrizio Bertelli (Luna Rossa pour Prada) aux responsables de l'America's Cup. Dans Le Monde, il critique sans aménité la nouvelle politique de la plus ancienne compétition nautique du monde.   « Nous verrons maintenant ce qui arrivera à San Francisco [où se dérouleront la Coupe Louis-Vuitton en juillet et la Coupe de l'America en septembre], s'il y aura de l'intérêt de la part du public. En tout cas, il est clair que les difficultés qu'ont les autres équipes à trouver des sponsors en disent long. Ce n'est pas seulement un problème de crise économique internationale. Pour moi, les organisateurs n'ont pas trouvé une option assez intéressante sur le retour d'image de cette nouvelle formule. (...) Trois challengers, c'est trop peu ! Il aurait fallu au moins cinq ou six équipes pour que ça me semble correct. Il y aura Artemis, New Zealand et nous, mais pas de Français, d'Espagnols, d'Allemands, d'Anglais... C'est dommage. Pourtant toutes les autres équipes ont navigué en AC 45. Pourquoi ne pas avoir fait les ACWS sur des embarcations monotypiques et, à côté de ça, une régate en AC 45 prototypique avec l'obligation de n'avoir qu'un seul bateau ? Cela aurait considérablement fait baisser les coûts. Ça me semblait beaucoup plus raisonnable et, probablement, nous ne serions pas seulement trois mais beaucoup plus. (...) D'un point de vue sportif, les AC 45 [catamarans à ailes rigides du circuit ACWS] sont très intéressants. Il faut voir maintenant les retombées qu'ils auront sur le public. Je pense que les ACWS ont éloigné les gens au lieu de les attirer. La Coupe de l'America a toujours émané des riches et non des pauvres. C'est un fait. De plus, on a vu que ces embarcations n'étaient pas si bon marché que cela [près d'un million d'euros pièce]. Je vois ça plutôt comme une "extrémisation" supplémentaire de la voile avec un coût total qui se ne justifie pas forcément. (...) Je reste persuadé qu'on devrait retourner à des Sloops, monocoques rapides et performants et changer cette formule. On a essayé les catamarans, ça a été une expérience bonne et intéressante d'un point de vue sportif mais je ne vois pas un grand avenir pour les multicoques dans cette compétition ». Précision : Luna Rossa n'a toujours pas de partenaire horloger...
 
◉◉ HYDROPTÈRE : un autre qui n'a toujours pas de partenaire horloger, alors qu'il mériterait qu'une marque pose son sac à bord de L'Hydroptère, c'est Alain Thébault, qui est reparti pour une saison de records à battre (Transpacifique entre Los Angeles et Honolulu, record absolu de vitesse à la voile, record des 1 000 miles en 24 heures ou transatlantique, avec la barre placée à trois jours). À ses côtés, Jean Le Cam et Yves Parlier. Qui veut gagner des champions ?
 
◉◉ RICHARD MILLE : un petit panda pour la route ? Dans la série des montres naturalistes du bestiaire horloger [très à la mode cette année], Richard Mille surfe sur la tendance avec sa RM 26-01, qui marie haute mécanique (tourbillon), joaillerie (diamants et saphirs noirs), décoration (platine en calcédoine), métiers d'art (micro-sculpture et peinture à la main) et culture asiatique (le panda géant est un animal fétiche protégé et le voir grignoter des bambous parle à l'âme des Chinois). Rien à dire : c'est malin ! Et, en plus, c'est mignon...
 
 
◉◉ HUBLOT : quelques statistiques locales révèlent que Hublot figure sur le podium des trois premières marques suisses au Japon. en compilant d'autres statistiques, on réalise que la marque est également dans le Top 3 sur des marchés comme Singapour, le Mexique, le Brésil ou la Russie. Ce qui se vérifie dans les comptes LVMH des premiers mois de l'année (Business Montres du 16 avril) – mais ce n'est pas Bernard Arnault qui aurait pu en parler hier, lors de la présentation des résultats 2012 : avec 15 % de croissance sur les deux premiers mois de l'année, Hublot reste la plus performante des marques horlogères du groupe, la plupart stagnant ou reculant, à l'exception de Zenith (+ 10 %). La performance de Hublot s'annonce donc bien supérieure à la tendance moyenne des exportations horlogères. On en déduira que la transition entre Jean-Claude Biver et Ricard Guadalupe – aux commandes depuis maintenant dix-huit mois – s'est plutôt beaucoup mieux passée qu'on ne pouvait l'imaginer. On comprendra également que la dynamique Hublot est loin de se limiter au seul facteur Jean-Claude Biver, qui est de moins en moins présent dans l'entreprise, même s'il veille de près à l'élimination des éléments considérés comme toxiques pour l'avenir du projet Hublot : le charisme personnel du (re)fondateur de la marque n'est plus une explication suffisante de la croissance continue de Hublot à travers le monde. La vérité est ailleurs ! Peut-être dans la cristallisation d'une vraie « culture Hublot », capable de résister aux changements de management et même aux procédures bureaucratiques du groupe LVMH...
 
◉◉ HALDIMANN : la nouvelle H11 si sobrement conceptuelle (Business Montres du 14 avril) sera finalement logée dans un boîtier en platine de 39 mm, proposé à 55 000 CHF. Cette Central Balance Pure n'est peut-être pas la première montre à aiguilles co-axiales au balancier central. Depuis la publication de notre article, un lecteur a retrouvé une montre de 1902 avec balancier et aiguilles au centre (ci-dessous). Beat Haldimann se consolera en considérant qu'il est le premier à avoir adopté ce dispositif pour une montre-bracelet, en plaçant le balancier en évidence au dos de la montre, à l'extérieur même du mouvement...
 
 
◉◉ TENDANCE : c'est pour nous persuader que la Rolex GMT II en acier est un   « must have dont la cote ne cesse de grimper » sur le site Tendance Horlogerie publie le graphique ci-dessous. En effet, l'ascension est absolument vertigineuse...
 
 
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DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...
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