VENDREDI (accès libre) : Le Sniper en position du tireur debout
Le marketing généalogique avec DeWitt, le remontage par arbre de transmission avec Corum, l'écrin électronique pour montre mécanique avec Julien Coudray, les pistons fluido-mécaniques dans le style Harley-Davidson avec HYT, le panzer de super-héros avec Rebellion, le budget nécessaire pour faire voyager une montre sur la planète Mars : pas belle la vie des montres ? CETTE SEMAINE, LE SNIPER A...
Le marketing généalogique avec DeWitt, le remontage par arbre de transmission avec Corum, l'écrin électronique pour montre mécanique avec Julien Coudray, les pistons fluido-mécaniques dans le style Harley-Davidson avec HYT, le panzer de super-héros avec Rebellion, le budget nécessaire pour faire voyager une montre sur la planète Mars : pas belle la vie des montres ?
CETTE SEMAINE, LE SNIPER A... 
❏❏❏ découvert...un des plus étonnants écrins horlogers de ces dernières années. Il est signé Julien Coudray, la marque suisse qui rend hommage à la tradition française de l'Ecole de Blois, au XVIe siècle : Julien Coudray est le premier horloger français dont le nom est associé à un objet du temps portable (une montre intégré dans un poignard réalisé pour François Ier). Fabien Lamarche, qui a lancé la marque sur le créneau de la bienfacture dans les arts traditionnels de la décoration horlogère, n'en est pas moins un passionné de nouvelles technologies : son écrin – qui se présente comme un coffret traditionnel – propose d'intéressantes fonctions électroniques avancées pour le remontage et la mise à l'heure d'une montre mécanique. Tout d'abord, une mini-camera permet de capter, sur un écran plat visible à l'extérieur de l'écrin, l'image de la montre qui est à l'intérieur et qui sera remontée par le mécanisme de l'écrin. On peut programmer électroniquement l'heure affichée mécaniquement, sur plusieurs fuseaux horaires, avec une totale latitude concernant les quarts d'heure ou les demi-heures de certains pays... 
❏❏❏ apprécié...le nouveau marketing généalogique de la manufacture DeWitt. C'est un renversement stratégique : côté communication, après des années de messages sur le contenu mécanique de la marque, le changement est radical, au sens étymologique du terme. On en revient aux racines et au coeur palpitant de l'héritage : Jérôme De Witt capitalise désormais sur son arbre généalogique, avec un visuel qui synthétise le mythe impérial des origines (le fameux geste napoléonien de la main dans le gilet) et les empereurs du monde contemporain. Aucun bavardage : "For the new emperors". Avec un rappel de la baseline précédente : "Revolutionnaire par tradition". Même la montre, qui n'est pas une nouveauté, en adopte un style impérial, pour ne pas dire... Empire – c'est-à-dire néo-classique avec un ferment révolutionnaire implicite. Une campagne plutôt réussie dans sa sobriété : pauvre, mais digne a toujours été la ligne morale des anciennes aristocraties européennes... 
❏❏❏ trouvé...le nouveau filon touristique post-chinois. Chacun a compris qu'il devenait difficile de capitaliser sur un flux touristique chinois de plus en plus aléatoire, compte tenu des allocations discrétionnaires de visas, de la fluctuation des taxes à l'importation et de la volonté du Politburo d'imposer une nouvelle frugalité tout en relançant le marché intérieur. Après les Chinois, les Russes ? Ils sont à la fois nombreux (plusieurs millions ont visité l'Europe en 2012), bien répartis dans tous les pays d'Europe, sensibles aux marques et attentifs aux différences de prix entre les places touristiques européennes et les boutiques russe. Ces touristes obtiennent facilement des visas pour des pays voisins de la Russie intégrés dans l'espace Schengen : il leur est ensuite facile de se rendre dans d'autres pays au sein de cet espace européen. Selon une récente étude Global Blue, l'Eldorado touristique est, pour les pays européens, la manne des touristes russes, qui sont en train de concurrencer sérieusement les touristes chinois : leur intervention sur le marché des montres de luxe n'est déjà plus négligeable [30 à 40 % d'augmentation du panier moyen en 2012 pour ces nouveaux venus]. 750 000 touristes russes en Allemagne, et autant en Espagne peuvent expliquer une partie de la performance des exportations horlogères suisses sur ces marchés ? 
❏❏❏ regardé...de plus près une Corum étonnante. Cette Ti-Bridge Automatic Dual Winder est animée par un mouvement automatique dont le système de remontage respecte le principe d'affichage linéaire de la montre : deux masses oscillantes, solidaires et montées sur roulement à billes, fonctionnent en ligne ! Un arbre de transmission assure leur mise en marche parallèle, quel que soit le sens de leur rotation (ci-dessous). Ce calibre CO 207 a été conçu, mis au point et breveté par Corum : c'est une première mondiale ! 72 heures de réserve de marche pour un seul barillet. Après le mouvement mécanique trois jours et le tourbillon volant, ce mouvement automatique est le troisièmes calibre qui vient équiper la famille Ti-Bridge. Cette montre automatique ne sera réalisée qu'en 200 exemplaires pour la version en boîtier titane (25 exemplaires pour l'or rose). 
❏❏❏ noté...QUELQUES IN-10-CRÉTIONS À LA VOLÉE, EN VRAC ET EN TOUTE LIBERTÉ... Au programme de ce vendredi, quelques cibles secondaires du Sniper, dans tous les azimuts et à toutes les distances, dans une ambiance qui commence à vibrer de l'excitation pré-Bâle : ►►► POMELLATO : le rachat de la marque de joaillerie italienne se précise, avec un groupe PPR qui semble tenir la corde face au groupe italien Damiani qui détient déjà 18 % du capital. Après le raid Bvlgari effectué par le groupe LVMHe rachat des joailliers italiens par les groupes français serait-il en train de devenir une habitude ? Certaines sources, ni plus ni moins fiables que les autres, évoquent un montant de 350 millions d'euros pour cette transaction, alors que Pomellato réalise à peu près 150 millions d'euros de chiffre d'affaires. De quoi nous conforter dans notre hypothèse sur "la haute joaillerie au coeur d'un duel entre les groupes de luxe (Business Montres du 13 février)... 
►►► HYT : à quoi ressemble la seconde génération de l'horlogerie fluido-mécanique façon HYT (Vincent Perriard) ? Pour beaucoup, apparemment, à la première génération (H1, préparée par Jean-François Mojon) ! La H2 a été conçue et retravaillée par l'équipe de Giulio Papi (Audemars Piguet Renaud Papi), avec le même système d'affichage de l'heure par circuit fermé capillaire, mais sur une base mécanique entièrement remaniée (deux barillets à débit différentiel, avec les "pistons" en V comme sur une Harley-Davidson). Avant Baselworld, la montre nous tourne le dos publiquement [c'est ainsi qu'on va la découvrir partout sur le web horloger]. L'avant, plus classiquement horloger, sera dévoilé par la suite... ►►► ICE-WATCH : la marque belge sera le partenaire horloger de... BMW, avec une collection de montres à la clé (dans l'esprit MMW Motorsport) et une mise en scène de cette coopération dans l’édition 2013 du DTM (Deutsch Tourenwagen Master), qui compte dix manches dont six en Allemagne et les autres en Russie, au Royaume-Uni, en Autriche et aux Pays-Bas... ►►► MANUFACTURE ROYALE : un autre partenariat automobile étonnant, c'est celui de la Manufacture royale (Arnaud Faivre) avec le constructeur allemand Wiesmann, qui fêtera ses 25 ans cette année. Très logiquement, Manufacture Royale réalisera à cette occasion une série limitée de 25 montres, dessinées par Charles Grosbéty, créateur en charge de toutes les collections de Manufacture Royale. Pour Friedhelm Wiesmann, le créateur de Wiesmann, "passion de la mécanique, designs hors-norme et exclusivité sont les qualités qui rendent les automobiles Wiesmann et les garde-temps Manufacture Royale si particuliers". La montre est à découvrir au salon de l'Automobile de Genève... ►►► SWATCH : un des meilleurs reportages télévisés sur le trentenaire de la Swatch est à regarder sur la télévision suisse italienne (RSI, édition du 1er mars), avec Jacques Muller et Elmar Mock (les deux créateurs de la Swatch en vedette). Voir également notre article sur cet anniversaire : Business Montres du 28 février)... ►►► SMARTWATCH : quelques confidences de Nick Hayek au sujet d'une possible iWatch dans L'Argus des Montres. On en déduira que Swatch prépare – ou pas – quelque chose, qui sera – ou pas – une smartwatch, puisque la marque et le groupe ont la maîtrise de toutes les technologies requises, mais sans doute pas la légitimité sur le terrain de la connectique. De même, on déduira d'autres sources (par exemple JCK Online) que Apple prépare – ou non – un objet de poignet connecté qui sera peut-être – ou non – une montre. Les jeux ne sont pas faits et la bille roule toujours : qu'on se souvienne seulement de la quiétude mentale des téléphonistes traditionnels avant l'arrivée du iPad et du iPhone sur le marché, ou de l'ironie de l'industrie de la musique avant l'explosion des téléphones et des tablettes connectées... 
►►► REBELLION : la T-1000 Gotham est plus "bestiale" que jamais, dans le style brutal de son esthétique comme dans la mise en valeur néo-industrielle de ses éléments mécaniques. On y retrouve l'architecture décalée du calibre Rebellion, conçu avec deux plans inclinés à 39° (pour l'échappement et le double spiral du balancier à 6 h), avec un affichage rotatif de l'heure et des minutes, ainsi que six barillets logés dans les côtés du boitier en titane. Ces barillets se rechargent en parallèle (deux séries) grâce à un arbre de transmission central qui entraîne deux chaînes : la réserve de marche est toujours de 1 000 heures, soit plus de 40 jours sans remontage – un record du monde qui devrait être battu cette année par une montre présentée à Baselworld. Les éléments structurels du mouvement sont en avional traité bleu, rouge, violet ou noir : c'est encore plus impressionnant. Une vraie montre de super-héros [d'où son nom !] qu'on pourrait définir comme un "guerrier du temps" : dans la famille des tanks de poignet et des über-montres, je voudrais la Rebellion ! Pour l'instant, on n'a pas encore trouvé mieux... ►►► PATEK PHILIPPE : opération originale de parrainage avec l'édition iPad de First Life, le magazine in-flight de British Airways, qui sera désormais "présenté" par Patek Philippe (téléchargement gratuit de l'édition numérique, avec un logo Patek Philippe sur la couverture, la marque étant le seul annonceur du magazine). First Life est un bimensuel disponible dans les lounges de British Airways, mais il est théoriquement réservé aux voyageurs de première classe... ►►► MANGO : la marque de mode vient de se laisser en fermer dans une polémique sociétale qui aurait pu lui coûter cher si elle n'avait pas immédiatement fait amende honorable et capitulé en rase campagne. La campagne est née du lancement d'une collection de bijoux qualifiés de "style esclave" (une appelation assez banale pour des bracelets ou des gourmettes). Problème : quelques internautes n'ont pas apprécié cette "banalisation" de l'esclavage et fait circuler une pétition lancée par l'ex-miss France Sonia Rolland, l'actrice Aïssa Maiga et la chroniqueuse Rokhaya Diallo. La machine numérique s'est alors emballée, jusqu'à ce que Mango s'excuse et change le nom de tous ces produits. Quels enseignements en tirer ? D'abord, la puissance des réseaux sociaux : une bonne alerte sur un thème sensible et la pression monte instantanément contre une marque. Ensuite, tous les symboles sont bons à exploiter – même les plus anodins – pour les groupes de pression, qui trouvent dans ces campagnes une occasion de prouver leur existence et de justifier leur défense de telle ou telle valeur. Enfin, aucune marque n'est à l'abri des gardiens vigilants d'un politiquement correct de plus en plus oppressant : qui peut garantir que les croix de Malte ou de Calatrava ne seront pas, demain, remises en question pour les champions de la mémoire sélective ? ►►► MARS : porter une montre sur la planète Mars coûtera quelques milliards de dollars ! Pas à cause du poids de la montre [encore que le fret pour Mars soit forcément tarifé au poids du diamant taillé en D flawless], mais à cause du budget nécessaire pour envoyer son porteur fouler le sol martien. Une infographie récapitule quelques lignes budgétaires : comptez entre 50 et 120 milliards de dollars par personne, mais on remarquera que le coût du SMS envoyé depuis Mars coûte moins cher que celui qui est facturé par un opérateur sur les réseaux européens ! 
D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES...