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VENDREDI (accès libre) : Le Sniper face à la nouvelle révolution culturelle chinoise

Non seulement le Parti communiste chinois déclare la guerre à l'extravagance (catégorie dont relèvent les montres suisses), mais la banque centrale chinoise coupe les crédits de l'argent facile. Ce sera donc encore plus dur pour les exportations horlogères. Il va falloir s'adapter à ce nouveau modèle économique, pas trop porté sur le bling-bling...  ❏❏❏❏ LE MANS : 24 heures d'un millésime très horloger... ❏❏❏❏ HISTOIRE : mais quel est donc cet horloger professionnel qui a gagné …


Non seulement le Parti communiste chinois déclare la guerre à l'extravagance (catégorie dont relèvent les montres suisses), mais la banque centrale chinoise coupe les crédits de l'argent facile. Ce sera donc encore plus dur pour les exportations horlogères. Il va falloir s'adapter à ce nouveau modèle économique, pas trop porté sur le bling-bling...

 
❏❏❏❏ LE MANS : 24 heures d'un millésime très horloger... ❏❏❏❏ HISTOIRE : mais quel est donc cet horloger professionnel qui a gagné les 24 heures du Mans... ❏❏❏❏ MACHINES : le retour du Grand Bi dans les rues de Genève... ❏❏❏❏ PRÉCISION : la montre atomique suisse est en retard.. ❏❏❏❏ CHINE : mieux qu'une révolution politique, une révolution culturelle... ❏❏❏❏ HÉRALDIQUE : le bling-bling des blasons contemporains de Rashaad Newsome... ❏❏❏❏ AMÉRIQUES : la passion mexicaine de Richard Mille... ❏❏❏❏ MÉCANIQUE : la frénésie automobile de BRM... ❏❏❏❏ STATISTIQUES : ce qui se cache derrière l'été en pente douce des exportations horlogères... ❏❏❏❏ POLITBURO : avec ou sans cravate... ❏❏❏❏ COUP DE BLUFF : les bidonnages de la baisse des droits de douane en Suisse... ❏❏❏❏ INFLATION : les prix des montres sont-ils devenus fous ? ❏❏❏❏ POLIO WATCH ONE : une montre qui doit rapporter 100 millions de dollars... ❏❏❏❏ CHANEL : une petite dame qui manque de coffre... ❏❏❏❏ IN MEMORIAM : Thierry Oulevay nous a quittés...
 
 
▶ cette semaine,
LE SNIPER DU VENDREDI A... 
 
 
 PLANIFIÉ
vingt-quatre heures d'un week-end très horloger au Mans...
◉◉ Si les grandes marques horlogères, à quelques exceptions près, ne tiennent pas à venir se frotter à Rolex, chronométreur officiel des Vingt-quatre Heures du Mans, de nombreuses « petites marques » vont s'agiter autour des paddocks ce week-end. Avec des bonheurs incertains, mais tout le monde n'a pas les moyens de Jaeger-LeCoultre, qui dispose des cinq voitures de l'écurie Aston Martin Racing, ni de TAG Heuer, qui ne se contente pas des trois voitures d'Audi Sport [vainqueur potentiel], mais qui en rajoute au poignet d'autres champions (voir notre article : Business Montres du 18 juin). Les montres BRM – qui seront aussi la montre de Fabien Giroix, de l'écurie Gulf Racing Middle East – ont choisi d'investir l'aileron arrière de la Renault Alpine (n° 36) dont on parlera beaucoup (image ci-dessus : une montre à découvrir, sur place, dans l'espace Alpine du Village), en dédiant au retour de cette voiture au Mans une série limitée (ci-contre : 24 pièces, bien sûr !). Sauf que Nelson Panciatici, toujours détenteur du meilleur temps en LMP2 et pilote de cette Alpine (ci-dessus), portera en course une Ralf Tech WRX (en cartouche), marque dont il est l'ambassadeur habituel. Une marque sur le casque du pilote, une autre marque sur l'aileron : cette Alpine est la voiture la plus horlogère de toute la compétition ! D'autres marques de montres à surveiller de près : Rebellion, Snyper (également avec Gulf Racing Middle East), Jo Siffert (nouvelle marque dédié au champion suisse, portée au Mans par la championne suisse Natacha Gachnang), Saint-Honoré et quelques autres. Bien repérer le manège de Tudor, marque-soeur de Rolex, qui verrouille une autre entrée des sports mécaniques comme chronométreur officiel du championnat d'endurance de la FIA...
 
◉◉ Ne pas manquer non plus, dimanche, la chronique horlogère de « Goûts de luxe », sur BFM Business : tout ce que vous voulez savoir sur la légende horlogère des Vingt-quatre Heures du Mans, avec quelques rappels intéressants sur le record tenté par Rolex à 1 600 km/h (c'était une révélation Business Montres du 2 décembre 2012) ou sur le seul horloger professionnel qui ait jamais gagné les Vingt-quatre Heures...
 
◉◉ Eh oui, on ne le sait pas, mais un horloger suisse – un vrai, pas une marque – a déjà gagné au Mans. Et, en plus, son nom est devenu une marque : il s'agit de Laurent Ferrier, créateur d'une des marques les plus sympathiques de ces dernières années. C’était en 1977 : Laurent Ferrier l'avait emporté en 2 litres prototype sur Porsche. On le voit, ci-dessous, en combinaison blanche, à côté de sa Porsche n° 40. En 1979, le même Laurent Ferrier avait terminé 3e au classement général sur Porsche (les 2 premiers étant alors des pilotes de F1)…
 
 
 
 
 RÊVÉ
de pouvoir  piloter un des Grand Bi qu'on découvrira bientôt à Genève...
◉◉ Quand les uns s'amusent avec des voitures de course, les autres redécouvrent les plaisirs du cycle, mais avec une touche rétro-mécanique qu'on ne saurait trouver qu'à la M.A.D Gallery de Genève. On reverra donc, la semaine prochaine, des vélos « Grand Bi » en ville : une force de frappe visuelle – incroyable roue avant surdimensionnée et surmontée du guidon et de la selle – pour faire connaître les « machines » cyclistes de Zdenek Mesicek, artisan tchèque qui a maintenu la tradition [c'est le dernier au monde] en réalisant des « Grand Bi » d'un incroyable qualité technique (ci-dessous) et d'une grande élégance formelle. Pas facile de trouver son équilibre sur un tel engin, mais c'est un défi qui stimule...
 
 
 
 
 REGRETTÉ
le retard suisse dans la course à la « montre la plus précise du monde »...
◉◉ Montre qui ne saurait être qu'une « horloge atomique de poignet ». On trouvait au récent salon EPHJ une vitrine du CSEM (Centre suisse d'électronique et de microtechnique) sur le projet suisse d'adaptation au poignet d'une montre-bracelet capable qui ne serait qu'une horloge atomique miniaturisée : cette Swiss Miniature Atomic Clock (également citée dans la littérature comme eXtra Small Atomic Resonator – XSAR) est encore loin d'être techniquement opérationnelle, pour des questions d'alimentation en énergie et de fiabilité dans le temps (prototype ci-dessous). Ce qui n'est pas le cas d'autres dossiers ouverts à ce sujet, comme le projet américain concurrent développé par le NIST américain (National Institute of Standards and Technology), avec une puce Symmetricon et un peit génie, Andrew Ludlow, pour inventer des solutions aux problèmes posés. On compte également sur le projet de montre atomique développé par les Anglais de Hoptroff, toujours sur la base d'une puce Symmetricon (révélation et présentation Business Montres du 4 mai dernier). Ce serait dommage de voir la Suisse humiliée sur son propre terrain horloger, même si le marché de ce genre de montres (proposé à 150 000 CHF par les Anglais) reste très étroit...
 
 
 
 
 VÉRIFIÉ
que la nouvelle révolution culturelle chinoise était en marche...
◉◉ Le pouvoir chinois n'est jamais avare de « signaux faibles », qu'il est évidemment utile de décrypter en temps utile. Après la révélation de la nouvelle « ligne de masse » imposé par l'actuel Politburo au comité central du Parti communiste qui se tenait cette semaine, la banque centrale chinoise a confirmé que l'ère du capitalisme débridé [ce n'est pas une jeu de mots] et de l'argent facile était révolue. On n'injecte plus d'argent dans le circuit, ou tout juste ce qu'il faut. Du coup, c'est la panique monétaire. Plus de liquidités distribuées à n'importe comment et à n'importe qui pour n'importe quel projet : c'est la fin d'un modèle économique ! Du coup, les banques tirent la langue et les consommateurs se préparent à une nouvelle ère d'austérité, elle-même annoncée par Xi Jinping (analyse Business Montres du 19 juin). La prise en tenaille de la société est bien amorcée : une mâchoire politique pour serrer la vis et imposer un nouveau style de vie ; une mâchoire économique pour serrer la vis monétaire et restreindre le crédit, notamment à la consommation – celui qui alimentait les dépenses somptuaires et statutaires. Il faudrait être aveugle pour considérer que l'étreinte de cette double mâchoire épargnera le niveau actuel – déjà très déflationniste – de la consommation des montres suisses, ouvertement considérée comme « extravagante » et « hédoniste » par un Comité central ouvertement tenté par le retour du maoïsme. Mieux qu'une révolution politique doublée d'une révolution économique, c'est une révolution culturelle. En Chine, ça dure généralement une petite dizaine d'années...
◉◉ Sauf pour ceux qui croient à la thèse du refroidissement purement conjoncturel de la consommation du luxe en Chine, il est tout aussi évident que cette révolution culturelle affectera durablement la consommation chinoise des montres dans le monde entier, notamment celles des touristes qui « sauvent » actuellement les statistiques d'importations horlogères dans les pays européens. À quoi bon acheter des montres de prestige – il est ici question des marques les plus connues et les plus distribuées en Chine – si on ne peut pas les porter en Chine et si on ne peut pas les offrir pour se faire des amis [puisque ceux-ci ne pourront pas les porter] ? Un parfum peut se porter discrètement, pas une montre ! D'autant que, pour consolider la consommation intérieure et dans la logique du néo-protectionnisme qui oriente la pensée du nouveau pouvoir chinois, les global shoppers chinois seront très vite dissuadés de trop dépenser à l'étranger par des contrôles douaniers plus tâtillons et plus soucieux de faire respecter le style néo-prolétarien...
 
 
 
 SOURI
des trésors « bling-bling » exposés au Musée des arts de la Nouvelle-Orléans...
◉◉ Eh oui, le « bling-bling » entre au musée. Business Montres avait été un des tout premiers médias européens à repérer la « bling-bling attitude » (Business Montres n°7, du 11 janvier 2005). À l'époque, l'horlogerie avait ouvert des grands yeux ! Depuis, ce bling a explosé, avant de régresser et de se formaliser, au point d'entrer désormais au NOMA de La Nouvelle-Orléans (exposition « King of Arms » de l'artiste Rashaad Newsome). Le raisonnement de ce dernier se tient, et il intéresse l'horlogerie : là où nos ancêtres pouvaient « lire » le monde dans les armoiries médiévales, nous « lisons » notre monde dans les attributs de nos armoiries contemporaines (image en haut de la page). « J'ai remplacé les licornes par des Rolex, parce que les licornes ne disent plus rien à personne, alors que les nouveaux riches s'offrent une Rolex dès qu'ils le peuvent, pour symboliser leur statut » (Greater New Orleans). Comment lui donner tort ? Les montres sont aujourd'hui des « emblèmes » qui parlent autant que les griffons ou les léopards rampants d'autrefois : Rashaad Newsome les manipule pour récréer une héraldique très codifiée des années 2010 (ci-dessous : les armes d'un improbable « Grand Marquis de Brooklyn »). Toujours avec une obsession horlogère dont nous lui serons gré, mais avec une fantaisie hip-hop finalement assez réjouissante...
 
 
 
 RELEVÉ
une quinzaine d'infos à la volée, en vrac, en bref et en toute liberté... 
 
◉◉ IN MEMORIAM : notre ami Thierry Oulevay, qui avait recréé la marque Bovet Fleurier avant de lancer la marque Jean Dunand (avec Christophe Claret), nous a quittés il y a quelques jours, à l'âge de 57 ans. Issue d'une famille très connue en Suisse romande (les fameux biscuits Oulevay), cet être de culture avait toujours aimé les marques à forte valeur ajoutée historique et artistique. Il leur a donné sa vie. Toutes nos pensées vont à sa femme et à fille.
 
◉◉ RICHARD MILLE : avec constance et détermination, Richard Mille continue sa production de séries limitées à succès sur des thématiques « américaines », et plus particulièrement mexicaines. Après la RM 011 Automatic Mexico (2010) et la RM 028 Automatic Mexico (2011), voici très logiquement une RM 030 automatique Mexico, toujours aux couleurs nationales (sans risquer le moindre débordement d'imagination), cette fois avec un boîtier ultra-léger en nanotubes de carbone (30 pièces, uniquement dans les boutiques américaines de la marque et à Mexico, chez Berger et chez Torres)...
 
 
◉◉ BRM : la plus tricolore des marques indépendantes françaises est aussi la marque mondiale qui peut afficher le plus puissant engagement dans l'automobile (indice d'octane mécanique dans l'ensemble des collections). Bernard Richards est partout sur les grands circuits et il dédie des montres à toutes les grandes courses comme à toutes les grandes écuries. Son calendrier est incroyablement chargé Pour s'en rendre compte, il suffit de jeter un oeil sur la newsletter de la marque : une bonne quarantaine de rendez-vous sportifs dans les mois à venir. Ce qui n'empêche pas BRM de préparer quelques avancées intéressantes en mécanique horlogère, dont un système de remontage automatique très innovant. On en reparlera...
 
◉◉ POLITBURO DÉCRAVATÉ : ou plutôt l'absence de cravate ! Signalée dans notre article sur la nouvelle « ligne de masse » néo-maoïste imposée par Xi Jinping (« Sale temps pour les montres suisses » : Business Montres du 19 juin), cet abandon de la cravate en dit long sur le « nouveau style » qui sera le standard chinois. Pour les lecteurs qui n'auraient pas bien compris : après le culte du « Enrichissez-vous » des deux décennies précédentes, qui impliquait une ostentation des symboles de cet enrichissement, donc la collection de montres suisses et la pratique des « montres de corruption », voici venu le temps du nouveau choc prolétarien et d'une nouvelle austérité spartiate, plus en phase avec le retour des plans d'investissement dans la tradition des économies administrées. Dans ce cadre, la cravate et la veste n'est plus que des symboles honnis de l'ordre ancien et de cet Occident dont on sent monter l'exécration : c'est en chemise et sans montre suisse un tant soit peu ostentatoire [un boulevard s'ouvre pour les montres populaires chinoises !] que les nouveaux dirigeants ont réaffirmé leur foi communiste, après avoir bien insisté sur le bannissement des « extravagances » et de l'« hédonisme » d'un passé récent.
 
◉◉ RÊVE CHINOIS : avec une telle nouvelle ligne politique et une telle volonté de réarmement moral néo-nationaliste, comment s'étonner que ce Politburo ait engagé un viril bras de fer avec les autorités européennes sur les voitures de luxe, les paneaux solaires ou les vins importés en Chine ? Ce n'est sans doute qu'un début... On ne parlera pas ici du problème des montres suisses, en passe de devenir annexe : si les montres de prestige [quasiment toujours suisses] ne sont plus un objet statutaire recommandable ou portable pour les cadres de la nation et les promoteurs du nouveau « rêve chinois », à quoi bon leur en offrir ? Le marché des « montres de corruption » ne va pas s'en relever et les marques trop connues – et donc trop repérables – vont passer par de grands moments de solitude dans leurs dizaines de boutiques louées au prix de la Place Vendôme, sinon plus, dans les moindres malls commerciaux. En revanche, un nouvel espace s'ouvre pour les nouvelles « marques de niche », plus accessibles ou plus exclusives, qui auront l'avantage d'être distribuées dans les canaux des copains milliardaires du nouveau Politburo...
 
◉◉ DROITS DE DOUANE : évidemment, on peut toujours rêver autour de l'annonce d'une baisse de 60 % sur dix ans des droits de douane sur les montres suisses. C'est vraiment le coup de bluff de l'année ! D'une part, la Chine avait besoin de passer pour le bon élève de l'OMC avant d'engager son combat secret pour le protectionnisme en Chine avec les Européens : la Suisse n'a rien compris à la manoeuvre (Business Montres du 28 mai dernier). Ensuite, parce qu'il s'agit d'une supercherie : les droits de douane ne comptent que pour une part ridicule dans la structure du prix des produits de luxe vendus en Chine. Le 11 jui, Business Montres avait publié sur sa page Facebook un graphique très édifiant, que nous ne résistons pas au plaisir de vous représenter (source : Marketing Chine)...
 
 
◉◉ BAISSE DU PRIX DES MONTRES : ceci posé, même si ce n'est pas du tout à cause de cette baisse des taxes douanières [qui ne sera jamais que de 18 % la première année, soit de 3 % x 18 % = 0,54 %], les prix baissent en Chine. Les marques ont enfin compris que les prix des montres avaient atteint des sommets délirants. Audemars Piguet l'avait annoncé en début d'année. Patek Philippe a demandé à ses partenaires régionaux de le faire. D'autres marques ont entrepris cette rectification. Ce qui révolte les clients qui avaient payé plein pot et qui voient aujourd'hui la valeur de leur montre rétrécir : il est vrai que les stocks sont tellement abondants que le discompte devient inévitable, y compris pour les grandes marques. Quand on voit en vitrine, à Hong Kong, des réf. 5131 de Patek Philippe, théoriquement produites à douze exemplaires par an, c'est qu'il y a un malaise. Espoir des marques : effacer le différentiel des prix entre l'Europe et l'Asie, en imaginant que ça va relancer le marché. Sauf que l'environnement socio-culturel de ce marché a changé : encore une coup de la « ligne de masse » !
 
◉◉ HAUSSE DU PRIX DES MONTRES : connaissez-vous l'« indice Speedmaster » ? L'accusation lancée par Richard Paige, le co-fondateur de Timezone,  contre les marques horlogères qui auraient abusé de l'inflation ces dernières années [augmentation délirante du prix des montres] n'en finit plus de rebondir sur les réseaux sociaux. On ne manquera pas, sur le blog de Ze White Rabbit, un complément d'enquête sur le cas de la Speedmaster d'Omega, « passé de 225 US dollars en 1973 à 4 500 dollars US en 2013 » : un prix multiplié par 20 en quarante ans ! Précision utile de l'auteur : « L'Omega Speedmaster Professional a conservé les mêmes caractéristiques techniques entre 1969 et 2013. Mis à part des améliorations en matière de joints d'étanchéité et d'huiles de lubrification, la plupart des composants d'une Speedmaster Professional de 2013 continuent à être fabriqués avec les mêmes matériaux qu'en 1969 ». Une fois balayées les objections sur le cours des changes, l'évolution des salaires moyens et tout le reste, une évidence s'impose, bien soulignée par le tableau ci-dessous. Les conclusions de Ze White Rabbit : « En 1970 : Un ouvrier suisse devait travailler 2 jours (14 ½ heures à 14,93 CHF/h) avant de pouvoir acheter la Speedmaster à 215 CHF. Avec cet argent, il aurait pu s'acheter 2 m² dans un quartier résidentiel en Suisse... En 1995 : Le même ouvrier suisse aurait dû travailler 4 jours (30 ½ heures à 20,12 CHF/h) avant de pouvoir acheter la Speedmaster à 615 CHF. Ce travail lui aurait permis d'acheter 2 m² dans un quartier résidentiel... En 2013 : Notre ouvrier doit à présent travailler 23 jours (186 heures à 22,00 CHF/h) avant d'envisager l'acquisition d'une Speedmaster à 4 100 CHF. Avec cet argent, il peut s'offrir 10 m² dans un quartier résidentiel »...
 
 
◉◉ EXPORTATIONS (1) : c'est l'été en pente douce ! L'industrie horlogère aborde les mois de vacances sur la même pente de lente décroissance que celle de ces douze derniers mois. C'est une crise chronique, pas un décrochement brutal : une sorte de guerre d'usure, qui voit les volumes s'éroder gravement sous le vernis d'une moindre dégradation de la baisse en valeurs. Le bloc asiatique persiste à se dégonfler, en Chine intérieure [tombée au-dessous de ses chiffres de 2011] comme dans la périphérie Pacifique. Paradoxalement, l'Europe ne maintient comme bastions de résistance que les destinations des touristes chinois, ce qui masque la chute brutale des marchés domestiques [notamment la France, également repassée sous la barre de 2011]. La relative dynamique américaine est une bénédiction dans ce contexte morose. Qui pourrait se réjouir de voir l'horlogerie perdre 840 000 montres à l'exportation pour les cinq premiers mois de l'année ? On maintient une industrie en vie avec des volumes, pas avec des valeurs...
 
◉◉ EXPORTATIONS (2) : que nous disent ces statistiques de l'avenir immédiat ? Que le plafond des 10 % de croissance par rapport à 2012 est désormais hors de portée, mais que le plancher des 5 % (assigné à l'industrie par Nick Hayek) sera peut-être enfoncé ; ni les nouvelles en provenance de l'Asie [qui ne pourront que s'accélérer du fait des surstocks à liquider], ni les craintes sur un coup de gem brutal (pour ne pas dire pire) sur le marché chinois, ni la morosité européenne, ni l'incertaine activité américaine ne laissent présager la moindre reprise durable et consistante. D'autant que la structure du marché est en train de muter : hier exclusivement tirées par le haut de gamme et par la valeur plutôt que le volume, les exportations ne le sont plus que par la moyenne gamme [disons Tissot pour simplifier], et pour un nombre assez réduit de pièces, alors que l'entrée de gamme suisse souffre de la concurrence très vive de ses concurrents non-suisses. Pour avoir tout misé sur le luxe, la Suisse horlogère aura du mal à se retourner. Difficile, dans ces conditions, de partager l'optimisme béat des analystes, qui considèrent toujours que la croissance globale de l'industrie se situera entre 5 % et 10 % : le reflux des achats touristiques chinois dans le monde va écrêter tous les pics de croissance enregistrés ici et là, ne laissant subsister que des flaques de prospérité. Le vrai indicateur à surveiller, c'est le marché américain, soutenu en grande partie par les achats offshore des consommateurs sud-américains, toujours amateurs de grosses pièces mais très versatiles [les UHNW sont capricieux et inconstants] : le prix terrifiant des montres suisses n'y favorisera pas une forte demande, alors que la concurrence d'une horlogerie « Proudly Made in America » se profile. Personne – sauf les court-termistes et ceux qui ont intérêt à soutenir le moral des larges masses – ne peut exclure le scénario d'une croissance... négative !
 
◉◉◉◉ POLIO WATCH ONE : rencontré dans une rue de Genève, où il était venu convaincre une personnalité de la montre de devenir l'ambassadeur international de la « montre pour éradiquer la polio » (Business Montres du 17 juin), Marc Alfieri s'explique sur sa Polio Watch One, son mécanique de récolte des fonds (100 millions de dollars pour cette seule montre) et sur son affichage original (une Terre sphérique) du niveau des dons (vidéo ci-dessous ou sur Business Montres Vision) :
 
 
◉◉◉◉ BLOGUEURS/BLAGUEURS : autre débat qui enflamme le web, la place que les marques de montres accordent aux blogueurs. « Les marques horlogères ont-elles peur des blogueurs ? », se demande Tom Mulraney dans The Watch Lounge. Bonne question, déjà soulevé en février dernier par Business Montres (8 février) : « Les blogueurs sont-ils des journalistes comme les autres ? », avec un complément le 14 février : « Les blogueurs sont-ils des blagueurs ? »...
 
◉◉ FAROL : la nouvelle marque française – logée à La Rochelle : une grande première horlogère ! – se présente dans une nouvelle vidéo. On y découvre comment un fabricant de couteaux (le fameux Cachalot) s'est mis à faire des montres comme cette LR 6x2, avec un système anti-arrachement de fixation du bracelet (mouvement suisse, le reste Made in La Rochelle)...
 
 
◉◉ OPEN SOURCE : un mouvement mécanique en accès libre (libre disposition des plans) pour toutes sortes de bonnes raisons (écoles, marques indépendantes, plateforme d'échanges 2.0, etc), avec la possibilité de disposer d'ébauches brutes à terminer soi-même : à découvrir dans une vidéo des animateurs du projet (piloté par Roman Winiger)...
 
◉◉ CHANEL : image de la campagne Joaillerie de ce printemps, avec Sigrid Agren comme modèle. Mignonne, mais vous ne trouvez pas qu'il lui manque quelque chose (photo non retouchée par nous) ? Elle manque un peu de coffre, non ? Encore un coup de la stagiaire enchaînée à son Photoshop...
 
 
 
 
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