> 


VENDREDI : le bullshit ministériel d'un « Made in France » qui n'en est pas un, sinon sur le papier...

Exploit pionnier, aventure humaine ou pure démonstration marketing, le saut dans le vide spatial de Felix Baumgarter ? Un débat qui passionne les lecteurs, alors que les images tournent en boucle autour de la planète et semblent détournées à l'infini. Du moment que ça se passe avec une montre au poignet, on ne va pas polémiquer... Art contemporain (Duane Hanson au MET) : l'homo touristicus occidentalensis dans toute sa splendeur...    ▷ AU SOMMAIRE DE CE SNIPER …


Exploit pionnier, aventure humaine ou pure démonstration marketing, le saut dans le vide spatial de Felix Baumgarter ? Un débat qui passionne les lecteurs, alors que les images tournent en boucle autour de la planète et semblent détournées à l'infini. Du moment que ça se passe avec une montre au poignet, on ne va pas polémiquer...

Art contemporain (Duane Hanson au MET) : l'homo touristicus occidentalensis dans toute sa splendeur... 
 
AU SOMMAIRE DE CE SNIPER DU VENDREDI
Des informations qui seront développées après la pendule ORTF ci-dessous...
❍ Les statistiques du jour : comme tous les mois, Tout va très bien, Madame la Marquise, l'accalmie n'est pas "inquiétante"...
❍ Les enchères du jour : quelques bonnes (et moins bonnes) surprises dans le catalogue hongkongais d'Antiquorum...
❍ Le bad buzz du jour : on parle du champion français du Redressement productif, qui porte une montre "Made in France". Vraiment ?
❍ Le débat du jour : Felix Baumgartner plus fort qu'Edmund Hillary ? Un résumé des arguments dans la réponse d'un lecteur...
❍ Le actualités du jour : notées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité éditoriale (Antiquorum, Harry Winston, Montblanc, Osvaldo Patrizzi, Top Mars, H. Moser & Cie, MAD Gallery, Greubel Forsey, Swatch, etc.)...
 
 
LES ENCHÈRES DU JOUR
Les amusantes coulisses d'une brocante horlogère...
 Par définition, on trouve de tout dans un vide-greniers, des bonnes affaires et des moins bonnes. Le catalogue d'Antiquorum Hong Kong ressemble ainsi une de ces garage sales qui pimentent le quotidien des bourgs américains, le long des routes nationales : pas de quoi rassurer sur l'avenir du roguauctioneer le plus plus controversé de la planète Montres [le prix d'adjudication moyen des lots est en baisse depuis des mois], mais des trouvailles intéréssantes au fil des pages. Parfois même un peu surprenantes, comme le retour sous le marteau de la montre Louis Vuitton (pièce unique, avec son écrin-mallette) qui avait été adjugée 35 000 euros à la dernière vente Only Watch 2011. C'est la première fois qu'une commande spéciale Only Watch (ci-dessous) revient sur le marché des enchères : un an après la vente, c'est plutôt étonnant, d'autant que l'estimation est à 16 000-26 000 euros – même dans le haut de la fourchette, ce lot n° 118 serait une excellente affaire, ne serait-ce que pour la mallette...
 
 
 ❍ Les amateurs de memorabilia horlogers se délecteront des lots n° 59 à 69 : une brocante horlogère récupérée dans la cave d'un ancien détaillant Rolex, avec du matériel de PLV délicieusement vintage. L'erreur stratégique est sans doute d'avoir proposé ces "objets du culte" à Hong Kong, et non en Europe ou aux Etats-Unis, où ils auraient eu un public d'aficionados prêts à payer de 500 à 1 000 euros pour des présentoirs de vitrine des années 1960 (lot n° 59) ou des panneaux de détaillant officiel, en arabe (lot n° 64), en anglais (lot n° 67) ou même pour "Tudor by Rolex" (lot n° 66) – ci-dessous. Le lot n° 69 n'était autre que le "cadeau presse" de Rolex à Baselworld 2010 (un volumineux presse-papier de laiton en forme de couronne) : la plupart des journalistes l'ont abandonné à Bâle au moment de reprendre l'avion parce qu'il était trop lourd – dommage pour eux, c'est estimé aujourd'hui à 500-700 euros ! Tous ces lots auraient sans doute fait plus de buzz à New York ou à Genève, mais il devait y avoir une urgence chez Antiquorum...
 
 
 On pourra également s'intéresser à quelques savoureuses raretés, comme la Piaget séoudienne des années 1980, quartz et diamants (lot n° 209, ci-dessous), quelques Heuer intéressantes (lots n° 14 et n° 15, une Silverstone qui a conservé son sticker original), le tourbillon volant Alain Silberstein, avec tout son environnement commercial d'origine (lot n° 134, estimé à 10 000-15 000 euros, ce qui serait une excellente affaire : ci-dessous), une pendulette émaillées Patek Philippe "Fêtes des Vendanges" (lot n° 127, malheureusement à quartz), la Cartier sertie "Lion chinois" (lot n° 243, ci-dessous, plus chinoise tu meurs !) et quelques autres curiosités, qui ne parviennent cependant qu'à médiocrement pimenter l'habituel cortège de montres déstockées (généralement Patek Philippe), dont très peu – sans doute moins de cinq, peut-être même qu'une – auront du mal à dépasser les six chiffres. Si on ajoute à cette médiocrité cataloguée [pas de lots phare !] la multiplication des offres de montres de collection à Hong Kong, où toutes les maisons d'enchères chinoises viennent à présent tenter leur chance, on se pose des questions sur le succès d'une telle vente...
 
 
 
 
LE BAD BUZZ DU JOUR
Décidément, on s'ennuierait sans les pitreries du ministre Montebourg...
 Ce n'est pas parce qu'il pose en marinière que nous parlons de lui [après tout, le ridicule ne tue pas, même en pays gaulois], mais parce qu'il s'est choisi une montre Michel Herbelin Newport Yacht Club, supposée "Made in France". Lui, c'est Arnaud Montebourg, épique ministre du Redressement productif, qui affiche un robot Moulinex en guise de trophée sportif et une montre Michel Herbelin (marque familiale de Charquemont, dans le Haut-Doubs) comme symbole du "Made in France" : "Il y croit, on l'a testé", nous explique Le Parisien. Le problème est que le ministre est le seul à y croire, à son éMade in France"...
Ne soyons pas cruels pour le couple Montebourg-Pulvar : l'une adore les lunettes en écaille (15 000 euros la paire selon le Canard enchaîné : Business Montres du 19 octobre), mais l'autre n'est pas en reste et n'a pas du tout l'habitude de porter des montres à quartz à 790 euros, dix à vingt fois moins chères et moins prestigieuses que les montres de ses copains de Bercy (ministère des Finances français). On parle ici de Pierre Moscovici et Jerôme Cahuzac – tous deux récemment pris en flagrant délit de signes extérieurs de richesse horlogère (Business Montres du 19 octobre), ce qui est bon pour l'industrie des montres, mais un peu ridicule quand on se souvient des sarcasmes dont la gauche socialiste accablait les goût supposés bling-bling de Nicolas Sarkozy. Tous les abonnés du train SNCF qui ramène chaque semaine le ministre Montebourg dans sa circonscription de Saône-et-Loire savent qu'il a des goûts horlogers autrement plus élégants que cette Michel Herbelin sportive, mais cela relève après tout de sa consommation privée. Laissons-lui la pratique de l'inquisition carpienne dont ses amis politiques ont abusé avec Nicolas Sarkozy...
En revanche, sa mauvaise foi à propos du "Made in France", ou sa nullité en matière d'industrie horlogère [rayez la mention inutile], ne relèvent pas de sa vie privée, mais de ses compétences ministérielles. Un étonnement avant tout : comment et pourquoi n'a-t-il pas choisi une montre de cette extraordinaire et fameuse "manufacture française" de Morteau, qui se flatte d'être la seule à proposer des mouvements 100 % français et des montres garanties intégralement tricolores ? Y aurait-il un doute sur le génie des alpages mortuaciens ? On aimerait le savoir... D'autre part, pourquoi Michel Herbelin, et pas Saint-Honoré, ou BRM, ou plein d'autres marques tout aussi françaises qu'Herbelin ? Là encore, on se perd en conjectures, mais pourquoi pas Michel Herbelin, entreprise familiale fondamentalement honnête qui défend sans forfanterie le flambeau et le style d'une certaine horlogerie française. Le "Made in France" des montres Michel Herbelin est formellement et légalement irréprochable, même s'il ne l'est guère dans les faits : on sait qu'il suffit que la montre soit conçue et "terminée" en France pour qu'elle ait droit au "Made in France". Pour la conception, pas de doute : c'est bleu-blanc-rouge. Sans vouloir le moins du monde porter préjudice à la sympathique maison Herbelin (Charquemont), il faut tout de même préciser que la Newport Yacht Club (ci-dessous) est – de l'aveu même de la marque – équipée d'un mouvement suisse (Ronda) et d'un verre saphir suisse. Le cadran est suisse. Le boîtier, tout comme pour les poussoirs et d'autres pièces d'habillage, ne sont pas suisses, mais pas français non plus. On veut bien admettre la francéité du bracelet qui orne le viril poignet ministériel [disons du moins que son fournisseur est français, mais l'outsourcing semble probable]. Pour le reste, le paladin du Déguisement (pardon !) Redressement productif devrait faire confiance aux professionnels : à un prix public de 790 euros, il est à peu près impossible de produire une vraie montre "Made in France" – et c'est bien ça qui devrait mobiliser le ministre, dès qu'il aura fini de faire le pitre en marinière !
 
 
 
 
LES STATISTIQUES DU JOUR
Tout va toujours très bien, Madame la Marquise...
 
Seulement, il faut, il faut que je vous dise : on déplore un tout petit rien... Un accident, une bêtise : juste 10 % de volumes perdus en un mois pour les exportations horlogères, mais on a sauvé le coffre-fort, puisque la baisse n'est que de 2,7 % en valeur. Les groupes cotés en Bourse respirent ! Sauf que, bien sûr, ce sont les volumes qui comptent : ces misérables 10 %, c'est à peu près 260 000 montres qui n'ont pas été vendus, et donc à peu près autant qui ne seront fabriquées dans les mois qui viennent, ni commandées aux fournisseurs, avec un nombre proportionnel d'emplois sacrifiés à la clé. Ceci sans compter les parts de marché perdues sur les marchés extérieurs où, précisément, ce sont les places asiatiques qui assuraient la croissance au cours de ces dernières années qui décrochent les premières. Commentaire assez surprenant de la FH suisse : "Cette accalmie, quoiqu'un peu soudaine, fait suite à plus de trente mois de hausse soutenue et n'est par conséquent pas inquiétante". Des paroles qui vaudront de l'or dans les mois qui viennent, disons au printemps 2013, quand on fera les premiers comptes de l'entrée en crise. De toute façon, tout va très bien, puisque "la variation des neuf premiers mois de l'année indique + 13,6 %" – ce qui est formellement exact en valeur, mais le nombre des montres et des parts perdues annonce des lendemains qui déchantent sévèrement.
Pour un commentaire plus développé : retrouvez l'intervention de Business Montres (18 octobre) à la radio suisse : six minutes sans la moindre langue de bois, sur tous les sujets qui fâchent et à propos de ceux qui préfèrent "balayer la poussière sous le tapis" !
 Et n'oubliez pas de vous détendre avec la dernière tribune de notre ami Gilbert Vacheron, vice-président de l'interprofession horlogère de l'arc jurassien, qui annonce de façon prémonitoire que "les statistiques horlogères devraient se casser la gueule d'ici à la fin de l'année" (images, article et explications : Business Montres du 18 octobre) : vidéo ci-dessous.
 
 
 
 
LE DÉBAT DU JOUR
Felix, Edmund, les sherpas et les retraités de l'aéronautique...
C'est une réaction d'un lecteur que nous baptiserons "Antoine", mais ce ne sont pas des élucubrations : elle résume avec pertinence les réactions de plusieurs lecteurs à notre article "Felix Baumgartner plus fort qu'Edmund Hillary", le vainqueur de l'Everest (Business Montres du 15 octobre, article qu'il fallait lire en complément de "Zenith-Baumgartner, une entrée spectaculaire dans les légendes du siècle" : Business Montres du 16 octobre).
••• "La comparaison entre Felix et Edmund m'a, pour le moins, surpris. Peut-on réellement estimer la valeur d’un exploit à son retentissement médiatique ? Felix Baumgartner a bénéficié de la redoutable machine communicationnelle que propose Red Bull. Les mêmes qui réussissent à attirer les foules pour aller au Flugtag ("meeting aérien" pour les Français ?) Certes, avec un générateur de vue aussi puissant, difficile de passer inaperçu même quand on ne fait que se jeter d’un ponton sur un objet branlant (et « mal branlé ») dans l’espoir inconscient de planer, ne serait-ce que sur quelques mètres (et je parle là du Flugtag). On peut comprendre l’exploit de passer le mur du son dans une combinaison construite comme une mini carlingue et pressurisée comme un avion. Ou encore celui de faire la plus haute chute libre jamais exécutée (pour le plus haut vol en ballon, mettez un babouin dans une capsule, lâchez-le et, lui aussi, battra le record grâce aux météorologistes au sol). On le comprend d’autant mieux qu’on a apprécié celui de l’Everest : aucun autre but que de se dépasser soi-même et les autres. Et c’est en appréciant les deux exploits qu’on les distingue : Sir Edmund Hillary a fait preuve d’une force et d’une résistance incomparables a cette époque pour, non seulement arriver au sommet mais également en descendre, entier et valide, avec son sherpa. Son expédition a duré presque 3 mois, camp de base – camp de base. D’un point de vue physique, l’exploit d’Edmund Hillary n’a rien à envier à celui de Felix Baumgartner. Ce dernier est resté assis dans une capsule pendant 3 heures (un peu comme moi et tous les autres dans leur canapé, devant leur écran), puis il a dû patiemment attendre que Joe Kittinger finisse l’interminable check-list qui n’avait pour but que d’ajouter un peu de drame à la manœuvre que notre ami Baumgartner aurait bien voulu simplifier par : « Bon, on y est ? Oui ? Alors je saute ! » Et enfin, de nouveau supporter Kittinger et ses informations erronées a répétition lors de la partie parachutée du saut. A l'atterrissage, Baumgartner avait l’air en pleine forme et prêt à recommencer de suite. Est-ce dû à sa constitution extra-terrestre ou simplement à la relative difficulté physique de l’exploit ?
••• "Coté inconnu, Edmund Hillary a parcouru les 250 derniers mètres sans jamais avoir été briefé à leur sujet, personne n’en étant jamais revenu avant lui. Au passage, il a surmonté ce qui est devenu le fameux « ressaut Hillary » Un barrière de roche de 12 m calée a 8,760m d’altitude ans aucune corde fixe comme on peut les trouver aujourd’hui. Ce 29 mai, il a atteint une altitude que personne n’avait jamais atteinte « à pied » avant lui. Son soutien n’était pas une délégation de figurants déguisés en experts aéronautiques dans une cabane de chantier mais Tensing, un sherpa au physique hors norme et à la technique approximative. Si Edmund Hillary fut le premier au sommet et retour.... Le mur du son a déjà été franchi de nombreuses fois, on a pu observer ses effets et conséquences sur les corps qui l’ont franchi. Des hommes ont déjà envoyés d’autres hommes bien au-delà de 36,000 km au-dessus du sol, avec toute la technologie et la médecine que cela implique. Enfin pour les ballons, adressez-vous à la commune de Château d’Oex où, chaque année, s’organise un fort sympathique rendez-vous de montgolfières.
••• "Apprécier les différences c’est également voir les similitudes. Hillary ne serait jamais arrivé au sommet de l’Everest sans Tensing, ni sans tous les autres membres de l’expédition (400 au total). Felix Baumgartner n’aurait jamais pu prétendre a ses records sans l’intendance qui, parmi les « figurants déguisés en experts aéronautiques » comportait quand-même quelques retraités de la scène aérospatiale. Ces deux exploits sont le fruit d’équipes de passionnés qui se sont livrés et parfois dévoués pour le succès et surtout la gloire d’un seul d’entre eux. On parle des cadets de Gascogne mais on ne connait que Cyrano. Sir Edmund Hillary et Monsieur Felix Baumgartner ne sont ni para, ni alpiniste (himalayiste)... Ce sont des physiques et des volontés hors du commun qui sont tombés dans une discipline, un sport, un monde qui leur permet de s’exprimer pleinement et d’exploiter un talent jusqu’à l’exploit. Les deux hommes sont proches. Seul le temps les sépare...
••• "Quant au battage médiatique de la désormais célèbre « mission » Red Bull Stratos, remercions ici les équipes marketing de Red Bull et reconnaissons leur expertise et leur flair. Les plus passionnés d’entre nous auront peut-être réussi a regarder des films traitant de l’alpinisme ou des documentaires sur des expéditions passées (je ne saurais que conseiller ceux rapportant les expéditions françaises dans l’Himalaya des années 1980, dont le résumé pourrait être : clope au bec et déchets par-dessus bord, une autre époque). Quoi qu’il en soit, on peut tourner le format comme on veut, l’alpinisme est difficilement télégénique pour le commun des mortels, à quelques rares exceptions près (Au-delà des Cimes avec Catherine Destivelle). En revanche, la plus haute chute libre du monde avec un passage du mur du son « à mains nues », ça c’est du pitch ! Ambiance lancement de fusée dans la salle de contrôle, décompte, conversation radios un peu brouillées, check lists, uniformes et patchs, l’espace, l’univers… Autant d’ingrédients qui rappellent des exploits et des films qui ont déjà marqués la mémoire collective. Par conséquent, tout est prêt pour un super show télévisé ou networkisé. De plus, l’exploit a un format parfait : 2h30 d’ascension et de suspense, c’est juste le temps pour le spectateur de commander une pizza, siroter une ou deux bières et grignoter quelques chips. Puis tout s’emballe : la phrase « philosophique » juste avant le saut, le saut, l’accélération, la vrille à plat, la décélération, le parachute et l’atterrissage en douceur. Enfin, le héros, à genoux, les bras au ciel. 5 minutes intenses et une conclusion débordante d’images hollywoodiennes en plein nouveau Mexique, à Roswell. Le nom à lui tout seul est déjà un film. En plus, on est dimanche...
••• Donc, oui, je suis d’accord avec vous, Felix Baumgartner a fait mieux qu’Edmund Hillary. Il l’a même battu à plate couture, mais dans un autre registre, celui de l’audience. En termes de communication, Sir Hillary aurait bien eu besoin du Taureau qui donne des ailes pour espérer attirer quelques fans de plus. Seulement voilà, ni le format ni l’époque ne s’y prêtaient"...
❍ ❍ ❍ Commentaire : loin de nous l'idée d'une comparaison physique des deux exploits. Il s'agissait de tenter d'analyser, à chaud, l'impression des deux exploits sur les mentalités de leur temps et leur sédimentation dans la mémoire collective. Du fait de son impact planétaire, le saut de l'espace de Felix Baumgartner a incontestablement frappé plus fort que l'ascension de l'Everest, Rolex au poignet. Côté Felix, l'effort physique était sans doute moindre en termes de dépense énergétique globale, mais l'impact "culturel" autrement plus puissant. La cristallisation d'une nouvelle mythologie est en route ; on peut vraiment dire que, Zenith au poignet, Felix Baumgartner a fait ce mois-ci une "entrée spectaculaire dans les légendes du siècle" (Business Montres du 16 octobre)...
 
 
 
LES ACTUALITÉS DU JOUR
Notées à la volée, en vrac, en bref et en toute curiosité éditoriale...
 
 CHAISES MUSICALES (1) : Gordon Urquhart [un nom bien connu dans les milieux horlogers], qu'on a connu chez Blancpain et chez Audemars Piguet avant qu'il n'opte pour une carrière plus financière, prend en charge le "développement" d'Antiquorum en Europe. Il sera basé à Genève, où il co-préside le Wine & Business Club...
 
 CHAISES MUSICALES (2) : un nouveau directeur, Fabien Graber, 34 ans, ingénieur micro-technique de formation, pour l'Ecole technique de la vallée de Joux (270 élèves), où il remplacera Lucien Bachelard, qui était en poste depuis onze ans. 
 
TOP MARQUES 2013 : alors que s'ouvre le Top Marques Shanghai (clone de l'édition monégasque), le Top Marques Monaco – le vrai, canal historique ! – annonce plusieurs surprises pour son dixième anniversaire (18-21 avril), notamment l'arrivée de la marque Longio, un des plus avancées chez les marques de luxe chinoises, notamment célèbre pour ses montres en jade blanche, décorées d'un phénix sculpté sur émail noir (ci-dessous)...
 
 
 H. MOSER & CIE : publication officielle (FOSC) de la reprise par l'équipe de Georges-Henri Meylan (Bill Muirhead et Bruno Moutarlier) de la manufacture H. Moser & Cie (c'était une révélation Business Montres du 17 octobre)...
 
VENTE-PRIVEE USA : la joint-venture entre vente-privee USA et American Express prend de l'ampleur, comme le souligne l'interview à Forbes du CEO de la branch américaine. La dimension horlogère – assez stratégique, compte tenu de la taille du marché américain, de ce partenariat n'est pas évoqué, mais les montres sont au coeur de cette nouvelle dynamique. L'importance du canal de distribution ainsi mis en place était signalée dans Business Montres dès mars 2011 (info n° 10, pendant Baselworld) et expliquée quelques semaines plus tard (Business Montres du 4 mai)...
 
 MAD GALLERY : la boutique la plus décalée de Genève (une initiative de Maximilan Busser pour MB&F) sera-t-elle la destination shopping préférée des amateurs et des experts en "arts méchaniques" ? 4 000 visites en quelques mois et catalogue de cadeaux de Noël qui donnent envie, à tous les prix (ci-dessous : la machine à applaudir !). On n'y trouve malheureusement pas encore l'incroyable "mécanique qui marque à la tasse de café" (repérage Business Montres du 8 septembre) – totalement en rupture de stock, mais l'artisan qui les réalise est sur les dents...
 
 
 OSVALDO PATRIZZI : les juges new-yorkais viennent de donner à moitié raison à Osvaldo Patrizzi dans une affaire qui l'opposait à Antiquorum (dossier connexe au procès sur le fond à propos de la "spoliation" du fondateur d'Antiquorum par ses successeurs). L'affaire "Patrizzi vs Bourne in Time" était ces jours-ci devant la cour du district sud de New York. Le juge Paul Engelmayer a tranché : Bourne in Time (structure liée à Antiquorum tendance Zimmermann) semble bien avoir porté atteinte aux droits de propriété d'Osvaldo Patrizzi en détournant du trafic Internet vers différents sites (Timezone et Antiquorum). Il y a matière à poursuivre. L'affaire comportait deux volets : un premier sur une action intentée au nom de la loi Lanham sur la propriété intellectuelle (l'affaire suit désormais son cours), le second sur une action intentée au nom de la loi anti-mafias (RICO), qui a été rejetée par le juge, ce dernier préférant rester sur le terrain des droits de propriété intellectuelle. En pleine bagarre pour le contrôle d'Antiquorum, les adversaires d'Osvaldo Patrizzi (qui créait alors Patrizzi & Co Auctioneers) avaient déposé des marques et des adresses très proches, de type "Patrizi" avec un seul z pour parasiter son site patrizziauction.com et faire aboutir les internautes sur leurs propres sites !
 
 BURBERRY :  apparemment, la nouvelle montre The Britain a dopé les revenus que la marque tire de ses licences tout en rendant encore plus consistant son positionnement global dans le luxe "établi". En période de crise, ce sont toujours les consommateurs aspirationnels qui décrochent les premiers, d'où la nécessité pour les marques de se repositionner en permanence vers le haut et de réenraciner dans différents territoires d'évidence leur image de luxe : l'horlogerie "à la suisse" est ici un terrain de jeu privilégié...
 
 BAMFORD : toujours plus culottés, les "créatifs" de Bamford (leader des "préparateurs" de Rolex) lancent une Rolex Milgauss Polaris (ci-dessous) qui est tout sauf nulle. Sur la base du boîtier et de la célèbre aiguille-foudre, un cadran en écran de veille comme dans les sous-marins. De quoi renouveler l'imaginaire Rolex – sauf que l'idée n'est pas signée Rolex... Autre proposition : une Rolex Milgauss Sonar, moins convaincante mais cependant intéressante (25 exemplaires pour chacune de ces séries limitées).
 
 
 HARRY WINSTON : sans commenter les rumeurs, Frédéric de Narp, le président, les commente tout de même en précisant qu'il a bien reçu des offres. On en déduira que le poker menteur continue. La société étant cotée, pas question de faire des "délits d'initiés", mais le signal est clair : "On est ouvert à la discussion, d'ailleurs elles ont commencé, mais on n'est pas pressé". En soi, l'idée de déconsolider les mines et la partie horlogerie-joaillerie a du sens et une certaine logique "industrielle" [les constantes de temps et d'investissement des deux métiers sont différentes] : reste à savoir si elle peut créer de la valeur, le déploiement d'Harry Winston (pôle joaillier) étant loin d'être achevé et donc toujours consommateur de cash..
 
GREUBEL FORSEY : découverte pour les Parisiens (il suffit d'aller à la FIAC) de l'Art Piece 1 développée par Greubel Forsey avec l'artiste nano-miniaturiste Willard Wigan. Il s'agit de créer une montre dont la décoration intègrera les nano-sculptures (visiblement uniquement à la binoculaire x 10) du créateur, qui est capable de récrer un paysage urbain dans le chas d'une aiguille (ci-dessous). Des montres forcément en séries ultra-limitées, pour ne pas dire à la demande : on peut s'attendre non seulement à des "masques" dans la couronne de remontage [ça, c'est pour la démonstration et l'hameçonnage des amateurs d'art contemporain], mais aussi à des tourbillons nano-sculptés ou à des animations de pièces mobiles (présentation : Olivier Muller dans Worldtempus)...
 
 
 BELL & ROSS : commémoration avec la marque des cent de la "Patrouille Guynemer", une des plus anciennes escadrilles françaises, qui a vu passer quelques-uns des meilleurs pilotes françaises. C'était la "Journée des cigognes", animal fétiche de l'as Guynemer, et la Patrouille de France était venue faire quelques démonstrations en l'air, avec une parade d'autres appareils militaires à la clé. Une bonne occasion pour Bell & Ross de réaffirmer son ancrage territorial dans l'aviation militaire – face à une exposition de certaines icônes de cette aviation (Blériot, Vampire, Spitfire, Transall, Alpha jet, Rafale et quelques Mirage 2000)...
 
 SWATCH : amusante montre développée en collaboration avec le designer Fred Butler. Pour une fois, ce sera édité à 777 exemplaires (et non 888), avec une non moins amusante pyramide en guise d'écrin (ci-dessous)...
 
MONTBLANC : intéressant concours international, où tous les internautes du monde entier sont intéressés à prendre une image numérique, le même jour à la même heure, et même à la même minute (nous aurons soixante secondes pour prendre une photo), pour créer une sorte d'instantané planétaire de l'humanité. Cette initiative Worldsecond bénéficiera d'une communication à part, les meilleures images – sélectionnées par un jury –étant récompensées et surtout publiées. Cette flashmob photographique sera "modérée" : vous pouvez imaginer tout ce que peuvent faire des millions d'humains, de jour comme de nuit, qui ne relèverait pas d'une stricte orthodoxie morale ! En tout cas, une belle idée, dont on a hâte de voir les résultats...
  D'AUTRES ACTUALITÉS RÉCENTES...       
Partagez cet article :

Restez informé !

Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter et recevez nos dernières infos directement dans votre boite de réception ! Nous n'utiliserons pas vos données personnelles à des fins commerciales et vous pourrez vous désabonner n'importe quand d'un simple clic.

Newsletter