SOTIE HORLOGÈRE (accès libre)
« Vive le cannabis horloger ! »
La libéralisation de l’usage du cannabis sous toutes ses formes s’annonce comme le prochain grand « débat de société » : voici pourquoi les horlogers doivent impérativement prendre position dans ce dossier-clé. C'est sans doute une question de vie ou de mort…
À leur menu (quotidien et obligatoire), les médias mainstream nous servent régulièrement, avec un ensemble touchant, des plats « sociétaux » roboratifs, qu’il faut ingurgiter de gré ou de force. Nous avons ainsi dégusté le « mariage pour tous », la question du « genre » des sexes, « #balancetonporc » ou, plus récemment, la « crise des migrants ». Dans le collimateur des sectateurs de la pensée unique, drapés dans leur couverture de vertu majuscule, on voit se profiler la libéralisation de l’usage du cannabis, sympathique plante annuelle de la famille des Cannabacea, dont il n’est pas exclu que nos ancêtres les Gaulois – et même leurs propres ancêtres d’avant les Gaulois, les Helvètes et les Allobroges – aient à l’occasion fait un usage récréatif à défaut d’en tisser les fibres et d’en mastiquer les graines. Il serait impensable que l’industrie horlogère n’adoptât point une position commune à ce sujet. Comme on peut avoir des doutes sur la célérité des interventions officielles de Jean-Daniel Pasche sur la prochaine cannabinomanie appliquée à la production de montres suisses, autant se clarifier les idées tout de suite…
••• D’une part, et de façon définitive, histoire de cadrer le débat, il faut reconnaître cette évidence qu’on nous cachait : le cannabis (chanvre) est probablement la culture la plus Swiss Made qui soit dont les utilisations horlo-industrielles sont les plus variées, les plus étendues et les plus insoupçonnées. Si le cannabis n’existait pas, il faudrait l’inventer et l’imposer par décret fédéral à l’horlogerie Swiss Made. On va laisser Jean-Daniel Pasche, le si sympathique « édredon exterminateur » de l’horlogerie suisse, réfléchir là-dessus : si tu ne vas pas au cannabis, le cannabis ira à toi !
••• Pour ce qui est des « éléments de langage », la légitimité historique du cannabis enfonce celle de quasiment tous ses concurrents végétaux. Légitimité internationale prouvée, puisque les anciens Chinois, les Indiens des origines et les Égyptiens des plus hautes époques, sans parler des Amérindiens et, bien sûr, des sorciers africains, ont tous plébiscité tel ou tel usage traditionnel du cannabis dans leur environnement thérapeutique, festif ou magique. Le cannabis reste un fantastique vecteur de communication, entre les hommes tout comme entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les hommes et les esprits, puisqu’il ouvre les portes du réel [ce dont une horlogerie suisse toujours tentée par le déni de réalité devrait pouvoir profiter]…
••• Le chanvre (cannabis sativa) est une des plus anciennes fibres textiles utilisées par les peuples européens. Il est donc plus que temps d’en réhabiliter la culture traditionnelle à des fins horlogères : dans les watch valleys comme le Val d’Enfer ou les environs de Fleurier [là où on avait maintenu en douce la tradition de la distillation de l’absinthe], c’est déjà fait et il serait utile de recycler les parties « vertes » des plants qui ne sont pas utilisés à des fins récréatives. On peut faire d’excellents bracelets de montres avec ce cannabis de culture : vive la révolution carpo-cannabinique !
••• On peut intégrer des feuilles ou des fleurs de cannabis dans des boîtiers en résine [pas de la résine de cannabis !] ou en fibres high-tech dans le goût des productions de Richard Mille. D’une part, la géométrie de ces feuilles est superbe : fixées dans un matériau de synthèse ou même représentées sur un cadran [cela s’est déjà fait], ces pétioles nervurés constituent un élément décoratif original. D’autre part, même dans leur capsule de résine inerte, des boîtiers dopés au THC (tétrahydrocannabinol) pourrait parfaitement constituer un excitant cérébral de premier plan pour des amateurs [et des équipes horlogères] dont les neurones semblent parfois un peu fatigués…
••• D’autres usages « industriels » des fibres de cannabis sont envisageables. Au Moyen-Age, on produisait déjà en Europe des « papiers de chanvre » : c’était, dit-on, le premier papier utilisé par la première Bible de Gutenberg – difficile de faire plus sacré ! On a même longtemps produit des billets de banque à partir de papiers de chanvre – difficile de faire encore plus sacré en terre helvétique ! On peut également réaliser des écrins horlogers en fibres de chanvre durci, lesquelles sont parfaitement recyclables, pourquoi pas en bio-carburant [ce sera bien la première fois qu’on produirait de l’énergie à partir de sous-produits de l’horlogerie suisse]. En plus d’être excellente pour la santé, l’huile de chènevis (la graine du chanvre) possède probablement des vertus insoupçonnées pour lubrifier les mouvements horlogers : quel fabuleux argument marketing que cet assaisonnement des meilleurs calibres à une huile 100 % Swiss Made !
••• Seuls les initiés savent à quel point les graines et l’huile de chènevis sont précieux pour la « pêche au coup » en rivière et pour appâter les poissons d’eau douce. On ne voit pas pourquoi l’horlogerie suisse n’utiliserait pas le même principe pour appâter ses clients et ferrer les plus gros poissons du vivier international des milliardaires. De même que les pêcheurs enfilent des graines de chènevis sur leur hameçon, des montres cannabinées constitueraient d’excellents leurres pour hameçonner les candidats à la plus stupéfiante des expériences : le paiement à son prix public affiché d’une montre suisse de grande marque…
••• Enfin, il ne faut pas négliger l’usage relaxant et psychotropique des tisanes de cannabis, elles aussi 100 % Swiss Made, qui remplaceraient utilement les pauses café dans les manufactures : il faut s’attendre à des achats massifs des capsules Nespresso au cannabis (Canpresso ?) dans tous les bureaux, alors que les CEO remplaceront leurs boîtes à cigares pour des shiloms exécutés selon les traditions les plus pointues des métiers d’art de la tradition horlogère. Les plus technophiles d’entre eux opteront sans doute pour le vaporisateur de résine pour vapoter entre deux tableurs Excel : c’est souverain et suprêmement efficace pour éviter les discussions oiseuses et les querelles d’égos. Il n’y a pas de mal à se faire du bien : c’est même beaucoup moins dangereux que la cocaïne pas du tout Swiss Made dont il semblerait qu’on abuse dans l’horlogerie (révélations Business Montres du 11 avril dernier). L’établissement horloger gagnerait beaucoup à une opération de pacification au THC !
On l’a compris : on a toujours besoin d’un plus petit que soi, surtout en matière de communication. Plus Swiss Made que le cannabis, tu meurs. Plus percutant que des montres Swiss Made assaisonnées au cannabis, tu meurs deux fois : les smartwatches n’ont plus qu’à aller se rhabiller. Le cannabis, c’est de la bombe : une vraie arme de destruction massive pour les concurrents de la Suisse horlogère. La question du cannabis est clairement posée à l'horlogerie, et la réponse à y apporter est urgente ! On se demande comment personne n’y avait pensé avant, alors même que la solution était là, sous nos yeux. Saint THC, priez pour nous qui avons recours à vous…