100 000 CHF ADJUGÉS PAR MINUTE : Vraiment détonantes, les Daytona d'Aurel Bacs (Christie's) !
Le 10 / 11 / 2013 à 21:30 Par Le sniper de Business Montres - 1954 mots
C'est bien parti pour la prochaine « bulle Daytona » ! Avec des prix de folie (en moyenne 240 000 CHF par lot), la vente Daytona de dimanche soir a permis à Aurel Bacs de rafler 12 millions de francs suisses en 120 minutes. Soit 100 000 CHF tombés sous le marteau à chaque minute. « Lesson One » : Rolex bat tous les records pour sa première vraie vente thématique...
▶▶▶ TOUS LES RECORDS BATTUS ET ARCHI-BATTUSPrix …
C'est bien parti pour la prochaine « bulle Daytona » ! Avec des prix de folie (en moyenne 240 000 CHF par lot), la vente Daytona de dimanche soir a permis à Aurel Bacs de rafler 12 millions de francs suisses en 120 minutes. Soit 100 000 CHF tombés sous le marteau à chaque minute. « Lesson One » : Rolex bat tous les records pour sa première vraie vente thématique...
▶▶▶ TOUS LES RECORDS BATTUS ET ARCHI-BATTUSPrix moyen de la Daytona en mode Christie's : 240 000 CHF... ◉◉◉◉ Attention, les prix de la vente « Lesson One » organisée par Christie's pour fêter le cinquantième anniversaire de la Rolex Daytona ne sont pas un reflet réaliste des prix du marché, mais le fruit du marteau magique d'Aurel Bacs, qui nous a offert là une sorte de chant du cygne avant son départ annoncé pour la fin décembre. Ce qui signifie que toutes les Daytona n'ont pas pris 100 %, 200 % ou 1 000 % de valeur supplémentaire cette nuit, mais que le système « A.B.C » (Aurel Bacs Christie's) est une fantastique machine à emballer les enchères – au-delà même de toute rationalité, comme il l'a prouvé en battant tous les records pour une Rolex Daytona sous le marteau [en haut de la page et ci-dessous, le lot n° 23, adjugé 989 000 CHF, à quelques centimes du million de francs qui aurait été « historique », mais tout de même au-dessus du million de dollars] et différents records pour de multiples références de cette même Rolex Daytona. Cinquante lots, cinquante records d'un coup : dans une ambiance qui hésitait entre le concert de rock et la célébration d'un culte étrange, on a frôlé les 10 millions d'euros en quadruplant les estimations. Si ce n'est pas une bulle, ça y ressemble. On pourra vérifier – ou ridiculiser – la valeur de cette appréciation sur la nouvelle « bulle Daytona » aux prix que ces montres feront, ces jours-ci, chez les concurrents... ◉◉◉◉ En quoi ces Daytona étaient-elles exceptionnelles ? Justement, elles ne l'étaient pas vraiment, ce qui permet de vérifier qu'une vente aux enchères réussie, c'est un peu comme une mayonnaise : il faut de bons ingrédients de base [des montres appréciées des collectionneurs, pour différentes raisons, dans un état parfait] et un vrai tour de main [c'est toute la science du marketing tel que le pratique Aurel Bacs avant, pendant et même après la vente], ainsi qu'un public capable de jouer le jeu – dans la salle, au téléphone ou en ligne – et de se laisser chauffer à blanc par le marketing en question, en salivant à l'avance de ce fameux « feu » des enchères. Dans le cas de cette vente « Lesson One », qui était, au fond, la première vraie vente thématique organisée autour de Rolex [marque qui est passée du statut de valeur émergente à celui de rivale de Patek Philippe, ce qui est sans doute un peu exagéré], Aurel Bacs s'était amusé comme un petit fou à composer ce catalogue de 50 Daytona. Son complice n'était autre que le fameux Pucci Papaleo, « Il Signore Daytona » (pour les Français : « Monsieur Daytona », alias « Le Seigneur des Dayto »), l'homme qui a écrit la bible définitive sur ce chronographe, celui qui sait à la fois les expertiser et dénicher les plus belles chez les grands collectionneurs. Pour ce 10 novembre 2013, il ne s'agissait pas de réunir les 50 plus belles Daytona du monde [les plus rares, les plus exceptionnelles ou les plus spectaculaires], mais de faire comprendre aux amateurs les valeurs qui ont structuré ce demi-siècle d'histoire, la permanence et les variations de cette esthétique, la singularité de la touche Daytona et le caractère iconique d'une montre qui fête ses cinquante ans en même temps que la Porsche 911, Les Tontons flingueurs ou les Rolling Stones. Prise individuellement, chaque montre avait du sens. Regroupées, elles dessinaient un nouveau paysage horloger qui leur redonnait une valeur considérable : 240 000 francs suisses par lot en moyenne, c'est dix fois la valeur moyenne des Daytona aux enchères. ◉◉◉◉ 37 lots sur 50 ont fait un score à 6 chiffres, les 13 restants s'envolant de toute façon largement au-delà, et le plus souvent au double de leur score habituel. Il y avait dans la salle une sorte d'hystérie collective très palpable, chaque adjudication – et parfois même chaque nouvelle enchère – étant saluée par des applaudissements nourris, venus du clan des Italiens (marchands et collectionneurs) autant que des anonymes. Même en ligne, à Dubai comme à Taïwan ou en Chine, mais aussi en Europe, c'était de la folie. Avec l'habituelle mise en scène [on parlerait presque d'emballage] d'Aurel Bacs, ses interpellations en italien quand il le faut, sa sensibilité de pêcheur à la mouche, qui sait quand on doit attendre pour ferrer le poisson et quand il est temps de changer de mouche, la connivence qu'il établit avec la salle en désignant les montres par le sobriquet dont les amateurs les affublent (la « Panda » pour les première Paul Newman, « Docteur Love » pour le lot n° 7, une Daytona réf. 6239 à échelle pulsométrique : ci-dessus – ou la « Sotto » pour la Paul Newman réf. 6263 du lot n° 23, ci-dessus et en haut de la page), l'art très napoléonien du Comediante ! Tragediante ! qui permet de pousser à 12 millions une vente thématique et purement commémorative de cinquante lots qui fera plus, à elle seule, que le total des deux concurrents genevois avec le petit millier de pièces de leurs catalogues. ◉◉◉◉ Quelques performances notables, pour s'éviter de citer les 50 lots, en notant cependant que, faute d'être exceptionnelles en soi, la plupart de ces montres l'étaient par leur état de fraîcheur [en dépit des années, trois ou quatre décennies pour certaines, quelques-unes étaient « neuves de stock »] ou leur première apparition sur le marché. Les 257 000 CHF du lot n° 40 (une Daytona à cadran bleu : en haut de la page) récompensaient à la fois une montre en or, sans doute jamais portée et dotée d'un cadran bleu jamais commercialisé ! Un des gags les plus drôles était celui du lot n° 44 (une Daytona à cadran vert, en chrysophase, dont il manquait le sous-compteur des heures (image ci-dessus) : 125 000 CHF pour une erreur qui aurait échappé à tous les contrôles qualité chez Rolex, c'est un clin d'oeil d'autant plus coûteux qu'il est probable que cette montre n'a jamais été commercialisée [c'était d'ailleurs une des seules présentées à cette vente sans papiers, ni pedigree], mais remontée avec un cadran refusé par Rolex et récupéré alors qu'il aurait dû être détruit ! Par charité, on passera sous silence la Daytona « L'Animal », dite aussi « Belmondo » parce qu'on peut la voir dans plusieurs films du comédien français : c'est à cause de ces blockbusters qu'elle passe pour la Daytona la plus vue de tout le demi-siècle d'existence de ce modèle. Payée 203 000 francs suisses, cette réf. 6263 (lot n° 21 : ci-dessous) sacrément dépareillée – ni les poussoirs, ni le cadran, ni peut-être pas même le mouvement ne vont pas avec le boîtier – est la meilleure affaire de la soirée : cette même montre avait été achetée 55 000 CHF par le fonds d'investissement Precious Time, qui l'avait récemment revendue, semble-t-il, à peu près le double en transaction privée, mais elle a donc fait encore le double sous le marteau d'Aurel Bacs ! Quelques semaines pour quadrupler son prix : pas belle, la vie ? ◉◉◉◉ Deux questions sans réponses : d'abord, qui a pu s'offrir des Daytona à ces prix de bulle, à part quelques exotiques collectionneurs milliardaires ? Contrairement à ce qu'on pouvait espérer par ces temps de matraquage fiscal en Italie et en espérant que le fisc péninsulaire n'avait pas d'espion dans la salle, les gros bataillons italiens – pas forcément tous marchands – ont répondu présent, à l'occasion en décrochant quelques lots. En tout cas, tout le monde se frottait les mains à l'issue de la vente : cette envolée des Daytona est un signal très positif envoyé aux marchés à la veille des grandes dispersions de cette semaine (Christie's, Sotheby's, Auktionen Dr. Crott) et en attendant les grandes ventes de fin d'année à Hong Kong et à New York. Seconde question : quel immense succès pour Aurel Bacs, dont cette vente était un peu le couronnement, mais le marché, sans sa présence, pourra-t-il dans l'avenir connaître de telles commotions électriques. C'est un peu douteux et on peut parier sur une déstabilisation, dont nous reparlerons plus longuement cette semaine, justement après les ventes horlogères de Christie's et de Sotheby's... D'AUTRES SÉQUENCES RÉCENTESDE L'ACTUALITÉ DES MONTRES ET DES MARQUES...