AFFAIRE CORUM #2 : Nouvelle charrette ce matin, avec une saignée créative dont la manufacture aura du mal à se remettre
Massacre à la tronçonneuse chinoise ! À force de multiplier les saignées, les médecins de Molière finissaient par tuer leurs patients. En voulant à tout prix se redonner un peu d'oxygène, les actionnaires chinois de Corum tranchent dans le coeur créatif d'une manufacture épuisée par la brutalité du traitement... ▶▶▶ MASSACRE À LA TRONÇONNEUSEOn guillotine Laurent Besse, ce qui revient à sacrifier l'avenir
Massacre à la tronçonneuse chinoise ! À force de multiplier les saignées, les médecins de Molière finissaient par tuer leurs patients. En voulant à tout prix se redonner un peu d'oxygène, les actionnaires chinois de Corum tranchent dans le coeur créatif d'une manufacture épuisée par la brutalité du traitement...
▶▶▶ MASSACRE À LA TRONÇONNEUSEOn guillotine Laurent Besse, ce qui revient à sacrifier l'avenir à la survie immédiate de l'entreprise... ◉◉◉◉ QU'ON SE COMPRENNE BIEN ! Non seulement les actionnaires chinois de Corum ont le droit de nettoyer l'entreprise à leur guise pour lui redonner un peu de profitabilité, mais ils en ont surtout le devoir compte tenu de la dégradation globale du compte d'exploitation. Le problème n'est pas dans le redimensionnement industriel et commercial qui est devenu indispensable [c'est un gage de survie pour la marque], mais dans la manière de procéder et dans le séquençage des opérations. Annoncé ce matin aux intéressés, le limogeage de Laurent Besse et d'une poignée de personnes est symbolique de la panique qui a gagné les superviseurs de Haidian, ainsi que le comité de pilotage qui gère désormais la direction à la place d'Antonio Calce. Comité qui n'a été informé de cette décision que hier, très tard, et qui n'en est toujours pas revenu... 
◉◉◉◉ ON VEUT BIEN CROIRE QUE LAURENT BESSE avait un énorme salaire, dont l'économie serait susceptible de remettre l'entreprise Corum à flot, mais il n'en est rien. On imagine donc qu'il a en partie payé pour sa fidélité à Antonio Calce, qui l'avait « repêché » chez Corum, en 2011, avec ses collaborateurs, après la débâcle des Artisans horlogers, atelier de motoristes indépendants (ci-contre : Laurent Besse, à droite, en compagnie d'Antonio Calce et de Vincent Calabresse, à gauche). Laurent Besse paye sans doute aussi la méconnaissance des réalités horlogères affichée par les nouveaux propriétaires de Corum, qui n'ont pas compris que le vrai trésor d'une marque est dans la créativité de ses équipes : le coeur battant d'une maison, c'est son équipe de développement produits et de R&D, quand ses commerciaux ne sont que le sang qui irrigue l'organisme. Sacrifier Laurent Besse aujourd'hui, c'est couper court à tout espoir de renaissance à moyen terme. On sacrifie en quelque sorte la vie à la survie : réflexe logique, mais un peu idiot quand la survie n'est même pas évidente dans l'immédiat... ◉◉◉◉ PARCE QU'IL NE FAUT PAS SE FAIRE D'ILLUSIONS ! Si on peut estimer inefficace la manière douce choisie hier par Antonio Calce, on se demande comment la manière brutale choisie aujourd'hui par l'équipe de Haidian pourrait réussir. Ce dont Corum a besoin, c'est d'une manière intelligente et d'une stratégie réfléchie, capable de sacrifier l'accessoire pour préserver l'essentiel. Dans l'immédiat, la priorité est à la restauration d'une dynamique commerciale, totalement freinée par le départ d'Antonio Calce, filiales et distributeurs estimant qu'il est urgent d'attendre : Corum doit remettre sur le marché des montres « créatives et accessibles » – c'est à dire attractives et positionnées à des prix assez agressifs pour générer des volumes rémunérateurs. Est-ce en licenciant l'âme mécanique de la maison qu'on y parviendra ? On ne peut qu'avoir des doutes. Surtout quand on apprend que le directeur du développement produit, le directeur des approvisionnements et le directeur du SAV sont de la charrette. C'est toute la dynamique produits de la manufacture qui se trouve anéantie... ◉◉◉◉ ON EN DÉDUIRA QUE LE MALHEUREUX LAURENT BESSE – dont les talents sont tels qu'il retrouvera très vite un fauteuil, quelque part – n'est qu'un des premiers noms sur une liste qui risque de s'allonger avant la rentrée de septembre : sous réserve de vérifications ultérieures, on peut estimer à une cinquantaine de postes les emplois qui seront supprimés chez Corum au cours des prochains mois [emplois difficiles à recaser ailleurs, au vu des mauvaises nouvelles qui arrivent du tissu industriel des watch valleys]... 
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