APPLE + HERMÈS : Le coup génial de la piqûre sellier et du co-marquage avec la référence mondiale du luxe de tradition...
Le 10 / 09 / 2015 à 05:11 Par Le sniper de Business Montres - 1805 mots
Et dire qu'il y a encore des naïfs et des perroquets qui considéraient qu'une Apple Watch n'était pas et ne pouvait en aucun cas se poser en « montre de luxe » ! Griffée par Hermès et caparaçonnée de cuir piqué sellier, l'Apple Watch fait un pied de nez à tous les bien-pensants de l'horlogerie...
▶▶▶ HERMÈS - APPLEHermès double toute la Suisse
Et dire qu'il y a encore des naïfs et des perroquets qui considéraient qu'une Apple Watch n'était pas et ne pouvait en aucun cas se poser en « montre de luxe » ! Griffée par Hermès et caparaçonnée de cuir piqué sellier, l'Apple Watch fait un pied de nez à tous les bien-pensants de l'horlogerie...
▶▶▶ HERMÈS - APPLEHermès double toute la Suisse dans la course à la montre connectée... ◉◉◉◉ AUTANT ON PEUT DOUTER DE L'INCAPACITÉ ONTOLOGIQUE d'Hermès (sauf mutation génétique et reprogrammation mentale, imprévues à ce jour) à parvenir un jour à vaincre la malédiction horlogère qui l'afflige (mise en perspective Business Montres du 7 mai 2015), autant on peut applaudir la manoeuvre quand l'état-major du 24, Faubourg Saint-Honoré à Paris parvient – on aimerait comprendre par quel miracle – à s'entendre avec l'état-major de Cupertino pour créer une montre Hermès Paris qui n'est autre qu'une Apple Watch rhabillée par Hermès, avec un superbe bracelet simple ou double tour, voire un bracelet de force, le tout en plusieurs couleurs on ne peut plus Hermès. Le coup est génialement joué tant il profite aux deux marques, sans qu'elles se marchent sur les pieds tout en pratiquant une magistrale extension du territoire de la lutte : voici les clients habituels du luxe décomplexés vis-à-vis de l'Apple Watch [qui mieux qu'Hermès pouvait distribuer cette bénédiction urbi et orbi ?] et voici les amateurs de l'Apple Watch revalorisés par la petite boîte orange... ◉◉◉◉ CÔTÉ APPLE, C'EST LE RACCOURCI IDÉAL pour faire de l'Apple Watch non plus un simple objet de mode, mais un objet du désir : on veut bien parier que la petite boîte orange griffée « Hermès + Apple » (en haut de la page) sera un des must have de la fin de l'année chez tou(te)s les fashionistas de cette planète. Si nos souvenirs sont bons, Business Montres avait regretté, dans différents articles du printemps dernier, que les grandes maisons du luxe (Hermès, Chanel, Louis Vuitton et d'autres) et les grands horlogers (Rolex, Patek Philippe ou Cartier) n'aient pas embrayé plus vite sur l'Apple Watch en particulier et les montres connectées en général. Cela nous semblait parfaitement logique qu'Hermès – marque hantée par une mystique du voyage qui est devenue son mythe fondateur – en vienne à gainer de cuir une Apple Watch : message apparemment bien compris ! ◉◉◉◉ LA NOUVELLE APPLE WATCH + HERMÈS PARIS a l'avantage annexe de couper court à toutes les discussions oiseuses sur la substance « luxe ou pas luxe » de l'Apple Watch. Tous les bien-pensants de la montre qui considéraient qu'un « jouet électronique » ne saurait être une montre de luxe – ceux-là même qui offrent à leur femme des sacs Kelly ou des Birkin rudement facturés – sont pris à leur propre piège : c'est la marque de luxe qui décide de ce qui est ou non un article de luxe [c'est même ce privilège de « sacrer » d'une onction magique un objet du quotidien qui définit la marque de luxe], donc c'est Hermès qui adoube Apple et sa montre parmi les fournisseurs du nouveau luxe international. À la place de Louis Vuitton ou de Chanel, de Rolex, de Patek Philippe ou de Cartier, maisons qui ont piteusement raté le coche, on se poserait des questions sur cette absence de réactivité interne qui redonne quelques tours d'avance à Hermès – à un coût dérisoire et avec de fabuleux gains d'image : « Messieurs qu'on nomme grands » (comme le chantait Boris Vian), vous voyez bien petit... ◉◉◉◉ CÔTÉ HERMÈS, DONC, ON DÉCOUVRE (ENFIN) une proposition crédible dans le domaine des objets du temps, avec tous les adjectifs qualificatifs qui sonnent juste : c'est à la fois du luxe contemporain, créatif, générationnel, joliment réussi, accessible et traditionnel. Que réclamer de plus à une marque de luxe ? Rappelons que c'était la politique horlogère d'Hermès jusque dans les années 1960 : s'adosser aux grands spécialistes mondiaux (Vacheron Constantin, Jaeger-LeCoultre, Universal, etc.) pour créer des montres Hermès. Dans les années 1910-1920, quand le sellier Hermès avait tourné casaque en abandonnant concrètement [mais pas mythologiquement] l'univers du cheval pour se tourner vers l'univers de la voiture et des loisirs sportifs, Hermès n'avait pas racheté d'atelier automobile, ni d'usine d'aviation : aujourd'hui, Hermès ne tente pas de lancer sa propre montre connectée, mais choisit sur le marché ce qui se fait de mieux pour le repenser avec ses codes. Ce n'est pas du placage de logo, mais une symbiose dont le succès – on ne peut plus prévisible – va doper les ventes d'Apple aussi bien que d'Hermès. Pour revenir à l'analyse qui était la nôtre au printemps (Business Montres du 7 mai 2015) et au vu de ce brillant co-marquage ultra-médiatisé, on se demande comment la maison Hermès a pu se fourvoyer, au cours de ces dernières années, dans une stratégie horlogère de « verticalisation » industrielle aussi démentiellement coûteuse [voir les détails dans l'article ci-dessus] et dans de telles erreurs de perspectives sur la consistance de l'offre Hermès [les montres décorées dans le goût « métiers d'art » étant l'exception qui confirme la règle]... ◉◉◉◉ QUEL INCROYABLE BOND EN AVANT POUR HERMÈS, qui double tout le monde dans la course à la montre connectée [qui se soucie encore du Swiss Made dans ce domaine ?] et qui s'arroge ainsi la dose maximale de légitimité sur un marché dont la croissance s'annonce vertigineuse ! Avec cette montre Hermès Paris qui ressemble à une Apple Watch [ou l'inverse], le nouveau paysage de la carpo-révolution (la « révolution du poignet ») se précise un peu plus, avec les nouveaux acteurs qui entrent sur scène : Apple pour la révolution technologique et le reformatage des comportements, les concurrents d'Apple dans un rôle de choristes ou de figurants, Hermès pour caler le sommet de la pyramide, TAG Heuer comme socle de ce nouvel édifice, Bvlgari pour la touche italienne élégante et madrée, en plus de quelques autres comme Withings [dont l'Activité est la Swatch dont tout le monde rêvait], Guess ou Breitling. C'est tout ? Les autres marques regarderont le spectacle, certaines restant même à la porte de la salle pour n'avoir pas osé un partenariat pour lequel Apple était demandeur [ce sera la responsabilité historique majeure du Swatch Group d'avoir refusé un tel accord]. Tiens, au fait, vous avez remarqué comme on n'entend plus ceux qui prédisaient l'effroyable échec de l'Apple Watch, succombant sous les quolibets méprisants des « vrais horlogers » ? Hermès vient de remettre les pendules à l'heure : c'est bien la première fois que cela se produit dans l'horlogerie... ◉◉◉◉ TOUT ÇA, C'EST POUR LES GRANDS PRINCIPES ! Maintenant, si vous préférez qu'on entre dans les détails et dans les chiffres, demandez-vous combien Hermès Paris aurait dû débourser pour s'offrir une telle campagne de promotion pour un seul de ses produits et pour toucher une cible aussi extraordinairement motivé ? Là, c'est venu tout seul, presque gratuitement, par la seule magie de l'association Apple + Hermès. Coût du bracelet et de la petite boîte orange voisin de zéro. Coût du développement produit nul. Coût de la promotion voisin de rien. Coût maximum, en revanche, pour les pénalités de retard infligées aux concurrents. Génial, on vous dit... 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