@2015 #3 : Un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur avant de quitter les montres qui nous auront marqués en 2014
L'exercice est toujours un peu vain et plutôt injuste. Pourquoi 10 montres et pas 8, 12 ou 15 ? Pourquoi celle-ci et pas celle-là ? Pourquoi sélectionner une marque plutôt qu'une autre ? Faute de vérité révélée (ci-dessous), le tout est d'admettre une certaine subjectivité et de pratiquer la persistance rétinienne... ▶▶▶ EN RÉSUMÉ ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS ROMANTIQUE DE …
L'exercice est toujours un peu vain et plutôt injuste. Pourquoi 10 montres et pas 8, 12 ou 15 ? Pourquoi celle-ci et pas celle-là ? Pourquoi sélectionner une marque plutôt qu'une autre ? Faute de vérité révélée (ci-dessous), le tout est d'admettre une certaine subjectivité et de pratiquer la persistance rétinienne...
▶▶▶ EN RÉSUMÉ ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS ROMANTIQUE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS AIGUILLÉE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS RESTYLÉE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS SUBAQUATIQUE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS AMINCIE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS CHROMATIQUE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS AFFÛTÉE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUSOUTSOURCÉE DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ LA MONTRE LA PLUS DE L'ANNÉE ❏❏❏❏ ET QUELQUES AUTRES MONTRES REMARQUABLES DE L'ANNÉE... ❏❏❏❏ 
▶▶▶ LES MONTRES DE 2014Dix excellentes surprises d'une année qui n'était de toute façon pas un grand millésime... ◉◉◉◉ BELL & ROSS BR-X1 : sur le simple plan stylistique, cette montre est à la fois une évolution intéressante – plus anglée, plus affûtée, plus conceptuelle – de la ligne des BR « instrumentales » et une évolution graphique dans l'assertion d'une légitimité mécanique (mise en valeur des éléments du chronographe deux compteurs, insertion complexe de matériaux composites, etc.). C'est aussi une évolution de la gamme Bell & Ross vers des niveaux de prix (autour de 15 000 euros) qui n'étaient pas jusqu'ici ceux de la marque, mais qui ne semblent pas dérouter ses nouveaux amateurs internationaux. La réussite marketing vient donc couronner la réussite esthétique : de quoi marquer une étape dans l'histoire de Bell & Ross et dans son ascension vers la tête du peloton international des grandes maisons d'horlogerie françaises (ne pas manquer l'excellente vidéo ci-dessous). ◉◉◉◉ BVLGARI OCTO FINISSIMO : ce n'est parce que c'est un tourbillon que cette montre mérite un coup de chapeau [après tout, tout le monde en fait, en a fait ou en fera : ça n'impressionne plus personne !], mais parce que Bvlgari a trouvé dans la ligne Octo l'expression même de son identité masculine – ce qui est déjà un grand pas en avant – et dans la conception de ce mouvement mécanique ultra-plat [record du monde semble-t-il] la traduction de ses ambitions esthétiques et de sa singularité dans la haute horlogerie – là encore, ce n'était pas gagné d'avance pour une marque joaillière plutôt tournée vers les femmes et la préciosité colorée (détails techniques sur notre vidéo Business Montres Vision). Un bon point pour Jean-Christophe Babin, qui recueille et revalorise le meilleur de l'héritage parcimonieux des équipes précédentes, en posant d'emblée la légitimité de son projet de reconquête horlogère du marché. Le boîtier Octo, transmis par la défunte manufacture Gérald Genta est on ne peut plus à l'aise chez Bvlgari, surtout dans sa livrée habillée de la plus extrême minceur. C'était une des montres-événements inattendues de Baselworld 2014... 
◉◉◉◉ CHRISTOPHE CLARET MARGOT : c'était un de nos coups de coeur d'avant Baselworld et ça l'est resté tout au long de l'année, jusqu'à la récompense suprême du Grand Prix d'Horlogerie de Genève. Christophe Claret a réussi le mariage improbable d'un mouvement de haute mécanique et d'une fusion tout aussi peu convenue de la grande complication et du romantisme féminin. Si une montre exprime bien ce que pourraient être de nouvelles mécaniques (non machistes) dédiées aux femmes, c'est bien cette Margot, avec ses pétales qui jouent à « Je t'aime, un peu beaucoup, à la folie » (explications sur notre vidéo Business Montres Vision). Christophe Claret, prince des méchaniciens contemporains, cachait une âme de poète et les vibrations sentimentales d'un éternel amoureux : on ne pourra que s'en féliciter pour les femmes aimées qui recevront cette sublime Margot en hommage... 
◉◉◉◉ DE BETHUNE MAXICHRONO DB28 : encore un des nos coups de coeur du printemps récompensé par le Grand Prix d'Horlogerie de Genève, qui n'avait guère le choix pour récompenser le chronographe de l'année. Le vrai scandale aurait été de ne pas récompenser le chronographe-bracelet mécanique le plus innovant de ces dernières décennies l'année même où le GPHG se dotait d'un prix de la montre chronographe. Cette pièce est la quintessence du génie mécanique de l'horlogerie suisse, avec les trois roues à colonne de son mouvement qui aligne les cinq aiguilles du chronographe sur un seul axe (lisibilité absolue) en plus d'un tourbillon logé au dos de la montre (discrétion absolue) et de quelques brevets innovants (avant-gardisme absolue). Ne parlons pas de l'esthétique, d'un post-classicisme rigoureux. Ni des finitions. Une seule consigne : admiration absolue... 
◉◉◉◉ DE GRISOGONO ALLEGRA : on attendait de la maison créée voici vingt ans par Fawaz Gruosi une montre qui ne soit pas superlative dans les « cailloux » ou dans l'extravagance mécanique, mais dans les tendances de l'air du temps, dans le clin d'oeil néo-générationnel et dans le côté rock'n'roll au poignet. Bref, une montre à vivre en couleurs, qui fasse du bien au moral [et, accessoirement, du bien à la manufacture]. C'est dire à quel point cette Allegra tombe à pic pour nous prouver que De Grisogono sait y faire et que Fawaz Gruosi a toujours le même ressort créatif. Avec ses sertissages et ses cuirs bariolés, l'Allegra est joyeuse, tonique, naturelle et festive à la fois. Pas compliquée à vivre, proposée à un prix accessible et néanmoins fortement identifiable, cette montre prouve qu'une marque intelligente peut rester originale dans la simplicité sans risquer de sacrifier son âme (vérifications sur la vidéo Business Montres Vision)... 
◉◉◉◉ FRANCK MULLER VANGUARD : après des années de ces montres « tonneau » qui ont encodé l'identité visuelle de la manufacture de Genthodet qui ont été déclinées jusqu'à plus soif, on attendait une évolution, une inflexion stylistique, un signal créatif. La nouvelle Vanguard vient relancer Franck Muller dans un goût plus contemporain, mais avec toutes les possibilités de loger dans le boîtier l'exceptionnel éventail de mouvements de haute mécanique dont dispose le « Master of Complications ». La nouvelle Vanguard [dont le prix est une toute aussi bonne surprise] reste on ne peut plus typée Franck Muller (boîtier Curvex modernisé, grands chiffres restylisés, etc. : voir notre vidéo Business Montres Vision), mais elle a tout pour plaire à des consommateurs émergés qui ne seraient ni des Chinois cousus d'or, ni des Russes en platine forgé. Et si Franck Muller était une idée neuve – mais accessible – pour les amateurs européens de belles montres ? 
◉◉◉◉ ROLEX CELLINI : une vraie nouvelle collection chez Rolex, ça vous marque une année, même si cette collection reprend – on se demande bien pourquoi, tellement elle n'a rien à voir avec les séries précédentes – le nom d'un agglomérat disparate de montres « non-Oyster ». On ne va pas redire tout le bien qu'il faut penser de ces nouvelles Cellini (Business Montres du 2 juin dernier) et on renverra les novices vers notre vidéo Business Montres Vision, mais ce sera pour souligner à quel point cette montre est « révolutionnaire » chez Rolex, maison qu'un conservatisme devenu fossilisant, voire thanatopracteur, empêchait de prendre de telles initiatives. C'est donc en s'appuyant sur des forces extérieures à la maison que les nouvelles Cellini ont été menées à bien : apparemment, les détaillants de la marque se félicitent de cette initiative... 
◉◉◉◉ THOMAS PRESCHER NEMO : que la vie de l'horlogerie serait barbante sans les concepts watches qui viennent régulièrement déranger le confort intellectuel des vitrines où plus personne n'ose prendre de risque ! L'horloger indépendant Thomas Prescher a l'énergie naïve de ses convictions et l'intuition géniale des attentes de certains clients. Le temps des « ovnis » horlogers n'est pas révolu : la preuve avec cette insolente Nemo carpo-submersible (sous-marin de poignet), découverte par les lecteurs de Business Montres dès le 16 février dernier. Qui a fait plus fort cette année dans le genre ? Personne – ce qui prouve qu'il faut toujours oser se montrer pionnier. Face à la déferlante des smartwatches, c'est peut-être avec ce genre d'objets de poignet qu'on réussira à maintenir un minimum de curiosité, d'attractivité et de visibilité pour les montres mécaniques suisses... 
◉◉◉◉ TUDOR RANGER : s'il y a bien une maison horlogère où on a tout compris de ce qu'attendaient les nouveaux amateurs de montres, c'est Tudor, qui démontre depuis trois ou quatre ans une maestria remarquable dans l'art de répondre aux désirs inavoués d'un grand public avide de belles montres qui ne soient pas affichées à des prix indécents. Pour le style, un restylage sans excès de zèle des collections de l'âge d'or : cette Ranger n'aurait choqué personne en 1967, c'est pourquoi elle séduit tout le monde en 2014 [l'époque est à la réassurance nostalgique]. Pour la mécanique et la fiabilité, un solide tracteur suisse, à peu près emboîté et contrôlé selon le cahier des charges Rolex. Le prix a été contenu au meilleur niveau – au grand désespoir des concurrents. Comment s'étonner que les anciens clients Rolex, déroutés par les nouveaux tarifs stratosphériques de telles pièces [notamment l'Explorer] en viennent à préférer Tudor ?
◉◉◉◉ URWERK EMC : drôle d'idée de greffer un « cerveau » électronique sur une montre mécanique de haute horlogerie créative, mais l'avenir est aux concepts hybrides. Cette EMC (Electronic Mechanical Control) permet de vérifier à la seconde près l'exactitude de la montre. L'énergie est fournie par la manivelle logée sur le côté du boîtier (à droite, image ci-dessous). C'est ultra-pointu et hyper-malin – les jurés du Grand Prix d'Horlogerie de Genève 2014 étaient du même avis (voir nos explications Business Montres du 6 juin 2013 et notre vidéo Business Montres Vision). L'avancée est décisive sur le chemin des nouvelles mécaniques du XXIe siècle, qui intègreront forcément une dimension électronique sans être asservies aux soucis des gadgets électroniques. Ce n'est pas une montre connectée, mais elle indique la voie à suivre pour des montres connectées à forte valeur ajoutée mécanique...
▶▶▶ ET AUSSIQuelques nouveautés 2014 qu'il serait vraiment dommage de perdre de vue... 
◉◉◉◉ BAUME & MERCIER PROMESSE : un ◉◉◉◉ BOUCHERON REFLET : une nouvelle collection qui n'est pas une nouveauté, mais la reprise d'une montre qui a fait les succès de la maison et qui retrouve, grâce au coup de crayon d'Eric Giroud, une nouvelle jeunesse plus en phase avec l'idée que Boucheron se fait du luxe horloger contemporain... ◉◉◉◉ BVLGARI LVCEA : il manquait à Bvlgari une jolie « petite montre de dame », capable de créer une offre accessible en entrée de gamme, face à des concurrentes signées Chopard ou Omega. La Lvcea a su s'imposer d'emblée à ce niveau et redorer la désirabilité de la marque (décidément, Bvlgari se porte mieux que bien cette année : voir ci-dessus !)... ◉◉◉◉ DE BETHUNE DB 28 SKYBRIDGE : un seul regard sur la montre ci-dessus suffit à comprendre pourquoi elle est exceptionnelle et à quel point elle aurait mérité de figurer dans la sélection initiale, mais deux montres De Bethune distinguées pour une même année aurait risqué de décourager la concurrence – mais comment font-ils dans cette maison pour avoir un tel taux de réussite ? ◉◉◉◉ GRAFF GYROGRAFF DIAMANTS : deux mécanismes gyroscopiques dans un même boîtier (une lune sphérique et un tourbillon mult-axes), il fallait en avoir l'audace ! Graff n'a pas hésité à demander l'impossible à la manufacture MHC de Pierre Favre, histoire de célébrer en beauté l'arrivée du joaillier au premier étage de Baselworld... ◉◉◉◉ HUBLOT POP ART : c'est l'esprit de la montre qui est amusant, et sa traduction esthétique inspirée du pop-art américain, plus que son allure très classique dans les collections de la marque. Comme quoi on peut toujours trouver de bonnes idées pour décliner un concept apparemment inusable de l'esprit Big Bang... ◉◉◉◉ HERMÈS MILLEFIORI : tant qu'à multiplier les montres qui rendent hommage aux « métiers d'art », autant choisir des techniques jamais utilisées dans la montre. Hermès s'inspire de la verrerie créative pour sa Millefiori virtuose... ◉◉◉◉ LOUIS VUITTON WORLDTIMER : tout est dans l'esthétique puissante et décalée de cette montre à « heures du monde », qui nous change des sempiternelles Tambour, inlassablement reprises et retouchées. On espère que Louis Vuitton trouvera là les moyens d'une nouvelle audace horlogère... ◉◉◉◉ MB&F LEGACY MACHINE 101 : un bel exercice de créativité pour Maximilian Büsser, qui joue avec ses propres codes pour ne pas trop s'ennuyer entre deux lancements d'« ovnis » horlogers (Business Montres Vision et Business Montres du 7 mai dernier). Il ne lui reste plus qu'à imaginer une seconde marque – comme il y a des seconds vins dans les grands châteaux – pour éponger ses excédents d'imagination... ◉◉◉◉ VICTORINOX I.N.O.X : ce sera la montre la plus résistante de l'année, la plus testée dans des conditions extrêmes et la plus mémorablement martyrisée de toute l'industrie horlogère. C'est déjà bien, mais tout le monde ne passe pas sa vie à se rouler sous un char d'assaut pour éprouver la solidité de son fétiche de poignet... 
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