BAROMONTRES FÉVRIER 2015 : Les tendances météo d'une horlogerie ballottée entre récession économique et mutation sociologique...
Les hommes, les marques et les faits de février 2015, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres. Un classement en dix coups de projecteur, avec les évolutions d'une météo horlogère tétanisée de voir sa belle croissance à deux chiffres lui échapper... ◀▶ BAROMONTRES FÉVRIER 2015 À trois semaines de Baselworld,alors que le bas de cycle annonceune crise économique qui se précise,les smartwatches commencent vraiment
Les hommes, les marques et les faits de février 2015, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres. Un classement en dix coups de projecteur, avec les évolutions d'une météo horlogère tétanisée de voir sa belle croissance à deux chiffres lui échapper...
◀▶ BAROMONTRES FÉVRIER 2015 À trois semaines de Baselworld,alors que le bas de cycle annonceune crise économique qui se précise,les smartwatches commencent vraimentà inquiéter les marques horlogères... 
▶▶▶ LES COMMANDES ÉTAIENT À UNE NIVEAU TRÈS BAS après le SIHH de Genève. Rien, dans la conjoncture économique mondiale, ne permet de penser qu'elles seront meilleures après Baselworld. Tout le monde se prépare donc à une année 2015 particulièrement difficile, qui ne sera pas adoucie par l'arrivée imminente d'une Apple Watch qui va concentrer toutes les parts de marché médiatiques au détriment des montres traditionnelles. Pur mois de transition, février n'a pu enrayer la spirale de décroissance amorcée l'année dernière et clairement formalisée au cours du dernier trimestre 2014. Ne pas en déduire, cependant, que certains ne tireront pas leur épingle de ce jeu compliqué : les milliardaires et les riche clients ne se sont pas évaporés – il faut cependant leur donner de nouvelles bonnes raisons d'acheter des belles montres, originales, ludiques, amusantes, décalées et réellement innovantes. Les clients classiques ont toujours la passion des beaux objets de poignet – il faut seulement leur proposer de nouvelles montres, intelligentes ou non, connectées ou non, mais toujours originales et accessibles. L'avenir est aux idées fortes. Le pouvoir est entre les mains de ceux qui auront l'audace de leur imagination... 
GRAND BEAU(par ordre alphabétique et sans idée de classement) 1] TIM COOK (Apple)
▶▶▶ EH OUI, IL VA FALLOIR S'Y FAIRE : l'excellent M. Cook est déjà et, surtout, sera une des vedettes de notre grand cirque horloger. Sa présentation de la fameuse Apple Watch – celle qui va reformater et orienter toute l'offre internationale de smartwatches – n'est plus qu'une question de jours, mais on sait déjà qu'elle va pourrir l'ambiance à Baselworld : en attendant, elle excite ses concurrents directs (qui ne cessent de présenter des montres connectées innovantes par leur design ou leurs fonctionnalités) autant que les horlogers (qui ont la main moins heureuse : voir, ci-dessous, Frederique Constant). Tim Cook sait déjà que son Apple Watch va révolutionner la vie de dizaines de millions de clients – et surtout de clientes – Apple, en leur simplifiant le quotidien (santé, paiement, consommation, transports pour commencer) et en les reliant toujours plus intensément à leur communauté. Il sait aussi que sa Watch [on va vite oublier le nom de la marque : ce sera la Watch tout court] sera vite une bête de mode adulée par les femmes (Business Montres du 26 février). Il sait encore qu'elle s'imposera comme un symbole dynamique du nouveau luxe contemporain (horizontal, non-statutaire et relationnel) face à d'autres objets de poignet comme les montres traditionnelles (luxe vertical, ostentatoire et égocentrique). Il sait enfin que ces marques traditionnelles suisses feront bientôt la queue dans son bureau pour doter leurs montres de fonctions compatibles avec l'écosphère Apple. Un sacré bon cuisiner, ce Cook ! 2] LAURENCE GRAFF (Graff Diamonds)▶▶▶ POUR SON DÉBARQUEMENT À BASELWORLD (2014), la maison Graff nous avait régalé avec une somptueuse collection horlogère, en s'offrant au passage le record du monde pour le prix d'une montre de joaillerie (50 millions de dollars). N'écoutant que son instinct, Laurence Graff s'offre, à quelques jours de Baselworld, un nouveau record, celui de la pièce de (très) haute joaillerie la plus coûteuse de l'histoire de l'humanité : moyennant 155 millions de dollars, on peut repartir avec une rivière de diamants tellement superlatifs qu'ils en deviennent historiques et même fondateurs (révélation Business Montres du 27 février). Un collier, baptisé The Royal Star of Paris, qui sera la vedette médiatique de Baselworld s'il n'est pas auparavant préempté par un des rares émirs, princes et autres pétro-monarques qui ont eu le rare privilège de le découvrir à Doha (Qatar)... 3] MANUEL MALLEN & BENJAMIN LOBEL (Poiray)▶▶▶ LES DEUX CO-REFONDATEURS DE POIRAY commencent à toucher les dividendes de leur opération de sauvetage d'une des plus attachantes maisons françaises d'horlogerie et de joaillerie, tombée en quenouille par l'impéritie de ses propriétaires initiaux et de ses actionnaires successifs. Poiray – qui perdait de l'argent – a désormais la tête hors de l'eau. Le chiffre d'affaires a été multiplié par quatre par la nouvelle équipe de direction – qui partait néanmoins de très bas. De nouvelles collections ont été lancées, dont l'intelligente Poiray Flower (révélation Business Montres du 23 février), qui annonce d'autres révolutions conceptuelles dans une maison qui a désormais de grandes ambitions internationales, dans l'horlogerie comme dans la joaillerie : c'est une marque outsider avec laquelle il faudra compter quand commenceront les grandes manoeuvres sur le front de la joaillerie internationale, prochain champ-clos où s'affronteront les groupes de luxe... 4] LA NOUVELLE CRITIQUE (histoire de l'horlogerie)▶▶▶ TANT QU'IL N'Y AVAIT QU'UN SEUL JOSEPH FLORES pour empêcher les marques de danser en rond autour de leur storytelling bidouillé, ça pouvait encore aller : après tout, l'histoire de la montre automatique n'en est à pas à un Hubert Sarton près – tant pis pour ceux qui croient encore à l'existence du fantomatique Abraham Louis Perrelet. Manque de chance, les révisionnistes sont insatiables : c'est Osvaldo Patrizzi et Philip Poniz qui mettent à mal le mythe Harrison en étudiant la piste Huygens pour l'invention de l'horloge de marine. C'est Bernard Vuilliomenet qui pulvérise la légende Nicolas Rieussec pour l'invention du chronographe – désormais rendue au Français Louis Moinet. C'est, enfin (mais ce n'est pas fini), le Belge Bernard Roobaert qui relit minutieusement tout le storytelling de la montre Marie-Antoinette de Breguet (n° 160) pour prouver qu'elle n'a rien à voir avec la reine, qu'elle n'a cessé d'être remaniée tout au long de son histoire dans les ateliers Breguet et qu'elle est encore plus mystérieuse qu'on ne l'imaginait (Business Montres du 18 février). L'histoire des montres n'est jamais écrite définitivement... 5] L'HEURE DU TEMPS (radio France Bleu Besançon)▶▶▶ TOUTES LES SEMAINES, UNE HEURE POUR PARLER du temps, de tous les temps, mais aussi de l'industrie horlogère, en France, en Suisse et dans le monde entier, avec une chronique d'actualités sur les montres assurée par Business Montres. C'est tous les dimanches, en direct et en différé (18 h-19 h), sur la radio France Bleu Besançon (102,8 ou 104,8 MHz si vous êtes sur place), sinon sur la page de l'émission pour écouter en temps réel Romain Parreaux et ses invités. On peut aussi s'abonner au podcast... 
VARIABLE(par ordre alphabétique et sans idée de classement) 6] PLUS D'HEURE LÉGALE EN FRANCE !
▶▶▶ NATION CHARGÉE DE DONNER L'HEURE LÉGALE au monde entier (à travers la référence UTC, fixée par l'Observatoire de Paris, la France n'a cependant pas réussi à définir son heure légale ! Alors qu'une heure réglementaire devrait s'imposer pour cadrer un étalon horaire national, indispensable dans un grand pays industriel – c'est pratiquement une exception en Europe. Paradoxe ultra-français, qui ridiculise un peu plus l'administration de la République. La faute à des décrets oubliés dans l'adoption de règles européennes, la faute à une bureaucratie qui a sans doute mieux à faire, la faute à des gouvernements qui préfèrent regarder ailleurs (révélation Business Montres du 1er février)... 7] SERVICE CLIENT (Vacheron Constantin)▶▶▶ LES TRADITIONS SE PERDENT, NOTAMMENT le goût d'un impeccable service client. Dans le radar de Business Montres (19 février), un client de la maison Vacheron Constantin, grand amateur et gros client du groupe Richemont (400 000 euros de montres au cours de l'année écoulée), qui se fait maltraiter et éconduire par la boutique de Moscou, l'affaire se trouvant envenimée par l'effondrement du rouble et l'obligation pour la marque de procéder à 70 % d'augmentation locale de ses tarifs. Vacheron Constantin admet que tout ne s'est pas bien passé (Business Montres du 26 février) : de quoi refermer le dossier. Sauf que de telles histoires ne cessent de se produire et de se répéter : un bon client, ça se chouchoute, surtout en temps de crise ! 8] PETER STAS (Frederique Constant)▶▶▶ SA NOUVELLE HOROLOGICAL SMARTWATCH, présentée en urgence trois semaines avant Baselworld, histoire de se donner un peu de visibilité (Business Montres du 27 février), est une mauvaise réponse horlogère à une mauvaise question qui ne se posait d'ailleurs pas : la future Apple Watch n'est pas une montre à laquelle il faudrait opposer d'autres montres ; c'est un support commercial pour vendre des applications bientôt indispensables dans la vie quotidienne. Il est donc vain de singer en style horloger des fonctions de santé (traceur d'activité) qui sont désormais d'une navrante banalité, surtout si c'est pour le faire à des prix dix fois supérieurs au prix de marché de ces traceurs d'activité, embarqués ou non sur des montres. Concurrencer la future Apple Watch, ce n'est pas imaginer des montres à quartz vaguement connectés, c'est créer des vraies montres qui donnent aux acheteurs de vraies nouvelles raisons de craquer ! Pour faire nombre, Frederique Constant et Alpina ont embarqué Mondaine dans cette galère : pas sûr que ce soit une bonne idée (surtout pour Mondaine) et pas sûr que ce partenariat ait été prévu dans le contrat initial avec Soprod, qui fournit les mouvements à quartz connectés... 
AVIS DE TEMPÊTE (par ordre alphabétique et sans idée de classement) 9] LE PRIX DES MONTRES (franc fort et autres) ▶▶▶ LES MONTRES SUISSES N'ONT PLUS DE PRIX ! D'une part, parce qu'elles sont désormais hors de prix : inaccessibles aux clients normaux sur les marchés traditionnels (Europe), inaccessibles aux clients locaux sur les marchés émergents pour cause de taxes douanières aberrantes (Asie), inaccessibles aux clients nouveaux sur une planète qui prépare ses poignets à l'arrivée de concepts radicaux comme les smartwatches. Les maisons horlogères augmentent ici, rognent là, flottent partout et attisent un marché parallèle déjà surstocké et désorganisateur (Business Montres du 14 février). Les prix des montres ont, en moyenne, augmenté de 130 % depuis 10 ans – ce qui n'a pas été le cas des salaires moyens : l'horlogerie suisse s'est dépositionnée et il est trop tard pour revenir en arrière alors que se profile une mutation sociétale de première grandeur, celle des objets connectés de poignet. On a dissipé en dépenses de prestige et d'ostentation statutaire la rente de la bulle horlogère, au lieu d'investir dans des nouvelles idées ou de promouvoir des nouveaux concepts. Une industrie peut mourir d'avoir fait les mauvais choix stratégiques et paradigmatiques, comme nous le prouve l'histoire de l'horlogerie japonaise (analyse Business Montres du 2 février)... 10] WATCH ANISH (Instagram) ▶▶▶ PRIS PAR LA PATROUILLE EN FLAGRANT DÉLIRE sado-masochiste (Business Montres du 16 février), après avoir été pris le mois dernier en flagrant délit d'apologie gratuite de la violence (Business Montres du 1er février), Watch Anish – la page Instagram préférée des marques qui sont rançonnées pour y paraître – prouve que c'est bien en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui. Et, accessoirement, qu'on renoue sans l'assumer avec la tradition des vieux pulp magazines – de sinistre mémoire (Business Montres du 22 février) ! Aux marques se prendre leurs responsabilités et d'assumer le fait d'acheter des espaces publicitaires clandestins dans des pages où on se flatte d'humilier les femmes et d'encourager la violence, sinon la délinquance : il serait temps que l'horlogerie songe à remettre en cause les paradigmes marketing qui la relient aux fausses élites prédatrices, mais friquées, d'une économie-casino qui a mis les peuples à genoux... 
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