BAROMONTRES OCTOBRE 2013 : Les tendances météo de l'horlogerie avant d'aborder l'automne
Le 12 / 11 / 2013 à 07:32 Par Le sniper de Business Montres - 4052 mots
Les hommes, les marques et les faits d'octobre 2013, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres. Un classement en dix coups de projecteur sur les évolutions capricieuses de la météo horlogère pour ce mois d'octobre 2013, qui a vu s'éteindre les derniers feux des espoirs horlogers pour une année d'entrée en crise...
◀▶ BAROMONTRES OCTOBRE 2013L'automne de tous les dangers entremêlés...
Les hommes, les marques et les faits d'octobre 2013, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres. Un classement en dix coups de projecteur sur les évolutions capricieuses de la météo horlogère pour ce mois d'octobre 2013, qui a vu s'éteindre les derniers feux des espoirs horlogers pour une année d'entrée en crise...
◀▶ BAROMONTRES OCTOBRE 2013L'automne de tous les dangers entremêlés...▶▶▶ Insensiblement, au rythme de la récession économique qui s'installe en douce – quoiqu'en disent les gouvernements et les banquiers – dans les pays occidentaux (Etats-Unis compris), l'horlogerie a poursuivi sa lente descente, en se consolant avec un sursaut statistique de 8,5 % de croissance qui ne reposait, en fait, que sur l'exportation de 600 montres en platine ultra-chères – 600 pièces sur 2,5 millions de montres (en baisse de 4,3 %, soit 100 000 montres perdues par rapport à l'année dernière). C'est bien connu, ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent qui change. Après avoir nié la crise et le danger des smartwatches pour les montres traditionnelles, quelques hauts responsables de l'horlogerie commencent à considérer que ça sent quand même le roussi et qu'il y a une vraie menace de conjonction des facteurs anxiogènes [crise économique, surinvestissements productifs qui font bondir le prix des montres, désordres monétaires liés au dollar et à l'euro, menace territoriale sur le poignet, déconsidération des montres de luxe trop liées à l'image des élites avides et corrompues, déstabilisation du marché des montres de collection comme le montre l'avis de tempête ci-dessous, etc.]... Si l'automne est bien la saison où les feuilles mortes se ramassent à la pelle, c'est aussi celle où les détaillants commencent à réaliser que leurs stocks atteignent des niveaux d'invendus considérables, en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis, alors même que les traditionnels cadeaux de fin d'année ne parviennent pas à inverser la tendance. Bientôt, ce sont les détaillants horlogers indépendants qu'on ramassera à la pelle ! Pas de quoi pousser le cocorico qu'on aurait attendu du « Coq de France » qui sera le lot n° 288 du prochain catalogue Sotheby's (ci-dessus : montre Universal des années 1950) : l'horlogerie suisse se cherche de nouvelles raisons d'espérer. À part ses gros actionnaires et les analystes un peu myopes, personne ne distingue clairement d'amélioration dans les mois à venir. Il suffit d'attendre (ci-dessous : un chronographe de bombardement Universal destiné à l'armée de l'Air italienne, lot n° 290 du catalogue Sothebys des ventes de l'automne)... GRAND BEAU(par ordre alphabétique et sans idée de classement) 1] BRUNO BELAMICH (Bell & Ross)▶▶▶ Le créateur le plus discret de la planète horlogère a été décoré de la Légion d'honneur par le gouverneur militaire des Invalides, face au tombeau de l'Empereur : c'est la reconnaissance par la France de l'identité « militaire » de la marque Bell & Ross (co-fondée par Bruno Belamich, le « Bel » de Bell & Ross), mais aussi de sa réussite économique – qui a fait de cette maison horlogère une des références mondiales de la « touche française » pour les belles montres. Designer à l'oeil très aiguisé, toujours intransigeant sur le respect des codes « instrumentaux » qu'il a mis en place mais jamais à court de nouvelles idées, Bruno Belamich peut se flatter depuis près de vingt ans d'un parcours créatif sans fautes. Qui peut en dire autant dans l'univers horloger ? 2] L. LEROY (concours international de chronométrie)▶▶▶ La première place de la marque française L. Leroy dans le récent Concours international de chronométrie (catégorie tourbillon) récompense l'endurance anti-mauvais traitements [ce n'étaient que des tests, mais violents !] d'un mouvement horloger conçu dans la vallée de Joux, en Suisse, par MHVJ (groupe Festina), mais aussi la résistance d'un concept globalement français qui défend l'idée d'une haute horlogerie tricolore enracinée dans une tradition mécanique assise sur cinq siècles d'histoire. On ne comprend toujours pas pourquoi si peu de marques se risquent dans ce concours international (il n'y avait que sept courageux dans cette catégorie tourbillon : Business Montres du 4 juin 2013), mais la récompense des vainqueurs n'en a que plus de valeur... 3] LAURENT KATZ (Péquignet)▶▶▶ On efface tout et on recommence, cette fois sur des bases saines : pour fêter les quarante ans de la marque (française) Péquignet, dont le succès initial – dans les années 1970 et 1980 – avait marqué le retour de la France sur la scène horlogère internationale, les repreneurs de Péquignet – dont l'actuel CEO, Laurent Katz – ont choisi de revenir aux fondamentaux de la marque, en effaçant les propositions aberrantes de ces dernières années, en reformatant leur offre à des niveaux d'exécution réalistes [on a gardé le meilleur et le plus simple du Calibre royal, en renonçant aux fantasmes toxiques de l'équipe précédente] et en remettant en piste Emile Péquignet lui-même, trop heureux de voir « sa » marque en de meilleures mains. Témoin de cette renaissance : le retour dans les collections d'une nouvelle version de la ligne Equus (ci-dessous : en 30 mm et en 38 mm, à partir de 750 euros)... 4] EDOUARD MEYLAN (H. Moser & Cie)▶▶▶ La nouvelle campagne « Very Rare », très élégante dans son choix de couleurs... rares (graphisme vert céladon sur fond chocolat), témoigne du nouveau départ d'une marque H. Moser & Cie récemment reprise par la holding MELB de Georges-Henri Meylan (Baromontres Business Montres de septembre 2012), qui a placé son propre fils, Edouard (ex-Celsius X VI II), à la tête de la manufacture de Schaffhouse. Toute la production a été revue, ce qui a permis de rationaliser l'amont industriel, d'abaisser les prix de revient et de rentrouver des marges indispensables pour la relance de la maison. Des nouvelles collections sont à l'étude, avec un redéploiement du réseau international. Il se passe enfin quelque chose de créatif sur le créneau des montres néo-classiques... VARIABLE(par ordre alphabétique et sans idée de classement) 5] COMCO (Commission suisse de la concurrence)▶▶▶ Finalement, il ne se passera rien dans le dossier des livraisons contingentées de mouvements ETA : la Commission suisse de la concurrence, appelée à trancher sur le cessation des fournitures de calibres et d'assortiments par le Swatch Group a décidé... de ne rien décider et de laisser du temps au temps. Ces livraisons pourront cesser en 2019, ce qui laisse aux marques et aux manufactures de mouvements concurrentes d'ETA le loisir de s'organiser pour créer des alternatives industrielles, y compris dans le domaine des spiraux. Une décision qui évite à tout le monde – ETA et ses concurrents – de perdre la face et qui sera d'autant plus oubliée, demain, que la récession économique qui s'annonce [sans parler de l'impact des smartwatches sur le marché] risque de libérer beaucoup de capacités industrielles aujourd'hui indispensables. Demain, c'est peut-être ETA qui appellera la Comco au secours... 6] FRANÇOIS-PAUL JOURNE (FP Journe)▶▶▶ Tout le monde attendait l'horloger indépendant François-Paul Journe au tournant du trentième anniversaire de sa première montre : la proposition est mince [une version en montre-bracelet de cette première pièce signée, qui était une montre de poche], la créativité faible et la réalité sans imagination. À tel point qu'on peut se demander si François-Paul Journe a encore, en tant que patron d'une manufacture renommée, quelque chose à dire sur le plan horloger. Il place désormais tous ses espoirs sur sa prochaine initiative : une montre féminine, à quartz (principe électro-mécanique), avec laquelle il espère faire un coup à la Patek Philippe Twenty-4 [gros volumes et grosses marges]. Pas sûr que ce soit le bon timing... 7] PRECIOUS TIME (fonds d'investissement Elite Partners)▶▶▶ Déjà malmené avec son fonds d'investissement en vins, Elite Partners [spécialisé dans les investissements « tangibles »] a vu quelques opérateurs se désinvestir hâtivement côté montres, alors que le fonds horloger Precious Time « tournait » bien et se valorisait régulièrement. Pour trouver du cash et rembourser les investisseurs, al a donc fallu vendre une partie des montres achetées, à des prix de valorisation honorables, mais dans des proportions inquiétantes qui ont conduit Elite Partners à suspendre les opérations d'achat. Les conditions de revente d'une partie du fonds semblent même avoir ouvert une crise de confiance entre la direction d'Elite Partners et le gestionnaire du fonds, le toujours passionné Alfredo Paramico... 8] RICHARD MILLE (Richard Mille)▶▶▶ Décidé à revendre sa marque au groue Kering (ex-PPR), Richard Mille avait conclu un accord dans ce sens et les négociations allaient bon train (révélation Business Montres du 8 juin 2013) quand, à la rentrée, différentes sources proches du dossier faisaient état d'une rupture dont les causes n'ont pas été officiellement annoncées. On parle de difficultés dans la valorisation du réseau de distribution de Richard Mille, ainsi que de problèmes bancaires inattendues. Ce rejet du dossier par Kering – refus d'achat apparemment définitif – laisse la maison Richard Mille au milieu du guet, alors que les temps ne sont pas favorables aux marques indépendantes pas encore globalisées... AVIS DE TEMPÊTE(par ordre alphabétique et sans idée de classement) 9] ANTIQUORUM (enchères horlogères)▶▶▶ La Cour suprême de New York a donné raison à Osvaldo Patrizzi (Business Montres du 8 novembre) en obligeant Antiquorum à lui restituer non seulement une somme de 3,2 millions de dollars placée en consignation, mais également un stock de montres – l'inventaire d'Antiquorum au moment du putsch anti-Patrizzi – évalué entre 26 et 30 millions de dollars. Somme et stock que la trésorerie d'Antiquorum aura beaucoup de peine à dégager, alors même que de nouvelles tensions financières accablent le roguetioneer américain, toujours et chroniquement à court entre deux ventes. L'insuccès de la vente Only Watch s'est révélé plus coûteux et pénalisant que le gain d'image escompté et les dernières ventes n'ont pas prouvé qu'Antiquorum pouvait remonter la pente. La maison d'enchères fondée par Osvaldo Patrizzi est aujourd'hui un bateau ivre, dont le marché ne sait pas trop bien quoi faire... 10] CHRISTIE'S (enchères horlogères)▶▶▶ Si tout va bien aujourd'hui pour le département Montres de Christie's, qu'en sera-t-il demain après le départ d'Aurel Bacs, prévu pour la fin de l'année ? Après les résultats fantastiques de la vente Daytona (ci-dessous) et du catalogue de novembre, le catalogue du printemps 2014 s'annonce déjà problématique : selon différents responsables de Christie's, on peut s'attendre à des résultats de vente divisés par deux, sinon plus, faute d'une offre excitante et d'une locomotive capable d'emballer le marché comme Aurel Bacs s'en était fait une spécialité. Ses remplaçants, Sam Hines à Hong Kong et John Reardon à New York, ne compenseront pas l'absence d'un vrai leader sur la place majeure qu'est Genève : on ne voit pas émerger un nouveau « patron » [pour ne pas dire un « parrain », mais cette fonction est indispensable] avant plusieurs années, même si l'avis de recherche est lancé par Christie's, qui aura du mal à effacer l'empreinte d'Aurel Bacs sur la psyché des collectionneurs et des marchands, dont il avait acquis la confiance...
••• RAPPEL (année 2013) •••
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