> 

LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD #29 (accès libre)
Baselworld en long, en large et parfois en travers : nos meilleurs et nos pires souvenirs de cette édition 2019

Avant-dernière séquence des promenades du franc-tireur dans les années de la « foire » et chez les exposants périphériques. La fête est finie et le démontage des stands a déjà défiguré un décor qui ne devrait pas être trop changer l’année prochaine. En dix coups de projecteur, quelques bons (et moins bons) moment à retenir de ce dernier millésime des fabuleuses années 2010 sur les bords du Rhin…


❑❑❑❑ LE COUP DE CHALEUR DES DOUANIERS SUISSES : il méritait un développement à part et nous l’avons raconté dans une édition précédente (Business Montres du 28 mars). On est peiné de faire de la peine à l’excellent Jean-Daniel Pasche, le pétulant président de la FH suisse, mais, à part lui, qui aurait la naïveté de croire que les montres suisses ne sont pas des « valeurs » fongibles particulièrement surveillées aux frontières ?

❑❑❑❑ LE BILAN KILOMÉTRIQUE DE L’ÉDITION 2019 : un peu moins que les autres années (tout de même 82,3 km pendant la durée du salon) du fait que quasiment tout se passait dans le seul Hall 1 et dans les hôtels autour de la MessePlatz, mais, du fait des travaux qui ont éliminé toutes les gargotes en face de Baselworld, il fallait marcher un peu plus loin pour trouver des restaurants sympathiques à défaut d’être un peu moins coûteux [le niveau terrifiant des additions et des boissons dans les halles restait dissuasif et a beaucoup excité la verve des internautes]

❑❑❑❑ LE CHOIX ABERRANT DE CERTAINES MARQUES (1) : alors que Baselworld avait fait des efforts en proposant aux marques des espaces peu coûteux qui évitaient de devoir construire un stand (le nouveau Watch Incubator, la Watch Gallery, les Ateliers, etc.), on ne comprend pas ce qui pousse certaines maisons horlogères à choisir d’exposer en off ce qu’elles pourraient très bien présente sous les halles, où elles paieraient le plus souvent moins cher que ce que leur coûte ce off dans les hôtels du voisinage, où la promiscuité n’est pas toujours valorisante ! Par exemple, qu’allait faire la sympathique équipe de MAD Watch (ci-dessous) et de Metal.ch dans les profondeurs du lointain hôtel Dorint [500 m du salon, autant dire très loin ailleurs !], alors que la marque avait beaucoup plus de chances de trouver dans les halles de Baselworld, pour un prix comparable, tous les détaillants qu’elle ne connaît pas et dont elle aurait besoin pour ses montres, qui figurent parmi les plus amusantes de la saison (ci-dessus, au poignet de Johnny Orlando).

❑❑❑❑ LE CHOIX ABERRANT DE CERTAINES MARQUES (2) : on a du mal à comprendre que Greubel Forsey se terre dans un petit hôtel proche de Baselworld en même temps que dans un salon de l’Hôtel des Trois Rois, alors qu’il sera tellement plus simple de bénéficier d’un espace officiel à l’intérieur des halles. Idem pour Alchemists, nouvelle marque qui aurait piqué la curiosité de tout le salon si elle n’avait pas été cacher son concept de « mieux-être mécanique » sous les combles des Trois-Rois. Même réflexion pour Dolce & Gabbana, qui présentait une collection horlogère d’un immense intérêt (ci-dessous), mais qui la cachait dans un autre couloir des Trois-Rois alors qu’elle avait tout pour susciter ce « waow effect » qui manquait un peu, cette année, dans les halles officielles. On a dénombré près de 95 marques aux lisières du salon, qui ne comptait guère qu’un peu plus de 230 exposants horlogers pure players : ces chiffres devraient faire se poser des questions à la direction de Baselworld, qui aurait tout intérêt à reprendre sous son aile la plupart de ces dissidents…

❑❑❑❑ L’EFFICACITÉ DE NOTRE CAMPAGNE PRO-CLÉS USB : ces précieux outils de communication, tellement plus pratiques en ambiance nomade et quand le débit des réseaux s’affaisse, n’ont pas disparu. Certaines marques en proposent encore, d’autres donnent le choix à ceux qui préfèrent les crispantes séances de téléchargement quand tout l’hôtel se met à charger des fichiers trop lourds avec trop peu de bande passante : certains dossiers dépassant les 4,5 Go (!), il ne faut pas s’attendre à des miracles…

❑❑❑❑ LES PLUS BELLES CLÉS USB DU SALON : pour encourager la créativité des marques, on notait cette année quelques jolies réalisations chez les maisons horlogères qui ont compris qu’une clé USB était un point de contact supplémentaire avec la marque, quand le site de téléchargements était trop souvent un vecteur d’énervement et un facteur d’impatience [pendant qu’on charge, on ne travaille pas sérieusement !]. Ci-dessus, une partie des créations les plus intéressantes de l’année (de Meistersinger au disque solaire de MB&F, en passant par le jerrycan de Reservoir, le bolide bleue de L'Épée et la F1 de Tag Heuer). Un mot de félicitations à l’équipe du Swiss Press Center, qui nous propose chaque année une clé USB qui récapitule très utilement les propositions des exposants suisses...

❑❑❑❑ LE QUOTIDIEN DU FRANC-TIREUR : marcher, parler, essayer des montres. Ici (ci-dessus), le chronographe à rattrapante de Maurice de Mauriac présenté par l’excellent Daniel Dreifuss dans le lobby de l’hôtel Hyperion. Une très jolie pièce Swiss Made (facturée 12 000 francs suisses) qui méritait le détour, mais qui était comme noyée dans le caravansérail extravagant qu’était, cette année, le bruyant hall de l’Hyperion (voir notre coup de projecteur ci-dessus)…

❑❑❑❑ LE MEILLEUR RESTAURANT DES HALLES DE BASELWORLD : c’est encore au bar Hublot (troisième étage du stand) qu’on trouvait le meilleur risotto du salon. Le chef a dû faire des jaloux, puisqu’il a été le seul à devoir faire face, pendant le salon, à une descente des services de l’hygiène venus contrôler ses installations – sans doute un hasard. Le meilleur jus de fruits, c’était chez TAG Heuer, alors que le meilleur café se trouvait chez Bvlgari, qui proposait aussi, en fin de journée, les meilleurs cocktails italiens, dont un Spritz d’anthologie. La meilleure cave, c’était peut-être chez les Français de Reservoir [cocorico !], aux Ateliers, mais Alchemists nous a régalés d’un grand Montrachet lors de la présentation de la montre Cu 29 à l’Hôtel des Trois Rois (ci-dessous). Excellents chocolats un peu partout (la prime revient à Orfève, qu’on trouvait chez De Bethune), des pots de miel comme s’il en pleuvait [bizarrement pas chez Gucci, qui présentait pourtant les plus belles abeilles du salon] et, en guise de cadeau presse, pour 2019, la mode était aux bouteilles « thermo » (isotherme) : on parle aujourd’hui d’insulated bottle, c’est nettement plus chic, mais à la quatrième que vous recevez, vous vous posez des questions sur le message subliminal caché derrière ce cadeau…

❑❑❑❑ LES PLUS BELLES « HISTOIRES » DE BASELWORLD : ce sont malheureusement celles qu’on ne peut pas vous raconter sous peine de finir dans le Rhin avec des chaussures en béton ! On ne vous dira donc rien de cette folle soirée aux Trois-Rois, où plus personne n’était étanche après deux heures du matin, surtout pas un des meilleurs horlogers de cette planète, quand il a fallu improviser une récolte de kebabs bâlois pour caler les appétits déchaînés vers cinq heures du matin ! On ne vous dira rien du mortel ennui des invités d’une grande soirée organisée par une grande marque, réduits à se contenter de mauvais sandwiches après une journée de travail et condamnés à attendre près d’une heure le discours d’un CEO dont il a fallu supporter les paroles pendant une bonne heure ! On ne vous dira pas non plus le nom de ce CEO d’une belle marque, surpris, vers vingt-trois heures, dégustant pensivement et en solitaire son Big Mac dans un McDo bâlois. Baselworld by night n’est plus ce qu’il était…

❑❑❑❑ LE PIRE, C’EST QUE LE SIHH VA FAIRE PAREIL : derrière les déclarations de belles intentions « communautaires » de Baselworld, une sorte de langue de bois officielle remâche éternellement les mêmes mots. Comme autant d’incantations magiques, les concepts s’envolent à la façon des bulles de savon – « expérience », « numérique », « générationnel », « relationnel », « réalité virtuelle », « influenceurs », « interactivité », « communauté »... N’en jetez plus, la lessiveuse déborde. Derrière les mots, un réel plus glissant que le savon qui crée ces bulles, mais peu de concret et de réalisations. C’est déjà bien d’afficher des telles pétitions de principe, mais c’est un peu court et pas vraiment motivant pour les marques appelées à danser sur cette partition musicale. Le pire, c’est que le SIHH va se rebâtir en 2021 sur à peu près les mêmes enfumages sémantiques – positionnement luxe, champagne et glamour en prime…

❑❑❑❑ ET, COMME TOUJOURS, TOUT CE QU’ON OUBLIE et tout ce qu’on a déjà raconté dans les vingt-huit séquences précédentes, les rumeurs ridicules, les nouvelles marques prometteuses, les plus belles hôtesses d’accueil du salon (comme d’habitude, chez Rolex, qui doit en avoir acheté un vrai gisement), le soleil qui inondait la MessePlatz où Baselworld n’avait pas voulu installer de terrasses, ni de parterres fleuris, les places libres dans les hôtels qui « cassaient » les prix dès le jeudi matin, les absents qui ont toujours tort [mais qui se promettent bien de revenir l’année prochaine], les présents qui n’ont pas toujours raison d’être là, la terrible déception des invités du Swatch Group à Zurich, qui ont pu faire la comparaison entre la convivialité bâloise et le ratage zurichois, la « soupe populaire » pour les affamés des médias au Centre de presse…

BASELWORLD 2019  

Nos précédents articles pour préparer, comprendre et anticiper les tendances de Baselworld 2019 (les liens pour les vingt premières séquences se trouvent dans l’épisode #20 ci-dessous)…

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 28 : « Comment les douaniers suisses ont planté un couteau dans le dos de Baselworld » (Business Montres du 28 mars)

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 27 : « Il y a de toute façon un énorme problème de calendrier à régler, dans le choix de la date comme dans l'organisation de la semaine du salon » (Business Montres du 27 mars)

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 26 : « Pourquoi le concept de « communauté » rassemblée à Baselworld est illusoire et comment la mutation du salon va prendre beaucoup de temps » (Business Montres du 27 mars)

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 25 : « Le dos au mur, la direction de Baselworld effectue un impressionnant virage communautaire » (Business Montres du 26 mars)

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 24 : « Les dix rumeurs les plus bêtes de de Baselworld 2019 » (Business Montres du 23 mars)

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 23 : « Les vingt marques qui ont bien fait d’aller à Bâle cette année – seconde partie » (Business Montres du 25 mars)

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 22 : « Les vingt marques qui ont bien fait d’aller à Bâle cette année – première partie » (Business Montres du 24 mars)

❑❑❑❑   LE FRANC-TIREUR DE BASELWORLD # 21 : « Dix choses à dire (ou qu’on préfèrerait ne pas dire) à propos de Baselworld 2019 » (Business Montres du 21 mars)


Partagez cet article :

Restez informé !

Inscrivez-vous gratuitement à notre newsletter et recevez nos dernières infos directement dans votre boite de réception ! Nous n'utiliserons pas vos données personnelles à des fins commerciales et vous pourrez vous désabonner n'importe quand d'un simple clic.

Newsletter