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BFMTV (accès libre) : Six lecons d'hyper-snobisme horloger – et une leçon d'anti-snobisme pour ne pas mourir dans la peau d'un « watch Idiot savant »...

Tout à l'heure (10 h-12 h), dans « Goûts de luxe » (émission de BFMTV animée par Karine Vergniol et Emmanuel Rubin), une chronique sur les snobismes horlogers : tout sur l'impitoyable univers des monomaniaques, des Watch Idiot Savants et de ces fameux « dîners de cons » organisés par les marques...  ▶▶▶ GOÛTS DE LUXE« Plus snob que moi, tu meurs ! » ◉◉◉◉ Une émission de « Goûts de luxe » consacrée aux …


Tout à l'heure (10 h-12 h), dans « Goûts de luxe » (émission de BFMTV animée par Karine Vergniol et Emmanuel Rubin), une chronique sur les snobismes horlogers : tout sur l'impitoyable univers des monomaniaques, des Watch Idiot Savants et de ces fameux « dîners de cons » organisés par les marques...

 
 GOÛTS DE LUXE
« Plus snob que moi, tu meurs ! »
◉◉ Une émission de « Goûts de luxe » consacrée aux nouveaux snobismes, avec une chronique horlogère en six leçons de snobisme, plus une leçon d'anti-snobisme horloger. Avec une certitude : rien de plus snob qu’un amateur de montres, cet objet technologiquement dépassé depuis près de deux siècles, mais qui a survécu à plusieurs révolutions scientifiques tout en restant toujours accroché avec insolence à nos poignets, où il mobilise de plus en plus l’attention des larges masses.
 Les lignes ci-dessous sont un accompagnement textuel de l'émission, non la retranscription intégrale de la chronique horlogère
 Podcasts à télécharger ici dès qu'ils seront disponibles (la chronique horlogère court pendant toute la première heure : première séquence, deuxième passage et troisième tableau)...
 
  
 PREMIER SNOBISME
« Je possède, donc je suis »...
◉◉ La moitié des jeunes Occidentaux de moins de 25 ans ne portent pas/plus de montres, et c'est le cas d'un quart des moins de 40 ans. Avoir une montre, c’est le snobisme de base, alors qu’on peut s’en passer – n’est-ce pas Emmanuel Rubin ? Avoir une montre mécanique, c’est mieux. Option : une montre de créateur ou de designer connu, achetée forcément chez Colette, la pire vitrine de Paris (une table sous verre), mais la plus recherchée. Plus classe : la montre de collection, vintage, en laissant entendre qu’on en a hérité. Plus cossu : la montre avec des diamants (surtout quand on est oligarque ex-soviétique), déconseillée en Europe de l’Ouest. Risqué : la montre en plastique orange quand on est banquier, mais c'est mieux dans la pub, la Rolex de base quand on est dans un team publicitaire (les dirigeants sont collectionneurs de Rolex vintage), la montre suisse quand on est ministre socialiste (Cahuzac et ses 100 000 euros, Moscovici et sa collection). Affecté : pas de montre quand on est un homme de pouvoir. Exclusif et déconseillé : trois montres à droite, trois montres à gauche, mais c’était le privilège de Nicolas Hayek, le fondateur du Swatch Group suisse…
 
 
 
 DEUXIÈME SNOBISME
« Je paye, donc je suis »
◉◉ Une montre, c’est un coffre-fort riche de multiples valeurs : il suffit de savoir décoder pour en faire un relevé d’identité bancaire, un coup de scanner financier ou une déclaration de patrimoine et de respectabilité. 1,5 million de dollars pour la Richard Mille en cristal : ça détonne un certain train de vie (ci-contre) ! Les Asiatiques adorent promener leur opulence au poignet, ce qui a valu à quelques hauts dignitaires du Parti communiste chinois un passage par la case prison (voir le cas Brother Watch, ci-dessous) : à l’âge d’Internet, il est facile de repérer qu’une montre trop reconnaissable correspond à un siècle du salaire moyen du bureaucrate qui la porte. Ma montre, c’est ma surface sociale, mon assurance-vie amoureuse (« Chéri, n’oublie pas mon petit cadeau horloger » : voir les vitrines des boutiques de seconde main au lendemain de Noël), voire mon placement-refuge facile à transporter au poignet pour franchir les frontières (voir les bonnes affaires du rapatriement en France des fonds déposés en Suisse : les douaniers ont dû apprendre la montre). C’est un peu stupide d’évaluer une personnalité au seul prisme de sa montre, mais qui a dit que le snobisme était une preuve d’intelligence ?
 
 
 
 TROISIÈME SNOBISME
« Je griffe, donc je suis »...
◉◉ C’est le complexe de la marque : ce sont les maniaques de la signature sur le cadran et ils sont souvent monomaniaques. Telle marque, sinon rien : ça pourrait être Rolex, Patek Philippe, Omega, Richard Mille, François-Paul Journe ou Seiko (rayez les mentions inutiles), songez qu’on peut avoir une cinquantaine de Richard Mille. Il s’agit très rarement d’Ice-Watch, de Tissot ou de Festina. Mais il y a aussi des snobs des jeunes créateurs de la nouvelle génération, comme MB&F (ci-contre) ou De Bethune. Il s’agit de ne porter que des repères statutaires, des montres purement démonstratives, des fétiches de la représentativité opulente ou créative. C’est de l’avoir pensé comme un concentré d’être : dialectique éternelle, un peu vaine quand on connaît le dessous des cartes, la valeur intrinsèque du produit (son prix de revient réel), sa cote à la revente. Contrairement aux affirmations du marketing des marques, rien n’est moins intemporel qu’une montre, même griffée par une grande marque : une Santos Cartier des années 1980 – c’était la montre ultime des snobs – vaut son poids d’or, et encore (ci-dessous). Une Ebel de la même époque – c’était le must absolu – encore moins que son poids d’or…
 
 
 
 QUATRIÈME SNOBISME
« Je diverge, donc je suis »
◉◉ Le culte de la série limitée n’a pas de limite, les marques en usent et en abusent : on a même vu Audemars Piguet, qui faisait à peu près 20 000 montres par an lancer une série limitée à 2 000 exemplaires (soit 10 % de la production annuelle). On a vu chez Hublot des séries limitées « boutique » (lancées dans une seule boutique), puis des séries limitées continentales (« Amériques »), puis semi-continentales (« Amérique du Sud »), puis nationales (« Mexique »), puis thématiques « Depêche Mode », cette semaine c’était la « Saint-Valentin » : un coup de rouge, et c’est parti, on recyclera les stocks en Asie), puis personnelles et ponctuelles (« Pelé »). Peu importe : une couleur différente pour les aiguilles, un bracelet spécial, un cadran cerclé de couleur font l’affaire. Il faut faire confiance aux marques pour varier les plaisirs, changer le maillon des bracelets ou la couleur du cadran : on appelle ça une « animation », ou pour changer la couleur de l’or du boîtier. On a connu des séries limitées à 10 pièces, mais c’était 10 en or jaune, 10 en or rose, 10 en or gris, 10 en platine, 10 en titane et 10 en fibre de carbone, plus 10 prototypes et 10 en pré-série hors commerce. Ave une ou deux séries boutiques, marchés locaux ou « forums », on est dans la centaine. Bonjour, l’exclusivité ! Il faut savoir que les Chinois adorent le 8, donc à chaque fois 8, 88 ou 888. Les Européens recherchent le 007 et les nouveaux riches le 01 : donc, le 01 platine, le 01 or rose. N’en jetez plus…
 
 
 
 CINQUIÈME SNOBISME
« Je tartine, donc je suis »...
◉◉ « La serge du balancier est en poli bloqué comme on sait le faire sur la rive sud du lac de Joux »… « La PAM 877 a la conduite à gauche »... Là, vous séchez ! Là, on entre dans le domaine des « Watch Idiot Savants » – pas d’équivalent français, mais c’est quelque chose comme les « crétins omniscients » de la montre. Ils savent tout sur tout (c’est souvent vrai), ils connaissent par cœur toutes les références de plusieurs marques et leurs variantes, ils savent mettre les gants blancs quand il faut, ils jargonnent en argot horloger mieux que des Suisses, ils font la différence entre une grande et une petite sonnerie, ils ont lu tous les livres et ils écrasent de leur superbe ceux qui confondent encore la Rolex Explorer I et la Rolex Explorer II. On retrouve ce défaut chez quelques journalistes pontifiants… C’est pour ces Watch idiot savants que les marques ont inventé les… « dîners de cons » (dans l’esprit de la pièce du même nom), des dîners d’amateurs et de collectionneurs auxquels on présente quelques nouveautés, dans une ambiance d’exclusivité locale – alors que le même dîner est répliqué partout dans le monde. On a même créé des vitrines de table qui tournent à 360° pour qu’ils puissent admirer les collections en grignotant leur saumon sauce verte. Et ils causent, ils causent… Entre eux, sur les forums, dans les boutiques où ils saoulent tout le monde, même la nuit dans leurs rêves, ils nagent dans les montres…
 
 
 
 SIXIÈME ET DERNIER SNOBISME
« Je collectionne, donc je suis »
◉◉ Les vrais snobs n’achètent aux enchères que chez Christie’s, où Aurel Bacs a récemment adjugé 100 000 francs suisses à la minute ( !) et 240 000 francs à chaque coup de marteau dans une vente de Rolex Daytona vendues à peu près quatre fois plus cher que chez les marchands. Le collectionnisme snob est un sport de riches, qui ne se parlent qu’entre possesseurs de réf. 1518 Patek Philippe et qui connaissent pratiquement chaque pièce disponible dans les collections du monde entier, avec toutes les caractéristiques de chaque cadran (on sera entre 200 000 et 2 millions de dollars). Un index des minutes biseauté au lieu de non-biseauté met les snobs collectionneurs en ébullition et affole les prix. Un cadran étoilé Rolex : 620 000 dollars record du monde (ci-contre), dix fois moins cher sans étoiles. Un chrono Rolex en dix exemplaires : 1,1 million de dollars. Un couleur qui vire, et c’est le nirvana : du coup, on bricole les cadrans avec des liquides magiques, on les passe au four et on excite la convoitise des collectionneurs avec des couleurs attribuées aux UV. Trois ans plus tard, la réaction chimique a continué ses ravages et il ne reste qu’un peu de poudre brunâtre quand on secoue la montre. Tout se collectionne, même les chocolats Rolex et les plaques de rue au nom des grands horlogers : j’ai raté une plaque de rue au nom Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex, aux Puces de Genève. Quelle magnifique cible, ces snobs collectionneurs : on peut leur fourguer n’importe quoi à n’importe quel prix en arguant de la rareté et de l’exclusivité. Je pourrais vous raconter d’extravagantes histoires sur des montres qu’on voit aujourd’hui dans les musées des marques…
 
 
 
 PREMIER ET UNIQUE ANTI-SNOBISME
« J'apprécie, donc je suis »...
◉◉ Eh oui, je me fais des petits plaisirs avec mes montres, je les remonte, je leur achète de nouveaux bracelets, je les fais entretenir chez un petit horloger de quartier qui m’en apprend un peu plus sur leur fonctionnement, j’en achète de temps en temps si je fais une bonne occasion, je jette un œil sur les forums pour ne pas mourir idiot, j’écoute les chroniques de « Goûts de luxe » sur BFMTV, bref je suis un amateur tout ce qu’il y a de supportable, pas snob, capable de parler d’autre chose que de montres, juste un amoureux de la montre, insensible au snobisme de mes congénères comme au snobisme des marques auxquelles je peux reprocher de me snober parce que je suis Français et pas Chinois, pas nouveau riche et pas tenté par les colifichets en or massif qui ne relèvent pas de la vraie horlogerie…
 
 
 
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