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CHAISES MUSICALES (exclusif) : La direction italienne de Gucci missionne Stéphane Linder, un solide grognard de l'horlogerie, pour relancer Gucci Timepieces

(non officiel et non autorisé) Passé par ici, il repassera par là. On attendait Stéphane Linder à La Chaux-de-Fonds et on le signalait à Granges, mais c'est à Cortaillod qu'il va coiffer une casquette Gucci pour apprendre une autre culture de l'horlogerie... ▶▶▶ GUCCI TIMEPIECESStéphane Linder (ex-TAG Heuer) prend la direction des montres Gucci...  


(non officiel et non autorisé) Passé par ici, il repassera par là. On attendait Stéphane Linder à La Chaux-de-Fonds et on le signalait à Granges, mais c'est à Cortaillod qu'il va coiffer une casquette Gucci pour apprendre une autre culture de l'horlogerie...

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 GUCCI TIMEPIECES
Stéphane Linder (ex-TAG Heuer)
prend la direction des montres Gucci...
 
url-1◉◉ MICHELE SOFISTI AVAIT RÉUSSI L'EXPLOIT de maintenir à flot la frégate des montres Gucci, alors que le vaisseau amiral du groupe Kering faisait eau de toutes parts. Comme l'a écrit Business Montres (15 décembre 2014), « Il y avait, là aussi, le feu dans la maison et la marque avait fini par s'user à force d'avoir trop servi dans des pays comme la Chine, où la surexposition des années de « bulle » commence à se payer cash et cher – ce n'est pas Louis Vuitton qui nous démentira. » Paradoxalement, alors que les montres pâtissent généralement de l'affaiblissement de la marque mère, les montres Gucci ont prouvé au cours de ces dernières une dynamique qui en faisaient une des marques horlogères les mieux portantes du groupe Kering (estimation Business Montres : 240 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, avec une trentaine de millions de profits). Après avoir quitté la présidence du groupe Sowind (Girard-Perregaux et Jeanrichard, groupe Kering) cet été, Michele Sofisti avait renoncé à sa direction des montres Gucci à la fin de l'automne (révélation Business Montres du 5 décembre 2014)...
 
◉◉ MARIO BIZZARRI, LE NOUVEAU PATRON DE GUCCI, ne pouvait pas se permettre de laisser trop longtemps le créneau horloger trop dégarni. Arrivé aux commandes en fin d'année pour remplacer le couple mythique Patrizio di Marco (CEO) et Frida Giannini (directrice artistique), qui tenait les rênes de la création Gucci depuis onze ans, il avait besoin d'un professionnel expérimenté, riche d'une expérience internationale et capable de ré-animer une création produits un peu mise à mal par les interventions perpétuelles et souvent brouillonnes de Frida Giannini, qui n'a pourtant jamais prouvé (ni trouvé) sa légitimité dans le domaine des montres. Les professionnels de ce calibre, compétents et libres sur le marché, se comptant sur les doigts d'une seule main, le nom de Stéphane Linder (ci-dessus et ci-dessous) a vite commencé à circuler au sein de l'état-major milanais...
 
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◉◉ UN PEU SECOUÉ PAR SON EXFILTRATION SURPRISE, à effet immédiat, de la présidence de TAG Heuer, qu'il n'occupait que depuis dix-huit mois, Stéphane Linder avait eu la chance – relativement rare chez les managers de haut niveau – de faire toute sa carrière chez TAG Heuer, où il était arrivé en 1993. Il avait gravi jusqu'à la présidence tous les échelons de la maison, en se dotant au passage de compétences commerciales internationales, d'une expérience marketing, de solides connaissances dans le domaine des produits et de la R&D, mais aussi dans la gestion des célébrités. Il n'aurait jamais pu subsister à l'ombre de Jean-Claude Biver, qui lui a succédé après avoir auparavant pris la responsabilité de toute la branche horlogère de LVMH. On dit le bilan de Stéphane Linder chez TAG Heuer contrasté : disons qu'il a pris les rênes de la marque au mauvais moment, alors qu'un retournement de tendance l'obligeait à un retournement stratégique dont il n'avait plus les moyens du fait de décisions d'investissement antérieures. Son départ était donc inévitable...
 
◉◉ ENSUITE, ON A PENSÉ À LUI POUR GIRARD-PERREGAUX, mais aussi pour Eterna et quelques autres maisons en panne de CEO. François-Henri Pinault, le président de Kering, optait pour une solution suisse au problème Gucci Timepieces, dont l'établissement est à Cortaillod. Question de compétences de terrain et d'expérience des marchés plus encore que de méfiance pour les habituelles combinazione à l'italienne dont les Milanais ont le secret. Mario Bizzarri penchait lui aussi pour un professionnel du sérail plutôt que pour un recrutement italien. Les dés étaient jetés...
 
◉◉ POUR STÉPHANE LINDER, C'EST UN VRAI DÉFI : les montres Gucci ne sont ni ordinaires, ni extraordinaires. Elles ne sont pas ! On peine à en discerner l'impérieuse nécessité sur le marché et la véritable identité – ce qui ne les empêche pas de se vendre, mais comme de purs accessoires dépourvus de substance plutôt que comme des vecteurs d'image. Parfois réussie, parfois inexistante, la communication est à reconstruire autour d'un concept à trouver et d'un positionnement à valoriser. Déjà en berne, le drapeau Gucci ne suffira bientôt plus à donner des raisons de vivre aux collections. Cortaillod, c'est un peu la Belle au Bois dormant qui court cependant les marchés comme une princesse somnambule : venu de l'univers d'un luxe aspirationnel (TAG Heuer de l'époque Babin) tenté par la vraie foi mécanique, Stéphane Linder est peut-être l'homme de la situation...
 
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◉◉ UNE CERTITUDE POUR CETTE RELANCE : une marque de luxe qui se reconstruit et qui se repositionne sur les marchés a besoin d'icônes pour exprimer ses valeurs, imposer son identité et affirmer ses ambitions. La J12 de Chanel a été le bon exemple d'une iconisation capable de pousser la marque au-delà ses publics naturels. Il sera difficile pour Gucci de retrouver facilement ses marques sur le terrain de la maroquinerie (son espace de légitimité historique, malheureusement dilapidé par surexposition et stratégie commerciale fautive) ou sur le terrain de la mode (où la marque n'a jamais prouvé – ni trouvé – son originalité créative). Au contraire, la montre reste un champ d'expérimentations idéal pour tester sans risque des nouveaux codes et une nouvelle identité – y compris sur le terrain des smartwatches, où les montres griffées devraient mieux résister que les pure players horlogers [avec sa montre numérique pour les Grammy Awards, ci-dessus, une maison comme Gucci semble bien armée pour contre-attaquer : on en reparlera certainement à Baseworld]. Le tout-au-logo de la génération tout-à-l'égo est à ranger au musée de la marque : qui mieux qu'un horloger suisse peut exprimer une nouvelle substance identitaire dans un espace aussi confiné qu'une montre ? Toute la difficulté pour Stéphane Linder, enfant de la Watch Vallée neuchâteloise, sera de s'accoutumer aux codes de la culture italienne de l'horlogerie – pas toujours compatibles avec les usages en vigueur de l'autre côté des Alpes...
 
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