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CHAISES MUSICALES (exclusif) : Le groupe Kering choisit Antonio Calce comme nouveau président de Girard-Perregaux et Jeanrichard (Sowind)

Sans patron clairement identifié depuis cet été, l’ensemble Sowind courait sur son erre à la recherche de nouvelles et impérieuses raisons d’exister. Antonio Calce, son nouveau président, a des choses à nous dire et de l’ambition à revendre. Il va devoir purger le passé pour inventer l’avenir.  ▶▶▶ GIRARD-PERREGAUX + JEANRICHARDAntoine Calce (ex-Panerai, ex-Corum) en quête d’un nouveau destin …


Sans patron clairement identifié depuis cet été, l’ensemble Sowind courait sur son erre à la recherche de nouvelles et impérieuses raisons d’exister. Antonio Calce, son nouveau présidenta des choses à nous dire et de l’ambition à revendre. Il va devoir purger le passé pour inventer l’avenir.

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 GIRARD-PERREGAUX + JEANRICHARD
Antoine Calce (ex-Panerai, ex-Corum)
en quête d’un nouveau destin dans la haute horlogerie... 
 
◉◉ CETTE FOIS, ÇA PASSE OU ÇA CASSE ! Récemment démissionnaire ou démissionné – allez savoir ! – de la direction de Corum, où ses relations avec ses actionnaires chinois étaient ce qu’elles sont toujours en pareil cas [aussi prévisiblement amicales qu’amicalement imprévisibles], Antonio Calce se retrouve à la tête du pôle Sowind, pivot stratégique des ambitions de Kering dans l’horlogerie. Stratégique ? Ce n’est pas que Sowind soit l’entité horlogère la plus puissante du groupe côté chiffre d’affaires [Ulysse Nardin et Boucheron pèsent beaucoup plus], ni la plus profitable [et de très loin face aux mêmes marques], mais c’est la plus enracinée dans le paysage de l’industrie suisse et la plus « traditionnelle » en termes de manufacture : Girard-Perregaux aurait tout pour rivaliser avec Breguet, Vacheron Constantin, Audemars Piguet ou même Patek Philippe – mais la maison ne semble jamais avoir réussi à persévérer durablement et crédiblement dans cette direction-là…
 
 
◉◉◉ SOWIND, C’EST AUSSI JEANRICHARD, jeune pousse de la fin du XXe siècle greffée sur une référence de tradition. Cette maison s’est habituée à grandir à l’ombre d’une manufacture familiale sans vraiment jamais nous convaincre – en dépit d’un intelligent positionnement prix-produit – de l’urgente nécessité de son existence sur le marché, ni de la place qu’elle ambitionnait d’occuper dans les vitrines. Il faut dire que quatre repositionnements en un peu moins de vingt ans n’aident pas à la formulation d’une identité réaliste.
 
 
◉◉◉ ON VOIT QUE LES DIFFICULTÉS NE MANQUENT PAS sur le chemin du nouveau président de Sowind, qui devait faire son entrée ce matin à la manufacture. D’où notre réflexion sur le « ça passe ou ça casse » : Antonio Calce arrive dans cette forteresse assiégée comme un chien dans un jeu de quilles, avec, dans ses bagages, plus de questions à poser que de réponses à donner à un personnel nettement déstabilisé. Que de chantiers à relancer dans l’urgence ! Que de pions à bouger dans la hiérarchie des deux marques ! Que de bastilles à démanteler ! Que de féodalités à bousculer en leur rappelant les règles non écrites de la vassalité face au suzerain !
 
 
◉◉◉ DEUX ATOUTS MAJEURS POUR ANTONIO CALCE. D’abord, la conscience collective de l’urgence d’une « révolution » interne, pour purger les mauvaises habitudes du passé et parce que chacun a compris que c’est sans doute la dernière chance de tirer les dernières cartouches pour éviter une piteuse reddition, voire une capitulation définitive en rase campagne. Ensuite, Antonio Calce peut s’appuyer sur la confiance de l’actionnaire, qui a lui aussi conscience des urgences et qui a donné les pleins pouvoirs à son homme-lige, l’étonnant Albert Bensoussan, pour remettre le pôle Sowind sur les rails et relancer la locomotive. Sacré « Monsieur Albert », vrai concentré d’énergie et de détermination, qu’il ne fallait surtout pas prendre pour un des « Richemont Boys » consensuels, carriéristes et comploteurs qui ont colonisé la haute horlogerie suisse. Ceux qui ont fait cette erreur d’appréciation à son arrivée à la tête du pôle horloger de Kering ne sont déjà plus là pour s’en plaindre…
 
 
◉◉ DERRIÈRE L’ÉPÉE D’ALBERT BENSOUSSAN, dont Antonio Calce sera le tranchant affûté, la main gantée de fer de François-Henri Pinault, qui ne veut pas se contenter d’un vague strapontin au banquet de l’horlogerie internationale. Cette légitimité dont il rêve, au coude à coude avec les groupes de luxe concurrents, n’avait rien d’évidente hier, elle ne va pas de soi aujourd’hui et la partie n’est pas gagné d’avance pour demain – surtout si les pions dont il dispose sur cet échiquier son affaiblis, temporairement (Ulysse Nardin sur son principal marché : la Russie) ou conjoncturellement, comme Sowind…
 
 
◉◉◉ FORTS DE CES ATOUTS MAJEURS, Antonio Calce a les moyens d’aligner à présent un jeu qui ne manque pas de bonnes cartes. De l’obstination, il en a – comme il lui en fallait quand il posait les jalons, aux côtés de Franco Cologni, d’un parcours brillant pour Panerai. Il lui en faudra encore pour relever Girard-Perregaux et définir la mission d’une marque-sœur comme Jeanrichard. De la persévérance, il en a – comme il lui en fallait quand il a remonté Corum de zéro, aux côtés de Severin Wunderman qui était alors tenté de jeter l’éponge. Du charisme managérial, il en a – comme il lui en fallait pour réanimer en permanence Corum, qui ne tenait plus son rang que par d’improbables bouts de ficelle et par le dévouement de ses équipes. Son implication personnelle sera cette fois décisive pour recréer une dynamique. De l’intuition stratégique, il en a : jamais il n’a eu en main une telle boîte à outils (manufacture, catalogue, réseau, image de marque) pour aller jusqu’au bout de ses rêves. De la constance au quotidien, il lui en faudra pour replacer Girard-Perregaux à une place digne de son passé – alors que Kering a déjà tant investi pour éviter un désastre…
 
 
◉◉◉ DÉTAIL QUI NE GÂCHE RIEN et qui a son importante : Antonio Calce est un enfant de la vallée. Il saura donc parler le bon langage, avec le bon accent romand, pour réanimer la flamme dans le cœur des collaborateurs des deux marques, relancer une politique d’innovation et résoudre, atelier par atelier, les problèmes toujours lancinants de contrôle qualité.
 
 
◉◉ SOWIND, LA MACHINE À BRÛLER DU CASH, peut-elle devenir la machine à générer du cash pour le pôle horloger de Kering ? Ce n’est pas une mission impossible. Antonio Calce a toujours réussi à créer de la valeur pour les marques dont il avait la responsabiité ? Tout va se jouer sur sa capacité à remobiliser des cadres démotivés, à mettre en place, dans l’urgence, une stratégie crédible vis-à-vis des détaillants et des collectionneurs, à réinventer un positionnement prix-produit-design largement perdu de vue depuis des années (toute la pyramide de l’offre est à repenser), à trouver sa place à côté d’Ulysse Nardin dans la haute horlogerie Kering [dessus, dessous, à côté ?] et, entre autres, à revoir toute la communication de Sowind – dont les budgets étaient gaspillés par d’étranges opérations américaines, confiées à un « conseiller » omniprésent dont la seule rémunération personnelle atteignait le million et demi de dollars par an. Pour Sowind, c’était un luxe extravagant et contre-performant.
 
 
◉◉ BON COURAGE À ANTONIO CALCE, qui débarque ce matin à La Chaux-de-Fonds avec plus de bonnes résolutions que de solutions préfabriquées face à la conjuration des périls qui menacent les marques Sowind. Son confort de CEO est d’autant moins assuré que les marchés, engagés dans une mutation encore imprévisible, sont désormais entrés dans une spirale de décroissance dont personne ne maîtrise le cycle. Les amateurs de montres vivent la même mutation dans les raisons de rêver, d’investir et de collectionner les belles montres. Pourquoi referaient-ils confiance aux marques Sowind ? Il va falloir argumenter ! Et ça va tanguer ! Heureusement pour Sowind, Antonio Calce n’est pas un barreur de beau temps : il n’a pas manqué de bourrasques et de coups de tabac au cours de ces vingt dernières années, pendant lesquelles il a toujours été placé à des postes exposés. Nous l’avons écrit plus haut : ça passe ou ça casse ! Mais ce sera passionnant à suivre…
 
 
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