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CHAISES MUSICALES (exclusif) : Un nouveau patron pour le nouveau pôle horloger du groupe Kering (Girard-Perregaux, Jeanrichard, Boucheron, Qeelin, Pomellato, Dodo)

La stratégie horlogère et joaillière du groupe Kering (ex-PPR) restait jusqu'ici assez floue. La création d'un pôle Watches & Jewelry va consolider ces métiers au sein du groupe et donner un peu de consistance aux projets de Kering sur ces marchés. ▶▶▶ KERING MONTRES & JOAILLERIEAlbert Bensoussan prend les commandes de l'horlogerie-joaillerie Pinault...  ◉◉◉◉ C'EST …


La stratégie horlogère et joaillière du groupe Kering (ex-PPR) restait jusqu'ici assez floue. La création d'un pôle Watches & Jewelry va consolider ces métiers au sein du groupe et donner un peu de consistance aux projets de Kering sur ces marchés.

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 KERING MONTRES & JOAILLERIE
Albert Bensoussan prend les commandes
de l'horlogerie-joaillerie Pinault... 
 
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◉◉ C'EST ÉVIDEMMENT NON OFFICIEL ET NON AUTORISÉ, quoique vérifié au plus haut niveau de l'état-major Kering. La confirmation de la nomination d'Albert Bensoussan devrait être annoncée aujourd'hui, avec d'autres nominations au sein du groupe, lors de la présentation des résultats 2013 du groupe [résultats assez contrastés, selon ces mêmes sources]. François-Henri Pinault a donc choisi de faire confiance à un vétéran expérimenté – mais pas trop âgé, ni trop rassis – des grandes batailles de l'horlogerie et de la joaillerie.
 
◉◉ ALBERT BENSOUSSAN est tombé dans la marmite du luxe horloger dès son passage par le groupe Richemont, dont il maîtrise tous les codes culturels. Fort de son MBA, il avait alors 25 ans et on le considérait alors comme un des « fils spirituels » d'Alain Dominique Perrin. C'était un des espoirs les plus prometteurs du futur ensemble Richemont, où il est resté directeur international de Cartier pendant une dizaine d'années. Il est ensuite passé « à l'ennemi » – comprenez chez LVMH, qui a toujours apprécié l'école Richemont pour son vivier de cadres exécutifs. Après une expérience à la présidence de Givenchy (couture), on retrouve Albert Bensoussan responsable marketing et ventes de la division Montres & Joaillerie de tout le groupe LVMH, puis directeur des montres Louis Vuitton, entité qu'il va animer – sous la houlette d'Yves Carcelle, un autre de ses « pères spirituels » – et monter de toutes pièces, pour en faire un acteur crédible de ce marché. Il y mettra notamment en place toutes les lignes actuelles et le futur outil manufacture de Louis Vuitton. Sa stratégie horlogère pour Louis Vuitton était ambitieuse, limpide et précise : le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne l'a plus vraiment été, après son départ, pour les montres de la marque-phare du luxe français. 
 
◉◉ À CINQUANTE-CINS ANS, Albert Bensoussan (ci-dessus) aborde donc une nouvelle séquence décisive de son parcours professionnel dans le luxe, cette fois dans un groupe dont la stratégie horlogère et joaillière n'a jamais été clairement définie. On sait seulement que François-Henri Pinault aime bien les montres, à titre personnel [ce qui aide], mais aussi en tant qu'opérateur décidé à se renforcer dans le luxe – assez en tout cas pour avoir racheté, dans l'horlogerie, le groupe Sowind (Girard-Perregault et Jeanrichard) et, dans la joaillerie, des maisons comme Pomellato ou la jeune pousse franco-chinoise Qeelin (ci-dessous). On sait aussi que l'actionnaire du groupe Kering a renoncé à la tentation de rachats de maisons comme Richard Mille (révélation Business Montres du 8 juin 2013) ou comme Corum et quelques autres. 
 
Qeelin-BusinessMontres◉◉ LE PÉRIMÈTRE DU NOUVEAU PÔLE montres & joaillerie de Kering reprend l'ensemble Sowind pour l'horlogerie [donc, une vraie manufacture capable de produire des mouvements de base ou des complications] et il regroupera toutes les marques de joaillerie, à commencer par Boucheron et les maisons citées ci-dessus, mais sans intégrer les activités montres des autres marques du groupe (notamment Gucci et les diversifications horlogères des griffes de couture). On peut estimer aux alentours de 360 millions d'euros le chiffre d'affaires ainsi consolidé, mais le résultat opérationnel [estimation Business Montres : environ 30 millions d'euros, sans doute un peu moins] est loin d'être au niveau des performances du secteur et des groupes concurrents. Autant dire que Kering reste un « nain » sur la scène horlo-joaillière internationale, où le groupe a du mal à se maintenir parmi les huit premiers mondiaux, loin derrière les conglomérats Swatch Group, Rolex, Richemont, LVMH ou même Fossil. La mission n'est donc pas facile pour Albert Bensoussan : ce ne sera pas une entreprise de tout repos, même si une partie du « nettoyage » et l'amorce d'une remise à niveau ont déjà été effectuées par Michele Sofisti – qui conserve la direction de l'ensemble Sowind et des montres Gucci [responsabilités qui lui donnent un poids spécifique dans et face à ce nouveau pôle horloger]. La coordination avec la joaillerie devra fédérer des marques jusqu'ici relativement autonomes (notamment Boucheron, qui a nettement remonté la pente), en tentant d'apprendre à tout le monde à vivre ensemble et à établir des synergies avec la capacité manufacturière de Sowind. Il faudra notamment expliquer à Pomellato que c'est chez Kering qu'on se fournit en montres, pas chez Parmigiani !
 
◉◉◉◉ HOMME DE CONSENSUS INVESTI DE LA CONFIANCE de son actionnaire, Albert Bensoussan a toujours laissé d'excellents souvenirs à ses équipes : il est assez « diplomate » pour louvoyer entre les égos [on ne survit pas vingt ans chez Richemont et LVMH sans être un fin politique], mais il a aussi une vraie connaissance du produit, du terrain et des réseaux. Assez pour imposer le respect et rendre crédible sa vision stratégique. Le combat des géants qui s'annonce pour la première place dans la haute joaillerie (Cartier, Tiffany & Co, Bvlgari, Harry Winston) va créer des turbulences pour les marques plus modestes, fussent-elles aussi prestigieuses que Boucheron (ci-dessous). La radicalisation de l'impérialisme qui oppose les grands groupes dans l'horlogerie ne laisse pas non plus beaucoup d'espace stratégique aux marques secondaire, fussent-elles aussi légitimes que Girard-Perregaux. Loin des leaders et de leurs challengers, largement derrière les followers, l'oxygène se raréfie : il va falloir un sacré souffle pour entamer l'ascension et prétendre un jour tutoyer les sommets... 
 
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