CHRISTOPHE CLARET : La haute mécanique féminine à l'âge des tweets, du speed dating entomologique et de la Marguerite...
Un roi de la cachotterie, ce Christophe Claret ! Il nous avait longtemps masqué son côté fleur bleue, révélé dans les pétales de sa Margot, Grand Prix de Genève d'effeuillage féminin. Plus romantique et méchanicien que jamais, il nous refait le coup de la marguerite, mais avec des papillons qui papillonnent. ▶▶▶ CHAMPAGNE OU FLOCON ?Et si Christophe Claret avait découvert
Un roi de la cachotterie, ce Christophe Claret ! Il nous avait longtemps masqué son côté fleur bleue, révélé dans les pétales de sa Margot, Grand Prix de Genève d'effeuillage féminin. Plus romantique et méchanicien que jamais, il nous refait le coup de la marguerite, mais avec des papillons qui papillonnent.
▶▶▶ CHAMPAGNE OU FLOCON ?Et si Christophe Claret avait découvert le secret (bien gardé) des complications mécaniques qui plaisent vraiment aux femmes ? ◉◉◉◉ COMME ÇA, IL A L'AIR PLUTÔT MACHO, notre ami Christophe Claret, pas forcément porté sur la guitare sous le balcon de Juliette. Plutôt que Roméo, il serait plutôt de la race des Rodrigue, l'épée au poing, tenant tête à Chimène. Et, pourtant, il a offert aux femmes une des complications mécaniques les plus romantiques de ces dernières décennies, sa Margot, Grand Prix d'interprétation féminine au GPHG. Une montre sonnante, certes, mais aussi trébuchante côté facture finale [240 000 euros, ça fait cher du pétale à dégarnir]. Le succès international de cette montre – un peu incompréhensible, les Français étant à peu près les seuls à effeuiller la marguerite – l'a convaincu de ne pas la réserver aux seules fiancées des oligarques en concevant une version plus « simple » [chez Christophe Claret, la simplicité est généralement assez complexe] et moins coûteuse. Voici donc la Marguerite, qui est comme le second vin du château, tout aussi noble, mais plus facile à aborder. ◉◉◉◉ POUR CE QUI EST DE LA POÉSIE, on reste à l'inusable principe de la marguerite. Cette fois, on ne l'effeuille plus, mais on la regarde tourner au coeur du cadran, sous un impressionnant cabochon de saphir rouge ou bleu. Sur un des douze pétales de cette marguerite centrale, un papillon est venu se poser, avec ses ailes en SuperLumiNova, au cas où il lui prendrait l'idée – lépidoptèrement insensée – de voler la nuit : c'est cette papillonne, donc de sexe féminin, qui indique les heures. Du cabochon de saphir jaillit un pistil sur lequel s'est posé un autre papillon, tout aussi superluminové, celui-ci de sexe masculin : il indique les minutes en tournant, c'est-à-dire en papillonnant sans répit autour du cadran, une fois par heure. Admirons ici deux évidences : maître-horloger à l'imparable réputation, Christophe Claret est aussi un maître-entomologiste, capable de repérer un papillon mâle face à un papillon femelle. Respect ! D'autre part, et sans se lancer dans la psychosociologie des profondeurs, rendons hommage à la sérénité de Christophe Claret face aux grands débats sociétaux sur le genre (gender) : pour lui, c'est l'homme qui papillonne autour de la femme. Simple, fort et clair ! Qu'on se le dise : ces deux poétiques papillons, qui font du speed dating l'un sur l'autre moins d'une minute par heure, sont des pionniers du grand retour de la morale traditionnelle... 
◉◉◉◉ POUR LA TOUCHE CONTEMPORAINE, le petit poussoir à 2 h est une réponse intelligente et mécanique aux montres connectées. À quoi bon laisser sa smartwatch vous alerter de la réception d'un SMS sur son smartphone quand on peut, en pressant discrètement ce poussoir, faire apparaître le seul message capable de faire chavirer le coeur d'une femme. Les trois chiffres du cadran s'effacent alors pour faire apparaître la formule magique : « Il m'aime passionnément ». C'est la version en tweet du pétale de la marguerite, un avatar 2.0 – sur fond de nacre – des longs poèmes énamourés, une trille de rossignol dans le crépuscule d'un jardin magique. Sacré Christophe Claret, qui a mobilisé d'importantes ressources scientifiques [l'affichage optique de cette formule magique est plus techniquement raffinée que le réglage d'un tourbillon] et développé de fabuleuses équations pour que la métallisation d'un disque invisible en saphir se déplace d'un degré et demi ! J'appuie : la formule est lancée. Je relâche : on revient à l'heure classique. J'appuie. Je relâche. Les femmes ne s'en lasseront pas. On imagine déjà tout ce que les oligarques à l'est de la ligne Oder-Neisse vont pouvoir inventer comme autres formules, dans d'autres langues, pour crier sur la nacre des cadrans leurs convictions amoureuses et leurs engagements romantiques. Histoire de faire dans la dentelle, on imagine aussi, grâce à ce dévoilement optico-métallisé, le potentiel d'une telle montre dans le goût des talking pieces à vocation érotique : ah, qui dira jamais la poésie des papillons mécaniques [admirez le côté dentelles et french cancan de la marguerite en bas de la page] ? ◉◉◉◉ ON COMPLÈTERA CE TABLEAU PAR LE SERTISSAGE un peu bizarre de l'ensemble, tantôt « flocon », tantôt « champagne » – sans pouvoir cependant nous convaincre que c'est une bonne idée. Certes, il fallait rendre la montre précieuse, mais le sertissage en trois griffes de 100 diamants en taille brillant alourdit visuellement la carrure sans forcément traduire l'idée de neige ou de bulles de champagne. Toujours pour amuser la galerie, le rotor qui joue les devinettes, avec « He loves me ; he loves me not », la version anglaise de « Je t'aime un peu, beaucoup ». Immobilisez la montre : le rubis le plus proche du coeur rouge vous donne la réponse. Quel romantique de la haute mécanique, ce M. Claret ! Précisions supplémentaires : le module margueritesque a été développé sur une base automatique Blancpain, le boîtier affiche 42,5 mm au garrot [frêles fiancées des ploutocrates asiatiques, pleurez la minceur diaphane de vos poignets], étanchéité à 30 m pour celles qui voudraient jouer les Ophélie ou les petites sirènes de Copenhague, couleurs luminescentes des papillons (messieurs et dames) variables selon les versions, quatre déclinaisons de base, personnalisations possibles et plus si affinités. ◉◉◉◉ UN DERNIER MOT À PROPOS DU PRIX : 69 000 CHF, soit le tiers du prix de la Margot. On comprend tout de suite que Christophe Claret a quelques ambitions en termes de volume avec son hymne à l'amour entomologique. Il y a également là de quoi conquérir une nouvelle génération de clientes rosissantes de plaisir à la pensée de presser un poussoir en forme de fruit défendu. Laissons la plage aux romantiques : la Marguerite, c'est la montre reconnectée aux plus élémentaires de nos émotions... 
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