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COUP DE BAMBAOÛT : « I am sexy and I know it »

Est-ce la fin d'un monde ? Ou l'aube d'une nouvelle époque ? Pour sa traditionnelle fête d'anniversaire, Fawaz Gruosi a réussi à synthétiser et à sublimer l'essence des années 2000, pleine de fortunes à amasser et de fureurs à dépenser. Que les femmes étaient belles quand l'argent du luxe pouvait encore couler à flots...  ••• Des fêtes estivales un peu déjantées, il y en a toujours eu, à toutes les époques, mais les meilleures restent celles qu'on a …


Est-ce la fin d'un monde ? Ou l'aube d'une nouvelle époque ?

Pour sa traditionnelle fête d'anniversaire, Fawaz Gruosi a réussi à synthétiser et à sublimer l'essence des années 2000, pleine de fortunes à amasser et de fureurs à dépenser. Que les femmes étaient belles quand l'argent du luxe pouvait encore couler à flots...

 
••• Des fêtes estivales un peu déjantées, il y en a toujours eu, à toutes les époques, mais les meilleures restent celles qu'on a dansé sur des volcans, comme à l'été 1913 ou à l'été 1939 dans la vieille Europe, à l'été 1929 aux Etats-Unis ou à l'été 1917 en Russie. Les grands bals rassemblaient alors l'élite de sociétés qui ne savaient pas qu'elles allaient devoir laisser la place à d'autres candidats à la fête. Moins d'un an plus tard, tout avait basculé, pour le pire plus souvent que pour le meilleur. On n'a pas tous les jours 60 ans : pour ce millésime un peu spécial, Fawaz Gruosi (ci-dessus, avec quelques-unes de ses invitées) fondateur, voici vingt ans, de la maison de haute joaillerie De Grisogono, avait tenu à rassembler ses ami(e)s, comme tous les ans, début août, à l'hôtel Cala di Volpe de Porto Cervo, sur la Costa Smeralda sarde.
 
 
••• Laissons aux chroniques mondaines le soin de la publier la liste des invités [les M... étaient là, tout comme les B..., les V..., les R... ou les N..., et c'est du lourd en termes de célébrités] : il n'y avait que du beautiful people, du "beau linge", des babies glamour porteuses de patronymes ultra-médiatisés, des mondains dorés sur tranches [et certifiés sur facture] et la plupart de ces mannequins qu'on ne croise qu'à la Une des magazines ou dans les fêtes de M. Gruosi, qui ne peut pas s'en passer – bien entendu parce qu'elles portent mieux que personne les magnifiques créations du joaillier.
 
 
••• Passons sur le prétexte sexagénaire de cette soirée anniversaire, oublions un instant le buffet princier (préparé par le restaurant Cipriani : crevettes, escalope milanaise, gâteau d'anniversaire servi à minuit), glissons rapidement sur le décor [le club Le Billionaire, agora féérique et noctambule de la planète luxe contemporaine] et évitons même de parler de son argument professionnel [une exposition des créations de la marque au Cala di Volpe, à deuxpas de la boutique De Grisogono de Porto Cervo]. Epicurien dans l'âme, gourmand des plaisirs de la vie [dont ceux de la table : l'escalope milanaise est son péché mignon], Fawaz Gruosi sait faire la fête et, quand il se lâche pour un tel anniversaire, il la fait bien, en grand et à fond, avec des artistes "invités" pour l'occasion et même une troupe de danse LMFAO apparemment irrésistible (ci-dessus et en haut), dont le ballet servira désormais de nom de baptême à cette soirée "I am sexy and I know it"...
 
 
••• Restons seulement sur l'ambiance et les images impressionnistes qu'on peut en retenir : ces invité(e)s cousu(e)s – au sens propre – d'or ou même d'émeraudes, drapé(e)s de blanc, parfaits dans la lumière mordorée de la Costa Smeralda, qui avait poussé la délicatesse jusqu'à assortir sa nuit aux yeux turquoise de la sublime Irina Shayk (ci-dessus, à gauche), qui étrennait pour l'occasion une paire de magnifiques boucles d'oreilles en or blanc serties d'émeraudes taille briolette signée De Grisogono, ainsi qu'une bague (pièce unique) pavée de diamants et d'émeraudes (ci-dessous). Restons sur l'éclat des diamants qui ne parvenaient pas à éclipser la blondeur plus-que-parfaite des dames et la rondeur moins-que-discrète des messieurs [si, si : en dépit des images ci-contre, il n'y avait pas que des damesà cette soirée]. Restons sur ce concentré nocturne, inouï et mémorable, de paillettes, de "cailloux" et de luxe aussi ostentatoire que souvent dérisoire. Rien n'y manquait, et c'est ce qui fera de cette soirée "I am sexy and I know it" un symbole des années du faste néo-millénariste : Porto Cervo a résumé l'esprit de la première décennie du XXIe siècle, mais c'était pour mieux l'achever. C'est-à-dire à la fois sonner la fin de la récréation et acter la mort de cette société quintessentielle des années "frime & fric"...
 
 
••• Rien n'y manquait, pas même les conversations sur les dernières fraudes fiscales de l'un, ni les boursouflures siliconées de l'autre. Les sourires étaient musculairement parfaits : à défaut d'être très étudiés, ils témoignaient au moins des progrès foudroyants de la dentisterie occidentale. Atmosphère sexy, à coup sûr, avec autant de créatures aux yeux vifs comme des calculettes. On y décelait cette étincelle de nervosité, ce frisson effrayant et délicieux qui électrise les préludes aux orages qu'on sent déjà rassembler leurs forces. Un changement de génération se prépare, et pas seulement pour des questions d'âge : un basculement sociétal se profile, qui réclamera de tout changer pour que rien ne change – comme l'avait si bien écrit Lampedusa dans Le Guépard. La loi du monde est de remodeler le monde en permanence et de le reformater en rebattant les cartes pour d'autres joueurs. Les dés de l'histoire n'en finissent pas de rouler : une partie se termine sous nos yeux – celle de l'argent facile et des fortunes édifiés dans les marges de la nouvelle économie. Une partie dont les champions portaient haut leurs belles montres et parlaient fort de leurs goûts de luxe...
 
 
••• Généreux dans l'âme, sans doute trop aux yeux de son comptable, Fawaz Gruosi a voulu une dernière fois rassembler ses ami(e)s autour de cette ivresse festive pour semer les rires jusqu'au coeur de la nuit : "Encore une minute, Messieurs les bourreaux du bonheur de vivre. Encore quelques lampée de cette sublime et délicieuse décadence"... Tout à l'heure, demain, l'année prochaine, il sera peut-être trop tard : la fortune des uns se trouvera écornée par des juges malveillants quand la beauté des autres sera éclipsée par de nouveaux visages plus générationnels. Les goûts auront changé, avec le style des parures qui mettent ces nouveaux goûts en valeur. Même les milliardaires – il y en a toujours, quelle que soit l'époque – ne regarderont plus le luxe avec les yeux, les convoitises et les faiblesses de leurs prédécesseurs...
 
 
••• Bon anniversaire, M. Fawaz Gruosi : vous nous avez enchanté quand vous chantiez et dansiez avec nous, dans ce mémorable bal des cigales sous la lune de la Costa Smeralda ! Quels souvenirs pour les historiens du faste et pour les futurs chroniqueurs des derniers feux de la société d'abondance. Hélas pour nous tous, il semblerait que les fourmis soient en train de reprendre le pouvoir, que les gestionnaires aient resserré leurs cravates et que les comptables aient aiguisé leurs crayons : que c'était bon, mais que le temps va nous paraître long, désormais. À moins que...
 
 
 
QUELQUES AUTRES ZAPPINGS DES ZAOÛTIENS...
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